Le mois de Marie
ou méditations sur sa vie, ses gloires et sa protection
Source : Livre "Le mois de Marie ou méditations pour chaque jour du mois sur sa vie, ses gloires et sa protection" par Aleksander Jełowicki
POUR LE 16ème JOUR DU MOIS.
Sixième douleur de la Très-sainte Vierge.
Descente de la croix.
I.
Le Fils de Dieu a voulu, dit Richard de Saint Victor, que sa mère surpassât par son éclat l'éclat de tous les saints ; et, comme elle est nommée Vierge des vierges et Reine des vierges, qu'elle fut aussi nommée Martyre des martyrs et Reine des martyrs ('). »
Sixième douleur de la Très-sainte Vierge.
Descente de la croix.
I.
Le Fils de Dieu a voulu, dit Richard de Saint Victor, que sa mère surpassât par son éclat l'éclat de tous les saints ; et, comme elle est nommée Vierge des vierges et Reine des vierges, qu'elle fut aussi nommée Martyre des martyrs et Reine des martyrs ('). »
«
Or il y a deux genres de martyres, dit saint Amédée : l'un est
ostensible et l'autre secret ; l'un est visible et l'autre invisible ;
l'un par le corps et l'autre par le cœur. Les apôtres et les martyrs ont
été martyrisés par le corps ; mais les saints qui ont été martyrisés
dans leur cœur ont souffert bien plus que les souffrances corporelles.
Abraham a souffert dans son cœur lorsque Dieu lui ordonna d'immoler pour
offrande son fils unique, qu'il aimait plus que lui-même, et qu'il a
offert à l'instant. C'est par ce genre de martyre que, plus digne de
gloire que tous les martyres, la victorieuse Marie s'était associée à la
passion de Notre-Seigneur. Elle a bu le calice d'amertume et de la
passion, et emportée par le torrent de douleurs, elle a souffert le
martyre qu'aucun martyre ne saurait égaler ('). »
«
D'autres saints, dit saint Guillaume, sont devenus martyrs en mourant
pour le Christ ; Marie est devenue martyre en souffrant le martyre avec
le Christ et mourant avec lui. Le martyre des autres est tout de corps ;
celui de Marie est tout de cœur. Les martyrs ont donné leur sang,
c'est-à-dire le sang de l'homme ; Marie, dans son martyre, donna le sang
de Dieu. L'instrument de son martyre fut Jésus lui-même (2). »
«
Quel était le martyre de Marie, dit saint Anselme, personne n'est en
état de le dire, tout ce que nous savons, c'est que son martyre fut plus
cruel que la mort, car elle aimait son fils plus qu'elle-même ('). »
Saint Isidore Paluziota nous dit : « que le plus cruel des supplices
pour les parents, c'est la mort de leurs enfants, surtout quand on les
massacre en leur présence (2). » L'ancienne loi défendait de tuer les
bêtes mêmes en présence de leurs mères ; les Juifs ont tué le fils de
Dieu en présence de sa mère !...
«
C'est peu de dire, observe saint Ildephonse, que Marie ait souffert
lors de la passion de Notre-Seigneur un martyre beaucoup plus cruel que
celui de tous les martyrs ensemble (3). » — « La Sainte Vierge est
au-dessus de tous les Martyrs, comme le soleil est au-dessus de toutes
les étoiles (4), » dit saint Basile. Et saint Amédée ajoute : « Marie a
bu le calice d'amertume plus amère que la mort ; et ce que le genre
humain tout entier n'aurait pu souffrir, Marie l'a souffert. Fortifiée
par la puissance divine, elle a vaincu son sexe, vaincu l'humanité et
souffert un martyre vraiment surhumain (5). »
«
De quel spectacle nos yeux sont-ils frappés! s'écrie saint Augustin :
pour l'impitoyable, la piété flagellée ; pour l'ignorant, la sagesse
injuriée ; pour le menteur, la vérité tuée ; pour l'injuste, la justice
condamnée ; pour le cruel, la miséricorde oppressée ; pour le misérable,
la sincérité abreuvée de vinaigre, et la douceur de fiel ('). » — « Et
lorsqu'à la vue de ce crime, dit saint Amédée, la nature entière a
tremblé ; lorsqu'à la vue de la mort du Fils de Dieu, la nature entière a
poussé un long gémissement, Marie seule resta debout avec la divinité
(2); » « soutenant ce cruel martyre, dit saint Cyprien, par la force de
son regard (3). » — « Elle contemplait d'un regard plein de compassion,
ajoute saint Ambroise, les plaies de son fils, dont elle voyait découler
la rédemption du monde (4).
