Juillet : le mois du Précieux Sang
La
piété des fidèles consacre le mois de juillet au Précieux Sang de
Notre-Seigneur Jésus-Christ, en l'honneur duquel l'Église célèbre une
solennelle fête liturgique le premier jour de ce mois.
Pie
IX (1850) accorda sept ans et sept quarantaines d'indulgences pour
chaque jour du Mois consacré au Sang Précieux de Notre Seigneur
Jésus-Christ, en quelque jour de l'année qu'il commence, quand il se
fait dans une église ou un oratoire public.
Il
accorda, en outre, aux conditions ordinaires, une indulgence plénière,
dans le cours du mois, ou pour l'un des sept jours qui suivent, à ceux
qui auront assisté au moins dix fois aux exercices du mois du précieux
sang.
Il accorda cent jours d'indulgences chaque jour à ceux qui feraient le Mois du Précieux Sang en particulier, indulgence plénière le dernier jour ou l'un des sept jours qui suivent.
Source :
La
dévotion au Précieux Sang, en effet, a été donnée aux hommes pour leur
faire comprendre la Miséricorde de Dieu afin d'éviter ses châtiments
qu'ils ont mérités.
C'est
le moyen divin qui est remis en nos mains pour apaiser la colère du
Seigneur au jour formidable de ses vengeances, et pour arrêter les
foudres dans ses mains levées pour nous punir de nos prévarications sans
nombre.
Il
nous est permis sans doute de le dire, à la vue des péchés qui se
commettent, qui ne comprend la juste indignation du Seigneur contre nous
? Les signes célestes ne sont-ils pas manifestes ? N'attendons pas,
pour nous mettre en prière, de voir le divin Jésus verser sur nous à
flots abondants le calice amer de sa colère ? Afin que nous puissions
désarmer son bras, il nous inspire et il réveille en nous une tendre et
affectueuse dévotion au Précieux Sang.
Après
nous être arrosés de ce Sang divin, nous pouvons l'offrir à la Majesté
de Dieu avec une foi vive et une ardente charité, et attirer ainsi sur
nous la Miséricorde.
C'est
par le Sang adorable du Sauveur que nous sommes faits enfants de Dieu
dans le saint baptême ; c'est par lui que nos fautes sont effacées dans
le sacrement de pénitence. Nous recevons ce Sang divin dans
l'Eucharistie avec le corps sacré de l'Homme-Dieu. Enfin il est offert
sur nos autels. N'est-ce pas le Sang de Jésus-Christ qui nous a procuré
tous les biens de la grâce, et en lui ne trouvons-nous pas tout ce qui
nous manque ? Le Sang divin est le véritable trésor inépuisable de
l'Église.
Nous
avons jugé utile de faire connaître aux âmes qui aiment la Réparation
la dévotion au Précieux Sang. Nous savons que c'est un saint usage qui
devient de plus en plus fréquent de consacrer un mois tout entier à
honorer ce Sang divin qui a été le prix de notre rachat.
A
Rome, il y a l'adoration perpétuelle du Précieux Sang, c'est-à-dire que
chaque mois, dans une église, on y fait un exercice en l'honneur du
Précieux Sang. Ainsi toute l'année se trouve consacrée à honorer le Sang
divin de Jésus. C'est là un moyen efficace pour attirer les grâces du
Ciel sur les âmes.
C'est
une pieuse coutume qui commence à s'introduire en France de consacrer
le mois de juillet au Précieux Sang, mais néanmoins on peut choisir un
autre temps.
PREMIER JOUR
PRIÈRE DE SAINT FIDÈLE
Père
céleste, permettez-moi de me présenter devant vous ; exaucez mes
prières, et ne les laissez pas tomber à vos pieds, sans leur communiquer
quelque chose des fruits de votre miséricorde. Par le mystère de votre
divin Fils crucifié pour mon salut, je veux répandre mon cœur en votre
présence, ô Père de miséricorde et de toute consolation ! et vous prier
pour tous ceux qui attendent de vous leur salut.
Je
vous offre donc, ô Père tout puissant ! le chef visible de
votre Église, le souverain Pontife N.. et tous ceux qui remplissent
quelque ministère dans l'Église ; et je vous prie par les souffrances
que Jésus-Christ a endurées, lorsque sa tête fut couronnée d'épines, de
les délivrer tous des peines du péché, et de leur donner la force de
supporter courageusement les tempêtes, les troubles et les afflictions
auxquels sont condamnés ceux qui doivent conduire les autres.
Faites,
Seigneur, que leurs paroles et leurs actions soient pour les fidèles
comme une lumière qui leur montre le bien, afin que dirigés comme il
faut, nous puissions tous aborder au port de l'éternelle béatitude.
Sanctifiez tous les ministres de votre Église. faites d'eux le sel de la
terre, la lumière du monde, une cité bâtie sur
la montagne, afin qu'ils s'efforcent toujours d'acquérir cette pureté
qui convient à leur dignité et à la sainteté de leur ministère.
Je
vous offre en même temps, ô Père de miséricorde ! celui qui nous
gouverne, le chef de votre peuple, tous les princes chrétiens, et
généralement tous ceux qui exercent de quelque manière le pouvoir
temporel. Délivrez-les de leurs ennemis, et que votre paix entretienne
l'union parmi eux ; afin qu'ils vivent comme il convient à des
chrétiens, et qu'ils obtiennent le salut éternel pour lequel vous les
avez créés ; qu'ils déposent avec confiance sur la tête adorable de
Jésus-Christ couronnée d'épines, les peines et les contrariétés inséparables de leurs fonctions.
En
union, avec le côté de Jésus-Christ transpercé d'une lance, je vous
offre votre sainte et unique Église catholique, apostolique et romaine.
Ayez pitié d'elle, Seigneur, et conservez en elle la pureté de la foi et
la gloire immaculée de la sainteté : étendez-la sur toute la terre par
les travaux des hommes vraiment apostoliques. Donnez à ses pasteurs la
victoire sur les ennemis de la foi, et tout ce qui leur est nécessaire
pour conserver la paix sur la terre.
En
union avec la main droite de Jésus, percée d'un clou, je vous offre,
Seigneur, tous nos bienfaiteurs, nos maîtres, nos parents, nos
alliés, nos conseillers, et nos amis ; afin que vous leur accordiez
tout ce qui peut vous être agréable et utile à leur salut.
En
union avec la main gauche de Jésus, clouée aussi à la Croix , je vous
offre, ô Père miséricordieux, tous mes ennemis, que j'aime sincèrement ;
et je vous prie humblement d'être bienveillant pour eux, et de leur
rendre la gloire pour les opprobres dont ils m'ont accablé, une bonne
réputalion pour les calomnies qu'ils ont inventées contre moi, votre
amour pour la haine qu'ils me portent, et pour le mal qu'ils me
souhaitent, tous les biens utiles à leur salut, et la vie éternelle,
En union avec la plaie du pied droit
de Jésus , je vous offre tous ceux à qui je dois obéir ; afin qu'ils
gouvernent avec un soin paternel par leurs paroles et leurs exemple ceux
qui leur sont soumis. Sanctifiez-les pour cela de plus en plus,
délivrez-les de toutes les occasions du péché mortel, et secourez-les
dans tous leurs besoins.
En
union avec la plaie du pied gauche de Jésus, je vous offre tous les
pécheurs dont l'âme est souillée par le péché mortel, et vous supplie de
les attirer miséricordieusement à vous, et de les délivrer de ce
déplorable état.
Par
la vertu du signe de la Croix de Jésus, je vous présente tous les
religieux qui sont crucifiés au monde, et à qui le monde est crucifié.
Ayez pitié de tous les ordres religieux ; et faites que chacun d'eux
vive d'une manière conforme à sa vocation.
En
union avec les mauvais traitements que Jésus a endurés, je vous offre
et vous recommande tous les hérésiarques et les infidèles qui font
souffrir chaque jour de nouveau à votre divin Fils le supplice de la
flagellation. 0 Père des miséricordes, ayez pitié du monde entier :
amenez à la connaissance de la vérité les peuples qui l'ignorent, et
conduisez au bercail de l'Église les païens et le peuple d'Israël. Ne
permettez pas, je vous en supplie , que tous ces hommes qui portent dans
leur àme votre image, tombent dans l'abîme sous vos yeux, et
que le sang précieux de votre Fils soit perdu pour eux. Je pleure en
votre présence, ô Seigneur ! de voir tant de mes frères éloignés
de Tous. Je voudrais pouvoir croire en vous avec leur esprit à tous,
vous aimer avec leur volonté, et vous servir avec toutes les forces dont
ils peuvent disposer ; mais je ne puis rien, sinon répandre humblement
devant votre majesté mes désirs et mes prières.
Je
vous offre aussi les prisonniers, ceux qui languissent dans les
cachots, les malades, ceux qui sont tentés, ou troublés, ou qui luttent
contre la mort. En union avec la captivité , la tristesse, et l'agonie
que Jésus a souffertes au jardin des Oliviers, je supplie votre bonté de leur accorder la délivrance, la consolation , le salut, le secours et la victoire dans tous leurs besoins, et une bonne mort.
En
union avec la mort ignominieuse que Jésus-Christ a soufferte sur la
croix, je vous supplie de jeter un regard favorable sur les pauvres âmes
qui sont purifiées dans le Purgatoire, et particulièrement sur celles
de N. N. qui ont plus de droits à mes prières. Adoucissez leurs
souffrances , ouvrez-leur bientôt les portes du ciel, et donnez-leur le
bonheur dont jouissent vos saints anges.
En
union avec la soif que Jésus-Christ a endurée sur la croix, je vous
offre tous ceux qui désirent ardemment que je les recommande à vous dans mes prières. Accordez-leur ce que votre volonté demande d'eux, et ce qui peut procurer leur salut.
Mais
je veux faire aussi de moi, o mon Dieu ! une victime vivante, et vous
supplier de vouloir bien consumer et anéantir tous mes péchés dans le
feu de cet amour qui a porté Jésus-Christ â sacrifier sa vie pour moi,
et à mourir sur la croix de la mort la plus cruelle. Amen.
SECOND JOUR
PRIÈRE DE SAINT BONAVENTURE
0
mon Jésus, bon pasteur, qui sur l'arbre de la sainte croix, avez
répandu à grands flots votre précieux sang pour notre salut, ô joie et
nourriture des cœurs fidèles, que puis-je vous donner en échange de ce
précieux trésor ? 0 saint amour de mon Jésus, que demandez-vous de moi ?
mon cœur, peut-être ? afin qu'il se baigne dans votre sang adorable, et
qu'il s'imbibe pour toujours de vos saintes plaies ? Oh ! avec quel
abandon je vous offrirais mon cœur tout entier ! mais je ne puis vous le
donner, si vous ne le blessez d'abord de votre amour. Prenez-moi donc
mon cœur, ô Jésus ! et blessez-le de votre amour ; arrosez-le de votre
sang, et faites-en un temple pour vous. Mais qu'ai-je osé vous demander,
téméraire que je suis ? comment puis-je vous offrir la possession d'un
cœur toujours agité, qui aime le monde, et que souillent tant de péchés ?
Ah! pardonnez-moi, mon Sauveur. La grâce qui jaillit de votre sang
excite ma confiance, et je me rappelle ces douces paroles que vous
m'adressez chaque jour : Donne-mol ton cœur.
Quelque
misérable, quelque pécheur que je sois, pourrais-je vous résister plus
longtemps ? Pour moi vous avez sacrifié votre âme, votre corps et votre
sang ; et, en échange de tout ce que vous avez
fait pour moi, vous ne me demandez que mon cœur. 0 miséricorde de mon
Jésus, que votre condescendance est grande à mon égard ! ô longueur, ô
largeur, ô hauteur et profondeur du divin amour, comme vous éclatez à
mes yeux dans le sang que mon Jésus a versé pour moi ! Car, qui suis-je ?
un amas de péchés, de mort et de poussière. Et qui êtes-vous, ô Jésus ?
le roi des rois, le Seigneur des seigneurs, le juge des vivants et des
morts. Et vous daignez désirer mon pauvre cœur, afin de le purifier de
votre sang, et de vous y préparer une demeure ! Oh ! si j'avais un cœur
plus grand que le cœur de tous les hommes ensemble, et dont l'amour
surpassât celui de tous les anges ; et si
je vous offrais ce cœur, ô Jésus ! ce don de ma reconnaissance serait
bien peu de chose comparé à celui que vous me faites de votre sang.
Puisqu'avec un tel cœur je ne pourrais pas encore vous rendre tout ce
que je vous dois, combien suis-je donc obligé de vous consacrer
entièrement avec joie, et sans partage, cette pauvre petite étincelle,
je veux dire mon cœur, avec tout son amour, et de le plonger dans voire
cœur, dans votre sang et dans vos plaies !
Combien
je serais insensé, si je laissais encore mon cœur s'attacher à ce monde
et aux créatures, lorsque vous, mon créateur et mon Dieu, vous le
désirez, afin de le posséder pendant toute l'éternité ! Oh ! il ne doit
plus m'appartenir désormais ; mais il doit être comme entrelacé avec le
vôtre, et reposer toujours en vous. Il vous appartient : car vous
l'avez créé pour vous, et vous l'avez acheté de votre sang. Il lui est
bien plus avantageux de rester au pied de votre croix, blessé de vos
blessures, et arrosé de votre sang, que de goûter les vaines joies de ce
monde, et de se laisser entraîner par le fleuve des malédictions
éternelles. Il vaut mieux pour moi que mon cœur saigne dans vos plaies,
que de le voir dans le monde plein de vie pour le péché. Je suis bien
plus sûrement dans votre toute puissance que dans mon impuissance. Je
trouve bien plus de joie dans les tristesses de votre passion que dans
tous les plaisirs coupables ; et la grâce de votre sang m'enrichit bien
plus que la possession des biens périssables du monde entier. 0 mon
Jésus ! prenez donc mon cœur, et enflammez-le par voire sang du feu de
la plus tendre charité pour vous. Qu'il soit toujours à vous ; que
toujours il soit enivré en vous des joies du salut ; que toujours il
vous tienne embrassé par une fervente dévotion. 0 mon Jésus ! que mon
cœur soit blessé de vos douleurs, et des douleurs du plus sincère
repentir : qu'en s'attristant avec vous, il participe à vos miséricordes
et à vos grâces ; qu'en mourant avec vous il trouve la vie en vous, qui
êtes la vie véritable, O vous mon Sauveur éternellement adorable !
Amen.
TROISIÈME JOUR
PRIÈRE DE SAINTE CATHERINE DE SIENNE
O
mon Jésus ! j'ai le plus vif désir de vous aimer, et de jouir de la
bénédiction de votre précieux sang, que vous avez répandu pour nous dans
l'excès de votre miséricorde ; afin que je puisse recevoir la vie de la
grâce, et que mon âme soit purifiée de tous les péchés qui l'ont
souillée. Laissez-moi donc, ô mon Sauveur, considérer au pied de votre
croix, que votre précieux sang ne rendrait point à mon âme la vie et la
pureté, si je n'imitais pas vos vertus, si je ne me rappelais
continuellement vos miséricordes et vos cruelles
souffrances. Je veux ramasser en moi les germes de vos vertus, afin
qu'ils produisent des fruits au dehors. Assistez-moi, afin que je ne
reste pas plus longtemps assoupi dans la paresse, mais que je remplisse
ma mémoire du souvenir de votre sang précieux, que j'ouvre entièrement
mon esprit à la sagesse et aux leçons de votre parole, et que ma
volonté, inclinée vers vous par l'amour, se haie d'accomplir fidèlement
ce que vous lui aurez appris Je m'enivrerai alors de votre précieux
sang, ô doux Jésus ! vous me déchargerez de mes péchés ; vous
m'arracherez à la sociélé des mauvais esprits, et vous m'inscrirez dans
le livre de vie.
Je
suis indigne, je le sais, de respirer le parfum qu'exhale la sainte
fleur de votre sang, et pourtant je vous demande sa bénédiction : car
avec elle aucune tentation ne pourra me nuire; rien ne m'ôtera la paix
et la sérénité de l'âme ; une sainte patience me rendra supportables et
même douces toutes les peines et les afflictions ; mon désir sera de me
conformer toujours à vos douleurs et à votre confusion, O Jésus crucifié
! et de me revêtir, pour votre gloire et pour mon salut, de toutes vos
humiliations. 0 saint agneau de Dieu ! laissez-moi mesurer combien mon
âme sera heureuse, lorsque baignée dans votre sang, nourrie de ses
bénédictions, pleine de pensées célestes et d'humbles prières, elle marchera
à travers les tentations et les épines de cette vie. Par votre sang, O
Jésus ! une fois arrivée au terme de son pèlerinage, elle recueillera le
doux fruit de toutes ses peines. Je vous le demande encore, ô Jésus !
donnez-moi la bénédiction de votre sang ; car il chasse du cœur toute
inquiétude ; il lui donne dès ici-bas un avant-goût des joies du ciel ;
il dépouille l'homme de lui-même et fait qu'il ne se trouve plus qu'en
Dieu.
Votre
sang, ô Jésus ! produit dans le pèlerin fidèle le renoncement au monde
et à tous les plaisirs sensibles : car l'amour qu'il trouve en votre
sang détruit en lui l'amour-propre, et sa conscience est comme un
tribunal d'où il juge avec la plus grande
sévérité toutes ses actions. Votre sang, ô Jésus ! produit dans les
fidèles une dévotion fervente : car en toutes choses ils considèrent la
douce volonté de Dieu à laquelle on doit toujours se soumettre, et ils
unissent à elle leur volonté propre. Ils se réjouissent quand ilssont
parvenus à mortifier leur volonté corrompue, de telle sorte que la
volonté du Très-Haut souverainement juste et sainte est toujours active
en eux ; car dans cette activité leur âme trouve le gage et la garantie
de la vie éternelle. 0 mon Jésus ! puisque de votre sang précieux
jaillit une telle abondance de bénédictions, pourquoi ne remplirai-je
pas de son souvenir ma mémoire ? Je veux donc l'avoir toujours
devant les yeux, afin qu'il produise en mon âme une ardente charité pour
vous, et toutes les vertus que vous avez exercées vous-même, et. qui
vous sont agréables. Oui, je veux désormais, sous votre sainte croix,
vivre de telle sorte que mon âme soit ornée de ces perles précieuses,
pour lesquelles vos fidèles serviteurs vous vendent tout ce qu'ils
possèdent, c'est-à-dire leur volonté. Tel est mon désir, telle est aussi
ma prière, ô Jésus crucifié !
Mon
âme sera vraiment heureuse, si pendant son pèlerinage ici-bas, avec la
bénédiction de votre sang adorable, elle n'est point oisive dans la
vigne que vous lui avez donnée â cultiver, mais
si au contraire elle en arrache les épines de l'amour propre pour y
semer toutes vos vertus. Elle aura dès ici-bas un avant goût de la vie
éternelle, si elle reconnaît tous les jours plus clairement qu'elle doit
uniquement à votre grâce la bénédiction de votre précieux Sang, et
cette conformité de sa volonté avec la vôtre, pour laquelle vous lui
avez promis, si elle y persévère, le bonheur éternel. 0 mon Dieu !
consumez donc tous mes péchés dans la fournaise de votre divin amour; et
faites par votre grâce, que, pour honorer votre Sang précieux, je vous
consacre mon l'œur tout entier, et puisse aborder un jour au port de
l'éternelle vie. Pour obtenir de vous cette faveur, O Jésus crucifié ! je veux me cacher dans la plaie de votre côté, et là frapper à la porte de votre miséricorde. Amen.
QUATRIÈME JOUR
PRIÈRE DE SAINT ANSELME
Salut,
O sainte Croix, ma lumière et ma force ! salut, lieu de ma rédemption,
mon salut et ma gloire ! salut, ô sainte Croix, mon refuge et mon abri !
salut, signe de grâce, consolation des affligés, mur inexpugnable
contre la puissance du malin esprit ! salut, étendard de paix, consacré
par le saint corps de Jésus, et orné de ses membres sacrés comme de
pierres précieuses ! 0 sainte croix ! qui avez été digne de porter le
prix de la rédemption du genre humain, vous par qui nous avons obtenu la
gloire éternelle ; soyez ma victoire sur toutes
les puissances ennemies, le remède à tous mes maux, le bâton de ma
vieillesse, mon appui dans mes accablements, le gage de la vie
éternelle, et le garant de la résurrection de mon corps. Que Jésus,
l'Homme-Dieu, notre Sauveur, qui a répandu son sang pour nous, me garde
par vous, et me conduise à la céleste patrie ; Amen.
PRIÈRE DE SAINT BONAVENTURE
Bon
Jésus, tenez-moi caché dans vos plaies vivifiantes ! Bon Jésus, vos
plaies sont mes mérites. Bon Jésus, laissez-moi séjourner toujours dans
votre cœur et dans les saintes plaies de vos mains et de vos pieds. Bon
Jésus, vous ne me refuserez pas cette grâce, puisque vous m'avez donné
votre sang et votre vie. 0 passion de Jésus ! en vous est mon espoir :
plaies de Jésus, en vous est ma confiance. Sang de Jésus, en vous est
mon assurance. 0 mort de Jésus ! en vous j'ai la certitude que mon Jésus
m'est favorable. Amen.
PRIÈRE DE SAINT AUGUSTIN
Par
amour pour les hommes, Dieu est descendu parmi eux, et s'est fait homme
lui-même. Par amour pour ses créatures, le Créateur s'est Jait
semblable à elles, et il a été blessé par amour pour nous, afin de nous
sauver. Dans les plaies du Sauveur, les faibles et les pécheurs trouvent un
lieu de repos assuré. Là, je ne crains point les attaques de l'ennemi.
