Premier vendredi de mars

Considération pour le premier vendredi de mars
Le cœur de Jésus a été rassasié de douleurs



Bientôt l'Église en deuil va convier tous ses enfants à venir pleurer avec elle la mort de son divin Époux ; triste et désolée, elle ne fera plus entendre que les accents de sa douleur, que des plaintes et de lamentables gémissements ; et, présentant à nos adorations la croix sanglante du Dieu qui mourut pour nous rendre la vie, elle nous engagera à méditer, dans le silence et l'amertume de nos cœurs, les souffrances et les humiliations de son Chef et de son Époux.
Entrons donc dans l'esprit de cette mère affligée, et, puisque le cœur de Jésus nous est ouvert, osons y pénétrer, cherchons à sonder la profondeur des blessures qu'il a reçues pour nous.
Ce n'est qu'en pénétrant par la méditation dans le cœur blessé de Jésus que nous comprendrons bien tout ce que notre salut lui a coûté, tout ce qu'il a souffert pour nous.
Nous le savons par expérience, les peines du cœur sont les plus sensibles ; aussi les souffrances extérieures du Sauveur, les plaies, les meurtrissures dont son corps adorable fut couvert, ne sont pour ainsi dire que l'écorce du fruit de la rédemption.
C'est dans son cœur qu'il faut aller en sonder l'amertume intérieure, et ne craignons pas : si ce fruit fut amer pour Jésus, il sera pour nous plein de douceur ; un suc tout divin en découle.
 C'est à bien juste titre que le Prophète désigne le Sauveur comme l'homme de douleurs : aucun nom ne convenait mieux à son humanité sainte ; car on peut dire avec raison que la douleur fut son élément, sa vie.
Nouvel Adam, il semble n'être venu sur la terre que pour recueillir les épines que la faute du premier y avait fait croître ; et si parfois l'homme récolte quelques fleurs dans le désert de la vie, Jésus les a dédaignées pour lui-même, il les a laissées aux bien-aimés de son cœur, et n'a voulu partager que nos maux et nos amertumes.
 Jésus n'attend pas que ses yeux soient ouverts à la lumière pour commencer sa longue carrière de douleur ; il veut souffrir déjà dans le sein de sa Mère, et l'amour devient son premier bourreau.
A peine a-t-il été conçu, que son cœur, dévoré du zèle de la gloire de son Père et du désir du salut des hommes, souffre de voir l'un outragé et de ne pouvoir déjà manifester son amour aux autres.
Au moment de naître, il souffre de la dureté des habitants de Bethléem, qui repoussent sa Mère ; c'est à lui que s'adressent ces rebuts, c'est lui que le monde repousse, et cette première humiliation n'est que le prélude des douleurs dont sera remplie la coupe que notre divin Sauveur n'achèvera d'épuiser qu'en rendant le dernier soupir sur la montagne du Calvaire.
Jésus souffre dans l'étable où l'amour le fait naître ; mais c'est moins le froid qu'il endure, la dureté de sa couche, sa pauvreté et ses humiliations qui font couler ses larmes, que l'indifférence et l'insensibilité de ceux qui dédaignent ses bienfaits et la paix qu'il vient leur apporter ; il voudrait voir son humble berceau entouré de tous ceux qu'il aime, et de pauvres bergers ont seuls répondu à l'appel divin ; ils sont les premiers, les seuls adorateurs d'un Dieu pauvre et humilié.

Plus tard, il fuit en Égypte pour échapper au fer meurtrier d'un tyran sanguinaire ; plein d'innocence et de beauté, il s'endort sur le sein de sa Mère ; il paraît, comme un enfant ordinaire, insensible au danger qui le menace, et pourtant il souffre des angoisses, des inquiétudes déchirantes de cette tendre Mère. Les cris douloureux de tant d'autres mères qui voient égorger leurs fils parviennent jusqu'à son cœur et le déchirent ; mais ce qui l'afflige surtout, c'est de s'éloigner de ce peuple chéri, qu'il a comblé de ses bienfaits qu'il a fait le dépositaire de sa loi, de ses promesses, et dont il prévoit l'endurcissement et l'obstination.
