Aimer tous mes frères (Michel Quoist)

 

Aimer tous mes frères

(Michel Quoist)

 

Seigneur, pourquoi m'avez-Vous dit d'aimer tous mes frères les hommes ?

J'ai essayé, mais vers Vous je reviens effrayé…

Seigneur, j'étais si tranquille chez moi, je m'étais organisé, je m'étais installé.

Seul, j'étais d'accord avec moi-même, à l'abri du vent, de la pluie, de la boue...

Je serai resté pur, enfermé dans ma tour.

Mais Vous m'avez forcé à entrouvrir la porte.

Comme une rafale de pluie en pleine face, le cri des hommes m'a réveillé.

Comme une bourrasque, une amitié m'a ébranlé. Et j'ai laissé une porte entr'ouverte...

Les premiers sont entrés chez moi, Seigneur ; il y avait tout de même un peu de place en mon cœur.

Jusque-là, c'était raisonnable...

Mais les suivants, Seigneur, les autres hommes, je ne les avais pas vus, les premiers les cachaient.

Ils étaient plus nombreux, ils étaient plus miséreux ; ils m'ont envahi sans crier gare.

Il a fallu se resserrer, il a fallu faire de la place chez moi.

Maintenant, ils sont venus de partout, par vagues successives...

Ils ne sont plus isolés, mais en groupes... plus seuls, mais chargés de pesants bagages...

Seigneur, ils me font mal ! Ils sont encombrants, ils sont envahissants.

Ils ont trop faim, ils me dévorent !

Ah ! Seigneur, ma porte est toute grande ouverte !

Je n'en puis plus ! C'est trop pour moi ! Ce n'est pas une vie !

Et ma situation ? Et ma famille ? Et ma tranquillité ? Et ma liberté ?

Et moi !

Ah ! Seigneur, j'ai tout perdu, je ne suis plus à moi.

Il n'y a plus de place pour moi, chez moi.

Ne crains rien !, dit Dieu, tu as tout gagné.

Car tandis que ces hommes entraient chez toi,

Moi, ton Père...

Je me suis glissé parmi eux.

(Michel Quoist)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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