Thomas d'Aquin
Pourquoi l'invoquer ?
- Contre l'orage.
- Pour lutter contre le péché de luxure.
Prières :
- Contre l'orage.
† Grand saint Thomas,
de la toute puissance de ta voix,
éloigne cet orage de chez moi,
renvoie la foudre au diable,
protège nos étables
des orages du Sabbat,
et que Dieu soit avec toi,
et que Dieu reste avec moi.
Alléluia grand saint Thomas †
- Contre la luxure.
† Bienheureux saint Thomas d'Aquin,
qui résista à la beauté du diable,
aide-moi à résister aux appels de la luxure.
Toi qui toujours sut rester chaste,
ôte de mon âme toute lubricité,
inspire-moi pour seul désir celui de la perfection spirituelle,
et pour seul amour celui de Notre Seigneur.
† Amen.
Thomas
d'Aquin (né en 1224/1225 au château de Roccasecca près d'Aquino en
Italie du Sud, mort le 7 mars 1274 à l'abbaye de Fossanova près de
Priverno dans le Latium), est un religieux de l'ordre dominicain,
célèbre pour son œuvre théologique et philosophique. Considéré comme
l'un des principaux maîtres de la philosophie scolastique et de la
théologie catholique, il a été canonisé en 1323, puis proclamé docteur
de l'Église en 1567 et « Docteur commun » de l'Église catholique romaine
en 1880, ainsi que patron des universités, écoles et académies
catholiques, et aussi un des patrons des libraires. Il est aussi
qualifié du titre informel de « Docteur angélique ». Son corps est
conservé sous le maître autel de l'église de l'ancien couvent des
dominicains de Toulouse.
De son nom dérivent les termes :
- «thomisme» / « thomiste » : concerne l'école ou le courant philosophico-théologique qui se réclame de Thomas d'Aquin et en développe les principes au-delà de la lettre de son expression historique initiale ;
- « néo-thomisme » : courant de pensée philosophico-théologique de type thomiste, développé à partir du XIXe siècle ) pour répondre aux objections posées au christianisme catholique par la modernité ;
- « thomasien » : ce qui relève de la pensée de Thomas d'Aquin lui-même, indépendamment des développements historiques induits par sa réception.
En 1879, le pape Léon XIII, dans son l'encyclique AEterni Patris,
a déclaré que les écrits de Thomas d'Aquin exprimaient adéquatement la
doctrine de l'Église catholique romaine. A l'époque on distinguait
encore mal la pensée de Thomas d'Aquin lui-même de l'école thomiste et
des infléchissements notionnels dus à sa réception au cours du temps. Le
concile Vatican II (décret Optatam Totius sur la formation des prêtres,
n° 16) propose l'interprétation authentique de l'enseignement des papes
sur le sujet, plus précis et plus ouvert à la fois, en demandant que la
formation théologique des prêtres se fasse "avec Thomas d'Aquin pour
maître".
Dans la continuité du propos de l'Église catholique, Thomas d'Aquin a proposé, au XIIIe siècle ,
une œuvre théologique qui repose, par certains aspects, sur un essai de
synthèse de la raison et de la foi, notamment lorsqu'il tente de
concilier la pensée chrétienne et la philosophie réaliste d'Aristote. Il
distingue les vérités accessibles à la seule raison, de celles de la
foi, définies comme une adhésion inconditionnelle à la Parole de Dieu.
Il qualifie la philosophie de servante de la théologie (philosophia ancilla theologiae)
afin d'exprimer comment les deux disciplines collaborent de manière
'subalternée' à la recherche de la connaissance de la vérité, chemin
vers la béatitude.
Biographie
Jeunesse et aspiration à la vie dominicaine (1224/1225-1244)
Fils du comte Landulphe d'Aquino et de la comtesse Théodora d'Inverno, d'origine normande, Thomas naît en 1224/1225 au château de Roccasecca, dans le Royaume des deux siciles . La famille d'Aquin est une grande famille d'Italie, partisane du parti pontifical.
De
1230/1231 à 1239, il est oblat à l’abbaye bénédictine du Mont-Cassin.
Il y demeure neuf ans, durant lesquels il apprend à lire et à écrire,
ainsi que les rudiments de la grammaire et du latin, associés à une
formation religieuse élémentaire.
À
partir de 1239, Frédéric II en lutte contre Grégoire IX, expulse les
moines de l'abbaye. Sur le conseil de l'abbé, les parents de Thomas
l'avaient déjà envoyé à Naples pour y poursuivre ses études au Studium regni
(qui n'est pas une université, mais une académie locale), fondé par
Frédéric II en 1220. Il y étudie alors auprès des maîtres les
disciplines classiques du Trivium et du Quadrivium ;
il découvre sans doute alors Aristote à travers Averroès dont les
traductions latines commencent à circuler. C'est alors qu'il rencontre
des frères prêcheurs dont la vie et la vitalité apostolique l'attirent.
