La poursuite divine
(Louis Cardonnet)
Ô mon Dieu, vous avez des ruses adorables
Pour triompher des cœurs et vous les attacher,
Car vous êtes épris de ces cœurs misérables ;
Jusqu’au bord de l’enfer, vous courez les chercher
Et vous penchant sur eux, doucement vous leur dites
De céder à l’Amour et de ne plus pécher.
Puis, si l’enchantement des vanités maudites
Ne les a pas lassés, vous ne vous lassez pas,
Vous, de renouveler vos ardentes poursuites.
Vous allez devant vous et vous tendez les bras ;
Il faudra que demain la brebis égarée
Y repose arrachée aux ronces d’ici-bas.
Ah ! comme en Emmaüs, dans la calme soirée,
Qu’au moins, sur votre sein, vers le tomber du jour,
Nous appuyions, Seigneur, notre tête éplorée !
Et que nos cœurs, longtemps cherchés par votre amour,
Afin qu’ils n’aillent pas, rejetés de la Gloire,
Loin de Vous, dans la nuit, se crisper sans retour,
Vous laissent remporter la dernière victoire !
Louis CARDONNET
Poème Mercure de France
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