II.
« Alors Jésus, jetant un grand cri, dit : Père ! je remets mon âme entre vos mains ('). » Et Marie, dont l'âme était l'écho le plus fidèle de l'âme du Christ, avec le sentiment du sacrificateur et du sacrifice, jeta aussi un grand cri dans son âme, et dit : « Père ! je remets mon esprit entre vos mains, et plus que mon esprit, car c'est l'esprit de mon fils, qui est le vôtre. Glorifiez-le, ô mon Dieu ! et déposez dans ses plaies les trésors inépuisables de votre miséricorde !
O Marie ! vous entendrez encore une parole de votre fils, une parole qui devait marquer la fin de son sacrifice et de son martyre, qui devait annoncer le dernier battement de son cœur pour vous ! — « Jésus, ayant donc pris le vinaigre, dit : Tout est accompli. Et, baissant la tête, il rendit l'esprit (2). » Tout est accompli! Oui, du côté de Jésus le sacrifice est accompli : du côté de Marie il ne l'est pas encore. Jésus est mort ; Marie, toujours en agonie, ne peut pas mourir. Les douleurs de Jésus ont cessé, les douleurs de Marie augmentent de plus en plus.
« Or, de peur que les corps ne demeurassent à la croix le jour du Sabbat, parce que c'en était la préparation, et que ce jour du Sabbat était une grande fête, les Juifs prièrent Pilate de leur faire rompre les jambes, et de les faire ôter. Il vint donc des soldats qui rompirent les jambes au premier et à l'autre qu'on avait crucifié avec lui ('). » — Ne craignez point, Marie ! ces bourreaux ne rompront point les jambes à votre fils , car l'Écriture a dit : « Vous ne briserez aucun de ses os (2). »
« Alors Jésus, jetant un grand cri, dit : Père ! je remets mon âme entre vos mains ('). » Et Marie, dont l'âme était l'écho le plus fidèle de l'âme du Christ, avec le sentiment du sacrificateur et du sacrifice, jeta aussi un grand cri dans son âme, et dit : « Père ! je remets mon esprit entre vos mains, et plus que mon esprit, car c'est l'esprit de mon fils, qui est le vôtre. Glorifiez-le, ô mon Dieu ! et déposez dans ses plaies les trésors inépuisables de votre miséricorde !
O Marie ! vous entendrez encore une parole de votre fils, une parole qui devait marquer la fin de son sacrifice et de son martyre, qui devait annoncer le dernier battement de son cœur pour vous ! — « Jésus, ayant donc pris le vinaigre, dit : Tout est accompli. Et, baissant la tête, il rendit l'esprit (2). » Tout est accompli! Oui, du côté de Jésus le sacrifice est accompli : du côté de Marie il ne l'est pas encore. Jésus est mort ; Marie, toujours en agonie, ne peut pas mourir. Les douleurs de Jésus ont cessé, les douleurs de Marie augmentent de plus en plus.
« Or, de peur que les corps ne demeurassent à la croix le jour du Sabbat, parce que c'en était la préparation, et que ce jour du Sabbat était une grande fête, les Juifs prièrent Pilate de leur faire rompre les jambes, et de les faire ôter. Il vint donc des soldats qui rompirent les jambes au premier et à l'autre qu'on avait crucifié avec lui ('). » — Ne craignez point, Marie ! ces bourreaux ne rompront point les jambes à votre fils , car l'Écriture a dit : « Vous ne briserez aucun de ses os (2). »
«
Étant venus à Jésus, et voyant qu'il était déjà mort, ils ne lui
rompirent point les jambes (3). »—Ils ne lui rompirent point les jambes ;
mais ils vous réservaient, ô Marie ! une douleur plus grande encore.
