Le mois de Marie 22 mai

Le mois de Marie
ou méditations sur sa vie, ses gloires et sa protection

Les gifs animés de la Vierge Marie page3


POUR LE 22ème JOUR DU MOIS.
DE LA CHARITÉ DE MARIE.

I.
« Maintenant ces trois vertus, la foi, l'espérance et la charité, demeurent ; mais, entre elles, la plus excellente est la charité ('). » "La charité, c'est le soleil et le foyer de toutes les vertus, c'en est la vie et la santé, le mérite et la récompense, le chef et la victoire. La charité, c'est à la fois la croix et la couronne.
La charité, c'est un baume pour toutes les blessures, un bouclier contre toutes les flèches, une arme pour tous les combats, un conseil pour tous les besoins ; elle répond à tous les doutes, adoucit toutes les souffrances, et console de tous les malheurs ; elle abonde tellement en grâce et en bénédictions, que, pour en posséder toujours davantage, un cœur aimant désire souffrir toujours davantage.
La charité l'emporte sur la foi, par laquelle nous croyons en Dieu, et sur l'espérance, par laquelle
nous espérons posséder Dieu, puisque par l'amour nous possédons Dieu; « car Dieu est amour ('). » . La charité est nécessaire avant tout ; elle est nécessaire comme Dieu même. Qui n'a pas de charité, n'a pas de Dieu ; qui n'est pas dans la charité, n'est pas en Dieu ; qui ne vit pas dans la charité, ne vit pas en Dieu.
La charité est nécessaire avant tout ; car tout est dans la charité. En elle, toute la loi de Dieu ; en elle, toutes nos espérances ; pour elle, toute notre foi. Le degré de charité de nos cœurs marque le degré de la gloire éternelle que nous posséderons. Sans charité, point de salut ; qu'on soit sage, qu'on fasse des merveilles, qu'on se dévoue pour son prochain, si l'on manque de charité, on ne sera pas sauvé ; car voilà ce que dit l'Apôtre : « Quand je parlerais toutes les langues des hommes et le langage des anges même, si je n'ai point la charité, je ne suis que comme un airain sonnant et une cymbale retentissante Et quand j'aurais le don de prophétie, que je pénétrerais tous les mystères, et que j'aurais une parfaite science de toutes choses ; quand j'aurais encore toute la foi jusqu'à transporter les montagnes, si je n'ai point la charité, je ne suis rien. Et quand j'aurais distribué tout mon bien pour nourrir les pauvres, et que j'aurais livré mon corps pour être brûlé, si je n'ai point la charité, tout cela ne me sert de rien (2). »
Tout est dans la charité, et tout est par la charité ; aussi la charité a-t-elle été tout pour le cœur de Marie. Le cœur de Marie est le trône de toutes les vertus, parce qu'il est l'autel de la charité ; autel de l'amour brûlant constamment pour Dieu, élevant constamment ses parfums vers Dieu. Marie est pleine de grâce, car elle est pleine de charité. Dieu a choisi Marie pour sa demeure ; c'est donc la charité qui a fait sa demeure en elle. Dieu s'est incarné dans Marie ; c'est donc la charité qui s'est incarnée dans elle.
Le buisson ardent, qui, brûlant toujours, s'est montré à Moïse, ne se consumant jamais, a été l'image de Marie, assure saint Thomas de Villeneuve. Et saint Anselme nous dit : que le cœur de Marie fut le feu et la flamme ; car de même que le feu fait jaillir la flamme et la lumière, ainsi le cœur de Marie faisait jaillir le feu d'amour, brillant par la flamme de toutes les vertus, éclairant par la bienheureuse lumière qu'il répandait tout autour.
« Il parut un grand prodige dans le ciel : c'était une femme revêtue du soleil, qui avait la lune sous ses pieds et sur sa tête une couronne de douze étoiles ('). » C'est Marie ! revêtue du soleil, donc toute en soleil, toute en amour, toute en Dieu ! Revêtue et pénétrée d'amour, et tellement pénétrée, que l'amour était en elle, comme elle était en l'amour. « Vous avez revêtu le soleil, et vous êtes vous-même revêtue du soleil(')! » s'écrie saint Bernard. «Une couronne de douze étoiles sur sa tête, » c'est la couronne éblouissante de l'éclat de toutes les vertus, qui sont comme des étincelles d'amour jaillissant du soleil d'amour. « La lune sous ses pieds. » Car comme la lune est belle, et que ses rayons sont doux, éclairée qu'elle est par la lumière du soleil ; ainsi Marie est belle, et elle nous éclaire d'une douce lumière, éclairée qu'elle est par l'amour de Dieu, pour nous guider vers son soleil. « La lune est sous ses pieds. » Symbole visible que chacun des pas de Marie est un reflet de l'amour divin. 0 Marie ! apprenez-nous à marcher de vos pas !