Toute la vie de Jésus, même sa vie cachée, qui nous paraît calme et paisible, n'est cependant qu'une vie de souffrances sans cesse renaissantes, qu'un long acte d'abnégation, qu'une immolation continuelle ; pauvreté, travail, humiliation, voilà le pain quotidien du cœur de Jésus pendant les trente années de sa vie cachée. Puis, quand le moment de se manifester aux hommes est venu, lorsqu'il veut leur dispenser tous les trésors de sa grâce et de son amour, c'est alors que le martyre de son cœur devient plus cruel encore, ses douleurs plus profondes. Partout la haine l'attend et l'accueille ; partout l'indifférence le repousse. Il faut qu'il combatte sans cesse l'orgueil des pharisiens, qu'il se tienne en garde contre leur malice et les pièges qu'ils lui tendent. Ici, c'est la grossièreté de ses apôtres qu'il faut supporter, leur intelligence couverte des ténèbres épaisses d'une profonde ignorance qu'il faut éclairer. Ailleurs, ce sont des âmes intéressées, qui ne viennent à lui que pour obtenir ses bienfaits, et qui s'en éloignent après les avoir obtenus. Bienfaiteur de l'humanité, Jésus passe en faisant le bien ; il marque chacun de ses pas par des bontés nouvelles, et il ne compte qu'un petit nombre de disciples. Charmés de son éloquence divine et des grâces répandues sur sa personne adorable, les peuples accourent en foule ; ils se pressent autour de lui pour le voir et pour l'entendre ; ils admirent les prodiges qu'il opère, la sainteté de sa doctrine ; mais l'austérité de sa morale les rebute, ils ne peuvent se soumettre au joug de l'Évangile, et la plupart s'éloignent tristement de celui qui est la voie, la vérité, la vie. Quelle souffrance pour le cœur de notre bon Jésus, que le zèle du salut des âmes dévore, qui a soif de leur amour, quand il n'obtient que leur indifférence !
 Sur le point de quitter la vie, Jésus veut doter le monde du plus précieux de tous les biens, du plus grand de tous les trésors. Il veut, en instituant le sacrement adorable de l'Eucharistie, fixer pour jamais son séjour au milieu de nous, être jusqu'au dernier jour du monde notre hôte et notre ami. En cet instant solennel son cœur surabonde d'amour, et cependant une douleur profonde le remplit. Son œil divin pénètre dans l'obscurité des siècles à venir ; ils se déroulent devant lui, et si quelques unes des générations innombrables qu'ils verront naître lui paient un tribut de reconnaissance et d'amour, il voit dans les autres tant d'ingratitude et d'indifférence, qu'il faut que sa charité soit celle d'un Dieu pour ne pas être éteinte sous ce déluge d'iniquités. Il voit jusqu'où ira la froideur et le mépris de ceux qu'il aime jusqu'au dernier excès où puisse aller l'amour ; il compte le nombre des profanateurs du plus saint, du plus auguste des sacrements ; il découvre la haine des hérétiques et des impies, il entend leurs blasphèmes, il les voit réunir leurs efforts pour attaquer ensemble et chercher à arracher l'arbre de vie qu'il va planter dans le jardin de son Église. Cette vue fit passer le frisson de la mort dans le cœur si tendre, si aimant du Sauveur; lui seul pourrait nous dire tout ce que la prévision de si horribles indignités lui fit éprouver de déchirements et de peines.
 Mais ce fut surtout au jardin de Gethsémani que la douleur et l'amertume coulèrent à flots pressés dans le cœur de notre bon Maître. Ce fut là que les enfants d'Adam vinrent successivement lui jeter le fardeau de leurs crimes, qu'il prit sur lui toutes leurs iniquités, et, que s'en couvrant comme d'un manteau de honte dont le poids l'accablait, il porta devant la sainteté de son Père toute la confusion due à nos fautes. Quel horrible supplice ! Lui, l'innocence, la pureté même, il se vit chargé des crimes du monde entier, de ces forfaits dont le nom seul fait horreur ; pénitent universel, il comprit que seul il devait satisfaire à la justice éternelle ; aussi son cœur conçut une immense, une profonde douleur pour nos fautes, et ce fut ce cœur qui fournit à ses yeux les larmes qu'il versa sur eux, à ses veines le sang qui s'échappa de tous ses pores, dans les angoisses de l'agonie, et qui trempa la terre sur laquelle il était prosterné.
