Le mois de Marie 16 mai

Le mois de Marie
ou méditations sur sa vie, ses gloires et sa protection

 Les gifs animés de la Vierge Marie page3


POUR LE 16ème JOUR DU MOIS.
Sixième douleur de la Très-sainte Vierge.
Descente de la croix.
I.
Le Fils de Dieu a voulu, dit Richard de Saint Victor, que sa mère surpassât par son éclat l'éclat de tous les saints ; et, comme elle est nommée Vierge des vierges et Reine des vierges, qu'elle fut aussi nommée Martyre des martyrs et Reine des martyrs ('). »
« Or il y a deux genres de martyres, dit saint Amédée : l'un est ostensible et l'autre secret ; l'un est visible et l'autre invisible ; l'un par le corps et l'autre par le cœur. Les apôtres et les martyrs ont été martyrisés par le corps ; mais les saints qui ont été martyrisés dans leur cœur ont souffert bien plus que les souffrances corporelles. Abraham a souffert dans son cœur lorsque Dieu lui ordonna d'immoler pour offrande son fils unique, qu'il aimait plus que lui-même, et qu'il a offert à l'instant. C'est par ce genre de martyre que, plus digne de gloire que tous les martyres, la victorieuse Marie s'était associée à la passion de Notre-Seigneur. Elle a bu le calice d'amertume et de la passion, et emportée par le torrent de douleurs, elle a souffert le martyre qu'aucun martyre ne saurait égaler ('). »
« D'autres saints, dit saint Guillaume, sont devenus martyrs en mourant pour le Christ ; Marie est devenue martyre en souffrant le martyre avec le Christ et mourant avec lui. Le martyre des autres est tout de corps ; celui de Marie est tout de cœur. Les martyrs ont donné leur sang, c'est-à-dire le sang de l'homme ; Marie, dans son martyre, donna le sang de Dieu. L'instrument de son martyre fut Jésus lui-même (2). »
« Quel était le martyre de Marie, dit saint Anselme, personne n'est en état de le dire, tout ce que nous savons, c'est que son martyre fut plus cruel que la mort, car elle aimait son fils plus qu'elle-même ('). » Saint Isidore Paluziota nous dit : « que le plus cruel des supplices pour les parents, c'est la mort de leurs enfants, surtout quand on les massacre en leur présence (2). » L'ancienne loi défendait de tuer les bêtes mêmes en présence de leurs mères ; les Juifs ont tué le fils de Dieu en présence de sa mère !...
« C'est peu de dire, observe saint Ildephonse, que Marie ait souffert lors de la passion de Notre-Seigneur un martyre beaucoup plus cruel que celui de tous les martyrs ensemble (3). » — « La Sainte Vierge est au-dessus de tous les Martyrs, comme le soleil est au-dessus de toutes les étoiles (4), » dit saint Basile. Et saint Amédée ajoute : « Marie a bu le calice d'amertume plus amère que la mort ; et ce que le genre humain tout entier n'aurait pu souffrir, Marie l'a souffert. Fortifiée par la puissance divine, elle a vaincu son sexe, vaincu l'humanité et souffert un martyre vraiment surhumain (5). »
« De quel spectacle nos yeux sont-ils frappés! s'écrie saint Augustin : pour l'impitoyable, la piété flagellée ; pour l'ignorant, la sagesse injuriée ; pour le menteur, la vérité tuée ; pour l'injuste, la justice condamnée ; pour le cruel, la miséricorde oppressée ; pour le misérable, la sincérité abreuvée de vinaigre, et la douceur de fiel ('). » — « Et lorsqu'à la vue de ce crime, dit saint Amédée, la nature entière a tremblé ; lorsqu'à la vue de la mort du Fils de Dieu, la nature entière a poussé un long gémissement, Marie seule resta debout avec la divinité (2); » « soutenant ce cruel martyre, dit saint Cyprien, par la force de son regard (3). » — « Elle contemplait d'un regard plein de compassion, ajoute saint Ambroise, les plaies de son fils, dont elle voyait découler la rédemption du monde (4).