Son
père meurt le 24 décembre 1243, rendant le jeune Thomas un peu plus
libre de son destin. Il décide d'entrer dans l’ordre des dominicains en
avril 1244, à l'âge de vingt ans, contre l’avis de sa famille qui veut
en faire l'abbé du Mont-Cassin. Sa mère le fait alors enlever et
l’assigne à résidence à Roccasecca où il demeure un an. Thomas ne
changeant cependant pas d’avis, sa famille finit par accepter son choix.
Études à Paris, premiers enseignements (1245-1259)
Il
est ensuite étudiant à Paris de 1245 à 1248, sous le règne de Louis IX .
Puis il suit son maître Albert le Grand (dominicain commentateur
d'Aristote) à Cologne jusqu'en 1252, où ses confrères d'étude
l'affublent du sobriquet de « bœuf muet » en raison de sa stature et de
son caractère taciturne. De retour à Paris, il suit le cursus
universitaire classique des étudiants en théologie : il est bachelier
biblique (lectures commentées des Écritures) de 1252 à 1254, puis
bachelier sententiaire. Il rédige durant cette période un commentaire
des livres d'Isaïe et de Jérémie (Super Isaiam et Super Ieremiam), ainsi que le De ente et essentia
(1252). Comme bachelier sententiaire, il commente le Livre des
Sentences de Pierre Lombard, devenu le manuel des études théologiques à
l'université de Paris depuis le début du XIIIe siècle.
Thomas d'Aquin en fait le commentaire, en deux ans, durant son
enseignement de bachelier sententiaire. Son commentaire (Scriptum super libros Sententiarum)
est énorme : plus de 600 pages in-folio), écrites de 1254 à 1256, tout
en suivant certains des cours dispensés dans les écoles parisiennes et
au Studium dominicain de Saint-Jacques. Au printemps 1256, avec l'appui
du Souverain Pontife qui doit intervenir auprès de l'université, dans le
contexte conflictuel de l'opposition des mendiants et des séculiers, il
soutient sa maîtrise en théologie et est nommé Maître-Régent (magister in sacra pagina ou docteur en Écriture sainte) - avec Bonaventure de Bagnorea - Il commence aussitôt à enseigner et rédige les Questions disputées : De Veritate (1256-1259), les Quodlibet (7 à 11) ; commente le De Trinitate de Boèce (1257-1258)… Son activité consiste principalement en disputes théologiques (disputatio),
en commentaires de la Bible et en prédications publiques. Les
commentaires sur Aristote de Thomas d'Aquin n'ont jamais fait l'objet
d'un enseignement public.
Premier enseignement italien (1259-1268)
En
1259, Thomas a trente-quatre ans lorsqu'il part pour l'Italie où il
enseigne la théologie jusqu'en 1268, tout en jouissant déjà d'une grande
réputation.
Il
est d'abord assigné à Orvieto, comme lecteur conventuel, c'est-à-dire
responsable de la formation permanente de la communauté. Il trouve
toutefois le loisir d'achever la rédaction de la Somme contre les Gentils (commencée en 1258) et de l'Expositio super Iob ad litteram (1263-1265). Il rédige notamment l'explication continue des évangiles, appelée par la suite la Chaîne d'or (Catena aurea),
un florilège de citations patristiques organisées de manière à
constituer un commentaire continu des Évangiles, verset par verset. Cet
ouvrage d'importance considérable du point de vue de l'histoire de la
réception des auteurs chrétiens grecs, est rédigé de 1263 à 1264 à la
demande du pape Urbain IV auquel Thomas dédie la chaîne sur Matthieu.
Thomas
est envoyé à Rome entre 1265 et 1268 comme maître régent. Durant ce
séjour, affecté à la formation intellectuelle des jeunes dominicains,
Thomas rédige également De potentia Dei (1265-1266), la première partie du Compendium de théologie et commence en 1266 la rédaction de la Somme théologique. Il entame ses commentaires sur Aristote par le Commentaire « De l'âme » (1267-1268), en adoptant la méthode d'explication mot à mot des grands commentaires (tafsîr) d'Averroès. C'est également en Italie qu'il compose l'Office du Saint Sacrement au moment de l'instauration de la Fête du Corpus Christi.
Il rédige aussi plusieurs opuscules, en réponses aux questions de
personnes particulières ou de supérieurs, portant sur des questions
diverses : économiques, canoniques ou morales.
Durant
cette période, il eut l'occasion de côtoyer la cour pontificale (qui ne
résidait pas à Rome). Assigné à des couvents dans lesquels il
remplissait une tâche particulière, rien ne dit qu'il suivit le pape
dans ses déplacements continuels. La curie n'avait pas alors de siège
fixe.
C'est
probablement durant cette période qu'il eut l'occasion de prêcher les
sermons sur le Credo, le Pater et l'Ave Maria, puisque ceux-ci furent
prêchés durant le carême dans la région de Naples et que Thomas n'était
plus en mesure de le faire en 1273.