 Quelle épreuve encore pour ce cœur si profondément bon, quand il vit l'homme qu'il nommait son apôtre, son ami, le trahir, vendre sa vie comme celle d'un esclave, et le priser moins que quelques pièces d'argent ! Ah ! si la peine la plus sensible au cœur de l'homme est de voir son amour méprisé, ceux qu'il a aimés et comblés de ses bienfaits ne lui donner en retour que l'ingratitude et la haine, jugeons, d'après cela, de la profonde blessure que fit au cœur de notre bon Sauveur la trahison de son indigne ami. Comprenez ce qu'il dut éprouver en se voyant lâchement abandonné de tous ceux qu'il avait aimés, surtout en entendant Pierre, qu'il avait établi le chef de son Église, qui naguère l'avait reconnu pour le Christ, le Fils du Dieu vivant, qui venait de lui promettre de lui rester toujours fidèle, lors même que tous les autres l'abandonneraient, en l'entendant, dis-je, le renier honteusement et protester par un triple serment qu'il ne le connaît pas, qu'il ne l'a jamais vu.

Qui pourrait compter le nombre des humiliations, des souffrances dont fut abreuvé le cœur de l'Homme de douleur pendant le cours de sa passion ? Il perd son honneur, sa réputation avant de perdre la vie. Jusque là, la voix du peuple l'avait salué comme le fils de David, comme le plus grand prophète qui eût encore paru, comme le Messie promis à Israël ; mais alors il n'est à tous les yeux qu'un fourbe, un séducteur, un perturbateur du repos public, dont il faut se hâter de délivrer la nation ; sa sainteté n'est plus que de l'hypocrisie ; ses miracles, des prestiges attribués à l'intervention du prince des ténèbres ; sa doctrine, des germes de révolte qu'il sème dans les cœurs pour soulever le peuple et s'emparer de la royauté qu'il convoite. D'après cela, tout le monde se croit en droit de le maudire et de demander sa mort. On le condamne au supplice des esclaves, on lui préfère un voleur, un homicide, et on le conduit au Calvaire entre deux scélérats, le proclamant le plus coupable. Trouverons-nous un cœur qui soit jamais aussi humilié, aussi rassasié de douleurs et de peines, que celui de Jésus ?
Voyons-le encore attaché à la croix : sans doute ses souffrances corporelles sont immenses, incompréhensibles ; mais elles ne sont pas comparables à celles de son cœur. Ce cœur n'est qu'amour, et il ne voit dans tous ceux qui l'entourent que haine et fureur, il n'entend que des insultes et des blasphèmes. Tous ses amis l'ont délaissé ; le ciel même l'abandonne, et son Père ne voit plus en en lui que la victime d'expiation que sa justice attendait depuis quatre raille ans et contre laquelle elle sévit avec une inflexible rigueur. Sa Mère est là avec un un petit nombre d'amis qui lui sont restés fidèles ; mais leur présence est un nouveau tourment pour son cœur. Il connaît l'amour de Marie ; il sait quelle est l'immensité de sa douleur; il comprend les angoisses, les déchirements de ce cœur maternel, et le sien, comme un écho fidèle, le répète avec tout ce qu'il y a de plus poignant. Mais la plus grande peine de ce cœur adorable est de voir l'inutilité de ses souffrances pour un grand nombre de pécheurs qui, malgré tout ce qu'il fait pour les sauver, s'obstinent à se perdre ; c'est de penser que ce sang qu'il répand en vain pour eux criera un jour vengeance, et qu'après avoir méprisé sa miséricorde, ils tomberont au pouvoir de sa justice. Oh ! cette pensée est insupportable à Jésus ; c'est là la goutte la plus amère de son calice d'amertumes ; c'est le glaive qui perce et déchire son cœur ; c'est le poids qui l'écrase et le fait s'écrier vers le ciel : Mon Dieu ! mon Dieu ! pourquoi m'avez-vous abandonné ? 