Quel
est donc cet assassin sacrilége qui, la lance en arrêt, accourt pour
frapper la victime sainte jusque dans les bras mêmes de la mort ?
Espériez-vous, Marie, qu'il allait vous frapper, vous immoler ? Non ; il
allait seulement percer votre âme d'un coup de plus ! —Sa main
criminelle perça le cœur de Jésus, cette demeure constante de l'âme de
Marie ! L'arbre de la croix trembla sous le coup ; les dernières gouttes
de sang tombèrent des plaies de Jésus, et son cœur entrouvert laissa
échapper deux torrents ensemble, l'un de sang, l'autre d'eau... C'est
son dernier sang ; c'ett l'eau de notre salut, fruit de ce sang
précieux. La source de cette eau fut le cœur de Jésus, par conséquent le
vôtre, ô Marie ! Car la flamme du martyre et la flamme de l'amour ont
fondu vos cœurs en un seul cœur. « Un des soldats lui perça le côté avec
une lance ; et aussitôt il en sortit du sang et de l'eau ('). »
Ne
fuyez pas, infortuné Longin, qui avez percé le côté de votre Sauveur,
qui vient de mourir pour vous. Entrez au contraire dans ce cœur, que
vous avez ouvert vous-même ; entrez-y hardiment. Regardez Marie qui prie
pour vous !... Grâce à sa prière, Longin se convertit, et devint un
saint que nous vénérons. 0 bienheureux Longin ! grand pécheur purifié
par le sang que vous avez versé, conduisez-nous vers Marie ; car nous
aussi nous avons percé le cœur de Jésus ! Qu'elle nous montre « celui
que nous avons percé (2) ; » conduisez-nous vers Marie, car nous voulons
pleurer avec elle, et, comme vous, devenir saints par elle.
La
mort de Jésus-Christ a ouvert les sépulcres et fendu les pierres. Quand
fendra-t-elle, quand ouvrirat-elle nos cœurs ?... « Et toute la
multitude de ceux qui assistaient à ce spectacle, considérant toutes ces
choses, s'en retournaient en se frappant la poitrine (3). » Oh ! quand
viendra-t-il le moment, où, nous aussi, nous nous frapperons la poitrine
comme nous le devons ?
Après
cela, Joseph d'Arimathie, qui était disciple de Jésus, mais en secret,
parce qu'il craignait les Juifs, demanda à Pilate qu'il lui permît
d'enlever le corps de Jésus ; et, Pilate le lui ayant permis, il vint et
enleva le corps de Jésus (') ». Oh ! qui pourrait dire avec quelle
inexprimable tendresse Marie tendit ses bras à Jésus descendu de la
croix, pour le faire reposer sur son sein ? Avec quelle douleur elle le
pressa contre son cœur désolé ! Qui pourrait dire avec quelle ardeur
elle eût désiré pouvoir réchauffer les restes froids de son fils par la
chaleur de son sein maternel ?... Oh ! c'est en vain, Marie, que vous
voudriez faire passer votre âme dans ce corps inanimé ! Mère du
Crucifié, vous ne saurez pas lui donner la vie une seconde fois !
Marie
contemple cette bouche livide, ces yeux éteints. Elle visite les
blessures de ses bras, de ses jambes et de son côté ; elle compte toutes
ses plaies : c'est nous qui les avons faites ! « Il a été couvert de
blessures pour nos iniquités (2). » Elle compte toutes ses plaies ; elle
pèse dans sa main les clous qui l'avaient attaché à la croix, en se
disant : Voilà donc sa récompense pour tout le bien qu'il leur a fait !
Elle
penche sur la sienne sa tète couronnée d'épines.. « Oh ! que de glaives
percèrent dans ce moment l'âme de cette mère (') ! » s'écrie saint
Bonaventure.