Par ces plaies, je trouve accès jusqu'à sa miséricorde. Tout ce qui me
manque, je puis ainsi l'obtenir de la miséricorde de mon Maître ; car il
est riche en bénédictions : elles coulent en abondance de ses plaies
comme par autant d'issues. Par les plaies ouvertes de son corps sacré,
il me découvre le fond le plus intime de son cœur, le grand mystère de
la grâce, qu'il nous a apporté du ciel. Ces plaies me permettent de
goûter combien est doux le Seigneur mon Dieu ; car il est vraiment doux
et bon pour tous ceux qui cherchent sincèrement secours auprès de lui et
qui l'aiment. Dans les plaies de Jésus, mon Sauveur, je trouve
une rançon abondante, des flots de grâce, et la force de mener une vie
agréable à ses yeux. Si une pensée mauvaise se présente à mon esprit, je
me réfugie dans les plaies de Jésus. Si le poids de la chair fait
pencher mon âme vers la terre, je me relève en contemplant les plaies de
mon divin Maître. Si le démon me tend des pièges, je me jette dans le
côté ouvert de mon bon Sauveur, et le démon se retire. Si le feu des
passions s'allume en moi, je l'éteins par la pensée des plaies du Fils
de Dieu. Dans mes tentations, je ne trouve point de remède plus efficace
que les plaies de Jésus. Le Christ est mort pour nous : rien, à cause
de cela, ne peut être si près de la mort que la mort de Jésus ne le
guérisse. La mort de mon Maître est tout mon espoir, mon mérite, mon
refuge, mon salut, ma vie et ma résurrection. Oui, tout mon mérite est
dans la miséricorde de Dieu. Dans les plaies de mon Rédempteur je veux
vivre et mourir. Amen.
CINQUIÈME JOUR
PRIÈRE DE SAINT BERNARD
O
mon Jésus ! permettez à mon âme de veiller et de prier auprès de votre
sainte Croix. Elle est admirable votre passion, ô Seigneur Jésus ! car
elle efface toutes nos iniquités, guérit toutes nos maladies, délivre
des supplices éternels les âmes vraiment pénitentes. Admirable est aussi
votre mort pour nous ; car, désormais qu'y a-t-il de si près de la
mort, qui ne puisse être sauvé par la votre ?
Qu'elle
est constante et ferme votre patience, ô mon Jésus ! car pendant qu'on
étendait violemment de tous côtés votre corps sur le bois de la croix,
et qu'on vous perçait les mains et les pieds, vous n'avez murmuré ni
contre votre Père céleste, qui vous avait envoyé dans ce monde, ni
contre les hommes pour qui vous souffriez, ni contre votre peuple qui,
en retour de tous vos bienfaits, vous tourmentait si cruellement.
Qu'elle
est glorieuse aussi votre humilité, ô mon Jésus ! Vous en qui habite
réellement toute la plénitude de la divinité ; vous en qui Dieu se
réconcilie le monde ; vous qui n'avez jamais connu le péché, ni par vos
propres actions, ni comme héritage de vos ancêtres ; vous qui n'avez
jamais ressenti aucune inclination pour lui, vous avez été condamné
à la mort la plus atroce, comme le dernier des malfaiteurs. Qu'il est
immense votre amour, ô Jésus ! Il est au-delà de toute mesure, au-dessus
de toute hauteur ; car ce n'est pas pour vos amis, mais pour vos
ennemis, que vous vous êtes offert comme victime à votre Père céleste.
Quel autre amour pourrait-on comparer au vôtre dans le présent, dans le
passé ou dans l'avenir ? Par votre mort, nous avons été réconciliés à
vous et à votre Père ; vous nous avez justifiés sans aucun mérite de
notre part ; d'esclaves, vous nous avez élevés à la dignité de frères ;
et de captifs, vous avez fait de nous les héritiers de votre royaume.
Qu'elle est sublime votre mort pour nous,
ô Jésus ! car c'est volontairement que vous avez sacrifié votre vie ;
vous qui seul avez la puissance de quitter la vie et de la reprendre,
parce que vous êtes le maître de la vie et de la mort.
Qu'il
est glorieux votre sacrifice sanglant, ô Jésus ! car il est saint, sans
tache, souverainement efficace, et, pour cela, souverainement agréable à
votre Père. Vous êtes digne, ô véritable Agneau de Dieu immolé sur
l'autel de la croix ! vous êtes digne d'effacer les péchés du monde.
Qu'elle
est miséricordieuse votre prière, ô Jésus ! vous avez prié pour ceux
mêmes qui vous persécutaient, et qui vous livraient à la mort honteuse
et cruelle de la croix. Votre âme est pleine de compassion pour le salut
de vos ennemis, et votre Sang fournit un remède à leurs blessures ;
chaque goutte de ce sang est un témoignage éclatant de vos infinies
miséricordes. Votre sagesse et votre bonté triomphent de la malice et de
la dureté du monde entier.
O
mon Jésus ! que votre bonté est ineffable ! car pendant que, victime de
la charité, vous vous livrez à la mort, vous êtes encore prêt à
pardonner ! Que vos pensées sont éloignées des nôtres ! Votre douceur
envers les méchants est inébranlable. A leurs paroles, plus perçantes
que les épines, vous répondez par des paroles plus gracieuses que les
roses. Si vous avez répondu avec tant
d'abondance le baume de votre miséricorde sur vos bourreaux eux-mêmes,
que ferez-vous donc, ô mon Sauveur ! pour ceux qui soupirent ardemment
après vous ?
0
mon Jésus ! soyez donc propice et miséricordieux pour moi. Toute ma
vie, je veux me souvenir de vos travaux, de vos peines, de vos douleurs
et de vos souffrances, et vous servir au pied de votre sainte croix.
Vous êtes mon modèle, et je dois vous imiter. Si je ne le faisais pas,
Dieu me demanderait compte de votre sang, qui a été versé sur la croix ;
et je participerais au crime affreux des Juifs, en étant ingrat envers
votre amour infini, et en foulant aux pieds le Fils de Dieu. , 0 mon
Jésus ! qui, sur la croix, nous avez délivrés et tendrement aimés,
pauvres pécheurs que nous sommes ; je veux aussi vous aimer de tout mon
amour, à cause de votre justice, en dirigeant vers elle toutes mes
actions, et en souffrant avec joie, par amour pour vous, toutes les
afflictions et tous les troubles.
O
mon Jésus ! je tiens votre croix embrassée et je vous crie avec le
patriarche : Je ne vous laisserai point que vous ne m'ayez béni
! Nourrissez-moi donc, O Seigneur ! du pain de la grâce et du breuvage
des larmes, jusqu'à ce que vous essuyiez mes pleurs dans la céleste
patrie, où vous êtes éternellement dans le sein de votre Père. Amen.
SIXIÈME JOUR
PRIÈRE DE SAINT BONAVENTURE
Omon
doux Jésus ! mon âme doit avoir toujours les yeux levés vers votre
sainte croix, pour y considérer les merveilles de votre immense charité ;
afin que mon cœur, pénétré toujours d'amour et de reconnaissance pour
vos bienfaits, vous serve avec une fidélité constante.
0
mon doux Jésus ! par amour pour nous, vous avez pris notre nature, et
l'avez immolée à la justice de votre Père céleste ; et par votre mort
sur la croix vous nous avez tirés de la nuit à la lumière, de l'esclavage
du péché à la liberté des enfants de Dieu, de la perdition à la paix,
de la douleur à la joie, de l'exil à la patrie, de la mort à la vie, et
de la terre au ciel.
O
doux Jésus ! vous êtes vous-même à la fois le grand-prètre et la
victime : vous êtes le temple où vous nous avez réconciliés, et vous
êtes aussi le Dieu avec qui nous avons été réconciliés. C'est pour cela
que votre sainte croix est devenue la clef du ciel, et un miroir pour
toute notre vie ; elle est placée comme un chandelier pour éclairer
toujours votre sainte Église, et chaque homme en particulier : elle est
la chaire d'où vous adressez solennellement aux fidèles ces paroles :
Celui qui veut me suivre dans le ciel doit prendre ici-bas sa croix et me suivre, en souffrant patiemment.
0
doux Jésus, Sauveur bien-aimé, dans votre cruelle passion sur la croix,
vous avez pris, comme un charitable médecin, tous les remèdes afin de
guérir toutes nos maladies. Vous nous avez guéris par votre sueur
sanglante au jardin des Oliviers : vous nous avez guéris par le sang que
les clous ont fait couler de vos pieds et de vos mains qu'ils perçaient
cruellement: vous nous avez guéris par ce breuvage amer composé de fiel
et de vinaigre qui vous fut présenté sur la croix : vous nous avez
guéris par cette soif ardente qui vint encore aggraver votre supplice :
et en accomplissant l'œuvre difficile de notre rédemption, vous
nous avez rendus héritiers de la vie éternelle. Ah ! qui pourrait après
cela refuser encore d'aimer votre sainte croix, et de boire, à votre
exemple, jusqu'à la lie le calice de douleur que vous avez bu vousmême
pour nous, vous le juste par excellence.
PRIÈRE DE SAINT GRÉGOIRE DE NIYSSE A JESUS DANS SON ANGOISSE AU JARDIN DES OLIVIERS
O
mon Jésus ! je crois fermement que jamais aucun homme n'a enduré une
tristesse et une angoisse plus grandes que celle dont votre âme fut
inondée au jardin des Oliviers. C'est ce que me dit assez cette sueur de
sang que la violence de votre douleur chasse de vos veines. Et celui
que l'angoisse abat de cette sorte, c'est vous, ô époux sanglant de vos
fidèles ! La pensée des souffrances que vous alliez bientôt endurer à
cause de nos péchés, et plus encore celle de notre future ingratitude,
ont été la cause de cette immense douleur. 0 bon Jésus ! qu'il devait
être lourd pour vos épaules, et plus encore pour votre cœur, le poids d e
nos crimes ! De même que le raisin sous le pressoir ne donne tout son
suc que lorsqu'il est écrasé par le fardeau qui pèse sur lui, ainsi
votre corps sacré a répandu son sang précieux, écrasé sous le pressoir
de la douleur. 0 Sauveur du monde ! pour le joug doux et léger dont vous
avez chargé nos épaules, nous avons chargé les
vôtres du poids écrasant des supplices les plus cruels, qu'un amour seul
comme le vôtre pouvait supporter. Votre tristesse, et la sueur
sanglante que vous répandîtes au jardin des Oliviers, est comme la
première grappe d'où a coulé le vin du salut et de la grâce pour la
chaste fille de Juda, votre sainte Eglise. C'est ici que vous devenez
tout-à-fait pour elle un époux de sang, comme vous aviez commencé à
l'être dans votre circoncision. Ah ! pardonnez-moi, mon Dieu, Père
céleste, si, en considérant l'angoisse et la sueur sanglante de votre
Fils unique, j'ose vous dire : Votre cœur de père ne sera-t-il point ému
à la vue de celui que vous avez engendré de votre substance, que le péché
n'a jamais souillé, et dans la bouche de qui ne s'est jamais trouvé le
mensonge ? Voyez ce qu'il souffre. Déjà il répand pour notre rédemption
une sueur de sang dont la moindre goutte est plus précieuse que tous les
trésors de l'univers. Et cependant, ô justice incompréhensible ! tout
cela ne vous suffit pas encore ; tout cela n'était que le premier degré
de sa cruelle passion. Votre regard, ô Seigneur, reste fixé sur le bois
de la croix : et jusqu'à ce que votre Fils y soit monté pour nous, votre
justice ne sera pas satisfaite. Ainsi l'avait ordonné de toute éternité
votre sagesse. Sur l'arbre de la croix, votre Fils devait souffrir la
mort qui avait pris son origine à l'arbre du paradis terrestre : sur
l'arbre de la croix, Jésus-Christ devait
triompher du démon, qui par l'arbre du paradis terrestre avait triomphé
de nos premiers parents. 0 mon Dieu ! pardonnez-moi ce cri de ma
douleur, et faites-moi grâce par le sang de mon Jésus. Et vous, ô
Sauveur ! troublé jusqu'à la mort, faites que je vous serve désormais si
fidèlement, que vous ne puissiez plus être troublé à cause de mon
infidélité. Amen.
SEPTIÈME JOUR
PRIÈRE DE SAINT AUGUSTIN
Père
céleste, jetez les yeux sur votre doux Fils qui a tant souffert pour
nous. Considérez, Seigneur, quel est celui qui souffre, et pour qui il
souffre.
C'est
Jésus-Christ, votre fils innocent, qui souffre pour me racheter, moi
votre esclave, couvert de péchés. Celui qui est la source de la vie,
s'est laissé conduire au supplice comme un agneau, et obéissant jusqu'à
la mort, a bien voulu mourir de la mort la plus cruelle. Votre Fils,
celui que vous avez engendré éternellement de votre substance, a daigne
prendre sur lui toutes mes faiblesses. Celui qui est monté pour moi sur
une croix ignominieuse, et qui a souffert la mort la plus lamentable,
c'est un Dieu qui a daigné se revêtir de ma nature. 0 mon Dieu !
considérez donc l'ouvrage de votre amour infini. Voyez votre cher Fils :
comme tout son corps est étendu sur la croix ! Considérez ses mains
ruisselantes d'un sang innocent, et pardonnez-moi les péchés que j'ai
commis avec les miennes. Considérez son côté percé d'une lance cruelle,
et lavez-moi dans l'eau vivifiante qui en a découlé. Considérez ses
pieds sacrés, qui jamais n'ont marché dans les sentiers de l'iniquité ;
et voyez comme ils sont fixés par des clous à la croix. Conduisez mes
pas dans vos voies, et inspirez-moi une sainte
horreur pour les voies du péché. Ne me laissez plus jamais suivre les
sentiers de l'injustice, mais faites, par votre grâce, que je choisisse
toujours ceux de la vérité.
0
roi de tous les élus ! je vous en supplie par mon adorable Sauveur,
faites que je marche toujours dans la voie de vos saints commandements ;
afin que je puisse toujours être uni à lui, qui par amour pour moi n'a
pas dédaigné de prendre ma chair et mon sang. Père miséricordieux, ne
voyez-vous pas la tête adorable de votre Fils bien-aimé s'incliner sur
la croix dans les angoisses de la mort ! Considérez, ô mon Dieu !
l'humanité de votre cher Fils, et qu'elle vous inspire une grande
compassion pour la fragilité de tous les hommes coupables. Ces yeux, si
brillaitIs autrefois, se troublent, son adorable face pâlit, ses bras
étendus se raidissent, et son sang précieux coule à grands flots de ses
pieds transpercés. Père adorable, considérez les membres déchirés de
votre divin Fils, et jetez un regard de compassion sur notre faiblesse.
Considérez les souffrances de votre Fils fait homme, et allégez les
misères de l'humanité. Considérez les souffrances du Rédempteur, et
pardonnez à cause de lui les péchés de ceux qu'il a rachetés. C'est
vous, ô mon Dieu, qui l'avez frappé à cause de nos péchés, quoiqu'il
soit votre Fils bien-aimé, l'objet de toutes vos complaisances.
Quoiqu'il fût innocent, puisqu'on n'a pu trouver en lui aucun crime, il a
été mis au rang des criminels.
Et
vous, ô très-doux Jésus ! je vous prie aussi humblement de remplir mon
cœur de votre ineffable amour, et de votre précieux souvenir : afin
qu'il soit toujours consumé de la douceur de votre amour, et que les
plaisirs terrestres ne puissent l'y éteindre. Faites, ô mon doux maître !
que je vous aime, et que, soupirant toujours après vous, je dépose le
fardeau des désirs charnels qui, jusqu'à présent, a pesé si lourdement
sur ma pauvre àme. Je pourrai dès-lors, libre et joyeux, marcher à votre
suite, attiré par le parfum de vos vertus, jusqu'à ce que sous votre
conduite je sois digne de contempler votre éternelle gloire. Amen.
PRIÈRE DU VÉNÉRABLE BEDE
O
mon Sauveur Jésus, Fils du Dieu vivant ! au dernier jour de votre vie,
pendant que vous étiez attaché à la croix, vous avez prononcé sept
paroles, dont vous voulez que je garde toujours le souvenir. Daignez, je
vous en prie, par le pouvoir de cet divines paroles, me pardonner tous
les péchés mortels que j'ai commis par orgueil, avarice, impureté,
envie, gourmandise, paresse et colère, et tous les autres péchés qui ont
découlé de cette source empoisonnée.
O
Seigneur, qui avez dit
: Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu'ils font, accordez-moi
la grâce de pardonner, par amour pour vous, à tous ceux qui m'ont fait
du mal.
Seigneur,
qui avez dit au bon larron :
vous serez aujourd'hui avec moi dans le paradis, faites-moi la grâce de
vivre toujours de telle sorte que vous puissiez m'adresser ces mêmes
paroles à l'heure de ma mort.
Seigneur,
qui avez dit à votre mère : Femme, voici votre fils, et à Jean, votre
disciple : voici votre mère, faites qu'en vous aimant fidèlement je
puisse être toujours uni avec votre sainte Mère.
Seigneur,
qui avez crié : Mon Dieu ! mon Dieu ! pourquoi m'avez-vous abandonné
? faites que, daus mes troubles et mes nécessités, je
crie vers vous en vous disant : 0 mon Père et mon Maître ! soyez
propice à un pauvre pécheur ; conduisez et dirigez-moi, vous mon Roi et
mon Dieu, qui m'avez racheté de votre propre sang.
Seigneur qui avez crié : J'ai soif, faites que j'aie toujours soif de vous, source d'eau vive pour la vie éternelle.
Seigneur,
qui avez crié : Tout est consommé, faites que mon âme, lorsqu'elle
quittera ce monde, puisse entendre votre douce voix lui dire : Viens à
moi, mon amie, ma douce fiancée, viens assister dans mon royaume au
festin de la vie, avec mes anges et mes saints; viens jouir avec moi
d'un bonheur éternel.
Seigneur, qui avez crié : Mon Père, je remets mon âme entre vos mains, recevez miséricordieusement mon âme au moment de la mort. Amen.
HUITIÈME JOUR
PRIÈRE DE SAINT BONAVENTURE
Seigneur
Jésus - Christ, aucune douleur ne peut être comparée à votre douleur. 0
mon bon Maître, ce n'est pas goutte à goutte, mais à grands flots que
votre sang a coulé de votre corps, et sur tous vos membres : de vos
mains et de vos pieds dans le crucifiement ; de votre tête dans le
couronnement d'épines ; de tout votre corps dans la flagellation, et de
votre cœur lui-même lorsqu'il fut percé d'une lance. Je le sais,
Seigneur, je le sais certainement : vous avez voulu, en versant tout ce
sans, me montrer l'excès de votre amour pour moi ! Que puis-je vous
rendre, Seigneur, pour tout le bien que vous m'avez fait ? 0 mon bon
Maître ! je ne veux jamais oublier les peines que vous avez endurées à
cause de moi, pendant que vous avez prêché votre doctrine, dans vos
voyages, dans vos veilles et vos prières, dans les pleurs de compassion
que vous avez versés sur moi, dans vos souffrances, dans les outrages,
les mauvais traitements et les coups que ous avez reçus pendant votre
passion. Jamais, non jamais je ne veux oublier les clous de votre croix
et les plaies de votre corps. Si j'oubliais toutes ces choses, ne
serais-je pas responsable du sang que vous avez versé sur la terre ? Ah !
que ne puis je avoir assez d'eau dans ma tête, assez de larmes dans les
yeux pour pleurer jour et nuit la mort que mon Sauveur Jésus a
soufferte pour mes péchés ! Amen.
PRIÈRE DE SAINT FRANÇOIS DE SALES
0
mon Sauveur crucifié, je vous le promets solennellement : ma vie tout
entière vous sera désormais consacrée ; chacune de mes pensées, de mes
paroles et de mes actions sera un témoignage sincère de mon respect et
de mon amour pour vous. Je veux m'offrir à vous comme une victime
vivante et continuelle sur l'autel de votre sainte croix, afin de vous
servir toujours, ô doux époux de mou âme ! Je veux participer à l'esprit
de votre croix, et m'exercer à mourir
entièrement au monde et à la chair, afin de vous ressembler toujours
davantage. Je renonce donc sérieusement à tout mouvement du cœur qui ne
serait pas inspiré par votre amour. Que mes pensées soient toujours
dirigées vers vous pour vous admirer et vous adorer ; que mes lèvres ne
s'ouvrent que pour annoncer vos louanges ; que mes mains soient toujours
occupées à recueillir au pied de votre croix ces vertus précieuses qui y
croissent si bien sous la rosée de votre sang adorable, l'humilité, la
douceur et la simplicité ; que toute l'ardeur de mon esprit s'efforce
uniquement d'apprendre et de saisir vos divins enseignements ; que je
n'aie d'activité que pour renoncer à
moi-même, pour porter ma croix et pour vous suivre dans le trouble et la
confusion, dans les privations et le délaissement, dans les souffrances
et jusque dans la mort ; que tout mon travail soit d'apprendre l'art si
précieux de me sanctifier toujours par les vertus dont vous nous avez
donné l'exemple, par le recueillement, l'obéissance, la pauvreté et
l'amour, vertus que l'on n'apprend bien que de vous, ô Jésus ! à votre
école, sur le Calvaire. Jour et nuit je veux lire au fond de mon cœur et
accomplir votre loi sainte, que vous avez écrite avec votre sang
précieux ; car, puisque vous avez tant souffert pour moi, il est juste
que j'embrasse de mon amour votre croix avec toutes ses
amertumes. Je veux pendant toute ma vie boire le calice de votre
passion, sachant qu'au fond on y trouve la paix la plus douce pour le
temps et pour l'éternité. Amen.