Maintenant encore, Jésus n'est-il pas méprisé et outragé ? Il habite au milieu de nous, il y est délaissé ; il vit parmi les siens, et les siens le méconnaissent et l'oublient ; ses temples sont déserts, ses autels abandonnés ; quelques rares amis viennent seuls partager la solitude du tabernacle ! On a du temps pour tout, pour ses parents, pour ses amis, pour ses intérêts temporels ; on n'en a point pour Jésus, pour ses intérêts éternels. Et lorsque, conduit par l'usage, on fait acte d'apparition dans ses temples, n'est-ce pas souvent pour l'outrager ? Que de légèretés, d'irrévérences, en présence de celui que les anges adorent en tremblant, et devant la majesté duquel ils s'anéantissent, dans le silence du respect et de l'amour ! Jésus aime, et il n'est point aimé ! Son cœur divin ne trouve partout qu'indifférence, mépris, froideur ; son amour n'a pas encore pu fondre la glace de nos cœurs.
En voyant l'étendue des souffrances de notre adorable Sauveur, je ne m'étonne plus de voir les saints altérés par la soif des humiliations et de la croix ; je ne suis plus surprise d'entendre Jean de la Croix, après avoir pénétré dans cet abîme de douleur, ne demander à son Maître d'autre grâce que celle de souffrir et d'être méprisé pour lui, de voir Thérèse, dans ses transports d'amour, s'écrier sans cesse : Ou souffrir, ou mourir ! Ah ! si la terre ingrate et stérile de nos cœurs n'est pas capable de produire de semblables fruits de reconnaissance et d'amour, si nous n'avons pas le courage de désirer la croix, supportons au moins avec patience et résignation celles que la Providence nous ménage. Si nos jours s'écoulent dans la tristesse, dans les larmes, s'ils sont marqués au coin de la douleur, réjouissons-nous, et bénissons Dieu, qui nous traite comme il a traité son Fils. Souvenons-nous que la croix est l'héritage que Jésus nous a laissé. Si nous sommes affligés, allons à lui ; nous trouverons aisément accès dans son cœur ; nous ne le consolerons pas, mais lui nous consolera ; il nous fera comprendre la sublime vérité de cette béatitude : Heureux ceux qui pleurent, parce qu'ils seront consolés ! 

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PRÉPARATION À LA COMMUNION
Pour le premier vendredi du mois de mars.
Une sainte tristesse s'empare de mon âme, ô mon Dieu ; tout ici me rappelle vos souffrances ; tout me parle d'immolation et de de sacrifice. La croix me remet sous les yeux vos humiliations, vos tourments, votre mort. L'autel dit à mon cœur qu'holocauste perpétuel, vous vous immolez tous les jours, vous consumant sans cesse dans le feu de votre amour.
Ce temple est pour moi un nouveau Calvaire ; j'assiste au plus saint, au plus auguste de tous les sacrifices. La Victime d'amour qui sauva l'univers est ici entre les mains du prêtre ; son sang arrose l'autel, son cœur s'offre pour tous, il s'offre aussi pour moi, et bientôt, ô prodige d'anéantissement et de charité ! mystère de miséricorde et d'amour, devant lequel ma raison s'étonne et se tait ! mon âme va devenir le sanctuaire, le tombeau de mon Dieu ! Je vais recevoir celui qui m'a aimée et s'est livré pour moi !
Je vais recevoir ce corps qui fut frappé, couvert de plaies et de meurtrissures, pour guérir les plaies de mon âme, ce sang adorable qui fut répandu pour l'expiation de mes fautes, ce cœur qui les pleura et en conçut une si amère douleur !
Mais comment oser m'unir au Dieu de la croix ? N'est-ce pas une témérité de m'approcher de cet autel, de recevoir en moi celui dont la vie entière ne fut qu'une longue chaîne de douleurs, d'humiliations ; celui qui, loin de craindre la souffrance et la croix, les désira toujours, en fit ses délices ? Hélas ! vous le voyez, Seigneur, mon cœur n'a que de l'horreur pour les humiliations et les croix ; si je les aime quelquefois, ce n'est qu'en spéculation, jamais en pratique : la plus légère épreuve abat mon courage, la mortification m'épouvante et la croix me fait trembler. Je me, dis votre enfant, votre disciple, et je ne veux rien souffrir, rien en. durer pour vous, qui avez supporté pour moi de si affreux tourments !