II
« Mon bien-aimé est à moi, et je suis a lui (2). » Bienheureux accord ! en vertu duquel Marie a toujours été avec Dieu, dès le moment de sa conception. Par ce bienheureux accord et par cet échange d'amour, le cœur de Marie, sans cesser d'être libre, a toujours été enchaîné d'amour. La colombe respire l'air, se joue dans l'air, et plane dans l'air ; Marie respirait l'amour, se jouait dans l'amour, et planait librement dans l'immensité de l'amour de Dieu.
Séraphins et Chérubins, accourez donc vers Marie, pour qu'elle vous apprenne à aimer !
0 Marie ! a mère du pur amour (') ! » apprenez-moi cet amour, sans lequel je suis « malheureux et misérable, pauvre, aveugle et nu (2). »
La principale et constante action de l'amour dans le cœur de Marie a toujours été une soumission pleine et entière à la volonté de Dieu. Le cœur de Marie fut toujours d'accord avec Dieu, chacun de ses battements disait : « Qu'il me soit fait selon votre parole !» Ce qui la portait à cet accord pariait avec la volonté de Dieu, à cet acte d'amour incessant, c'était sa foi vive, son espérance ferme et son humilité de plus en plus profonde, qui la poussait à une reconnaissance de plus en plus vive pour toutes les grâces dont Dieu la comblait, et dont elle se sentait de plus en plus indigne. Ainsi, tout concourait à attiser toujours cette immense flamme de l'amour de Dieu, qui brûlait si pure et si ardente dans le cœur de Marie.
« De même que les mouches n'osent s'approcher d'un feu trop ardent, ainsi les démons n'osaient s'approcher du cœur de Marie (3), » dit saint Bonavehture.
- Aimons donc de l'amour de Marie, et les démons n'oseront pas s'approcher de nous.
Une autre preuve de l'amour de Dieu, c'est la souffrance et la souffrance volontaire. Le cœur de Marie brûlait d'un feu toujours plus vif ; car, pour attiser le feu, Dieu lui donnait toujours de nouvelles épines, de nouvelles croix et de nouvelles douleurs. Or le glaive de douleur qui perçait toujours le cœur de Marie l'enflammait toujours d'un amour nouveau.
Apprenons donc de Marie à aimer les souffrances et à les tourner vers le but que Dieu se propose en nous les donnant, c'est-à-dire à l'augmentation de notre amour pour lui : celui qui n'aime Dieu que dans la prospérité, aime la prospérité ; mais il n'aime pas Dieu.
0 Marie ! gardez-nous d'un pareil amour ; mais apprenez-nous à aimer nos croix par amour de Dieu, afin que nous puissions, en suivant fidèlement votre exemple, et dans la sincérité de nos cœurs, nous écrier avec saint Paul : « Pour moi, à Dieu ne plaise que je me glorifie en autre chose qu'en la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par qui le monde est mort crucifié pour moi, comme je suis mort crucifié pour le monde (') ! » — « Qui donc nous séparera de l'amour du Christ ? Sera-ce l'affliction ou les déplaisirs, ou la persécution, ou la faim, ou la nudité, ou les périls, ou le fer ? Mais, parmi tous ces maux, nous demeurons victorieux par celui qui nous a aimés ; car je suis assuré que ni la mort, ni la vie, ni les Anges, niles Principautés, ni les Puissances, ni leschoses présentes, ni les futures, ni la puissance des hommes, ni tout ce qu'il y a de plus haut ou de plus profond , ne pourra jamais nous séparer de l'amour de Dieu, en Jésus-Christ, notre Seigneur ('). »