PRIÈRE DE SAINTE GERTRUDE
0
mon Sauveur Jésus crucifié, agneau de Dieu, qui portez les péchés du
monde ; vraie lumière de la vie, délices du ciel, joie des élus,
consolation des pécheurs pénitents, je vous salue humblement, avec les
hommages de tous les esprits célestes. Je vous présente aussi comme
offrande de mon amour les louanges dont votre divin cœur honorait
ici-bas Dieu votre Père. Attirez-moi à vous par les parfums de l'onction
de votre grâce, et ne permettez pas que je me sépare jamais de vous et
de votre sainte croix. 0 mon Jésus, roi des rois, maître et vie de mon
âme, puisse mon cœur être uni avec votre cœur et avec toutes ses
douleurs ! En vous, ô mon Sauveur, est l'abondance du salut, l'abîme
inépuisable des miséricordes divines, et la plus pure béatitude. 0
glorieux dominateur, puissant protecteur de vos fidèles, vous êtes le
plus précieux joyau de la dignité humaine ; vous êtes l'habile artisan
de notre rénovation spirituelle ; vous êtes le docteur le plus
compatissant, le plus sage conseiller, le meilleur défenseur, le plus
fidèle ami, et le bonheur le plus doux de ceux qui vous aiment. 0 tendre
fleur de la gloire céleste, toute détrempée de votre sang précieux,
comme d'une sainte rosée, chaste et saint jaloux de mon âme, époux
fidèle de ceux qui se donnent à vous : je vous choisis comme ma
propriété : je renonce â tous les faux plaisirs de ce monde, et
j'accepte avec joie, par amour pour vous, toutes les croix et toutes les
afflictions. Je ne désire que vous, et ne veux servir et aimer que
vous. Je confesse de cœur et de bouche que vous êtes mon un et
mon tout, le dispensateur de la vie, la résurrection des morts et le
sanctificateur de ceux à qui vous avez donné la vie ; et dans l'amour
ardent dont vous nous avez aimés, j'unis ma prière à la vertu de
la vôtre, afin qu'après avoir détruit en moi toute convoitise,
j'arrive, par une union complète avec vous, au faite glorieux de la plus
haute perfection. Amen.
NEUVIÈME JOUR
PRIÈRE DE SAINT AUGUSTIN
Si
votre Verbe, ô mon Dieu, ne s'était fait homme, et n'avait demeuré
parmi nous, j'aurais dû désespérer à cause de la multitude et de la
grandeur de mes crimes et de mes infidélités : mais le doute ne m'est
plus permis ; car si, lorsque nous étions encore si loin de vous, nous
avons été réconciliés avec vous par la mort de votre Fils, combien le
pouvons-nous être mieux encore aujourd'hui, que nous avons déjà été
délivrés de votre colère ! Vraiment ma confiance et tout mon espoir
reposent sur le sang précieux de notre Sauveur,
qui l'a versé pour notre salut. C'est par ce sang que je commence à
renaître ; c'est par ma confiance en lui que je sens le désir d'arriver
jusqu'à vous, non par ma propre justice, mais par celle de votre Fils,
notre Seigneur Jésus-Christ.
Nous
vous remercions donc, ô mon Dieu ! bienfaiteur miséricordieux, de ce
que, par Jésus-Christ votre Fils et notre Seigneur, lorsque nous étions
encore dans le néant, nous avons été créés par votre puissance, et
rachetés miraculeusement après avoir été séparés de vous par le péché.
Je rends grâces à votre bonté miséricordieuse, et je loue de tout mon
cœur l'ineffable amour dont vous nous avez aimés, pauvres et
indignes créatures que nous sommes. Je vous rends grâces d'avoir envoyé
du ciel parmi nous votre Fils unique pour nous rendre heureux, nous
enfants de péché etde perdition. Je vous rends grâces pour son
incarnation et sa nativité, pour la glorieuse mère dans le sein de
laquelle il a daigné prendre pour notre salut notre chair et notre sang,
afin que, vrai Dieu engendré de Dieu, il fût aussi vraiment homme, et
naquit d'une femme comme nous.
Je
vous rends grâces pour sa passion, pour sa mort sur la croix, pour
l'effusion précieuse de son sang innocent, prix de notre rédemption,
pour le mystère de sa chair et de son sang, qui chaque jour dans
l'Église nous nourrit, nous désaltère, nous lave, nous sanctifie et nous
rend participants de la divinité. Je vous rends grâces, pour
l'ineffable amour que vous nous avez donné ; car vous avez tellement
aimé le monde, que vous avez livré votre Fils unique, afin qu'aucun de
ceux qui croient en lui ne soit perdu, mais que tous obtiennent la vie
éternelle. Or, la vie éternelle consiste pour nous à vous connaître,
vous et celui que vous avez envoyé, par une foi sincère et des œuvres
saintes. Amen.
PRIERE DE SAINTE CATHERINE DE GÈNES
0 Jésus, plein d'une tendre sollicitude pour vos disciples, vous leur dites, de
veiller et de prier, afin de ne point tomber dans la tentation.
J'implore votre secours, ô mon Sauveur ! car je crains de trouver, dans
les choses de la terre, une occasion de péché, et de succomber aux
piéges de l'ennemi, sous le vain prétexte de satisfaire aux besoins
légitimes de mon corps, d'où je serais bientôt conduit à confondre ce
qui est saint avec ce qui ne l'est pas. Mes désirs, qui, sans votre
secours, sont si capricieux et si mobiles, sont bien facilement
souillés, par le péché ; et sans une grande attention de ma part, la
partie spirituelle de mon être se matérialiserait bientôt, en
s'attachant à la terre. car dès que ma pensée se penche vers les choses
du monde, elle se détourne des biens
célestes ; el bien facilement alors la pureté de mon âme peut se
troubler, et ma volonté, qui doit vous être entièrement consacrée, peut
aisément contracter quelques souillures. Secourez-moi donc, ô mon Dieu !
en acceptant comme votre propriété tout mon être, que je vous abandonne
en ce moment. Faisons un échange, ô mon Jésus ! Prenez en vos mains mon
être si misérable, pour le plonger dans l'océan de votre amour ; et
donnez-moi, en retour, votre sainte et divine charité, qui éteigne en
moi tout autre amour, qui m'anéantisse pleinement en moi-même, pour ne
me laisser d'être qu'en vous. Et alors avec la vigilance et une prière
continuelle, je ne succomberai plus à aucune tentation. Amen.
PRIÈRE DE SAINT NICOLAS DE TOLENTINO
Je
vous salue avec une tendre dévotion , ô croix précieuse , qui avez
mérité de porter l'homme Dieu, Jésus-Christ, la rançon du monde entier.
Que Jésus, mon Maître et mon Sauveur, me défende par vous, ô sainte
Croix , à l'heure de ma mort, contre les attaques du démon. Amen.
PRIÈRE DE SAINT ANSELME
Pour demander la participation aux souffrances de Jésus.
0
mon Jésus ! attachez mes mains et mes pieds pendant toute ma vie à
votre sainte croix, et daignez me conformer entièrement â votre passion.
0
mon Jésus, faites que je méprise toujours, et que je déracine
entièrement en moi les appétits coupables de la chair, comme votre
sainte volonté l'exige de moi. Donnez-moi la force de marcher toujours
dans la justice qui plaît tant à votre divin cœur, et de ne chercher
jamais que votre gloire, soit en faisant le bien, soit en évitant le
mal. Et pour cela attachez à votre sainte croix ma main droite, avec le
clou de la tempérance , et ma main gauche avec celui de la justice.
Percez mon pied droit du clou de cette sagesse divine qui dirige vers
vous toutes mes pensées, et qui applique mon esprit a la considération
de vos préceptes ; et percez mon pied gauche avec le clou d'une
invincible fermeté.
0
mon Jésus ! je ne dois point être privé non plus de la conformité avec
votre tête adorable couronnée d'épines aiguës. Enfoncez donc en mon âme,
je vous en prie , les épines suivantes, à savoir : la contrition
de mes fautes passées, la compassion pour les misères de mon prochain,
et un zèle ardent qui me fasse sentir tout ce qui offense votre infinie
majesté. Je veux marcher partout et toujours en votre présence avec
cette couronne d'épines.
0
mon Jésus ! daignez me donner aussi l'éponge qui vous fut offerte, afin
que je sente avec vous l'amertume du vinaigre dont elle était imbibée.
Faites-la-moi trouver et goûter dans la méditation constante de vos
révélations ; et faites-moi comprendre, par les lumières de l'Esprit
saint, que ce monde si florissant en apparence n'est au fond qu'une
légère éponge, et que les désirs qui nous poussent vers lui sont plus
amers que le vinaigre mêlé de fiel. Ne permettez
pas, Seigneur, que je me sépare jamais de votre passion , pour
sacrifier au monde. Que le calice de Babylone, tout brillant d'or, et
qui enivre presque tout le monde, ne me séduise point par son faux
éclat, et ne m'enivre point par sa douceur trompeuse, comme il arrive à
ces malheureux qui prennent la lumière pour les ténèbres, ce qui est
amer pour ce qui est doux, et ce qui est doux pour ce qui est amer.
Faites-moi mourir entièrement au monde par amour pour vous, pour n'appartenir qu'à vous et à votre justice.
0
mon Jésus crucifié ! pour que je vous sois en tout conforme, percez mon
cœur avec la lance spirituelle de votre parole, comme le vôtre fut après
voire mort percé d'une lance de fer. Que votre parole, plus aiguë que
les traits les plus perçants, blesse de toute sa force mon cœur, et le
pénètre d'outre en outre ; et de mon cœur ainsi blessé par vous, faites
couler le sang de mon amour pour vous, et l'eau de la charité pour mon
prochain.
0
mon Jésus ! ensevelissez-moi dans le blanc linceul de l'innocence, en
me pardonnant mes péchés, et en me faisant persévérer dans la sainteté.
Et quand mon corps attendra dans ce long sommeil de la mort le jour du
dernier jugement, faites que mon âme, se présentant à vous couverte de
ce blanc linceul, soit admise dans le séjour éternel de votre gloire.
Puis au troisième jour, à ce grand jour où vous
reviendrez parmi nous, comme le maître de la moisson , faites que je
ressuscite glorieux, et que je contemple éternellement avec les saints
les splendeurs de votre beauté. Amen.
PRIÈRE DE SAINT RERNARD
0
bon Jésus ! percé de clous et blessé d'une lance impie, combien de
fois, vaincu par mes larmes, mes plaintes et mes soupirs, avez-vous
versé le baume de vos miséricordes sur mon cœur blessé et presque dénué
de tout espoir ? Combien de fois avez-vous relevé son impuissance par
votre amour et votre bonté, et accueilli sa demande lorsqu'il implorait-
votre pardon ? J'ai reconnu votre amour, ô Jésus ! à ce calice de votre
passion que vous avez bu si généreusement, et à l'œuvre de ma
rédemption, que vous avez si charitablement accomplie. Pour un tel
bienfait, il vous faut tout mon amour. C'est là que ma piété et ma
dévotion trouvent leur plus doux attrait ; c'est là le lien qui attache
le plus fortement à vous jusqu'aux dernières fibres de mon cœur. De vos
humiliations, de vos blessures, de vos anéantissements qui voilent à nos
yeux votre haute dignité, sortent les rayons les plus éclatants de
votre grâce. Notre amour pour vous, ô Jésus ! est la source du courage,
des mœurs pures, des chastes désirs et de toutes les vertus ; c'est lui
qui donne à nos actions toute leur gloire, tout
leur mérite et toute leur valeur ; c'est lui qui met le comble aux
récompenses et à la gloire du ciel. 0 mon Jésus ! ô amour plein de
douceur ! remplissez mon âme de vos délices. Amen.
PRIÈRE DE SAINTE VÉRONIQUE JULIANI
0
mon Jésus crucifié ! daignez choisir mon âme pour votre fiancée, et
vous l'unir entièrement : rien alors dans le monde ne pourra me séparer
de vous. Je veux vous garder ma foi aussi longtemps que je vivrai sur
cette terre. Si j'avais, ô mon Jésus ! les clous avec lesquels on vous a
attaché, pour mon salut, sur la croix, et la lance dout on a percé
votre cœur, je voudrais m'en blesser moi-même par amour pour vous ;
mais puisque je ne les possède point, et que je ne puis en être blessé
comme vous, je vous offre humblement ce désir comme témoignage de mon
amour et de ma reconnaissance.
Crucifiez-moi
avec vous, ô saint époux de mon âme ! afin que, par amour pour vous, je
sois mort au monde et à moi-même ; faites-moi ressentir les douleurs
que les clous ont produites dans vos mains et dans vos pieds ; que votre
cœur, transpercé par la lance, répande sur moi, avec le sang et l'eau
qui en sortirent sur la croix, les bénédictions de votre grâce ; afin
que, les yeux toujours fixés sur vos clous, sur la lance et sur vos plaies, je puisse accomplir l'œuvre de mon salut, et garder mon cœur dans votre amour. Amen.
ONZIÈME JOUR
PRIÈRE DE SAINT BONAVENTURE
0
Seigneur Jésus, mon Sauveur ! otez de moi tout ce qui vous déplaît, et
je me donnerai volontiers à vous tout entier ; je ne vous demande en
échange que la bénédiction de vos saintes plaies. Ces plaies enflamment
mon cœur bien plus que la vue du firmament ; leur éclat est bien plus
vif pour moi que celui des étoiles ; elles éclairent mon esprit bien
mieux que la lumière du soleil n'éclaire l'univers ; elles allument en
mon cœur un incendie bien plus violent que ne le pourrait faire sur un
objet matériel le feu le plus vif ; elles attendrissent mon âme bien
plus sûrement que l'eau n'amollit les prairies qu'elle parcourt ; elles
excitent ma volonté au bien, plus efficacement que le grain ne féconde
la terre où on l'enfouit 0 bon Jésus ! vos plaies sont pour moi plus
salutaires, plus rafraîchissantes et plus précieuses que tout ce que
vous avez créé pour nous en ce monde ; car, qu'est-ce que l'or,
l'argent, les perles et les pierres les plus précieuses, en comparaison
de vos plaies et de vos souffrances ? Tout cela est un rien qui
disparaît sans laisser de trace, tandis que vos plaies m'apportent
grâces sur grâces, pour le temps et l'éternité. Aussi, mon cœur ne
désire point les délices de ce monde ; il ne veut posséder
que vos plaies et vos souffrances, ô bon Jésus ! Ce désir est bien
élevé, sans doute, et celui qui l'éprouve en ce moment est un grand
pécheur chargé d'iniquités. Cependant, malgré la conscience de mon
indignité et de mes crimes, ma confiance en vos miséricordes n'est point
ébranlée. Précisément parce que je n'ai en moi aucun bien, je mérite
d'être crucifié auprès de vous comme le larron ; mais aussi, repentant
comme le larron pénitent, je me tourne vers votre cœur transpercé, et je
sais que c'est un lieu de refuge pour les affligés et les opprimés, et
que j'y trouverai le pardon. Que mes péchés, ô mon Sauveur ! ne me
privent point du fruit de vos souffrances ; car, de même que votrecœur
a été ouvert par un coup de lance, ainsi l'amour doit vous ouvrir le
mien, pour qu'il reçoive vos plaies et toutes vos souffrances. Vos
grâces fortifient les faibles, rendent les justes parfaits, et les
parfaits bien heureux. Fortifiez donc ma faiblesse par vos saintes
plaies, afin que je devienne juste ; puis confirmez-moi dans la justice,
de telle sorte que vous puissiez me rendre heureux un jour pendant
toute l'éternité. Amen.
Prière à Jésus souffrant, D'innocent III
Seigneur Jésus-Christ, Fils du Dieu vivant, qui, pour notre rédemption, avez bien voulu naître parmi nous, être
circoncis, réprouvé par les Juifs, livré par le baiser de Judas, pris,
lié et conduit enchaîné chez Anne, chez Caïphe, chez Hérode, chez
Pilate, et là souffrir mille affronts, recevoir des soufflets, des coups
de poings et des coups de fouets, être frappé d'un roseau, couronné
d'épines, couvert de crachats, avoir les yeux bandés, être accusé par de
faux témoins, être condamné par une injuste sentence, porter, comme un
innocent agneau, votre croix jusqu'au lieu du supplice, être percé de
coups, abreuvé de fiel et de vinaigre, souffrir sur la croix la mort la
plus ignominieuse et être blessé d'un coup de lance : daignez, je vous
en supplie par ces divines souffrances, nous délivrer de tout péché et
de toute peine ; daignez, par votre sainte croix, nous conduire,
misérables pécheurs que nous sommes , là où vous avez conduit avec vous
le larron crucifié et pénitent. Amen.
DOUZIÈME JOUR
PRIÈRE DU BIENHEUREUX LOUIS DE GRENADE
0
mon Sauveur Jésus crucifié ! quand je vous contemple avec foi et piété,
que de motifs d'amour et de confiance pour vous se pressent en mon âme !
Et comment, ô mon Sauveur ! pourrais-je ne pas vous aimer ? vous qui,
sans aucun mérite de ma part, m'avez prévenu de votre amour, et l'avez
poussé jusqu'à vous livrer de bon gré aux mains de vos ennemis, et au
supplice de la croix, pour prendre sur vous le châtiment que j'avais
mérité par mes crimes. Quel frère voudrait se substituer ainsi à son
frère, quel père à son fils, et quelle épouse à son époux, pour souffrir
à sa place un châtiment mérité ? Je me représente un malfaiteur
condamné légitimement à mort par le juge, et qui attend à chaque heure
l'exécution de sa sentence. Un ami de ce malfaiteur vient le trouver
dans son cachot, prend son vêtement et ses chaînes, lui procure la
liberté, et se laisse conduire à sa place au supplice. Un tel
dévouement, s'il existait, pourrait-il être jamais assez admiré ? et que
devraient être l'amour et la reconnaissance du coupable qui aurait été
délivré, envers son libérateur innocent ?
0 mon Sauveur Jésus crucifié, roi de l'éternelle gloire ! voilà ce que vous
avez fait pour moi. J'étais condamné aux peines de l'enfer : votre cœur
compatissant a eu pitié de moi ; vous êtes descendu du ciel dans
l'obscur cachot de ce monde ; vous avez pris la forme de l'homme
coupable ; vous vous êtes constitué prisonnier à ma place, et vous avez
été condamné et livré à la mort de la croix. Comment pourrais-je ne pas
payer, par le plus ardent amour, de tels bienfaits et de telles
souffrances ? Ah ! combien il fut ardent, l'amour qui vous porta à tant
souffrir pour moi ! 0 mon Jésus ! ô mon salut, votre amour pour nous,
votre miséricorde infinie, voilà ce qui vous a fait prendre sur vous le
fardeau de nos crimes ! Il serait vraiment plus dur que le marbre, le
cœur qui ne se sentirait pas enflarmmé
d'un amour inaltérable pour vous, après avoir reçu de vous tant d'amour !
Ah ! que ne puis-je vous aimer comme vous méritez de l'être !
0
mon Sauveur Jésus crucifié ! il est donc bien avéré maintenant que
votre miséricorde surpasse la mesure de nos crimes, et que votre
bienveillance envers les pécheurs pénitents est plus éclatante que le
soleil. Fortifiez donc ma confiance en vos mérites et en votre
rédemption ; afin que j'obtienne aussi lé pardon de mes péchés. Et
certainement, le Père céleste nous recevra comme ses enfants, après que
vous avez accompli une œuvre si méritoire et si agréable à 6on cœur...
Faites
donc,ô mon Jésus que je glorifie, pendant toute ma vie, votre innocence
condamnée par les hommes, et qui a absous tant de pauvres Condamnés :
faites que je glorifie pendant toute ma vie votre justice réprouvée par
les hommes, qui a justifié aux yeux de votre Père tant de pécheurs qu'il
avait rejetés, et moi en particulier. Je ne veux jamais perdre de vue
que c'est vous, ô mon Sauveur ! qui faites mourir notre mort, et qui,
des abimes de l'enfer, nous conduisez au séjour bienheureux de
l'éternelle vie.
O
mon Sauveur Jésus crucifié ! je veux que votre sainte croix me soit
toujours présente, et surtout à l'heure de ma mort. Elle doit partout et
toujours m'élever au-dessus du monde, de ses plaisirs et de ses
scandales. Je suis prêt à souffrir pour vous, O mon Sauveur ! toutes les
peines que vous m'enverrez. Pour vivre et mourir dans une conformité
parfaite avec vous, je renoncerai volontiers au monde, et resterai cloué
sur votre croix, jusqu'à ce que j'entende votre douce voix me dire,
comme vous dites au bon larron
: Tu seras aujourd'hui avec moi dans le paradis.
0
mon Jésus ! transportez-moi dès ici-bas dans le paradis de votre sainte
croix, afin que je mérite d'être après ma mort transporté dans le
paradis de votre éternelle gloire. Amen.
TREIZIÈME JOUR
PRIÈRE DE SAINT BONAVENTURE
0
Jésus souffrant ! je me prosterne humblement devant vous, et vous adore
; car vous êtes mon vrai salut. Ah ! dissipez mon aveuglement, afin que
je puisse contempler votre humiliation profonde sur la croix, et les
plaies qui couvrent votre corps. Faites-moi bien comprendre l'auguste
grandeur et la sainteté du sacrifice que vous avez offert sur la croix, à
votre Père, en expiation de mes péchés, et de ceux du monde entier.
Faites que mon âme, que vous avez daigné épouser par votre amour et
votre sang, se considère comme une pauvre veuve que bien des fois déjà
le péché a séparée de son véritable époux. Hélas ! mon âme reconnaît son
veuvage, et elle désire ardemment de se réunir à vous. Daignez donc
recevoir, comme présent de fiançailles, mon âme et mon corps que je vous
offre et vous abandonne en toute propriété. Ils ne doivent plus être à
moi, mais à vous seul, qui les avez achetés si cher de votre sang
précieux.
0
Jésus souffrant ! vous êtes vraiment mon docteur et mon maître, en qui
sont cachés tous les trésors de la sagesse divine. Découvrez-moi donc
tous ces trésors de sagesse et de salut que renferment votre douloureuse
passion et votre mort sur la croix. Combien de fois, hélas ! ai-je
suivi la lueur trompeuse de la sagesse terrestre, et m'en suis-je
laissé aveugler, jusqu'au point de tomber dans l'abîme du péché !