Oh! ayez pitié de moi, mon Jésus ; souvenez-vous que le sang du vieil Adam, en coulant dans mes veines, a transmis à mon cœur la corruption et la mort ; souvenez-vous que j'ai été conçue dans le péché, que ces penchants vicieux, cette horreur des souffrances, cet amour du plaisir, cette délicatesse, cette sensualité qui se révolte au seul nom de pénitence, sont les suites du malheur de mon origine. Venez, mon aimable Sauveur, venez réformer en moi tout ce qui vous déplaît, venez établir de nouveaux penchants sur les ruines des anciens; semez dans mon cœur le germe des vertus chrétiennes, que votre sang fera croître et grandir.
 Cependant une douleur véritable remplit mon âme au souvenir de tout ce que vous avez fait et souffert pour moi, aimable Sauveur. Vous, l'innocence et la sainteté mêmes, vous avez pris sur vous la peine due à mes crimes, et moi, coupable de mille fautes, souillée de tant d'iniquités, j'ai fui la souffrance, j'ai cherché le plaisir et vécu dans les délices. Vous êtes mort pour moi, et je n'ai pas voulu vivre pour vous. J'ai connu vos bienfaits, votre amour, et j'ai osé vous offenser encore. Ah ! pardon, Seigneur, pardon ! Mon âme se brise à la pensée de tant de malice et d'ingratitude ; effacez ce souvenir de votre cœur, qu'une goutte de votre sang tombe sur le mien pour le purifier, que votre miséricorde soit plus grande que mes iniquités.
 C'est l'amour qui m'appelle à votre table, ô Jésus ; c'est l'amour aussi qui va m'y conduire ; il m'ouvrira les portes de votre sanctuaire ; il vous ouvrira celles de mon cœur. Ah ! il vous appartient tout entier, Seigneur, ce cœur qui vous a coûté si cher ; trop longtemps ingrat, il veut réparer par la vivacité, par la force de son amour le temps malheureux qu'il a passé sans vous aimer. Il veut vous aimer pour vous, pour vos perfections, vos amabilités infinies, bien plus encore que pour vos dons ; ce ne sont plus les délices, les jouissances de l'amour qu'il vous demande, mais ses souffrances et son martyre. Venez, venez dans mon cœur, venez-y planter votre croix ; entourez-le des épines de votre couronne : il ne veut plus d'autre bonheur que celui de souffrir avec vous et pour vous. Venez, ô mon divin Roi, y régner en souverain ; je sais que votre trône fut une croix, votre sceptre un fragile roseau, votre couronne un diadème douloureux et sanglant, je le sais, et, pour vous plaire, j'aimerai ce que j'ai détesté, je chercherai ce que j'ai fui, je vivrai, comme vous, d'humiliations et de douleurs.
 Et vous, Reine des martyrs, vous la plus heureuse et la plus affligée des mères, vous dont le cœur fut l'écho de toutes les douleurs du cœur de votre Fils, vous qui partageâtes ses souffrances comme une mère sait toujours partager celles de son enfant, vous qui avez si souvent versé dans son cœur le baume des consolations maternelles, ayez pitié de moi, soyez touchée de ma misère, de ma profonde indigence ; offrez en ma faveur la surabondance de vos richesses ; ne souffrez pas que la demeure de mon âme, comme un autre Calvaire, n'offre qu'une nouvelle croix à votre divin Fils, que le sang qui a coulé pour mon salut devienne le sceau de ma réprobation; offrez à votre Jésus, pour suppléer à tout ce qui me manque, vos vertus, l'amour de votre cœur, de ce cœur qui l'a tant aimé, qui fut pour lui un jardin de délices et ne lui présenta jamais ni ronces ni épines. Ainsi soit-il.

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 ACTION DE GRÂCES.