«
0 Vierge sacrée ! s'écrie saint Alphonse de Liguori, vous qui, avec
tant d'amour, avez donné votre fils au monde pour notre salut, voici que
le monde vous le rend... Il me le rend, il est vrai ; mais dans quel
état !... Mon fils était blanc, éclatant de beauté, vous me le rendez
livide et éteint ; les plaies dont vous avez couvert son corps ont fait
disparaître tout le charme de sa figure ! Mon fils était beau, et le
voilà difforme : c'est « un ver, et non un homme, » l'opprobre des
hommes et le rebut du peuple (2). » 'Son regard enflammait d'amour, et
maintenant il n'a plus de regard !... Verges implacables ! épines
cruelles ! clous impitoyables ! lance barbare ! pouviez-vous donc
martyriser ainsi votre Créateur et votre Seigneur ?... Mais que dis-je
des épines et des clous ? C'est vous, pécheurs, c'est vous qui avez
martyrisé mon fils unique !... Accourez donc, et voyez ce que vous avez
fait !... »
« Marie ôte doucement la couronne d'épines du front de son fils bien-aimé ; elle rapproche les plaies de sa main maternelle, elle les lave de ses larmes ; elle place le corps dans l'attitude du repos ; elle a fermé ses yeux... elle a voulu croiser ses bras sur sa poitrine... Ses bras s'étendirent de nouveau, pour montrer qu'aussi bien que son cœur, ils sont toujours ouverts aux pécheurs repentants ('). » Et tenant son fils que nous avons mis à mort, le tenant sur ses genoux, Marie nous appelle : Accourez, mes chers enfants, nous dit-elle, accourez tous bien vite ! Mon fils est mort pour Vous tous, afin de vous donner la vie. Le temps de la crainte est passé, le temps d'amour a commencé. Accourez donc sans crainte, ô mes enfants ! accourez sans crainte. Son cœur vous est ouvert, donnez-lui les vôtres ! C'est là la seule récompense qu'il vous demande pour son sacrifice ; c'est là la seule consolation que je vous demande pour toutes mes douleurs. Accourez bien vite à mon fils : il vous pardonnera, je l'implore pour vous... Et vous aussi, je vous implore pour mon fils unique, ô mes chers enfants ! ne le flagellez plus, ne le crucifiez plus ; mais venez le servir avec moi, venez l'aimer comme moi !...
« Marie ôte doucement la couronne d'épines du front de son fils bien-aimé ; elle rapproche les plaies de sa main maternelle, elle les lave de ses larmes ; elle place le corps dans l'attitude du repos ; elle a fermé ses yeux... elle a voulu croiser ses bras sur sa poitrine... Ses bras s'étendirent de nouveau, pour montrer qu'aussi bien que son cœur, ils sont toujours ouverts aux pécheurs repentants ('). » Et tenant son fils que nous avons mis à mort, le tenant sur ses genoux, Marie nous appelle : Accourez, mes chers enfants, nous dit-elle, accourez tous bien vite ! Mon fils est mort pour Vous tous, afin de vous donner la vie. Le temps de la crainte est passé, le temps d'amour a commencé. Accourez donc sans crainte, ô mes enfants ! accourez sans crainte. Son cœur vous est ouvert, donnez-lui les vôtres ! C'est là la seule récompense qu'il vous demande pour son sacrifice ; c'est là la seule consolation que je vous demande pour toutes mes douleurs. Accourez bien vite à mon fils : il vous pardonnera, je l'implore pour vous... Et vous aussi, je vous implore pour mon fils unique, ô mes chers enfants ! ne le flagellez plus, ne le crucifiez plus ; mais venez le servir avec moi, venez l'aimer comme moi !...
O
Marie ! nous accourons à votre appel ; nous apportons tous les
instruments de supplice de votre fils, tous nos péchés, et nous les
déposons à vos pieds. Votre amour, ô notre mère ! nous a désarmés ; de
cruels et barbares assassins de votre fils, il nous a transformés en vos
enfants. 0 Mère de miséricorde ! nous souffrons de vos douleurs, nous
aimons votre fils de votre amour, et nous sommes prêts à le servir par
amour pour lui.
Aucun commentaire :
Enregistrer un commentaire