Faites-donc briller en moi cette lumière de paix , qui jaillit de toutes
vos blessures ; afin que désormais mon âme ne se laisse plus conduire
que par elle, et qu'elle puisse ainsi se réfugier dans vos saintes
plaies, asile des opprimés et des affligés. 0 mon Jésus ! que mon cœur
criminel a été dur jusqu'ici envers vous ! Daignez l'amollir par votre
sang, afin que désormais il réponde à votre amour par un amour constant.
Ramassez dans la sainte plaie de votre côté mes pensées dispersées dans
l'amour du monde. 0 Jésus souffrant ! vous êtes aussi le
bon pasteur, et je suis votre brebis égarée, qui par ses péchés est
devenue comme perdue pour tout ce qui est saint. Mais vous avez sacrifié
pour elle votre vie sur la croix, afin de la sauver, et de la ramener
dès ici-bas au bercail de votre Église, et après celte vie au bonheur
éternel. Oh ! soyez-moi toujours un bon pasteur, malgré mon ingratitude,
et quoique je me sois soustrait bien souvent à votre conduite,
ouvrez-moi les portes de votre royaume, et faites m'y entrer par vos
saintes plaies. Hélas ! vous êtes accablé des plus cruelles souffrances,
je veux en prendre ma part. Protégez-moi par votre sainte passion ;
car, sans votre flagellation, je serais flagellé des verges aiguës de mes
péchés ; sans vos blessures, je ne puis échapper aux blessures du
démon, et sans votre mort, je mourrais dans mon endurcissement. Ah !
combien mon âme pourrait s'enrichir par tout ce que vous avez souffert
pour elle ! Mais j'ai eu le malheur de fuir votre croix et votre
passion, et c'est pour cela que je suis devenu si pauvre. Malheur à moi !
car en fuyant l'opprobre de votre croix, comme le monde l'appelle, j'ai
mérité d'être méprisé de vous, de vos anges, de vos saints et de tous
les hommes. Malheur à moi ! car en fuyant la folie de la croix, comme le
monde l'appelle encore, je suis devenu véritablement en ce monde le
plus grand de tous les insensés. Malheur à moi ! car en refusant
d'entrer dans vos sainles plaies, pour les adoucir par mon amour, j'ai
mérité d'être blessé moi-même cruellement par les péchés qui couvrent
mon âme. Ma misère est si grande que je ne trouve point de mots pour
l'exprimer. Jésus, mon doux Jésus, ouvrez mon cœur au vôtre par vos
plaies, car autrement le péché ne fera que s'y enfoncer tous les jours
davantage. Attirez-le fortement à vous par votre amour, afin qu'il ne
succombe point de nouveau aux tentations de l'ennemi, et qu'il ne soit
point vaincu par lui.
0
Jésus souffrant ! donnez-moi votre passion et ses bénédictions. Elle
est le remède le plus efficace contre toutes les maladies de ma pauvre
âme, et sans elle aucun autre remède ne peut la guérir. 0 bon Jésus !
vos plaies détruisent le germe des mauvaises passions, et déracinent
tous les péchés de l'âme des pénitents qui reviennent à vous. Votre
passion m'est comme un mur autour des oreilles, de sorte que la voix du
tentateur ne peut plus arriver jusqu'à elles. Elle ferme nos yeux, et
les empêche de jeter sur les choses défendues un regard de convoitise.
Elle protège et garde les sens contre tout ce qui pourrait les souiller.
Elle nourrit aussi et entretient la pure flamme de la dévotion. 0 bon
Jésus ! votre passion réveille encore le feu de la charité pour le
prochain, et nous excite à la bienveillance et au pardon
des injures. Votre passion, ô doux Jésus ! dompte puissamment la
volonté, et la fait tendre uniquement vers les choses célestes qui vous
sont agréables et qui glorifient l'âme dès ici-bas. 0 mon Jésus !
donnez-moi votre passion, pour que je l'aie toujours devant les yeux et
dans mon cœur ; car votre passion seule peut me suffire et rendre mon
âme féconde pour tout bien. Elle seule est ma ponsolalion, mon
rafraîchissement, ma joie, mon guide, mon abri, mon secours et ma
béatitude.
0
Jésus souffrant ! mon cher Sauveur, je ne désire rien autre chose en
cette vie fragile, sinon d'être crucifié avec vous, et de pouvoir dire
avec votre Apôtre : Je suis crucifié avec le Christ ; je vis, ou plutôt ce n'est pas moi, mais c'est Jésus-Christ qui fit en moi. A
quoi me servirait-il d'être venu en ce monde, si je ne vous embrassais
sur la croix, vous mon Rédempteur, l'agneau de Dieu, qui porte les
péchés du monde ; si je ne pouvais reposer dans vos saintes plaies, et
les recevoir toutes en esprit, afin que par la douleur qu'elles
produisent en mon âme, elles expient tous mes péchés, comme elles les
ont déjà expiés en Vous, en tourmentant jusqu'à la mort votre corps
innocent. 0 mon Jésus ! je désire de tout mon cœur votre sainte passion,
source de béatitude pour moi et pour le monde entier. Je ne Cesserai
point de vous demander ce bien précieux, que vous ne me l'ayez accordé,
et je vous offre en échange tout ce que je possède, et mon être
tout entier. Que votre passion remplisse mon âme et mon corps.
Donnez-moi, ô Jésus ! votre passion, qui est ma lumière, ma vie, mon
salut et mon tout ; et je consens à ne vous demander pendant toute ma
vie aucune autre consolation.
0
Jésus souffrant ! vous avez créé pour moi et pour mon usage le ciel et
la terre, le soleil et la lune et les étoiles, l'air, le feu et l'eau,
les espèces innombrables des plantes et des animaux, et tout ce que
l'univers renferme dans sa vaste enceinte. Mais qui vous a demandé tout
cela ? Ne nous Pavez-vous pas donné pour votre service, sans que nous
l'ayons demandé ou mérité ? Si vous nous avez donné toutes ces choses,
sans aucun désir de notre part, pourrez-vous me
refuser votre passion pour laquelle je ne cesse de vous prier jour et
nuit. Ne rejetez pas ma prière à cause de la multitude de mes péchés. Je
ne puis ressentir aucune joie, si je ne suis blessé avec vous. 0 mon
Jésus ! je ne puis guérir, si je ne meurs avec vous. 0 mon Jésus, faites
mourir au monde mon corps. Imprimez votre mort en mon cœur. 0 mon Jésus
! vous êtes pour moi le Samaritain miséricordieux de l'Évangile ;
blessez-moi de vos blessures, enivrez-moi de votre sang, vivifiez-moi de
votre mort pour la vie éternelle. Amen.
QUATORZIÈME JOUR
Offrande de la Passion de Jésus-Christ, du B. LOUIS DE GRENADE
O
mon Jésus ! que vous offrirai-je pour tout le bien que vous m'avez fait
? Que vous donnerai-je en échange des dons que j'ai reçus de votre
grâce ? Ah ! j'ai fait peu de chose par amour pour vous, et j'ai été
bien peu reconnaissant des bienfaits surnaturels et temporels dont vous
m'avez comblé. J'ai à peine pensé à vos bénédictions ; à peine ai-je
prêté l'oreille aux doux appels de vos saintes inspirations, et j'ai
troublé de mille péchés les jours de ma vie que
je devais consacrer à votre gloire. 0 mon Jésus ! je confesse que je ne
suis plus digne d'être appelé votre fils, et pourtant, je sens que vous
êtes encore mon bon père. Oh ! oui vous l'êtes ! vous êtes mon
espérance, car vous êtes la source de toute miséricorde. Vous n'avez
jamais repoussé les pécheurs qui viennent à vous avec un repentir
sincère : mais les recevant d'un regard gracieux et propice, vous Ieur
pardonnez, et ils s'en vont avec votre paix. J'ai recours à vous avec
une confiance toute filiale ; j'implore votre secours et mon pardon par
les mérites de votre passion et de votre mort. 0 mon Jésus ! afin
d'obtenir le pardon de mes péchés, que
votre miséricorde veut bien m'accorder, je vous offre votre bonté
infinie qui vous a porté, vous le Dieu de majesté, à devenir un homme
pauvre, misérable comme nous, pour vivre pendant trente-trois ans dans
ce monde de misères, de larmes et de péchés, au milieu des persécutions,
des contradictions de vos ennemis, des privations, des douleurs et des
souffrances de toute sorte.
Je
vous offre, ô mon Jésus ! votre angoisse mortelle, et la sueur
sanglante que vous avez versée au jardin des Oliviers, lorsque, priant
votre Père céleste, vous étiez prosterné contre terre. Je vous offre le
désir ardent que vous avez eu de souffrir pour nous, et qui vous a fait
vous livrer si volontiers entre les mains de vos ennemis. Je vous offre
les peines et la confusion que vous avez endurées pour nous, pauvres
pécheurs, dans cette nuit terrible où vous fûtes conduit chez Anne et
Caiphe. Je vous offre tout cela en vous priant instamment de vouloir
bien, par les mérites de vos souffrances, me pardonner mes pèches,
enrichir mon âme de votre sainteté et la conduire â la vie éternelle.
0
mon Jésus ! je vous offre votre aimable humilité, et l'invincible
patience avec laquelle vous vous présentâtes â vos ennemis, lorsque vous
fûtes couronné d'épines, et vétu par dérision d'un manteau de pourpre, et
lorsque vos bourreaux vous couvrirent de crachats, et vous frappèrent
la tête avec le roseau qu'ils vous avaient mis à la main en guise de
sceptre.
0
mon Jésus ! je vous offre l'épuisement de votre corps et la perte de
votre sang, qu'il vous fallut souffrir, lorsque vous portâtes jusqu'au
haut du Calvaire sur vos propres épaules le pesant fardeau de votre
croix. Je vous offre la soif dont vous fûtes dévoré sur la croix, et
toutes les autres peines que souffrit Votre corps Sacré. Je vous offre
tout cela avec le sentiment d'une profonde reconnaissance, et je vous
supplie de vouloir bien, par efficacité de Vos mérites, m'élever de
nouveau à la dignité d'enfant de Dieu et d'héritier de votre royaume.
0
mon Jésus ! je vous offre en expiation de mes péchés toutes les
douleurs que vous ressentîtes, lorsque les bourreaux vous arrachèrent
avec violence le vêtement de pourpre que le sang avait collé sur votre
corps, et renouvelèrent ainsi les plaies que les coups de fouets y
avaient laissés en si grand nombre. Je vous offre aussi les souffrances
que vous ressentîtes, lorsque, après vous avoir étendu sur la croix, on
vous perça de clous les pieds et les mains d'où s'échappèrent comme
autant de ruisseaux de sang, O mon Jésus ! je vous offre la douceur avec
laquelle vous supportâtes les malédictions dont vos ennemis vous
accablèrent, lorsque secouant la tête ils se
moquaient de vous avec une amère dérision. Pour vous, ô Jésus ! vous
priiez pendant ce temps votre Père céleste de leur pardonner leur crime.
Je vous offre aussi toutes les peines intérieures et corporelles que
vous endurâtes, lorsque, privé de toute consolation, abandonné de Dieu
et des hommes, vous fûtes élevé sur la croix entre le ciel et la terre,
au milieu de deux malfaiteurs.
0
mon Jésus ! je vous offre la fidélité avec laquelle vous avez accompli
toutes ces choses, jusqu'à ce que, penchant la tête pour mourir, vous
remîtes votre âme entre les mains de votre Père. Je vous offre aussi le
sang qui coula de votre côté, lorsqu'après votre
mort il fut percé d'une lance. Je vous offre tout cela avec une sincère
reconnaissance, et vous supplie de vouloir bien purifier et sanctifier
mon âme, et de lui assurer une place dans votre royaume éternel. Amen.
QUINZIÈME JOUR
PRIÈRES DE SAINT FIDÈLE, POUR DEMANDER A JÉSUS SES VERTUS
Prière aux Pieds sacrés de Jésus.
Je
vous rends grâces, ô Jésus ! pour l'ineffable amour dont vous nous avez
aimé, et pour les douleurs que vous avez souffertes dans les plaies de
vos pieds sacrés. Je veux y cacher et y ensevelir tout mon être, tous
les péchés de ma vie passée, et particulièrement ceux que j'ai commis
par orgueil, par ambition et par témérité, par amour-propre, par défaut
d'obéissance et de soumission envers vous et
ceux qui vous représentent, par impatience ou par colère, par
l'intempérance de ma langue, ou en parlant mal du prochain. Je veux
cacher dans vos plaies tous ces défauts, tous ces vices, et ceux qui en
découlent ; afin que vous les effaciez par votre précieux Sang, par
votre ineffable humilité, par votre obéissance, par votre patience, et
par votre silence adorable. Accordez-moi, je vous en supplie, toutes ces
vertus, et celles qui en sont les fruits ; afin qu'à l'avenir elles
brillent dans toutes mes paroles, dans mes pensées et dans mes œuvres.
Faites, ô Jésus ! que je sois humble, et que je m'abaisse dans mon néant
au-dessous de toutes les créatures : que, renonçant à ma
volonté propre, j'obéisse à vous et aux hommes à cause de vous ; que je
sois patient, et que j'accepte de bon cœur de votre main toutes les
contrariétés ; que je sois recueilli et silencieux, écoulant vos saintes
paroles dans ie silence de mon cœur. Que ces saintes plaies m'offrent
un sûr abri tous les jours de ma vie, mais surtout à l'heure de ma mort.
Prière à la Tête sacrée de Jésus.
Je
vous rends grâces, O bon Jésus ! pour Votre amour, et pour les douleurs
que vous avez souffertes dans votre tête sacrée, cruellement percée et
déchirée par les épines. Je plonge dans les saintes plaies de votre tête
ma tête avec tous ses sens et toutes Ses
puissances : j'y plonge aussi tous mes péchés, et particulièrement ceux
que j'ai commis en m'appuyant sur mon propre sens et sur ma fausse
prudence, en négligeant de dompter ma chair, en flattant ou en craignant
trop les hommes ; comme aussi ceux que j'ai commis par légèreté, par
défaut de modération, et par égoisme. Je cache en vos plaies tous ces
défauts et tous ces vices, et ceux qui en découlent, afin que vous les
détruisiez par votre précieux sang. Par votre ineffable sagesse, par
votre respect pour votre Père, par votre modestie et votre renoncement
au monde, accordez-moi toutes ces vertus, et celles qui en sont les
fruits ; afln qu'à l'avenir, avec le secours de votre grâce, elles paraissent
dans toutes mes pensées, dans mes paroles et dans mes œuvres. Faites
que je sois vraiment sage, en m'attachant à vous de tout mon esprit et
de tout mon cœur : que je craigne Dieu en évitant tout péché ; que je
sois modeste et modéré en choisissant en toutes choses ce milieu où
consiste la vertu : que je sois recueilli, afin que j'habite uniquement
en vous. Que les plaies de votre tête adorable me soient un sur abri
pendant toute ma vie, mais surtout à l'heure de ma mort.
Prière au Cœur de Jésus.
Je vous rends grâces, 6 aimable Jésus! pour votre amour infini, cl pour la plaie de votre divin cœur,
qui,
en présence de votre mère désolée, fut percé d'une lance. Je vous
recommande en même temps, ô source de tout bien, mon cœur avec toutes
ses inclinations. Je me donne à vous tout entier, sans réserve : et je
jette dans cette plaie de votre cœur tous les péchés que j'ai commis, en
abusant, ou en ne profitant pas par ma faute des créatures dont vous
m'avez permis l'usage, de vos saints Sacrements et de vos dons. J'y
jette aussi mes infidélités, mes erreurs, mes témérités, mes défiances
excessives et mes désespoirs, toutes les fautes propres à mon état, mes
négligences et mes inconstances, et tous les défauts qui découlent de
ces vices, afin que vous les détruisiez par votre précieux sang, par
votre amour et votre constance admirable.
Accordez-moi ces vertus-, et celles qui en sont les fruits ; afin qu'à
l'avenir, avec le secours de votre grâce, elles paraissent dans toutes
mes pensées, dans mes paroles et dans mes œuvres. Faites que je sois
vraiment fervent, que je vous aime de toutes mes forces, et que je
soupire après vous ; que dans le bonheur et dans le malheur je m'appuie
sur vous, et vous appartienne par l'espérance et la foi ; que je
m'efforce avec zèle de faire chaque jour de nouveaux progrès dans le
bien : que la plaie de votre cœur sacré me soit un abri pendant toute ma
vie, et surtout à l'heure de ma mort.
Prière à la Main droite de Jésus.
Je
vous rends grâces, ô bon' Jésus ! pour votre ineffable amour, el les
douleurs que vous avez souffertes dans la plaie de votre main droite. Je
me réfugie dans cette plaie sacrée, et j'y cache tous mes péchés, et
particulièrement mes injustices envers vous et vos créatures, mes
amertumes, mes antipathies, mes jalousies, mes mensonges, mes
dissimulations et mes hypocrisies, mes ingratitudes pour vos bienfaits
et pour ceux des vôtres, afin que vous détruisiez tous ces défauts par
votre précieux sang. Par votre justice, votre miséricorde, votre
gratitude et votre sincérité, daignez m'accorder
toutes ces vertus, et celles qui en sont les fruits ; afin qu'à
l'avenir, avec le secours de votre grâce, elles éclatent dans toutes mes
pensées, dans mes paroles et dans mes actions. Faites que je sois
vraiment juste, en donnant à chacun ce qui lui appartient ;
miséricordieux, en voulant et faisant du bien à chaque créature ;
sincère, en m'efforçant de devenir semblable à vous en toutes choses ;
reconnaissant, en vous glorifiant toujours, et en rendant à mes
bienfaiteurs bienfaits pour bienfaits. Que la sainte plaie de votre main
droite me soit un sûr abri pendant toute ma vie, et surtout à l'heure
de ma mort. Amen.
Prière a la Main gauche de Jésus.
Je
vous rends grâces, ô Jésus ! pour votre ineffable amour, et pour les
douleurs que vous avez souffertes dans la plaie de votre main gauche. Je
me réfugie dans cette plaie sacrée, et je veux y cacher tous mes
péchés, et particulièrement ceux que j'ai commis par tiédeur, paresse ou
perte de temps, par impureté, soit en mon âme soit en mon corps, par
mes excès dans le boire et le manger ou les autres jouissances, par
avarice et cupidité. Je cache en cette plaie tous ces défauts, et tous
ceux qui en découlent, afin que vous les détruisiez par votre précieux
sang. Par votre force d'âme, votre pureté, votre pauvreté et voire
tempérance, daignez m'accorder toutes ces vertus et celles qui en sont
les fruits ; afin qu'à l'avenir, avec le secours de votre grâce, elles
éclatent dans toutes mes pensées, dans mes paroles et dans mes œuvres,
Faites que je sois toujours généreux, en méprisant tout ce qui passe, et
en ne me laissant jamais aller au découragement ; que je sois chaste,
et que je garde dans la pureté mon âme et tous mes sens ; que je sois
tempérant, ne m'accordant jamais que le nécessaire, et en jouissant avec
précaution ; que je sois pauvre d'esprit, et pauvre de tout ce qui est
terrestre, en ne cherchant que vous. Que la sainte plaie de votre main
gauche me soit un sûr abri pendant toute ma vie, et particulièrement à
l'heure de ma mort.
Mais,
pour obtenir toutes ces grâces de vous, ô mon Dieu ! je me recommande à
votre douce mère la bienheureuse Vierge Marie, qui sait si bien
intercéder pour notre faiblesse ; et je la prie de prendre cette prière
dans ses pures et saintes mains, et de vous la présenter, afin qu'elle
m'obtienne grâce et pardon. Amen.
SEIZIÈME JOUR
PRIÈRE DE SAINTE BRIGITTE
0
Seigneur Jésus ! éternelle douceur de ceux qui vous aiment, béatitude
qui surpasse toutes les délices et tous les désirs, sauveur et refuge
des pécheurs, qui nous avez assuré vous-même que votre joie est
d'habiter avec les enfants des hommes, et qui, dans la plénitude des
temps, vous êtes fait homme à cause de nous : souvenez-vous de la
tristesse et du profond accablement que ressentit votre nature humaine ,
lorsqu'arriva pour vous l'heure, marquée d'avance dans votre divin
cœur, de votre passion si salutaire pour nous.
Souvenez-vous aussi du trouble et de l'amertume que vous ressentîtes en
votre âme, lorsqu'avant votre dernière cène, vous donnâtes à vos
disciples votre chair et votre sang pour nourriture et pour breuvage,
vous leur lavâtes les pieds, et que vous leur annonçâtes l'approche de
votre passion, en les consolant et les fortifiant par vos paroles.
Souvenez-vous aussi des craintes, des angoisses et des tourments que
vous souffrîtes avant le martyre de la croix, lorsqu'après avoir prié
trois fois, et répandu une sueur de sang au jardin des Oliviers, vous
fûtes trahi par Judas votre disciple, saisi comme un voleur par votre
peuple de prédilection, accusé par de faux témoins, condamné à mort,
quoiqu'innocent, dans la fleur de votre vie, dans la ville de
Jérusalem, pendant les fêtes de Pâques, dépouillé de vos vêtements et
couvert de haillons, frappé de coups de poings, sdtliilé de crachats,
attaché à une colonne, fouetté de verges, couronné d'épines et frappé
sur la tête aVéc un roseau. 0 Seigneur Jésus, accordez-moi, je vous en
supplie, par le souvenir de toutes ces souffrances, qui ont précédé
votre mort sur la croix, accordez-moi avant ma mort un vrai repentir,
une confession sincère, une satisfaction complété, et le pardon de tous
mes péchés. Amen. Pater. Ave.
N.
2. 0 Jésus, créateur du ciel et de la terre, Dieu qu'aucune créature ne
peut comprendre, vous qui renfermez le monde entier dans votre main :
souvenez-vous de la douleur très amère que vous ressentites, lorsque les
Juifs clouèrent à la croix vos mains adorables, et que perçant ensuite
vos pieds sacrés, ils augmentèrent encore vos supplices, en vous tirant
de tous les côtés, pour vous étendre sur la longueur et la largeur de la
croix, de sorte que les membres de votre corps en étaient tous
disjoints. Accordez-moi, je vous en supplie, par le souvenir de ces
saintes douleurs, votre crainte et votre amour. Amen. Pater. Ave.