Je vous adore, ô Victime d'amour, Agneau de Dieu immolé pour le salut du monde ! Je m'anéantis devant votre grandeur, je reste muette en présence de votre infinie sainteté, et mon cœur se fond de tendresse et d'amour devant la grandeur du mystère auguste que j'adore sans le comprendre.
Qu'il est grand, qu'il est incompréhensible, votre amour, ô Jésus ! Vous êtes en moi, je vous possède, vous vivez près de mon cœur, je vis de votre vie ; un lien mystérieux et doux unit le Créateur à sa faible créature, votre chair s'identifie à ma chair, et le sang de la rédemption, qui abreuva la terre du Calvaire, nourrit et purifie mon âme.
Oh ! laissez-moi, aimable et doux Sauveur, savourer les douceurs de cette divine et délicieuse union. Laissez-moi m'enfoncer dans la plaie sacrée de votre cœur pour me pénétrer de ses douleurs et de l'amertume qui le remplit. O abîme de miséricorde et d'amour, cœur si grand, si saint de mon Dieu, cœur si tendre, si aimant de mon Sauveur ! qui me donnera de comprendre l'immensité de vos douleurs, la profondeur de la tristesse que vous ont causée nos péchés et l'amertume des larmes avec lesquelles vous les avez pleurés ? Qui me donnera surtout de mesurer la hauteur, la largeur, la profondeur de cette charité qui vous a immolé pour mon salut, pour le salut de tous ? Ah ! je le sens, l'intelligence de l'homme ne peut ni le comprendre ni le pénétrer, ce mystère de l'amour d'un Dieu rédempteur ; mais son cœur peut l'aimer, et si ce cœur ne peut offrir qu'une reconnaissance bien faible, bien imparfaite pour un tel bienfait, le vôtre est assez bon pour agréer le peu qu'il peut donner et pour avoir pitié de sa faiblesse et de son impuissance.
Je vous loue, je vous bénis, Seigneur, pour tous les biens que j'ai reçus de vous. Je vous bénis pour la vie que vous m'avez donnée, mais surtout pour cette vie de la grâce, principe et gage de la vie de la gloire que vous m'avez acquise par votre mort. Je vous bénis pour les tourments que vous avez soufferts pour mon amour, pour chaque goutte de sang que vous avez versée pour moi. Je vous bénis enfin pour cette vie de douleurs que vous avez supportée avec tant de résignation, de patience et de joie.
 Mais l'amour ne se paie que par l'amour. Vous êtes tout à moi, ô Jésus ; je veux être toute à vous. Vous avez vécu pour moi, je veux vivre pour vous, vivre de votre amour, vivre de votre croix, de vos douleurs ; je veux n'aimer que vous, ne respirer que pour vous. Vous êtes mort pour moi, je voudrais qu'il me fût possible de vous rendre vie pour vie, sang pour sang, amour pour amour. Mais, puisque ces vœux sont superflus, je veux au moins mourir sans cesse à moi-même, mourir au monde, aux plaisirs, aux satisfactions des sens, et consacrer le reste de mes jours au repentir et à la pénitence.
J'entends votre voix retentir au fond de mon âme, ô divin Maître de toutes les vertus ! Cette voix chérie daigne m'instruire ; elle me fait comprendre que la pénitence que vous demandez de moi n'est pas seulement celle qui consiste dans les austérités et les macérations, qui affligent la chair et affaiblissent le corps. Cette pénitence est sainte, elle est utile sans doute, quand elle est soumise à la discrétion et à l'obéissance ; mais trop souvent l'amour-propre y trouve encore son aliment et sa vie. Celle que vous réclamez de moi, mon Dieu, c'est la pénitence du cœur, c'est la mortification de l'esprit, l'abnégation, le renoncement, la pratique fidèle et constante des vertus dont vous êtes le maître et le modèle, l'accomplissement exact de tous les devoirs de mon état.