Retour à Paris, querelles universitaires (1268-1272)
Thomas
revient de 1268 à Pâques 1272 à Paris dont l'Université est en pleine
crise intellectuelle et morale provoquée par la diffusion de
l'aristotélisme et par les querelles entre les ordres mendiants, les
séculiers et les réguliers. Le théologien Rémi de Florence a suivi ses
cours lors de son second enseignement parisien. Il a quarante-quatre ans
lorsqu'il rédige la seconde partie (IIa Pars) de la Somme théologique et la plus grande partie des Commentaires des œuvres d'Aristote.
Il doit faire face à des attaques contre les Ordres Mendiants, mais
aussi à des rivalités avec les franciscains et à des disputes avec
certains maîtres ès arts (en particulier Siger de Brabant, dont la mort
mystérieuse est racontée par Dante, qui évoque également de manière
énigmatique la rivalité entre Thomas et Siger dans le Paradis de la
Divine Comédie). Il écrit le De perfectione spiritualis vitae (1269-1270) et les Quodlibets I-VI et XII contre les séculiers et les traités De aeternitate mundi (1271) et De unitate intellectus (1270) contre l'averroïsme des maîtres de la faculté des arts.
Second enseignement italien, fondation du studium generale de Naples (1272-1273)
Après
le travail incroyable accompli à la fois pour l'enseignement et la
rédaction de son œuvre, les luttes continuelles qu'il dut mener au sein
même de l'Université, Thomas est envoyé par ses supérieurs à Naples pour
y organiser le studium generale des frères dominicains (fondé
en 1269), destiné à la formation des jeunes frères dominicains de la
Province de Rome, et y enseigner en qualité de maître régent en
théologie. Les raisons de ce rappel à Naples ne sont pas évidentes. On
peut supposer que ce fut sur les instances du roi Charles d'Anjou, le
frère de Louis IX de France. Il est sûr que ce fut malgré les
supplications de l'Université de Paris. Thomas est à pied d'oeuvre entre
fin juin et septembre 1272. Il poursuit la rédaction de la troisième
partie (IIIa Pars) de la Somme théologique, à partir de la
question 7; il rédige notamment les questions sur le Christ et les
sacrements qu'il n'achèvera jamais. Il y reprend son enseignement sur
les épîtres de Paul (Épître aux Romains), le commentaire des Psaumes (1272-1273), et certains commentaires d'Aristote.
Sa dernière vision et sa fin (1273-1274)
À
partir du 6 décembre 1273, après avoir eu une expérience spirituelle
bouleversante pendant la messe, il cesse d’écrire, parce que, dit-il, en
comparaison de ce qu'il a compris du mystère de Dieu, tout ce qu'il a
écrit lui paraît comme de la paille. Sa santé décline alors de
manière rapide. Quasiment aphasique, il se rend néanmoins au concile de
Lyon où il aurait été convoqué par le pape Grégoire X. Il meurt en
chemin, le 7 mars 1274, âgé approximativement de 50 ans, au monastère
cistercien de Fossanova. Il y reposera jusqu'à la translation de sa
dépouille mortelle en 1369 à Toulouse, aux Jacobins, où il repose
toujours aujourd'hui. On dit qu'il commentait le Cantique des Cantiques
aux moines qui l'accompagnaient, sur son lit de mort. En recevant sa
dernière communion, il dit :
« Je
vous reçois, ô salut de mon âme. C'est par amour de vous que j'ai
étudié, veillé des nuits entières et que je me suis épuisé ; c'est vous
que j'ai prêché et enseigné. Jamais je n'ai dit un mot contre Vous. Je
ne m'attache pas non plus obstinément à mon propre sens ; mais si jamais
je me suis mal exprimé sur ce sacrement, je me soumets au jugement de
la sainte Église romaine dans l'obéissance de laquelle je meurs. »
La
plupart des témoignages concordent à le présenter comme un homme grand
et fort. Son apparence devait être harmonieuse car, lorsqu'il passait
dans la campagne, le bon peuple abandonnait ses travaux et se
précipitait à sa rencontre, « admirant sa stature imposante et la beauté de ses traits ».
Ses étudiants le présentèrent comme un homme soucieux de ne froisser
personne par de mauvaises paroles, et très assidu au travail, se levant
très tôt, bien avant les premiers offices, pour commencer à travailler.
Sa piété se tournait surtout vers la célébration du sacrifice de la
messe et vers l'image du Christ crucifié.
Ses
œuvres sont cataloguées dans un écrit de 1319, mais leur chronologie
exacte repose sur une critique complexe des sources et des manuscrits ;
elle est fixée maintenant pour l'essentiel, bien que certains points de
détail restent encore discutés.
L'œuvre
de Thomas d'Aquin fut condamnée le 18 mars 1277 par l'archevêque
anglais Robert Kilwarby. Guillaume de la Mare, franciscain, publia vers
1279 un correctorium de frère Thomas, recensant 117
propositions trop audacieuses. Réhabilité par la suite, notamment de par
l'influence grandissante de l'ordre dominicain, il est canonisé en 1323
par le pape Jean XXII. Néanmoins ses idées continuent à faire débat, y
compris à l'intérieur de l'ordre dominicain où les chapitres généraux
doivent réitérer mainte fois l'obligation de ne pas critiquer les thèses
de Thomas d'Aquin.
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