N.
3. 0 Jésus, céleste médecin, souvenez-vous des défaillances, des
blessures et des supplices que vous souffrîtes dans tous vos membres,
dont aucun ne resta à sa place, lorsqu'on vous
éleva sur la croix. Aucune douleur ne peut être comparée à celles que
vous ressentîtes alors : car depuis la plante des pieds jusqu'au sommet
de la tête, il n'y avait plus rien de sain en vous. Et pourtant,
oubliant toutes vos souffrances, vous ne songiez qu'à prier pour vos
ennemis, en disant
: Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu'ils font. Par cette
miséricorde, et en souvenir de cette douleur, faites que la pensée de
vos souffrances très amères produise en moi la rémission parfaite de
tous mes péchés. Amen. Pater. Ave.
N-
4. 0 Jésus, joie des Anges, paradis de délices, souvenez-vous de la
tristesse et de l'horreur que vous ressentîtes, lorsque vos ennemis, semblables
à des lions furieux, vous assaillirent, et firent pleuvoir sur vous les
coups, les crachats, les dérisions et toutes sortes de mauvais
traitements. Seigneur Jésus, par les peines, les insultes et les
traitements indignes dont vos ennemis vous accablèrent alors,
délivrez-moi, je vous en supplie, et faites qu'à l'ombre de vos ailes,
j'obtienne le salut éternel. Amen. Pater. Ave.
N.
5. 0 Jésus ! reflet de la gloire éternelle du Pére, souvenez-vous du
trouble que vous ressentîtes, lorsque, par votre science infiriîe, vous
vîtes à côté du nombre de vos élus, que devaient sauver les mérites de
votre passion et de votre mort, le grand nombre des réprouvés qui
méritent par leurs péchés la damnation
éternelle. Par les abîmes infinis de cette miséricorde, qui vous toucha
de compassion pour nous, pauvres pécheurs, et qui vous fit dire au bon
larron sur la croix
: Tu seras avec moi aujourd'hui dans le paradis, accordez-moi, je vous
prie, votre miséricorde au moment de la mort. Amen. Pater. Ave.
N.
6. 0 roi miséricordieux, ami souverainement aimable, souvenez-vous de
ce trouble que vous ressentîtes, lorsque, pauvre et nu sur la croix,
abandonné de vos amis et de vos proches, et n'ayant pour vous consoler
que votre mère bien-aimée, qui se tenait debout devant votre croix dans
l'amertume de son âme, vous la recommandâtes à votre disciple, eu disant
: Femme, voilà votre fille. Par ce glaive de
douleur qui transperça alors son âme, daignez, je vous eu supplie, avoir
pitié de moi dans mes angoisses et mes afflictions corporelles et
spirituelles, et consolez-moi dans mes tribulations, et surtout à
l'heure de ma mort. Amen. Pater. Ave.
N-7-0
Jésus ! source inépuisable de bonté, qui du fond de votre àme avez crié
sur la croix : j'ai soif, c'est-à dire : J'ai soif du salut du genre
humain ; daignez, je vous en supplie, enflammer nos cœurs pour toutes
sortes de biens, et éteindre en nous la soif des désirs charnels, et le
feu des plaisirs terrestres. Amen. Pater. Ave.
N.
8.0 Jésus ! douceur du cœur, unique-suavité de l'àme, par l'amertume du
fiel et du vinaigre que vous avez ressentie pour nous, faites, je vous
en supplie,qu'à l'heure de notre mort, nous puissions recevoir dignement
votre corps et votre sang, comme remède et consolation de nos âmes.
Amen. Pater. Ave.
N.
9. 0 Jésus ! puissance souveraine, jubilation de l'âme,
ressouvenez-vous de l'angoisse et de la douleur que vous souffrîtes,
lorsque, plongé dans les amertumes de la mort ; vous vous reconnûtes
abandonné dé Dieu, votre Père, et que vous criâtes
: Mon bien, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné ? Je vous en
supplie, par cette angoisse, ne nous abandonnez pas dans les nôtres, ô
Seigneur notre Dieu ! Amen. Pater. Ave.
N,
10. 0 Jésus ! commencement et fin de toutes choses, notre vie et notre
force en tout temps, souvenez vous que vous vous êtes abîme pour nous
dans le torrent de votre passion. Par la largeur et la profondeur de vos
plaies, apprenez-moi, je vous en supplie, à garder par une vraie
charité vos saints commandements. Amen. Pater. Ave.
N.
11. 0 Jésus ! abîme de miséricorde, par la profondeur de vos plaies,
qui ont pénétré jusqu'à la moelle de vos os, daignez, je vous en
supplie, me tirer de l'abime des péchés qui me submergent, et me cacher à
votre colère dans les ouvertures de vos plaies, jusqu'à ce que votre
fureur soit passée. Amen. Pater. Ave.
N.
12. 0 Jésus ! miroir de vérité, signe d'unité, lien de charité,
souvenez-vous de la multitude innombrable de vos blessures, qui couvrent
tout votre corps, depuis la tête jusqu'aux pieds, et qui l'empourprent
de votre sang précieux : souvenez-vous des grandes douleurs que vous
souffrîtes pour nous dans votre chair virginale. Qu'auriez-vous pu faire
de plus pour nous, ô bon Jésus ? Ecrivez, je vous en supplie, avec
votre sang précieux, toutes vos blessures dans mon cœur ; afin que,
lisant en elles votre douleur et votre mort, je vous rende grâces
jusqu'à la fin de ma vie. Amen. Pater.Ave.
N. 13.0 Jésus ! guerrier courageux, roi immortel et invincible, souvenez-vous
de la douleur que vous souffrîtes, lorsque vous sentîtes défaillir
toutes les forces de votre âme et de votre corps, et qu'inclinant votre
tête, vous dîtes d'une voix mourante : Tout est consommé. Par cetle
angoisse et cette douleur, ayez pitié de moi dans les derniers moments
de ma vie, lorsque mon âme sera plongée dans l'angoisse, et mon esprit
dans le trouble. Amen.Pater. Ave.
N.
14.0 Jésus ! Fils unique du Père, splendeur et caractère de sa
substance, seuvenez-vous des paroles par lesquelles vous recommandâtes
votre âme à votre Père, en lui disant
: Je remets, Seigneur, mon âme en vos mains. Souvenez-vous que votre
corps étant déchiré, votre cœur brisé, ouvrant
les entrailles de votre miséricorde, et poussant un grand cri, vous
rendîtes pour notre salut votre dernier soupir. Par celle mort
précieuse, daignez, je vous en supplie, ô roi des élus, me fortifier
pour que je résista au démon, au monde, à la chair et au sang ! afin
que, mort au monde, je vive pour vous : et à l'heure de ma mort ,
lorsque mon âme, achevant son pèlerinage, et quittant son exil,
retournera vers vous, daignez la recevoir dans votre sein.
Amen, Pater. Ave.
N-15.
O Jésus ! vigne féconde, Souvenez-vous de l'effusion abondante de votre
sang qui coula de vos veines comme le vin coule du raisin, lorsque, sur
la croix, vous foulâtes seul le pressoir de votre passion, et que votre
côté, percé par la lançe d'un soldat, laissa couler l'eau et le sang
jusqu'à la dernière goutte. Souvenez-vous que vous restâtes alors
suspendu comme un faisceau de myrte ; que votre chair délicate se
flétrit, et que la moelle de vos os se dessécha ; par votre passion très
amère, et par l'effusion de votre précieux sang, recevez, bon Jésus,
mon âme dans ma dernière agonie. Amen. Pater. Jve,
DIX-SEPTIÈME JOUR
PRIÈRES DE SAINT BERNARD
Salut,
ô miséricordieux Jésus ! je vous salue avec dévotion, ô salut du monde !
Vous savez que je veux vivre uni à vous sur votre sainte croix :
donnez-moi pour cela la plénitude de vos grâces. Je m'approche de vous,
et vous contemple par la foi dépouillé de toute votre gloire. Je me
prosterne humblement devant vous, le front dans la poussière, et vous
crie : O mon Jésus, soyez-moi propice. La pensée de vos plaies me fait
frémir jusqu'au fond de l'âme : j'embrasse avec une tendre dévotion les
clous qui percent vos pieds, et les douleurs amères de votre âme, et les cruelles souffrances de votre corps.
0
doux ami des pécheurs pénitents, père des pauvres, vous qui relevez
ceux qui sont tombés, je vous rends grâce de votre immense charité qui
vous a porté à tant souffrir pour moi.
0
doux Jésus ! que le remède bienfaisant de vos plaies guérisse et
renouvelle en moi tout ce qui est malade ou souillé : je vous honore sur
la croix avec une tendre charité, et par elle j'espère que vous
guérirez ma pauvre âme. Purifiez-moi de votre sang, et je serai guéri. 0
mon Jésus ! imprimez vos plaies dans le plus profond de mon cœur ; afin
que je vous sois semblable en tout, et qu'il ne
manque rien a mon amour pour vous. 0 doux Jésus ! Dieu très bon, vers
vous je soupire, pauvre pécheur que je suis, et j'implore votre
miséricorde : j'embrasse vos pieds sacrés ; ne me repoussez pas malgré
mon indignité ; et du haut de votre sainte croix, jetez sur moi un
regard de miséricorde et de grâce. 0 mon bien-aimé Jésus ! regardez-moi
aux pieds de votre croix ; attirez-moi à vous et sanctifiez-moi, en
m'adressant cette douce parole : Je veux te guérir et te pardonner tous
tes péchés. Amen.
Prière et salut aux Genoux de Jésus.
Salut, ô Jésus ! roi de tous les saints, doux espoir des pauvres pécheurs,
Dieu et homme tout ensemble, suspendu à la croix comme un malfaiteur,
dont les genoux tremblants se ploient courbés par la douleur. Ah ! comme
vous êtes pauvre et nu sur la croix, objet de mépris et de dérision
pour vos ennemis ! Et cependant, ce n'est point malgré vous, mais
volontairement et pour notre rédemption, que vous souffrez en votre
corps ce martyre ; Votre sang adorable coule â grands flots de vos
plaies ; il coule, il coule toujours ; et se figeant sur votre corps, il
le couvre comme d'un vêtement, sans qu'aucun de vos ennemis daigne
jeter sur vous un regard de compassion.
0
Dieu ! dont la majesté est infinie, et qui daignez vous soumettre à une
si grande misère ! qui, parmi nous, vous cherche dans la sincérité de
son cœur, et touché par votre immense charité, vous offre son sang en
échange du vôtre ? 0 mon Jésus ! que vous rendrai-je pour tant d'amour,
moi si méprisable à cause de mes crimes et de la dureté de mon cœur ?
Comment reconnaître dignement cet amour sans mesure qui vous a fait
mourir pour moi, afin de m'arracher à une double mort ? 0 Jésus ! il n'y
a point d'amour au-dessus du vôtre ; car les angoisses de la mort n'ont
pu triompher de lui.
Avec
quelle tendre sollicitude vous m'offrez un abri dans vos plaies
adorables, atin que je ne sois point atteint par la mort éternelle. Confus
de votre amour pour moi, je vous tiens étroitement embrassé : oubliez
mes péchés , et faites-moi miséricorde. Baignez-moi dans votre sang :
qu'il me purifie de mes souillures, et me guérisse de mes maladies, de
telle sorte qu'il ne reste plus en moi aucune trace de mes iniquités
passées. 0 mon Jésus! conduisez-moi, afin que je vous cherche sur votre
croix, où vous êtes suspendu couvert de sang, honni et accablé de
douleur. Que mon unique effort, ô Jésus ! soit de vous chercher avec un
tendre amour ; et je ne craindrai plus dès lors aucune peine ni aucun
fardeau ; car si je suis uni à vous, je suis par là même guéri et
purifié de tous mes péchés. Amen.
Prière et salut aux mains de Jésus.
Salut,
ô Jésus ! bon pasteur, dont les mains étendues sont fixées au bois de
la croix, de telle sorte que tous les membres de votre corps sont
disjoints, et que vous souffrez à chaque instant davantage les angoisses
de la mort. Salut, ô mains sacrées, percées par le fer cruel des clous
qui Vous attachent aux branches de la croix.
Chaque
goutte de sang qui coule des plaies de mon Jésus est pour moi comme une
rose d'un parfum délicieux. Ah ! mon Sauveur, comme de vos mains
sacrées coule abondamment votre sang adorable, rançon précieuse de notre
salut !
Laissez-moi presser tendrement sur mon cœur vos mains percées de clous et tout empourprées de votre sang.
Ah
! comme vous étendez largement vos bras pour embrasser
miséricordieusement les justes et les pécheurs, les tièdes et les
fervents ! car votre grâce et votre amour se répandent sur tous les
hommes. Je m'approche de vous, ô doux Sauveur, couvert de plaies et
ruisselant de sang, vous qui êtes toujours compatissant pour toutes les
misères. Vous ne me dédaignerez pas, vous, si bon pour ceux qui vous
aiment. Attachez à vous toutes mes pensées, tout ce que je sais, tout ca
que je veux, ce que je puis, et laissez-moi pour cela honorer
votre croix, et reposer toujours dans vos bras. Que votre immense chanté
m'attire vraiment à vous ; donnez-moi, à cause de votre croix
salutaire, et par elle, la grâce de vaincre et de détruire en moi tout
ce qui vous déplaît. Je veux vous briser amoureusement, ô mains sacrées
de mon Sauveur, et vous arroser de mes larmes ! Je veux vous rendre
grâce pour les grandes douleurs que vous avez souffertes, et pour le
sang que vous avez répandu, quand les bourreaux vous ont percées de
clous. 0 mon Sauveur ! purifié par votre sang, je veux me donner à vous
tout entier ! Que vos mains adorables me défendent dans tous les
dangers, et à l'heure de la mort. Amen.
DIX-HUITIÈME JOUR
Prière et salut au Côté de Jésus
Salut,
ô bon Jésus, toujours prêt à nous pardonner nos péchés. Ah ! comme vos
membres blessés et défaillants sont cruellement tendus sur la croix !
Salut, côté sacré du Sauveur, où est caché le doux miel de sa grâce, où
la puissance de son amour se révèle à nous, où jaillit la source de son
sang précieux, qui purifie nos cœurs, et les délivre du péché et de la
mort éternelle. Je viens encore à vous, ô mon Jésus ! pardonnez-moi,
parce que j'ai péché ; car je viens à vous, confus et affligé, pour
contempler vos plaies et vos douleurs. Salut, ô plaie sacrée de laquelle
découlent les flots purs du sang de Jésus ! Salut, porte de la vie,
ouverte dans toute sa largeur. Salut, remède salutaire de toutes nos
blessures. Le parfum que vous exhalez est plus odorant que celui du
meilleur vin ; il étouffe le souffle empesté du péché. Le sang qui
jaillit de vous est un breuvage de vie : et celui qui a soif de la
véritable vie peut accourir à vous, et se désaltérer à votre source. 0
douce plaie de mon Sauveur ! ouvrez-vous à moi, afin que mon cœur se
sente en vous ; laissez-moi pénétrer dans vos profondeurs, car je veux
m'abimer en vous ; ouvrez-vous au pauvre mendiant qui frappe à votre
porte. Mon ame vous baise avec amour, et j'introduis mon cœur dans votre
sanctuaire, pour qu'il jouisse de votre sang ; ensevelissez-moi dans
vos abîmes comme en un tombeau. Oh ! comme ce breuvage est doux! 0
Seigneur Jésus-Christ ! celui qui vous goûte sent dans tout son être un
bonheur ineffable : et l'amour qui le fait vous aimer par-dessus toutes
choses le ferait mourir pour vous. Logez-moi dans l'ouverture de votre
adorable côté, et laissez mon cœur s'y réfugier et y demeurer ; afin que
là, retiré du monde, il ne brûle d'amour que pour vous, qu'il repose en
paix près de vous et qu'il ne craigne plus rien. Qu'à l'heure de ma
mort, mon âme, ô Jésus ! se réfugie dans cette plaie sacrée de votre
côté, et que par elle, elle s'envole vers vous, afin que le démon ne triomphe point d'elle, et qu'elle vous soit toujours unie. Amen.
Prière et salut à la Poitrine de Jésus.
Salut,
ô doux Jésus, mon amour, mon salut et mon Dieu ! Salut, poitrine sacrée
de Jésus, sanctuaire d'amour, qu'on ne peut toucher sans tressaillir de
piété ! Salut, trône de l'adorable Trinité, arche de l'infinie
miséricorde de Dieu, force des faibles, asile de paix, repos des
affligés et des opprimés, bouclier de tous les humbles ! Salut, Jésus
mille fois béni, terme et but de tous nos efforts. Jetez un regard sur
moi qui suis prosterné à vos pieds. J'approche de vous avec amour ;
enflammez mon cœur de la grâce qui rayonne de votre sein adorable.
Donnez-moi un cœur pur, toujours brûlant d'amour pour vous, toujours
pieux, toujours pénitent. Faites que ma volonté, renonçant à elle-même
devienne conforme à la vôtre, et soit comme une serre où fleurissent
toutes les vertus. 0 très-doux Jésus, bon Pasteur, Fils de Dieu et de la
bienheureuse Vierge Marie, Père de miséricorde, que votre cœur daigne
bénir le mien, et le purifier de tout péché. Salut, ô Jésus, gloire et
reflet du Père céleste ! comblez de la plénitude de vos bénédictions, et
des dons de votre grâce, les affligés et les nécessiteux. 0 Poitrine
auguste de mon Sauveur Jésus, laissez-moi trouver en vous le salut, la
justice et la délivrance de tous mes péchés. Faites que, brûlant d'amour
pour vous, je pense continuellement à vous. Abîme de la sagesse
éternelle, objet des louanges et des cantiques de tous les chœurs des
Anges, où l'Apôtre saint Jean a puisé la lumière et la vie, faites que
je choisisse en vous ma demeure. Salut, source de grâce, car la
plénitude de la divinité habile corporellement en vous. Quand vous me
conseillez, vous m'ôtez l'amour du monde et de ses plaisirs. Salut, vrai
temple de Dieu, ayez pitié de moi, je vous en supplie. 0 précieux écrin
de tout bien, vase sacré où est renfermée toute la miséricorde divine,
placez-moi après cette vie au nombre des élus. Amen.
DIX NEUVIÈME JOUR
Prière et salut au Cœur de Jésus
Salut, O doux
cœur du souverain Roi, je vous salue avec une tendre émotion : mon
bonheur est de vous embrasser ; et mon cœur ne vous demande rien autre
chose. Encouragez-moi donc pour que j'ose élever vers vous ma prière. Âh
! quel immense amour a vaincu votre cœur ! Quel martyre vous souffrez !
Vous vous épuisez, afin de devenir pour nous une victime de rédemption,
et pour nous délivrer de la mort éternelle. Ah ! que la mort se montra
cruelle et amère, lorsqu'elle pénétra dans votre tente, ô très-doux
cœur, d'où jaillit la source de la vie. 0 cœur
tendrement aimé de mon cœur ! à cause de cette mort que vous avez
endurée pour moi, lorsque vous vous êtes livré à moi comme une victime,
attachez à vous toutes les inclinations et tous les mouvements de mon
cœur ; je n'ai que ce seul désir au monde. 0 cœur aimable par-dessus
tout, purifiez mon cœur sujet à mille tentations, et perdu dans les
vanités de ce monde : dissipez sa tiédeur, et remplissez-le de piété et
de crainte de Dieu. 0 cœur de mon Jésus ! que votre amour pénètre
jusqu'au fond de mon cœur tout chargé dé pêchés et de dettes, afin que
je le donne à vous tout entier, et que je sois blessé d'amour pour vous !
0 cœur de mon Jésus déployez-vous, et ouvrez-vous à moi,
semblable à une rose qui ouvre son calice, et unissez-vous à mon cœur ;
sanctitiez-le en le blessant, car votre amour ne fait point souffrir
celui qui l'éprouve. Celui qui vous aime vraiment vous suit sans savoir
comment : car il ne peut se retenir, et son amour ne connaît aucune
borne. Celui qui vous aime voudrait pouvoir mourir mille fois pour vous.
0 très-doux cœur de mon Jésus ! que j'aime au-dessus de tout, mon cœur
crie vers vous, et vous supplie de vous incliner vers lui, pour qu'il
puisse s'unir à vous par un amour filial. Que mon cœur ne vive plus que
de votre amour : qu'il ne s'endorme plus dans une coupable indifférence :
qu'il vous implore, qu'il vous consacre ses larmes : qu'il vous honore
et vous prie, et que toujours il jouisse de vous. 0 cœur de mon Jésus !
rose odorante, dont le parfum nous réjouit, je vous le dis encore une
fois, déployez et ouvrez-moi votre calice, afin que mon cœur tout
enflammé d'amour ne soupire qu'après vous. 0 Jésus ! permettez que mon
cœur épouse le vôtre, et soit blessé avec lui : car il ne deviendra
semblable au vôtre que lorsqu'il sera percé des traits de votre sainte
passion. 0 cœur de mon Jésus ! cachez mon cœur dans vos plaies, afin
qu'il soit toujours près de vous, et qu'il trouve sa consolation dans
vos douleurs ; de telle sorte qu'il puisse à peine se sentir encore
lui-même. Je ne veux plus séjourner et reposer désormais que là. Voyez, ô
mon Jésus ! comme mon cœur court vers le vôtre, comme il a soif de vous
! ne le repoussez donc pas de votre cœur, afin que toujours il trouve
sa joie en vous. Amen.
Prière et salut au Visage de Jésus.