 Vous me dites, Seigneur, qu'il faut être douce et humble, supporter et pardonner les injures, comme vous nous en avez donné l'exemple ; qu'il faut aimer les humiliations et les mépris, comme vous les avez aimés ; chérir la pauvreté, comme vous l'avez chérie ; me détacher non seulement des biens temporels, mais même des biens spirituels, des douceurs, des consolations de votre amour ; endurer cette privation avec patience et résignation, si c'est votre bon plaisir de me l'imposer, Vous voulez encore que votre adorable volonté soit la nourriture de mon cœur ; que je reçoive sans murmurer toutes les peines qu'il vous plaira de m'envoyer ; que je regarde la croix comme une de vos plus précieuses faveurs, et la vie comme un temps d'épreuves, comme un songe parfois bien pénible, il est vrai, mais comme un songe que le réveil de l'éternité va bientôt dissiper. Vous me dites enfin que, si je n'ai la charité, si je ne trouve dans mon cœur qu'égoïsme et dureté pour mes frères, qu'indifférence pour leurs peines, si je n'ai ni dévouement ni zèle, je ne suis à vos yeux qu'un airain sonnant et une cymbale retentissante. O Jésus, mon Sauveur et mon Dieu, gravez en traits de feu ces divines leçons dans mon cœur. Et vous, Marie, modèle de toutes les vertus ; vous, mère de la grâce et de la divine charité, canal par lequel nous viennent tous les dons du ciel, faites que ces quelques fleurs que le sang de votre Fils vient d'arroser dans la terre si aride de mon cœur, y produisent des fruits dignes d'être récoltés pour l'éternité.
Ainsi soit-il.

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VISITE AU CŒUR SOUFFRANT DE JÉSUS.
O Jésus, mon Rédempteur et mon Dieu, permettez-moi de venir aujourd'hui partager les douleurs de votre divin cœur et pleurer à vos pieds sur mes péchés et sur ceux de votre peuple. Un ami partage les souffrances de son ami, un enfant celles de son père ; les consolations données à l'affligé adoucissent la rigueur de ses maux. N'y aurait-il donc que vous, ami incomparable, père si tendre, consolateur si empressé de tous ceux qui souffrent, qui ne trouveriez personne qui voulût compatir à vos peines, adoucir par son amour les angoisses de votre douleur, les amertumes de votre cœur ? Ah ! Seigneur, les souffrances partagées diminuent de rigueur, elles s'adoucissent au contact de l'amitié. Laissez-moi prendre auprès de vous ce titre si doux de fille et d'amie ; laissez-moi partager vos douleurs, et, comme la lampe de votre sanctuaire, me consumer devant vous de tristesse et de regrets. La foule assiège les portes des palais des rois, ô mon aimable Sauveur ; elle se presse dans la demeure des grands ; elle se montre avide de partager les plaisirs des heureux de la terre. On tient à honneur d'être admis en la présence des princes, on est fier d'obtenir un seul de leurs regards, et vos temples sont déserts, vos autels abandonnés ! Que sont cependant ces grandeurs empruntées auprès de votre grandeur, ô mon Dieu ? Toute gloire humaine pâlit devant votre gloire, Seigneur, comme la faible lueur d'un flambeau pâlit devant la lumière du soleil. Mais vous la cachez, cette grandeur, sous les voiles de votre amour ; vous vous abaissez pour vous approcher de nous, vous vous anéantissez pour gagner nos cœurs, et les hommes, aveuglés par l'intérêt et la cupidité, oublient vos temples et ne se souviennent plus de votre présence au milieu d'eux. Esclaves du monde, ils courbent leurs fronts et rampent devant ces dieux de la terre pour en obtenir quelques biens, aussi fragiles, aussi passagers que leurs faveurs. Et vous, dont les mains sont chargées de bienfaits, et qui ne demandez qu'à les répandre, vous voyez vos dons méprisés, dédaignés. Ah ! c'est que le monde veut les biens du temps, et vous ne donnez que ceux de l'éternité !