II.
« Alors Jésus, jetant un grand cri, dit : Père ! je remets mon âme entre vos mains ('). » Et Marie, dont l'âme était l'écho le plus fidèle de l'âme du Christ, avec le sentiment du sacrificateur et du sacrifice, jeta aussi un grand cri dans son âme, et dit : « Père ! je remets mon esprit entre vos mains, et plus que mon esprit, car c'est l'esprit de mon fils, qui est le vôtre. Glorifiez-le, ô mon Dieu ! et déposez dans ses plaies les trésors inépuisables de votre miséricorde !
O Marie ! vous entendrez encore une parole de votre fils, une parole qui devait marquer la fin de son sacrifice et de son martyre, qui devait annoncer le dernier battement de son cœur pour vous ! — « Jésus, ayant donc pris le vinaigre, dit : Tout est accompli. Et, baissant la tête, il rendit l'esprit (2). » Tout est accompli! Oui, du côté de Jésus le sacrifice est accompli : du côté de Marie il ne l'est pas encore. Jésus est mort ; Marie, toujours en agonie, ne peut pas mourir. Les douleurs de Jésus ont cessé, les douleurs de Marie augmentent de plus en plus.
« Or, de peur que les corps ne demeurassent à la croix le jour du Sabbat, parce que c'en était la préparation, et que ce jour du Sabbat était une grande fête, les Juifs prièrent Pilate de leur faire rompre les jambes, et de les faire ôter. Il vint donc des soldats qui rompirent les jambes au premier et à l'autre qu'on avait crucifié avec lui ('). » — Ne craignez point, Marie ! ces bourreaux ne rompront point les jambes à votre fils , car l'Écriture a dit : « Vous ne briserez aucun de ses os (2). »
« Étant venus à Jésus, et voyant qu'il était déjà mort, ils ne lui rompirent point les jambes (3). »—Ils ne lui rompirent point les jambes ; mais ils vous réservaient, ô Marie ! une douleur plus grande encore.
Quel est donc cet assassin sacrilége qui, la lance en arrêt, accourt pour frapper la victime sainte jusque dans les bras mêmes de la mort ? Espériez-vous, Marie, qu'il allait vous frapper, vous immoler ? Non ; il allait seulement percer votre âme d'un coup de plus ! —Sa main criminelle perça le cœur de Jésus, cette demeure constante de l'âme de Marie ! L'arbre de la croix trembla sous le coup ; les dernières gouttes de sang tombèrent des plaies de Jésus, et son cœur entrouvert laissa échapper deux torrents ensemble, l'un de sang, l'autre d'eau... C'est son dernier sang ; c'ett l'eau de notre salut, fruit de ce sang précieux. La source de cette eau fut le cœur de Jésus, par conséquent le vôtre, ô Marie ! Car la flamme du martyre et la flamme de l'amour ont fondu vos cœurs en un seul cœur. « Un des soldats lui perça le côté avec une lance ; et aussitôt il en sortit du sang et de l'eau ('). »
Ne fuyez pas, infortuné Longin, qui avez percé le côté de votre Sauveur, qui vient de mourir pour vous. Entrez au contraire dans ce cœur, que vous avez ouvert vous-même ; entrez-y hardiment. Regardez Marie qui prie pour vous !... Grâce à sa prière, Longin se convertit, et devint un saint que nous vénérons. 0 bienheureux Longin ! grand pécheur purifié par le sang que vous avez versé, conduisez-nous vers Marie ; car nous aussi nous avons percé le cœur de Jésus ! Qu'elle nous montre « celui que nous avons percé (2) ; » conduisez-nous vers Marie, car nous voulons pleurer avec elle, et, comme vous, devenir saints par elle.
La mort de Jésus-Christ a ouvert les sépulcres et fendu les pierres. Quand fendra-t-elle, quand ouvrirat-elle nos cœurs ?... « Et toute la multitude de ceux qui assistaient à ce spectacle, considérant toutes ces choses, s'en retournaient en se frappant la poitrine (3). » Oh ! quand viendra-t-il le moment, où, nous aussi, nous nous frapperons la poitrine comme nous le devons ?