Salut,
tète de mon Sauveur couronnée d'épines, ruisselante de sang, meurtrie
de coups, cruellement défigurée, déchirée de coups de roseaux, dont le
visage plein de bonté a perdu sa beauté, sa fleur et sa gloire, et est
comme enveloppé des pâleurs de la mort. C'est pourtant là cette auguste
face que les Anges du ciel aiment à contempler. Puis-je m'étonner de ne plus
trouver en elle sa fraîcheur et son éclat, puisque la mort y a répandu
ses horreurs ? Vous avez perdu toutes vos forces par vos souffrances, ô
doux Jésus ! et votre vie s'affaisse dans la défaillance et
l'épuisement. 0 mon Jésus ! qui avez enduré tant de mépris et de
souffrances à cause de moi le plus grand de tous les pécheurs,
donnez-moi seulement un regard, comme signe de votre amour pour moi. 0
bon Pasteur ! je commence à comprendre par vos douleurs que j'ai reçu de
vous le miel du salut, et le doux breuvage de la vie, mille fois plus
précieux que toutes les joies de ce monde. Oh ! ne méprisez pas un
pauvre pécheur, ne rejetez pas un pauvre abandonné. Et si la mort
approche de vous, penchez vers moi votre tête fatiguée, et
reposez dans les bras de mon amour. 0 mon Jésus ! faites que je
participe avec joie à vos douleurs, et que je meure avec vous sur la
croix. 0 mon bien-aimé Jésus, Dieu plein de miséricorde et de grâce, je
vous remercie d'avoir souffert pour moi une mort si cruelle. Ne
m'abandonnez pas, je vous en supplie, à l'heure de ma mort :
assistez-moi à ce moment redoutable, accourez à mon secours,
protégez-moi, et délivrez-moi de la puissance du démon. Bon Jésus, quand
vous aurez fixé l'heure où je dois quitter cette vie, montrez-vous à
moi, ô doux amour ! à qui tout appartient. Montrez-vous à moi sur votre
croix, cet arbre de vie du salut éternel. Amen.
VINGTIÈME JOUR
Prière De Sainte Gertrude
Honneur,
louange, adoration, vous soient rendus, ô mon Jésus, qui dans l'excès
de votre miséricorde, avez daigné devenir pour nous, misérables
pécheurs, notre Sauveur et notre bienfaiteur. Votre amour vous a fait
boire jusqu'à la lie le calice amer de la douleur. Vos plaies ont
produit notre salut ; notre réconciliation a été le fruit de votre sang,
et c'est par votre mort sur la croix que nous avons reçu la vie. Pour
nous, vous êtes descendu des hauteurs du ciel dans les plus profonds
abimes de l'humilité ; pour nous, vous vous êtes soumis aux plus cruels
supplices ; pour nous, vous êtes mort de la mort la plus cruelle sur un
bois ignominieux. Aussi, nous vous louons maintenant, et vous
glorifions avec tout notre amour ; car de vos plaies coulent toujours
pour nous les eaux salutaires de votre grâce : par vous nous sommes
redevenus enfants de Dieu et héritiers du bonheur éternel. 0 mon Jésus,
mon libérateur et mon rédempteur, je veux vous honorer toujours par la
sainteté de ma vie : je veux vous prouver toujours ma reconnaissance, en
accomplissant fidèlement tous mes devoirs. Je veux imiter avec un zèle
constant vos vertus ; je veux chaque jour prendre votre croix sur moi,
et la porter pendant toute ma vie, jusqu'à ma dernière heure ; afin que je devienne digne de vous louer et de vous glorifier un jour dans le ciel. Amen.
PRIÈRE DE SAINT PIERRE DAMIEN
Divin
médiateur entre Dieu et l'homme, Seigneur Jésus-Christ, qui avez pris
dans le chaste sein de la bienheureuse Vierge Marie une chair semblable à
la nôtre, et qui, pour notre salut, sur l'autel de la croix, avez
immolé à votre Père, comme une victime sans tache et agréable à ses
yeux, votre corps adorable ; vous qui vous êtes donné au genre humain
comme moyen de salut, afin d'éloigner de lui la contagion du péché :
délivrez-moi des innombrables liens où se débat ma misère. Je me
prosterne, Seigneur, devant l'étendard de votre croix vivifiante, et
j'adore avec un saint respect la gloire nouvelle et inouïe de votre
triomphe : car vous êtes à la fois le prêtre et la victime, le
rédempteur et le prix du rachat. O victime sainte qui avez brisé les
portes de l'enfer, et ou verbaux fidèles celles du royaume céleste ! je
vous vois des yeux de l'esprit, ô mon Sauveur, cloué sur la croix et
couvert de plaies. J'entends votre douce voix dire au bon larron
: Aujourd'hui même tu seras avec moi dans le paradis. Par ce mystère de
votre passion et de votre mort salutaire, je vous prie, je vous conjure
avec larmes de ne pas me séparer, comme je le mérite, de la société de
vos élus, mais de m'admettre avec le
bienheureux larron dans la gloire de votre céleste royaume. Marquez pour
cela, Seigneur, mon âme du signe de votre sainte croix, et purifiez-moi
par sa vertu. Par cette croix sainte emparez-vous de moi, de telle
sorte que l'ennemi ne puisse plus rien trouver en moi qui lui
appartienne : afin que lorsque vous viendrez pour nous juger, et que ce
signe de votre divine puissance brillera dans les cieux, vous
reconnaissiez en moi ce sceau salutaire : et qu'après avoir participé à
vos souffrances et à votre croix ici-bas, je mérite de participer après
cette vie à la gloire de votre résurrection.
PRIÈRE DE SAINT BERNARD
0
mon Jésus crucifié, que dois-je vous offrir pour vous rendre tout ce
que vous m'avez donné par la bénédiction de votre sainte croix ? Vous
avez immolé pour nous ce que vous aviez de plus précieux, ce que rien ne
peut payer : je veux donc aussi faire ce que je puis,et vous offrir, ô
saint crucifié ! ce que j'ai de plus précieux, c'est-à-dire moi-même.
Vous vous êtes immolé pour moi : comment pourrais-je tarder encore de
m'immoler pour vous ? J'ai deux choses à vous offrir, Seigneur, mon
corps et mon âme. Si je pouvais vous les offrir, parfaitement comme un
sacrifice de louange, j'en tirerais bien plus de
profit et de gloire qu'en les gardant pour moi même. Abandonné à
moi-même, je languis dans le trouble et l'angoisse ; mais je trouve une
source de joie dans le sacrifice que je vous fais de tout mon être. Vous
ne voulez pas ma mort, comment ne vous offrirais-je pas volontiers ma
vie ? Vous n'agréez, Seigneur, que des victimes vivantes. Que mon
offrande soit donc accompagnée d'une invincible fermeté, d'une humilité
profonde, et d'un renoncement sincère à la chair, d'une volonté ferme de
demeurer près de votre sainte croix dans un pieux détachement, une
chasteté incorruptible, dans une humilité et une simplicité d'enfant.
Amen.
PRIÈRE DE S. GRÉGOIRE LE GRAND
Je
vous adore, ô Sauveur Jésus, suspendu sur la croix et couronné
d'épines. Que votre croix, je vous en supplie, me délivre des atteintes
du démon. Amen.
Je
vous adore, ô Sauveur Jésus, couvert de plaies sur la croix, et
n'ayant, pour désaltérer votre soif, que du fiel et du vinaigre. Que vos
plaies, je vous en supplie, soient le remède de mon âme. O mon Sauveur,
par cette amertume dont votre âme fut inondée à l'heure de votre mort,
et surtout au moment où elle sortit de votre corps sacré : ayez pitié de
mon âme, je vous en supplie, au moment où elle sortira de mon corps, et
conduisez-la à la vie éternelle. Amen.
Je
vous adore, ô Sauveur Jésus, déposé dans le sépulcre, embaumé de myrrhe
et de parfums. Que votre mort, ô Jésus, soit ma vie. Amen.
Je
vous adore, ô Sauveur Jésus, descendent aux enfers, et y délivrant vos
captifs : ne m'y laissez jamais dèscendre, je vous en supplie. Amen.
Je
vous adore, ô mon Sauveur, ressuscitant d'entre les morts, montant au
ciel, et assis à la droite de votre Père. Faites, je vous en supplie que
je mérite de vous suivre où vous êtes, et de vous y être présenté.
Amen.
O mon Sauveur Jésus ! pasteur miséricordieux, conservez les justes, justifiez les pécheurs, ayez pitié de tous les fidèles, et soyez-moi propice a moi indigne et misérable pécheur. Amen.
0
mon Sauveur Jésus ! faites, je vous en supplie, que votre passion soit
ma force, qu'elle me garde, me protège et me défende : que vos plaies me
soient un aliment et un breuvage, qui me nourrissent, me réjouissent et
m'enivrent : que l'aspersion de votre sang précieux me purifie de
toutes mes souillures : que votre mort soit éternellement ma gloire : et
que dans votre passion soient la réfection, la joie, la santé, le goût,
la consolation et le désir de mon corps et de mon âme, maintenant et
toujours. Amen. Amen.
Seigneur
Jésus-Christ, Fils du Dieu vivant ! placez votre passion, votre croix
et votre mort entre votre justice et mon âme, maintenant et à l'heure de
ma mort. Failes-moi grâce et miséricorde : donnez aux vivants le
pardon, et le repos aux défunts ; la paix â votre Eglise, et à tous les
pécheurs la vie et la gloire éternelle. Amen.
VINGT-UNIÈME JOUR
PRIÈRE DE SAINTE MECHTHILDE
Seigneur
Jésus, je vous rends grâces pour la plaie douloureuse de votre pied
gauche, d'où a coulé pour nous l'ablution de nos péchés ; je dépose et
cache en elle tous les péchés que j'ai commis dans ma vie. Amen.
Seigneur
Jésus, je vous rends grâces pour la plaie douloureuse de votre pied
droit, d'où a coulé pour nous la source de la paix ; je dépose et cache
en elle tous mes désirs, afin qu'ils soient purifiés de tout mélange
terrestre. Amen.
Seigneur
Jésus, je vous rends grâces pour la plaie douloureuse de votre main
gauche, d'où a coulé pour nous la source de toutes les grâces ; je
dépose et cache en elle tous mes maux, tant spirituels que temporels,
afin qu'unis à votre passion , ils deviennent par ma patience, légers
pour moi, et agréables à votre Père céleste. Amen.
Seigneur
Jésus, je vous rends grâces pour la plaie douloureuse de votre main
droite, d'où est sorti le véritable remède de nos âmes. Je dépose et
cache en elle toutes les négligences dont je me suis rendu coupable dans
la pratique des vertus, afin qu'elles soient compensées par les œuvres
de votre zèle toul divin. Amen.
Seigneur Jésus, je vous rends grâces
pour la plaie salutaire de votre cœur sacré, d'où oui coulé pour nous,
avec le sang et l'eau que vous avez répandus, les trésors de tous les
biens. Je dépose et cache en elle tout mon amour, afin qu'uni avec le
vôtre il devienne parfait. Amen.
PRIÈRE DE SAINTE CERTRUDE pour obtenir une bonne mort.
0
Jésus, brisé par les plus cruelles souffrances, je repasse en mon
esprit les douleurs atroces que vous avez endurées dans votre corps
adorable sur l'arbre de la croix ; et je vous supplie de les offrir à
votre Père céleste, lorsque je serai sur le point de
mourir, afin de mériter pour moi le pardon de tous les péchés que j'ai
commis contre votre divine puissance, dans les membres de mon corps.
0
Jésus, brisé par les plus cruelles souffrances, je repasse en mon
esprit les angoisses que vous avez ressenties dans votre cœur adorable
sur l'arbre de la croix, en considérant le grand nombre dames pour qui
votre passion et votre mort devaient être inutiles : et je vous prie
d'offrir à votre Père céleste toute cette amertume de votre cœur,
lorsque je serai sur le point de mourir, en expiation de tous les péchés
que j'ai commis dans mon cœur.
0 Jésus, brisé par les plus cruelles souffrances, je repasse en mon esprit
l'affreuse tristesse de votre sainte âme, sur l'arbre de la croix,
lorsque votre Père céleste vous abandonna, et que vous fûtes en butte à
la cruauté et aux malédictions des hommes ; et lorsque je serai en proie
aux angoisses de la mort, je vous supplie d'offrir à votre Père céleste
cette tristesse de votre âme, pour tous les péchés que j'ai commis dans
la mienne.
PRIÈRE DE SAINT LÉON LE GRAND A JÉSUS IMPLORANT SON PÈRE
0
mon Jésus ! mon ame est accablée de douleur, quand je pense à cette
prière que vous adressâtes à votre Père céleste, lorsque prosterné dans
la poussière, vous lui dites : Père, s'il est possible, éloignez de moi ce calice
; cependant que votre volonté se fasse, et non la mienne. Et d'un autre
côté, mon âme est pénétrée de la plus vive reconnaissance, quand je
considère votre passion, à laquelle l'humanité tout entière, et ma
pauvre âme en particulier, doivent leur salut, et qui a commencé si
tristement au jardin des Oliviers. Les paroles de votre prière
m'annoncent assez la grandeur de votre accablement : mais aussi, c'est
en participant à notre faiblesse que vous l'avez guérie ; c'est en vous
soumettant à la crainte de la mort que vous l'avez chassée de nos cœurs.
Vous avez voulu éprouver cette frayeur qui nous fait tous trembler,
afin de prendre sur vous toutes nos misères, et d'affermir par la confiance en Dieu notre épouvante et nos incertitudes.
0
mon Jésus ! cette prière, dans laquelle vous soumettez entièrement
votre volonté à celle de votre Père céleste, répand en nous tous une
nouvelle vie. Elle contient de sublimes et magnifiques leçons pour tous
vos fidèles : elle est, pour vos confesseurs, la flamme de l'amour, et
la glorieuse couronne de vos martyrs. 0 mon Jésus ! qui pourrait
supporter les tempêtes des tentations, la haine de vos ennemis, les
persécutions du monde ; si dans les douleurs que vous avez voulu
souffrir pour nous, vous n'aviez crié vers votre Père céleste au nom de
tous vos fidèles ; Que votre volonté soit faite. Faites-nous
donc comprendre toujours plus clairement, à nous les enfants de votre
sainte Église, par quel prix inestimable nous avons été rachetés, et
comment vous nous avez justifiés sans aucun mérite de notre part. Alors,
si nous avons à supporter à cause de vous quelques tentations, ou
quelqu'autre persécuion, nous nous réfugierons à l'ombre de votre
protection toute-puissante, et nous appuyant sur votre prière, comme sur
un bâton , nous marcherons avec assurance ; et nous ne craindrons rien,
si vous nous communiquez votre soumission à Dieu, qui est notre vraie
et unique force. Amen.
VINGT-DEUXIÈME JOUR
PRIÈRE DE SAINTE MECHTHILDE
O
Jésus ! innocent agneau de Dieu, qui avez été attaché et avez souffert
pendant trois longues heures sur la croix : je vous remercie pour les
douleurs que vous avez ressenties pendant que l'on vous étendait avec
tant de cruauté sur ce bois d'ignominie ; daignez, je vous en supplie
par ces douleurs, me pardonner les péchés que j'ai commis contre vous
dans mes membres.
O Jésus! innocent agneau de Dieu, je vous remercie du fond de mon cœur pour les souffrances inexprimables que vous avez endurées
sur le Calvaire, pendant qu'on perçait de clous, et qu'on fixait à la
croix vos mains et vos pieds sacrés, de telle sorte que tous vos nerfs
en étaient ébranlés. Par ce martyre, et par les saintes plaies de vos
mains et de vos pieds, je vous supplie de les montrer et de les offrir à
votre Père céleste, pour tous les péchés dont mes mains et mes pieds
ont été l'instrument.
0
Jésus ! innocent agneau de Dieu, je vous rends grâces pour la soif
ardente que vous avez ressentie sur la croix, lorsque vous avez crié
d'une voix plaintive : J'ai soif ? Pour l'apaiser, on n'avait pas même
une goutte d'eau à vous offrir, mais seulement du vinaigre et du fiel.
Ah ! pauvre Jésus, abandonné des hommes, je vous prie de vouloir bien
présenter cette soif à votre Père céleste, pour tous les péchés que j'ai
commis en mangeant et buvant avec excès ou avidité.
0
Jésus ! innocent agneau de Dieu, méprisé, tourné en dérision par tous
les hommes, et ne trouvant personne pour vous consoler et vous soulager :
je déplore amèrement votre abandon si douloureux ; je voudrais avoir
été près de votre croix pour vous offrir mes services. Je vous rends
grâces pour tout ce que vous avez souffert pour mon salut, et je vous
offre mon cœur, pour qu'il puisse partager l'amertume dont le vôtre est
plein ; je veux, jusqu'à mon dernier soupir, souffrir par amour pour
vous tout ce que vous avez souffert vous-même, afin d'être toujours une
victime qui vous soit agréable. Amen.
PRIERE DE SAINT EPHREM
0
mon Sauveur crucifié, qui ne fermez à aucun pécheur la porte de vos
miséricordes, daignez jeter un regard favorable sur la prière que je
vous adresse, ouvrez-moi votre cœur, afin que j'y trouve le pardon de
tous mes péchés. Soyez mon rédempteur, ô Jésus, qui connaissez si bien
tous mes péchés ; et rachetez-moi par votre sang et vos plaies. Que
votre sainte croix me conduise dans toutes mes voies, et surtout
lorsqu'il me faudra franchir cet abîme effrayant, placé entre
cette vie et l'éternité : faites par votre sainte crois que je vienne à
vous, et que je contemple votre gloire, pour que je puisse pendant
toute l'éternité glorifier joyeusement votre grâce, qui m'a remis toutes
mes dettes, et pardonné avec tant de miséricorde. Amen.
PRIÈRE DE SAINT BONAVENTURE
O
mon Jésus ! je vous contemple à travers mes larmes, déposé de l'arbre
de la croix, après avoir accompli l'œuvre pénible de votre amour et de
votre obéissance. Oh ! si j'avais été cet arbre précieux, si vos mains
et vos pieds sacrés avaient été attachés à moi, j'aurais crié à ceux qui
venaient pour vous ôter : Jamais je ne
laisserai détacher de moi Jésus-christ mon Sauveur et mon maître ;
ensevelissez-moi donc avec lui, afin que je n'en sois plus séparé. Bon
Jésus, ce que je ne puis plus faire avec mon corps, je veux le faire en
esprit et dans mon cœur. C'est un bonheur céleste ici bas d'être
crucifié avec vous qui avez été crucifié pour moi. 0 plaies sacrées de
mon bon Sauveur ! je veux demeurer en vous désormais : c'est par votre
vertu que je veux me soutenir ; c'est par le remède que vous me procurez
que je veux guérir. Je veux me construire en vous trois demeures, l'une
dans les pieds, l'autre dans les mains, et la troisième, qui doit me
servir toujours de retraite et d'asile, dans la plaie sacrée
du cœur de mon Jésus. C'est là que je veux respirer, là que je veux
agir, là que je veux me reposer, là que je veux le prier, là que je veux
lui demander instamment sa grâce et sa bénédiction : et lui, si
miséricordieux, m'accordera certainement tout ce qui m'est salutaire.
Amen.
PRIÈRE DU B. LOUIS DE GRENADE
0
mon Jésus ! la mort vous a saisi sur la croix, et non contente de sa
victoire, elle vous a encore percé le cœur d'une lance ennemie : et de
cette plaie, le sang et l'eau ont coulé en abondance. Je vous salue avec
dévotion, sainte plaie de mon Jésus, qui blessez tous les cœurs des
fidèles d'amour pour lui, et qui êtes devenue
pour nous tous la porte par où nous pouvons entrer dans le cœur de notre
divin Sauveur. Oui, vous êtes la porte qui conduit à la véritable arche
d'alliance. C'est en vous que se réfugient tous ceux qui sont tentés ;
en vous que les âmes troublées trouvent leur consolation et les malades
leur guérison. C'est par vous que les pécheurs pénitents recouvrent les
joies célestes de la grâce : vous êtes le doux repos des exilés dans ce
triste pèlerinage qui doit les conduire à une patrie meilleure : vous
êtes le sanctuaire de la paix de Dieu, l'écrin des bénédictions de
l'Église, cette veine d'eau vive qui jaillit jusqu'à la vie éternelle.
Seigneur Jésus, ouvrez-moi
cette
porte, et recevez mon cœur dans cetle aimable demeure : que par elle
j'arrive jusqu'au sanctuaire le plus intime de votre amour ; et que là
je puisse boire à longs traits à cette source précieuse du salut, et
laver ma pauvre àme dans ce bain salutaire. Que mon âme, Seigneur,
repose toujours sur votre cœur sacré transpercé d'une lance, pour
oublier dans ce saint asile toutes les peines, tous les troubles et
toutes les douleurs de ce monde. Je choisis aujourd'hui cette plaie
salutaire, comme le lieu de mon action et de mon repos, afin de pouvoir
dire toujours avec le Prophète : C'est là ma demeure pour l'éternité
; ici je veux rester toujours, car c'est la retraite que j'ai choisie.
VINGT-TROISIÈME JOUR
PRIÈRE DE SAINT BERNARD
Lève
les yeux, ô mon ame, vers l'Homme-Dieu crucifié, et repasse en ton
esprit avec un amour compatissant les affreux supplices que ton maître a
soufferts dans son humanité : mais regarde en même temps sa majesté
suprême, et les merveilles de sa puissance ; car la sainte Écriture te
raconte que, de la sixième heure jusqu'à la neuvième, les ténèbres
couvrirent la terre, que le soleil s'obscurcit, que le voile du temple
se déchira depuis le haut jusqu'au bas, que la terre trembla, que les
rochers se fendirent, que les tombeaux-s'ouvrirent, et que les corps de plusieurs saints ressuscitèrent.