III.
Que Marie aimât Dieu, qui l'avait aimée le premier; qu'elle l'aimât de tout son cœur, c'est chose naturelle et juste ; mais que Marie nous aimât, nous autres, qui avons crucifié son fils bien-aimé, son fils unique... qu'elle nous aimât comme ses propres enfants... c'est là un acte de miséricorde qui ne se laisse concevoir que par la foi, qui nous fait croire que Marie nous aime de l'amour inspiré par Dieu lui-même.
En effet, en nous destinant Marie pour mère, Dieu mit dans son cœur l'étincelle même de cet amour qu'il avait pour nous, en nous sacrifiant son Fils unique ; et en nous sacrifiant son Fils unique, en se tenant au pied de la croix pour assister à l'accomplissement de ce sacrifice, dont dépendait notre salut, en désirant enfin de mourir pour nous, c'est de cet amour que Marie nous aimait, et qu'elle aimera éternellement tous les enfants des hommes. « La sainte Vierge, dit Arnould, brûlait du feu d'un amour inexprimable pour nous, puisqu'elle désirait faire le sacrifice de sa propre vie pour le salut du genre humain, en même temps que son fils faisait le sacrifice de la sienne ('). » Ah ! cette mère adorable sacrifia pour nous bien plus que sa vie, car elle sacrifia la vie de son fils unique.
Le prophète avait prédit, en parlant du Christ : « Il a pris véritablement nos langueurs, et il s'est chargé lui-même de nos douleurs (2). » En toute vérité, cette prophétie s'applique aussi à Marie ; car elle a souffert toutes les souffrances à cause de nos péchés ; elle a souffert toutes les douleurs à cause de son amour pour nous ; « elle a pris véritablement nos langueurs, elle s'est chargée elle-même de nos douleurs. »
Ainsi, nous héritons de la charité, non seulement de notre Père, qui est au ciel, mais encore de notre mère, qui nous a fait naître pour le ciel. Nous devons donc aimer d'abord notre Père, qui est au ciel, et notre mère, qui est reine des cieux. Conséquemment nous devons aimer tous nos frères, tous les hommes, par amour de ce Père et de cette mère. « C'est en cela que tous connaîtront que vous êtes mes disciples, a dit notre Seigneur, si vous avez de l'amour les uns pour les autres ('). »
Et son disciple de prédilection, l'apôtre de charité, nous enseigne comment nous devons nous aimer. « Mes enfants, dit-il, n'aimons pas de parole ni de langue, mais par les œuvres et en vérité (2). » — « C'est pourquoi, pendant que nous en avons le temps, faisons du bien à tous (3). » Nous devons donc, par amour de Dieu, nous aimer les uns les autres, nous secourir les uns les autres, nous supporter les uns les autres. L'Apôtre nous dit : « Portez les fardeaux les uns des autres, et vous accomplirez ainsi la loi du Christ (4). » Et Marie nous le prêche d'exemple, car elle porte tous nos fardeaux, elle qui est le Refuge des pécheurs, la Consolation des affligés, le Secours des chrétiens, la Mère de miséricorde et la Mère de l'amour.
Nous avons tous besoin dela miséricorde de Marie ; soyons donc miséricordieux envers nos frères. Saint Grégoire nous affirme que rien ne nous rend propice le cœur de Marie, comme la miséricorde envers nos frères ; et voilà pourquoi il nous y exhorte en disant :
« Soyez miséricordieux, comme cette mère, céleste est miséricordieuse pour vous ('). »
0 Marie ! mère de l'amour, obtenez pour nous cette grâce, qu'en suivant votre exemple nous accomplissions, dans l'amour de Dieu et du prochain, ce précepte de Dieu : « Que celui qui aime Dieu doit aussi aimer son frère (2)-. » Rappelez-nous souvent que nous sommes tous frères ; ne souffrez pas, parmi vos enfants, de discorde, d'envie, de vengeance, de haine, de mépris et d'indifférence ; mais obtenez le même cœur pour tous, le cœur aimant Dieu, aimant tous et chacun en Dieu, conformément au commandement de Dieu et à votre exemple.







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