Après cela, Joseph d'Arimathie, qui était disciple de Jésus, mais en secret, parce qu'il craignait les Juifs, demanda à Pilate qu'il lui permît d'enlever le corps de Jésus ; et, Pilate le lui ayant permis, il vint et enleva le corps de Jésus (') ». Oh ! qui pourrait dire avec quelle inexprimable tendresse Marie tendit ses bras à Jésus descendu de la croix, pour le faire reposer sur son sein ? Avec quelle douleur elle le pressa contre son cœur désolé ! Qui pourrait dire avec quelle ardeur elle eût désiré pouvoir réchauffer les restes froids de son fils par la chaleur de son sein maternel ?... Oh ! c'est en vain, Marie, que vous voudriez faire passer votre âme dans ce corps inanimé ! Mère du Crucifié, vous ne saurez pas lui donner la vie une seconde fois !
Marie contemple cette bouche livide, ces yeux éteints. Elle visite les blessures de ses bras, de ses jambes et de son côté ; elle compte toutes ses plaies : c'est nous qui les avons faites ! « Il a été couvert de blessures pour nos iniquités (2). » Elle compte toutes ses plaies ; elle pèse dans sa main les clous qui l'avaient attaché à la croix, en se disant : Voilà donc sa récompense pour tout le bien qu'il leur a fait !
Elle penche sur la sienne sa tète couronnée d'épines.. « Oh ! que de glaives percèrent dans ce moment l'âme de cette mère (') ! » s'écrie saint Bonaventure.
« 0 Vierge sacrée ! s'écrie saint Alphonse de Liguori, vous qui, avec tant d'amour, avez donné votre fils au monde pour notre salut, voici que le monde vous le rend... Il me le rend, il est vrai ; mais dans quel état !... Mon fils était blanc, éclatant de beauté, vous me le rendez livide et éteint ; les plaies dont vous avez couvert son corps ont fait disparaître tout le charme de sa figure ! Mon fils était beau, et le voilà difforme : c'est « un ver, et non un homme, » l'opprobre des hommes et le rebut du peuple (2). » 'Son regard enflammait d'amour, et maintenant il n'a plus de regard !... Verges implacables ! épines cruelles ! clous impitoyables ! lance barbare ! pouviez-vous donc martyriser ainsi votre Créateur et votre Seigneur ?... Mais que dis-je des épines et des clous ? C'est vous, pécheurs, c'est vous qui avez martyrisé mon fils unique !... Accourez donc, et voyez ce que vous avez fait !... »
« Marie ôte doucement la couronne d'épines du front de son fils bien-aimé ; elle rapproche les plaies de sa main maternelle, elle les lave de ses larmes ; elle place le corps dans l'attitude du repos ; elle a fermé ses yeux... elle a voulu croiser ses bras sur sa poitrine... Ses bras s'étendirent de nouveau, pour montrer qu'aussi bien que son cœur, ils sont toujours ouverts aux pécheurs repentants ('). » Et tenant son fils que nous avons mis à mort, le tenant sur ses genoux, Marie nous appelle : Accourez, mes chers enfants, nous dit-elle, accourez tous bien vite ! Mon fils est mort pour Vous tous, afin de vous donner la vie. Le temps de la crainte est passé, le temps d'amour a commencé. Accourez donc sans crainte, ô mes enfants ! accourez sans crainte. Son cœur vous est ouvert, donnez-lui les vôtres ! C'est là la seule récompense qu'il vous demande pour son sacrifice ; c'est là la seule consolation que je vous demande pour toutes mes douleurs. Accourez bien vite à mon fils : il vous pardonnera, je l'implore pour vous... Et vous aussi, je vous implore pour mon fils unique, ô mes chers enfants ! ne le flagellez plus, ne le crucifiez plus ; mais venez le servir avec moi, venez l'aimer comme moi !...
O Marie ! nous accourons à votre appel ; nous apportons tous les instruments de supplice de votre fils, tous nos péchés, et nous les déposons à vos pieds. Votre amour, ô notre mère ! nous a désarmés ; de cruels et barbares assassins de votre fils, il nous a transformés en vos enfants. 0 Mère de miséricorde ! nous souffrons de vos douleurs, nous aimons votre fils de votre amour, et nous sommes prêts à le servir par amour pour lui.






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