Prosterne-toi,
ô mon âme ! au pied de la croix, pour y adorer ton maître ; et crie
dans ton étonnement : Quel est donc celui que pleure le ciel et la
terre, et dont la mort rend la vie aux morts ? C'est le Seigneur notre
Dieu, Jésus-Christ ton Sauveur, le Fils unique et éternel de Dieu, Dieu
de Dieu, vrai Dieu et vrai homme en même temps, le seul sous le soleil
qui ait été trouvé juste, innocent et sans tache. Et pourtant, vois
comme il a été mis au nombre des malfaiteurs, et rejeté par la
synagogue. Est-il un spectacle plus déchirant que de voir ton Sauveur
souffrir sur la croix les plus affreux supplices ? Le vois-tu, les bras
étendus sur ce bois de malédiction, objet des insultes de tous les
méchants, et de la douleur de tous les fidèles, versant tout son sang
entre deux scélérats, et condamné à la mort la plus horrible par le
peuple qu'il avait choisi, et dont il méritait à tant de titres les
adorations et les hommages.
Puis,
demande-toi pourquoi Jésus a souffert ; il le sera répondu : Il
a été blessé à cause de nos péchés, et frappé à cause de nos crimes ; il
a élé mis à mort pour que nous recevions en lui la vie ; et il s'est
immolé lui-même pour nous à son Père comme une victime d'un parfum
agréable, pour détourner de nous la colère et la justice de son Père
irrité par nos péchés, et pour nous donner une
place au céleste royaume. Oh ! quel salut dans l'amour de Jésus pour
nous ! Les clous, la couronne d'épines, les plaies de Jésus, tout nous
crie que l'Homme-Dieu sur la croix est une victime plus que suffisante
pour notre rédemption. La douleur, traversant son corps sacré, pénètre
jusqu'à son cœur, afin qu'il lui soit impossible désormais de ne pas
avoir pitié de notre faiblesse : car sur toutes ses plaies nous pouvons
lire en caractères visibles pour tous les regards, que le Seigneur se
montre doux, bon et miséricordieux envers nous. Personne, en effet,
n'est plus miséricordieux que celui qui donne sa vie pour sauver des malheureux condamnés à la mort éternelle.
0
Dieu ! Père céleste, soyez-nous propice et miséricordieux, par le sang,
par les plaies et la mort de votre Fils unique sur la croix. Mettez
dans une balance, ô Dieu clément ! tous les péchés qui nous ont attiré
votre colère, et dans l'autre toutes les douleurs que votre Fils
innocent a souffertes pour nous, le côté qui inclinerait votre
compassion vers nous l'emporterait certainement sur celui qui tendrait à
retenir vos miséricordes dans votre colère. Que chaque langue vous
loue, ô bon Père, pour la plénitude de votre amour envers nous ; puisque
vous n'avez pas épargné le Fils unique de votre
cœur, mais que vous l'avez livré à la mort pour nous tous, afin qu'il
soit dans le ciel notre fidèle avocat auprès de vous.
Et
vous, ô Jésus ! que ferai-je pour vous rendre de dignes actions de
grâces, moi qui ne suis qu'une pauvre créature, qu'une vile poussière ?
Depuis la plante des pieds jusqu'à la tête, vous vous êtes enfoncé dans
l'abîme de la souffrance, afin de me tirer entièrement de l'abîme du
péché ; et les flots de la douleur ont pénétré jusqu'en votre âme. Je ne
trouve rien que l'homme puisse vous rendre : car lors même que j'aurais
à ma disposition le ciel et la terre avec toute leur magnificence, que
serait-ce en comparaison de tout ce que vous avez fait pour moi ? C'est donc
à vous, Seigneur, de me donner miséricordieusement ce que je dois vous
rendre pour vos bienfaits, et de m'apprendre encore comment je dois vous
le rendre. Je veux vous aimer, Seigneur, de tout mon cœur, de toute mon
âme et de toute ma force ; je veux marcher sur vos traces, ô vous qui
vous êtes abaisse jusqu'à mourir pour moi. Et tout cela encore, comment
le pourrai-je faire, si ce n'est par vous seul avec le secours de votre
grâce ?
0
mon Sauveur et mon Dieu, je vous adore comme mon vrai Dieu; j'ai
confiance en vous, et mon âme soupire vers vous de toute sa puissance ;
aidez mon imperfection. Je me prosterne devant les glorieux instruments
de votre passion, par lesquels vous avez opéré
mon salut. J'honore en votre nom, ô Jésus, le royal étendard de votre
croix, votre couronne d'épines, les clous tout rougis de votre sang, la
lance qui a percé votre côté sacré, vos plaies, votre sang, votre mort
et votre tombeau ; car de toutes ces choses il me vient comme un souffle
de vie qui anime mon âme. Réveillez-moi de la mort où je sommeille ;
préservez-moi des artifices du démon ; fortifiez-moi, afin que le joug
de vos commandements me soit léger, et que le fardeau de votre croix que
vous m'avez commandé de porter me soit doux, afin qu'à votre exemple je
supporte avec un courage invincible les épreuves si nombreuses de ce
monde de misère. Amen.
VINGT-QUATRIÈME JOUR
PRIERE DE SAINT EPHREM
Jr me
prosterne à vos pieds, ô mon divin Sauveur, je vous adore, vous loue,
je vous bénis, et vous implore. Je vous glorifie, ô Jésus ! parce
qu'étant le Fils unique de Dieu, le maître de toutes choses, la pureté
et la sainteté même, vous vous êtes livré à la mort, et à la mort de la
croix, pour moi, et pour tous les autres pécheurs ; afin de délivrer nos
âmes des liens du péché. Vous êtes éternel, inaccessible à tout esprit
créé ; vous vous suffisez parfaitement à vous-même : et cependant vous
avez daigné mourir sur la croix pour nous pécheurs, qui ne nous
connaissions point, afin d'éclairer notre esprit des lumières de
l'intelligence et de la science. Que pourrions-nous vous rendre pour un
si grand bienfait, nous qui sommes pécheurs, non-seulement par la
condition de notre nature, mais encore par un acte libre de notre
volonté ? Vous êtes toujours le même, Seigneur, toujours bon et
miséricordieux, toujours riche en bénédictions, toujours glorieux,
toujours patient pour supporler nos crimes, tant est grande la multitude
des miséricordes que vous avez répandues sur nous.
Votre amour, votre miséricorde et votre grâce vous ont vaincu, ô mon Dieu, et vous ont fait entreprendre l'œuvre
pénible de votre rédemption : il est donc bien juste que nous
proclamions ce bienfait en votre présence. Si vous n'aviez été vaincu, O
Sauveur, par vos miséricordes, vous ne vous seriez jamais offert comme
victime d'expiation pour tous les pécheurs. Aussi, l'âme de votre
serviteur est enivrée, rafraîchie, éclairée et fortifiée par votre grâce
et votre amour. 0 mon Jésus ! Fils unique de Dieu, splendeur du Père
éternel, qui habitez dans une lumière inaccessible, et illuminez de
votre grâce le monde entier : dissipez les ténèbres qui obscurcissent
mon esprit ; que vos grâces et vos miséricordes l'éclairent, afin qu'il
ne soit pas entièrement aveuglé par les artifices du démon : car il
est bien faible, Seigneur, ressemble à ces arbustes nouvellement
plantés : et de même que ceux-ci ont besoin d'être arrosés par une eau
pure, et rafraîchis par les vents les plus doux : ainsi mon âme a besoin
dans sa faiblesse d'être éclairée et fortifiée par votre grâce. Le
calice de votre sang précieux est plein de lumière et de vie : donnezle
moi, mon doux Sauveur. Mais moi, pauvre pécheur, que vous donnerai-je ?
Que mon cœur devienne votre temple, et que ma vie soit un psaume en
votre honneur.
Louange
et gloire à vous, ô doux ami du genre humain : gloire à vous , ô
miséricordieux : gloire à vous, ô patient : gloire à vous, qui nous
pardonnez tous nos péchés : gloire à vous, qui
êtes venu pour nous racheter : gloire à vous qui avez pris chair dans le
sein d'une Vierge : gloire à vous, qui avez été lié comme un malfaiteur
: gloire à vous, qui avez été flagellé : gloire à vous, qui avez été
rassasié d'opprobres : gloire à vous,qui avez été enseveli : gloire à
vous, qui êtes ressuscité et monté aux cieux : gloire à vous, qui êtes
assis à la droite de votre Père, et qui viendrez pour juger les âmes qui
auront rendu par leur vie votre passion inutile. Ah ! dans cette heure
d'épouvante et d'horreur, lorsque les vertus des cieux seront ébranlées,
lorsque les chœurs des anges, des archanges, des chérubins et des
séraphins paraîtront devant votre face, dans un saint
tremblement, lorsque la terre chancellera sur ses bases, et que tout ce
qui vit frissonnera de terreur devant votre gloire incomparable : à
cette heure, cachez-moi dans votre main, et sauvez mon âme du feu
dévorant, du grincement des dents, des ténèbres et des pleurs éternels ;
et que je puisse chanter avec les élus Gloire à vous, ô Sauveur des
pécheurs, à cause de vos miséricordes infinies. Amen.
PRIÈRE DE SAINT AUGUSTIN
Qu'avez-vous
fait, ô bon Jésus ! pour être condamné ? Quel crime avez-vous commis
pour être traité aussi indignement ? Ah ! c'est moi qui suis la cause de
vos souffrances et de votre mort. Je suis le pécheur pour qui vous avez
donné voire vie ; je suis le crime qui devait être expié par votre
mort. C'est moi qui ai ouvert les plaies dont votre corps est couvert.
Que ce châtiment est merveilleux ! Quel mystère dans ce décret qui
demande votre mort comme prix de ma rédemption ! Le méchant pèche, et
l'innocent paie son péché : l'impie se révolte contre Dieu, et le juste
est condamné : le saint souffre ce que le pécheur méritait : le maître
paie les dettes du serviteur. Quelle humilité, quel abaissement, ô Fils
de Dieu ! Où vous a emporté votre amour ? A quelle extrémité vous ont
entraîné votre miséricorde et votre bonté ? Jusqu'à quel excès vont
votre amour et votre compassion ? J'ai transgresse vos commandements, et
pour cela vous êtes attaché à la croix. J'ai rassasié mes désirs, des
clous ont déchiré votre chair : parce que j'ai goûté le fruit du péché,
il a fallu que vous fussiez abreuvé d'un fiel amer : une Ève m'a donné
un sourire approbateur, Marie a fondu en larmes devant vous. 0 roi de
gloire ! quand je mets ainsi en présence ma malice et votre miséricorde,
mon injustice et votre justice, comme ce rapprochement fait ressortir
clairement l'une et l'autre !
Mon
Seigneur et mon Dieu ! comment reconnaître les œuvres de votre amour
pour moi ? Il n'y a point de cœur d'homme qui puisse suffire à une telle
tâche. Vous pouvez néanmoins, ô Fils de Dieu,
aider en quelque chose mon impuissance, en touchanl mon âme de votre
grâce, et en lui donnant la force de crucifier sa chair avec ses
convoitises. Si vous m'accordez cette grâce, je prends aussitôt ma croix
et je marche sur vos traces, puisque vous vous êtes abaissé jusqu'à
mourir sur la croix pour mes péchés. Et après avoir vaincu avec votre
secours l'homme intérieur, je pourrai affronter les ennemis extérieurs,
et regarder sans trembler le glaive dont ils me menaceraient. Faites
donc couler dans mes blessures, ô bon Jésus ! ce remède céleste, afin
que le venin du serpent infernal perde sa vertu , et que je recouvre ma
santé première ; que, plein du sentiment
de votre douceur, je méprise sincèrement tous les plaisirs du monde, et
que je ne craigne aucune souffrance pour vous. Ne me laissez rien, je
vous en supplie, qui me soit aimable, agréable, rien qui me soit
précieux, rien qui ait de l'attrait pour moi sans vous : que tout sans
vous me soit petit et sans valeur : que toute joie qui ne vous a pas
pour objet me soit une peine, et que toute souffrance pour vous me soit
une joie; que votre nom me soit un rafraîchissement, et que votre
souvenir me soit une consolation.
Pour
racheter le monde, ô Jésus vous avez pris la nature humaine ; vous vous
êtes soumis à la circoncision ; vous avez été rejeté par les Juifs,
trahi par Judas, et livré à vos ennemis par un baiser ; vous vous êtes
laissé lier de cordes, et conduire au supplice comme un innocent agneau ;
vous avez comparu devant Anne, Caïphe , Pilate et Hérode ; vous avez
été accusé par de faux témoins, flagellé, outragé, conspué, couronné
d'épines, frappé d'un roseau sur la tête ; vos yeux ont élé voilés,
votre corps mis à nu, cloué et élevé sur la croix ; vous avez été mis au
nombre des scélérats, abreuvé de fiel et de vinaigre et percé d'une
lance. Ah ! Seigueur, par toutes ces saintes et cruelles souffrances que
j'honore en ce moment, par votre sainte croix et votre mort sanglante,
délivrez-moi, je vous en supplie, des peines éternelles de l'enfer, et conduisez-moi où vous avez conduit le bon larron qui était crucifié avec vous. Amen.
Les prières suivantes sont tirées du Paradis de l'Ame chrétienne, de Merlo-Hestius, clition de Cologne, année 1644.
VINGT-CINQUIÈME JOUR
Sept actions de grâce aux sept effusions du sang de Jésus-Christ.
0
mon bon maître et Sauveur Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme,
louanges et actions de grâces vous soient rendues, de ce que dans votre
première enfance, le huitième jour de votre vie mortelle, vous avez
daigné répandre jour nous votre sang précieux et innocent, et subir,
comme un véritable enfant d'Abraham, les
douleurs de la circoncision. Par cette sainte effusion de votre sang, je
vous demande la grâce de l'humilité, pour me défendre de tout orgueil
et de toute vanité du siècle.
0
bon Jésus , vrai Dieu et vrai homme, louanges et actions de grâces
éternelles vous soient rendues, pour cette sueur sanglante que vous
daignâtes répandre pour nous au jardin des Oliviers ; lorsque votre âme,
plongée dans une profonde angoisse, prit généreusement la résolution de
mourir pour nous. Par cette sainte effusion de votre sang, je vous
demande la grâce de la libéralité, pour me défendre de toute cupidité et
avarice.
O Jésus ! chaste époux, vrai Dieu et
vrai homme, louanges et actions de grâces éternelles vous soient
rendues, de ce que dans le prétoire de Pilate vous avez soufiert qu'on
vous attachât à une colonne, et qu'on déchirât de coups de fouets votre
chair virginale. Par cette sainte effusion de votre sang, je vous
demande la grâce de la chasteté, pour me défendre contre tous les vices
qui pourraient souiller mon âme.
Divin
Jésus, très-doux agneau, vrai Dieu et vrai homme, louanges et
éternelles actions de grâces vous soient rendues, de ce que vous avez
souffert qu'on couronnât votre tête d'épines, et qu'on la frappât
cruellement d'un roseau. Par cette sainte effusion de votre sang, je
vous demande la grâce de la douceur contre la colère et tout désir de vengeance.
Divin
Jésus, vrai Dieu et vrai homme, louanges et éternelles actions de
grâces vous soient rendues, pour les cruelles souffrances que vous avez
endurées, soit avant, soit après avoir porté votre croix, lorsqu'on vous
dépouilla de vos vêtements, collés par le sang sur votre corps
adorable. Par cette sainte effusion de votre sang, je vous demande la
grâce de l'abstinence et de la sobriété, contre l'intempérance et la
gourmandise.
Divin
Jésus, vrai Dieu et vrai homme, charitable Samaritain, louanges et
éternelles actions de grâces vous soient rendues, de ce que par amour
pour nous, afin de nous racheter, vous avez souffert qu'on perçât
cruellement, et qu'on attachât à la croix vos mains et vos pieds
adorables. Par cette sainte effusion de votre sang, je vous demande la
grâce de la charité fraternelle contre toute inimitié et toute envie.
0
souverain Prêtre, divin Jésus, vrai Dieu et vrai homme, louanges et
éternelles actions de grâces vous soient rendues, de ce que vous avez
souffert qu'on perçât d'une lance votre côté sacré. Par cette sainte
effusion de votre sang, je vous demande instamment la grâce de la
ferveur, et d'un saint zèle qui me préserve de toute langueur et du
toute paresse dans votre service, et dans mes exercices de piété. Amen.
VINGT-SIXIÈME JOUR
Offrande à Dieu le Père des cinq Plaies du Sauveur.
Père
très-clément, Dieu éternel, je vous offre, pour mes péchés et ceux du
monde, votre Fils unique et bien aimé suspendu à la croix ; je vous
offre les plaies sacrées qu'il a reçues pour nous ; je vous offre aussi
sa passion, ses douleurs, ses angoisses, ses accablements, son sang et
sa mort : et dans cette ardente charité par laquelle il s'est offert
pour nous sur l'autel de la croix, je me donne, me livre et me consacre
pour toujours avec lui à votre service, pour la gloire de votre divine majesté. Amen.
Père
trés-clément, je vous offre la plaie, le sang, les fatigues et les
douleurs de la main droite de votre Fils unique, contre mes
désobéissances et mes révoltes, et je vous supplie instamment de
m'accorder par lui l'esprit d'une parfaite obéissance, afin que
j'accomplisse votré bon plaisir aussi promptement que l'ombre suit le
mouvement du corps, et qu'en toutes choses j'aimé, je cherche et
j'exécute votre sainte volonté. Âmen.
Père
très-clément, je vous offre la plaie sacrée, et les souffrances de la
main gauche de votre Fils Unique, et sa profonde humilité, contre mon
orgueil, ma vanité, et tous les autres péchés
qui découlent de cette source empoisonnée ; et je vous conjure, par la
vertu de cette sainte plaie, d'arracher en moi, et de dissiper toute
vanité et toute enflure de l'esprit ; afin que, connaissant parfaitement
ma bassesse, je puisse vous servir avec joie dans une sincère humilité,
à travers les mépris et l'ignominie. Amen.
Père
très-clément, je Vous offre la plaie, le sang, les souffrances et les
tourments du pied droit de votre Fils unique, et son admirable patience,
contre mon impatience et ma pusillanimité ; el je vous supplie de
m'accorder, par cette sainte plaie, une constance généreuse, et une
patience invincible, qui me fassent recevoir avec actions de
grâces, supporter avec fermeté, et surmonter avec courage les
contradictions, les peines, les incommodités et tous les maux de cette
vie; afin que, dans toutes les circonstances et dans tous les
événements, je me jette, moi et tout ce qui m'appartient, avec une
confiance et une résignation parfaite dans les bras de votre Providence.
Père
très-clément, je vous offre la plaie sacrée du pied gauche de votre
Fils unique, et son ineffable miséricorde, contre ma dureté, mes
jalousies; et je vous supplie de tirer pour moi de cette blessure, comme
d'un précieux écrin où sont renfermées toutes les vertus, des
sentiments de miséricorde, de pitié, de compassion et de douceur, sur
tout envers ceux qui m'ont offensé et blessé ; afin que, dans leurs
nécessités, j'aie pour eux une charilé sincère, que je leur porte
secours avec promptitude et joie, et que je supporte, dans un esprit de
douceur, leurs défauts et leurs faiblesses.
Père
très-clément, je vous offre la plaie du cœur et du côté de votre Fils
unique, et l'ardente charité dont il a brûlé pour vous et pour nous en
même temps. Je vous fais cette offrande contre la paresse, la langueur
et la tiédeur dont je me suis rendu coupable dans votre service, vous
suppliant de répandre en mon âme, du fond de cette source abondante de
grâce, le zèle de votre culte et de votre gloire ; afin que vous aimant
de tout mon cœur, et sanctifiant votre nom dans
toutes mes œuvres, je ne pense qu'à vous, ne soupire qu'après vous, ne
désire de plaire ou ne craigne de déplaire qu'à vous, et que j'emploie
joyeusement toute ma vie au service de votre gloire. Amen.
Recevez,
Seigneur, cette offrande que je vous fais des plaies sacrées de votre
Fils unique, qui sont à la fois, et le remède de nos âmes, et les
monuments de votre amour. Faites, par ces plaies sacrées, que je vive et
que je meure sous leur protection et sous leur abri, jusqu'à ce que je
mérite de les contempler avec tous les élus dans la gloire, et de vous
rendre, à cause d'elles, d'éternelles actions de grâces. Amen.
VINGT-SEPTIÈME JOUR
Prière aux cinq Plaies du Sauveur.
Salut,
plaie bénie de la main droite de mon Jésus crucifié, de laquelle coule
un sang abondant pour mon salut et celui de tous les hommes.
Protégez-moi, Seigneur, et sauvez-moi par votre droite : qu'elle frappe
l'ennemi infernal, afin qu'il ne puisse se glorifier d'avoir eu
l'avantage sur celui que vous avez racheté de votre sang. Que votre
droite me conduise merveilleusement, afin que mes pensées, mes paroles
et mes actions tendent toujours vers vous comme vers
mon but et ma fin dernière. Faites que je porte toujours une lampe
ardente entretenue par l'huile de la charité, afin que je mérite d'être
admis aux noces célestes : et lorsque vous viendrez juger le monde,
faites que, placé à votre droite, je mérite d'entendre avec vos élus ces
paroles
: Venez, les bénis de mon Père, recevoir le royaume qui vous a été préparé dès la création du monde. Amen.
Salut,
bienheureuse plaie de la main gauche de mon Sauveur Jésus-Christ, tout
empourprée de son sang précieux. Daignez, Seigneur, lever le bras, et,
d'un coup de votre main puissante, dissiper les entreprises injustes et
perverses de ceux qui me veulent du mal. Réprimez les
forces des ennemis qui cherchent mon âme. Protégez-moi, assistez-moi
dans mes tribulations et mes adversités, et délivrez-moi
miséricordieusement de tous les maux passés, présents et futurs.
Arrachez-moi des mains de ceux qui me persécutent et qui me haïssent
sans cause. Dites à mon àme : Je suis ton salut. Que ceux qui cherchent à
me perdre soient perdus eux-mêmes, afin qu'étant délivré de la main de
mes ennemis, je vous serve dans la justice et la sainteté tous les jours
de ma vie. Amen.