Vous nous avez aimés, Jésus, avec tout l'amour dont un Dieu peut aimer. Cet amour n'a connu ni bornes ni mesure, et, pour nous le prouver, vous avez voulu, avant de nous sacrifier votre vie, instituer un sacrement qui vous fixât pour toujours au milieu de nous, qui vous unît à chacun de nous. Après nous avoir tout donné, vos travaux, vos sueurs, vos leçons divines, les mérites de toute votre vie, vous avez voulu vous donner vous-même, être à nous dans le temps aussi bien que dans l'éternité. Depuis dix-huit siècles la table d'amour est dressée dans la salle du festin ; votre chair adorable est le mets dont vous nourrissez vos enfants, votre sang le breuvage dont vous les enivrez. Vous appelez tous les hommes à ce banquet divin que vous avez préparé, dans votre miséricorde pour le pauvre et pour l'infirme, comme un tendre père ; votre bonté nous presse de venir nous rassasier du pain des anges, du froment des élus. Et pourtant, ô excès d'indifférence et d'ingratitude ! la table que vous avez dressée compte bien peu de convives ; votre œil voit avec douleur bien des places restées vides ; la plupart de vos enfants méprisent le don que votre amour leur fait ; souvent ils ajoutent le blasphème au mépris  et sourient de pitié et de dédain eu voyant la foi de ceux de leurs frères qui viennent manger avec respect le pain qui donne la vie et l'immortalité.
Pardon, Seigneur, pardon pour tant d'ingratitude, pour cette indifférence qui fait frémir le ciel d'épouvante et d'horreur ! Que ne puis-je, ô Dieu caché, Dieu si bon, Dieu si doux de l'Eucharistie, ramener à vos pieds tous ces cœurs qui vous méconnaissent ! Que ne puis-je, au prix de ma vie, les voir, consumés tous du feu de votre amour, éclairés des lumières de la foi, vous faire ensemble amende honorable pour le temps qu'ils ont vécu sans vous aimer ! Mais ce que je ne puis faire, vous le pouvez, Seigneur ; votre voix n'a rien perdu de sa puissance ; elle peut encore réveiller les morts au fond de leurs tombeaux et répandre un esprit de vie sur ces âmes endurcies qui portent en elles la corruption et la mort. Montrez-vous grand, Seigneur, en leur faisant miséricorde, en convertissant aussi ces pécheurs plus coupables encore qui, couverts du masque de l'hypocrisie, viennent vous présenter le baiser de paix, qui, ayant le péché dans le cœur, osent s'asseoir à votre table et renouveler le crime de l'infâme Judas.
 Mais j'entends votre voix, mon Jésus ; comme autrefois aux filles d'Israël, vous me dites de ne pas pleurer sur vous, que ce n'est pas même assez de pleurer sur mes frères, qu'il faut pleurer sur mes fautes et sur moi. Oui, Seigneur, je le sens, c'est pour moi seule qu'il faut réserver mon indignation, mon mépris ; c'est pour mon indifférence, pour ma froideur, qu'il faut demander grâce. Comblée de vos bienfaits, admise si souvent à votre table sainte, vous deviez vous attendre à trouver en moi bien plus de fidélité et d'amour que dans ceux qui ne jouissent qu'à de longs intervalles du bonheur dont vous êtes prodigue envers moi. Mes péchés ont bien plus de malice, ils vous offensent davantage que les fautes de ceux à qui vous n'avez pas révélé comme à moi tous les trésors de votre amour. Ah ! mon ingratitude a blessé votre cœur plus que toutes les autres, aimable Sauveur ; pardonnez-la-moi, effacez-la de votre souvenir ; je veux la réparer par un redoublement d'amour, je veux la pleurer toujours et ré péter sans cesse : Pardonnez, Seigneur, pardonnez à votre peuple, et ne soyez pas éternellement irrité contre nous.
Ainsi soit-il.
Source : Livre "Trésor des associés du Sacré-Cœur de Jésus ou premier vendredi de chaque mois sanctifié par la méditation et la communion"





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Verosvres : Maison natale de Marguerite-Marie Alacoque
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Bienheureuse Maria Droste ou Marie du Divin Cœur de Jésus, sœur de la Charité du Bon Pasteur à Porto au Portugal († 1899)


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 - Règlement des familles consacrées au Sacré Cœur
 - Les 12 promesses de Notre Seigneur aux dévots de son Sacré Cœur
 - Livre "Cœur à cœur avec Jésus"
 - Livre "De la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus"
- Le premier vendredi de chaque mois








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