Salut,
plaie gracieuse du pied droit de mon Sauveur Jésus, arrosé du sang de
l'agneau sans tache qui efface les péchés du monde. Donnez, Seigneur, à
mes pieds la rapidité dos pieds du cerf ; afin que je parcoure d'une
course infatigable la voie de vos commandements et que je cherche
toujours ce qui plaît à votre divine volonté. Conduisez mes pas dans
votre loi et dans les œuvres de vos préceptes, afin que j'avance de
vertu en vertu, jusqu'à ce que je voie le Dieu des dieux dans Sion. Que
votre parole soit pour mes pieds une lumière qui éclaire toutes mes
voies, afin que je puisse donner à mon prochain de saints exemples, et
procurer ainsi votre gloire, O mon Dieu ! maintenant et toujours. Amen.
Salut, plaie vénérable du pied gauche de mon Seigneur JésusChrist, teinte de son sang précieux.
Tirez, Seigneur, mes pieds du filet que mes ennemis m'ont tendu ;
gardez mon âme de la chute pour que je ne devienne pas la proie de mes
ennemis. Que je ne marche point orgueilleusement ; que mon cœur ni mes
yeux ne s'élèvent point : que je n'affecte point une grandeur
orgueilleuse, mais que je marche devant vous toute ma vie dans la
simplicité de mon cœur. Conduisezmoi, Seigneur, dans les sentiers de la
justice ; enseignez-moi vos voies, afin que je sache ce qui vous est
agréable en tout lemps, et que j'accomplisse tous vos préceptes.
Salut,
plaie salutaire du cœur et du côté de mon Seigneur JésusChrist, percé
par la lance cruelle d'un soldat, et d'où coulent en abondance
le sang et l'eau, pour laver nos péchés. Blessez mon cœur, je vous en
supplie, d'un trait de votre amour, afin qu'il vous honore et vous
vénère en tout et par-dessus toutes choses, et que j'aime à cause de
vous mon prochain d'un amour fraternel. Purifiez mon cœur par ce sang
précieux et cette eau salutaire ; afin que, lavé de toute souillure, je
mérite de vous contempler pendant toute l'éternité, vous, ô Dieu mon
Sauveur, dont la vue est le privilège de ceux qui ont le cœur pur. Amen.
VINGT-HUITIÈME JOUR
Prière aux cinq Plaies de Jésus pour les besoins de l'Eglise.
Seigneur,
qui voulez, non la mort, mais le repentir des pécheurs, regardez d'un
œil propice votre peuple qui se réfugie d'un cœur contrit dans vos
saintes plaies, et les honore avec dévotion. Daignez éloigner de lui les
guerres, la faim, la peste, et tous les autres fléaux de votre colère.
Seigneur,
qui ne méprisez point le gémissement d'un cœur contrit, et qui ne
repoussez point les soupirs des opprimés, et les désirs de ceux que la
douleur accable, écoutez les prières que nous
adressons à vos saintes plaies dans nos tribulations ; et les recevant
avec clémence, détruisez et rendez inutiles tous les pièges que nous
tend la malice des démons et des hommes ; afin que, n'étant blessés par
aucune tentation, nous soyons délivrés de toute tribulation et de toute
angoisse, et que nous vous rendions grâces dans votre Église, ô Seigneur
notre Dieu.
Pardonnez-nous
nos péchés, Seigneur, et tirez de vos saintes plaies le remède que nous
implorons de votre miséricorde. Considérez notre humiliation et nos
souffrances. Éloignez de nous les calamités qui nous affligent : exaucez
dans votre clémence les prières que nous vous adressons, et nous
couvrant du bouclier de vos saintes plaies, gardez-nous de tout mal.
Dieu
miséricordieux, qui ne vous souvenez plus des iniquités du pécheur
converti, mais qui écoutez favorablement ses gémissements : jetez les
yeux sur tous ces temples, ces autels, ces lieux saints consacrés
autrefois à votre nom, et profanés aujourd'hui par les abominations des
hérétiques. Souvenez-vous de votre héritage acquis par vos plaies
sacrées, et par l'effusion de votre précieux sang : visitez avec soin
votre vigne que le sanglier s'efforce de ravager : fortifiez de votre
vertu ceux à qui vous l'avez confiée, contre la fureur de vos ennemis :
donnez-leur la victoire, et récompensez leurs travaux par la possession du royaume éternel.
Seigneur,
qui dissipez les guerres, et prenez parti pour ceux qui espèrent en
vous, contre leurs ennemis, secourez vos fidèles qui implorent la
protection de vos plaies adorables ; afin qu'ayant abattu l'orgueil de
nos ennemis, et ayant dissipé toutes leurs hostilités, nous vous
rendions d'éternelles actions de grâces, ô Dieu qui vivez et régnez avec
Dieu le Père, dans l'unité du Saint-Esprit, pendant tous les siècles
des siècles. Amen.
Prière aux cinq Plaies de Jésus.
Très-doux Jésus, par la plaie salutaire de votre pied droit, pardonnez-moi
je vous prie tous les péchés que j'ai commis contre vous par pensées.
Que les mérites infinis de cette plaie sacrée suppléent toutes les
bonnes pensées auxquelles j'ai négligé de consentir jusqu'ici, afin qu'à
l'avenir je ne désire, et ne cherche, et ne trouve que vous, ô mon
souverain bien, objet de tout mon amour. Amen.
Três-doux
Jésus, par la plaie sacrée de votre pied gauche, pardonnez-moi, je vous
prie, tous les péchés que j'ai commis, en abusant contre votre sainte
volonté de mes sens intérieurs ou extérieurs. Réprimez-les à l'avenir
par le frein de votre crainte salutaire ; afin que, mort au monde et à
toutes les créatures, je ne sente et ne désire que vous,o mon Dieu, crucifié pour moi. Amen.
Très-doux
Jésus, par la plaie sacrée de votre main droite, pardonnez-moi , je
vous en supplie, toutes les mauvaises actions dont je me suis rendu
coupable jusqu'ici, et daignez réparer par vos mérites infinis tous les
péchés d'omission que j'ai commis par une négligence volontaire : faites
que j'implore plus utilement à l'avenir, avec le secours de votre
grâce, les talents que vous m'avez confiés. Amen.
Très-doux
Jésus, par la plaie de votre main gauche, pardonnez-moi les mouvements
d'impatience et de colère où je me laisse aller souvent à la moindre
occasion : et faites que je tire de cette plaie sacrée le remède d'une
patience inébranlable dans toutes les
contrariétés qui m'arriveront, afin que je mérite de posséder la terre
des vivants, promise à ceux qui sont doux. Amen.
Très-doux
Jésus, par la plaie sacrée de votre cœur, daignez me pardonner tous les
péchés que mon cœur a commis par une volonté perverse ou une intention
coupable : et daignez enter mon cœur fragile sur votre divin cœur, de
telle sorte qu'il ne sente et ne désire que ce que vous sentez et
désirez vous-même ; et que, se reposant en vous, il persévère
constamment dans le bien jusqu'à la mort. Amen.
VINGT-NEUVIÈME JOUR
Prière à Jésus souffrant.
0
Jésus Christ, mon unique Sauveur, que votre douloureuse passion et
votre mort cruelle ne soient point privées de leurs fruits et ne
deviennent point inutiles en moi, misérable pécheur. Par toutes vos
ignominies, par votre mort très amère et la plaie de votre coeur,
accordez-moi vôtre grâce, maintenant et à l'heure de ma mort. Amen.
0
Jésus crucifié, Sauveur du monde, placez entre votre justice et ma
pauvre âme toutes vos douleurs, votre sang précieux, votre mort et
toutes vos miséricordes. Amen.
0
bon Pasteur, qui nourrissez et lavez vos brebis de votre sang précieux,
que l'abondante effusion de cet adorable sang et toute votre passion
soient, pour moi et pour tous les pécheurs, une source de consolation et
de salut. Amen.
0
innocent Agneau de Dieu, qui, par votre croix et votre mort, effacez
les péchés du monde, je vous en supplie, par votre innocence, par les
tourments, les peines et les angoisses de votre cœur sur la croix,
pardonnez-moi au jour de votre redoutable jugement, et ayez pitié des
morts et des vivants. Amen.
0
divin Fils, obéissant à Dieu votre Père ! qui avez bu avec tant de
courage et de joie le calice de votre cruelle passion, et qui, dans
votre soir, n'avez eu pour breuvage que du fiel
et du vinaigre, faites, par toutes vos souffrances et vos plaies, que je
sois doux, patient et obéissant au Père éternel jusqu'à la mort. Amen.
0
Jésus, souverain Prêtre, qui avez offert à votre Père une victime pure
et souverainement efficace pour réconcilier à Dieu les pécheurs, faites,
par les mérites infinis de votre vie, de votre passion et de votre
mort, que je meure au monde et ne vive que pour vous, et que j'expire en
paix. Amen.
0
Jésus de Nazareth, roi des Juifs, par la glorieuse victoire que vous
avez remportée sur la croix contre vos ennemis et les nôtres, gardezmoi
de mes ennemis, préservez de tout danger mon âme et mon corps, donnez
à votre église la paix et la concorde, aux défunts le repos et le
pardon , aux pécheurs le repentir et l'indulgence, à tous la grâce et la
miséricorde. Amen.
Prière à Jésus-Christ, pour obtenir la dévotion à ses saintes Plaies.
0
Jésus, doux époux des âmes saintes, allumez, je vous prie, dans mon
cœur, votre amour et celui de vos plaies sacrées afin que je vous aime
de toutes les forces de mon âme. Visitez-moi miséricordieusement, et
enivrez de votre grâce mon âme qui soupire ardemment après vous. 0 feu,
dont les ardeurs sont douces, la lumière intime, et les flammes
puissantes, remplissez toute mon âme du souvenir assidu de
vos saintes plaies ; afin que je n'aie faim et soif que de vous, qui
avez souffert pour moi, que je soupire ardemment après vous, et que je
désire de voir votre face adorable. Amen.
Aimable
Jésus, transpercez le fond le plus intime de mon âme des traits doux et
pénétrants de votre charité, afin qu'elle soit blessée et languissante
d'amour pour vous et vos saintes plaies, et que, dilatée par la charité,
elle passe tout entière en vous et vous soit inséparablement unie.
Amen.
Seigneur,
séparez mon âme de toutes les choses qui sont sous le ciel, afin
qu'elle ne s'applique qu'à vous et aux blessures que vous avez reçues
pour moi, et que vous seul l'occupiez comme véritable et légitime
possesseur. Que le souvenir de votre passion et de votre mort descende
en elle avec l'ineffable parfum de votre charité, et qu'il y éveille de
pures et célestes inspirations, afin qu'elle soupire après vous, comme
le cerf après une source d'eau vive. Amen.
Seigneur
Jésus, faites que, brùlaut d'amour pour vos plaies sacrées, je vous
aime de tout mon cœur, comme vous m'avez aimé vous-même. 0 unique salut
de mon âme, que je vous aime autant que je le puis, vous qui m'avez aimé
le premier et qui avez donné votre vie pour moi ; faites, par votre
mort et vos blessures, que je vive en vous. Amen.
0 Jésus, aimable époux des âmes fidèles,
dont les plaies sont autant de témoignages de votre amour pour moi,
écrivez et gravez profondément dans mon cœur l'amour de ces plaies
sacrées ; afin que, ne les perdant jamais de vue, je brûle toujours de
désir et d'amour pour vous, jusqu'à ce que, pleinement absorbé dans
l'océan de votre bonté, je mérite de contempler toujours dans le ciel
votre majesté divine, et la gloire de vos plaies adorables.
TRENTIÈME JOUR
Prière aux cinq Plaies de Jésus, pour demander le pardon des péchés.
Je
vous adore, ô miséricordieux Jésus ! et vous rends grâces pour les
outrages, les persécutions, les travaux et les fatigues que vous avez
soufferts pour mon salut : et je les dépose dans la blessure salutaire
de votre pied droit ; afin que vous les offriez au Père céleste pour mes
péchés, en union de votre charité divine, qui vous a fait supporter
pour notre salut toutes ces choses et bien d'autres encore. Amen.
Je vous adore, o bon Jésus ! et vous rends grâces pour les opprobres,
les dérisions, les mépris et les divers outrages que vous avez
soufferts pour notre salut. Je les dépose dans la plaie salutaire de
votre pied gauche ; afin que vous les offriez pour mes péchés à votre
Père céleste, en union de l'ardente charité qui vous les a fait
supporter. Amen.
Je
vous adore, ô clément Jésus ! et vous rends grâces pour les douleurs,
les peines, les tourments, les plaies et les meurtrissures que vous avez
soufferts par amour pour moi. Je les dépose dans la plaie sacrée de
votre main droite : afin que vous les offriez pour mes péchés à votre
Père céleste, en union de la divine charité qui vous les a fait endurer
pour notre salut. Amen. Je vous adore, O doux Jésus et vous
rends grâces pour toutes les gouttes de votre précieux sang que vous
avez répandues pour moi dans votre cruelle passion. Je les dépose dans
la plaie sacrée de votre main gauche, afin que vous les offriez pour mes
péchés à votre Père céleste, en union de l'ardente charité qui vous les
a fait verser pour notre salut. Amen.
Je
vous adore, O très-patient Jésus ! et vous rends grâces pour tous vos
gémissements, vos soupirs, vos défaillances de cœur ; pour les sueurs et
les larmes que vous avez répandues pour nous ; pour la mort cruelle que
vous avez soufferte à cause de moi. Je dépose tout cela dans la plaie
sacrée de votre cœur et de votre côté ; afin que vous l'offriez pour mes
péchés à votre Père céleste, en union de l'immense charité qui vous l'a
fait souffrir pour le salut du genre humain. Amen.
Recommandation de l'âme aux Plaies de Jésus.
Aimable
Jésus, j'offre de tout mon cœur à la plaie sacrée de votre pied droit
tout ce qui m'arrivera d'heureux et d'agréable dans cette vie, par le
dessein de votre charitable providence : je l'offre et l'unis à votre
divine volonté, ainsi que toute ma personne, afin qu'aucune tentation ne
puisse jamais me séparer d'elle.
Aimable Jésus, dans la plaie sacrée de votre pied gauche, je dépose toutes les tribulations, les adversités,
les angoisses et les amertumes que je souffrirai pendant tout le cours
de ma vie, par l'ordre ou la permission de votre divine Providence. Je
les unis à vos douleurs très amères, ne désirant qu'une chose, c'est que
ces tribulations lé gères et passagères produisent pour moi dans les
cieux un poids éternel de gloire.
Aimable
Jésus, dans la plaie sacrée de votre main droite, je dépose toutes les
actions que je ferai par votre grâce pendant ma vie. Je les consacre à
votre honneur et à votre gloire, de telle sorte que le mérite n'en
puisse être diminué par la vaine gloire, mais qu'elles me procurent au
ciel une récompense entière et abondante
Aimable
Jésus, dans la plaie sacrée de votre main gauche, je plonge tous mes
péchés et mes vices, vous suppliant instamment de les effacer et les
détruire par le sang adorable que vous avez versé pour nous, de telle
sorte qu'il ne m'accuse point à votre tribunal, ô juste Juge, et qu'il
ne demande point contre moi une sentence de condamnation.
Aimable
Jésus, dans la plaie sacrée de votre cœur, je dépose et confie mon cœur
avec tous ses désirs et ses affections, afin que votre divin amour le
pénètre, et l'attire tellement qu'il ne s'écarte plus jamais le moins du
monde de vos saints commandements. Amen.
TRENTE-UNIÈME JOUR
PRIÈRE DU CARDINAL SADOLET
0
chère croix où le Fils de Dieu a daigné mourir pour que je puisse
recouvrer la vie ! croix chère à tous ceux qui souffrent et qui
languissent sous le poids de leurs péchés ! ô vous qui offrez à tous un
secours et un appui dans le triste pèlerinage de cette vie ! je viens à
vous, infirme et suppliant : j'implore votre secours, et veux par vous
être réconcilié au Seigneur mon Dieu. Mes péchés sont grands et
nombreux, mais ils sont bien au-dessous de la miséricorde de ce mort
adorable et vivant éternellement, que vous avez le
bonheur de porter. Car c'est lui qui nous a donne pour notre salut, à
moi et à tous ceux qui, comme moi, sont courbés sous le poid de leurs
péchés, son corps, son sang et sa vie. C'est lui qui a pris sur soi pour
nous les châtiments que nous méritions. 0 malheureux que je suis !
aucun châtiment ne serait trop grand pour moi, si je ne trouvais mon
salut dans celui-là même que j'ai offensé. 0 chère croix, inclinez un
peu vers moi celui que vous portez, afin que je puisse du moins toucher
et embrasser ses pieds. Il ne s'y opposera pas, il ne refusera point mes
embrassements, quelque pécheur, quelque souillé que je sois.
0
pieds ! ô clous ! ô plaie sacrée ! ô sang précieux ! recevez-moi,
ne repoussez pas mes baisers, ne méprisez pas mes larmes, ne rejetez pas
mes tendres embrassements. Je viens à vous, triste, affligé, gémissant ;
afin que, de souillé que je suis, je devienne pur par vous. Fuyez loin
de moi, richesses, trésors injustement acquis. rétournez là d'où vous
avez été arrachés. Assez longtemps vous m'avez trompé d'un fol espoir.
Je suis éveillé maintenant, et je vois les choses dans leur vrai jour.
En vous je cherchais le repos et le bonheur, et ils étaient dans un
morceau de bois. 0 chère croix, de quelles consolations vous êtes la
source ! que de secours les malheureux trouvent en vous ! Je sens déjà
diminuer le fardeau qui tout-àl'heure accablait mon âme. Du ces douleurs,
de ces gémissements, de ces larmes, a jailli pour moi, je le sens, une
source d'espérance et de joie. Pour conserver toujours ce précieux
trésor, je vous consacre ma vie, ô croix adorable, à vous, et au
Seigneur mon Dieu, que vous portez dans vos bras. Amen.
PRIÈRE DE LUDOLPHE LE CHARTREUX
Seigneur
Jésus qui, pour la rédemption du monde, avez daigné souffrir toutes
sortes de misères, d'angoisses, d'opprobres, d'outrages, de calomnies,
d'injures, de peines et d'afflictions, et mourir sur la croix : par
toutes ces choses que vous avez endurées à cause de nos Péchés,
délivrez-moi, je vous en supplie, de tous les péchés, de tous les vices,
de tous les dangers de ce monde, des peines de l'enfer, de la mort
subite et éternelle. Faites aussi que je n'oublie jamais, mais que j'aie
toujours présent à l'esprit et au cœur ce que vous avez souffert pour
moi ; afin qu'après avoir participé à vos peines et à vos travaux, je
participe à votre repos et à vos joies. Amen.
PRIÈRE DE SAINT BONAVENTURE à Jésus allant au jardin des Oliviers.
0
mon Jésus ! vous avez institué l'adorable sacrement de l'autel ; vous
avez lavé les pieds de vos Apôtres ; vous leur avez donné le
commandement de l'amour ; vous avez fondé le
royaume de votre Père céleste ; et maintenant vous dirigez vos pas vers
ce lieu bien connu de celui qui doit vous trahir : car vous saviez bien
ce qui allait arriver de vous. Ah ! mon Sauveur, de quel trouble et de
quelles angoisses vous êtes saisi pendant ce trajet ! N'êtes-vous pas
au-dessus de tous les rois de la terre ? Où sont donc, ô Seigneur, vos
princes, vos généraux et vos soldats ? Où sont les chevaux, les chars,
les serviteurs et tout ce qui compose la suite d'un roi ? Où est votre
garde ? pourquoi n'est-elle pas là autour de vous afin de vous défendre
contre l'attaque de l'ennemi, comme c'est la coutume pour les autres
rois de la terre ? Quoi ! aucune acclamation ne vous précède
? Je ne vois point flotler dans les airs l'étendard royal ? Où sont les
courriers chargés de vous annoncer, et de préparer tout ce qui vous est
nécessaire ? Où est toute cette pompe qui amuse et réjouit notre misère
? Le ciel et la terre ne sont-ils pas pleins de votre magnificence ?
Pourquoi marchez-vous donc ainsi sans pompe et sans apparat ?
N'êtes-vous pas celui qui a à son service des millions de créatures ?
Pourquoi marchez-vous donc ainsi seul les pieds nus ? Ah ! j'en devine
la cause : vous n'êtes pas maintenant dans votre royaume, car il n'est
pas de ce monde. Vous vous êtes dépouillé de votre gloire, et vous avez
pris la forme d'un esclave, et non celle d'un roi. Vous êtes devenu
comme l'un de nous. Vous vous êtes fait esclave, pour que nous
devenions rois. Car vous êtes venu pour nous introduire dans votre
royaume, et vous nous avez montre la voie par où nous y pouvons arriver.
Mais
pourquoi méprisons - nous cette voie ? Pourquoi ne marchons-nous pas à
votre suite ? Pourquoi désirons-nous si ardemment la magnificence et la
gloire ? Pourquoi aimons-nous les bagatelles et les biens périssables de
ce monde ? C'est parce que notre royaume est toujours de ce monde, et
que nous ne nous regardons pas comme des étrangers. Insensés que nous
sommes ! pourquoi prenons-nous le faux pour le vrai, ce qui passe pour
du solide, les biens du temps pour ceux de l'éternité, et pourquoi nous y
attachons-nous si fortement ? Certainement, ô Seigneur ! si, élevant
notre esprit, nous considérions attentivement que nous ne sommes que des
voyageurs, nous ne nous servirions de toutes ces choses visibles,
qu'autant que la nécessité l'exige, et nous nous hâterions de vous
suivre. Ces choses périssables ne seraient plus un fardeau pour nous, et
nous les mépriserions, comme si elles étaient déjà passées. 0 ! mon
Dieu ! c'est votre amour infini qui vous a fait descendre parmi nous ;
et rien ne vous coûte, quand il s'agit de rapporter au bercail sur vos
épaules la brebis égarée. 0 roi des rois ! qui ne manquez à aucune
créature dans ses besoins, et qui donnez
abondamment à chacune ce que sa nature exige, donnez-moi votre secours ;
afin que, renonçant au monde, je puisse marcher toujours â votre suite.
Amen.
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