Le mois de Marie 19 mai

Le mois de Marie
ou méditations sur sa vie, ses gloires et sa protection

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POUR LE 19ème JOUR DU MOIS.
DE L'HUMILITÉ ET DE LA DOUCEUR DE MARIE.

I.
Saint Thomas nous dit : Que de tous les saints du Seigneur il n'y en a aucun qui brille d'un plus vif éclat par une vertu particulière ; mais que Marie, comme reine de tous les saints, les domine tous par toutes les vertus. C'est pour cela que saint Ambroise nous invite à contempler toujours la sainte Vierge, car elle est le miroir de justice qui reflète le plus exactement l'image de Notre-Seigneur, et que c'est sur elle que nous devons chacun modeler notre cœur, afin qu'enfants de Marie, nous ressemblions de plus en plus à notre divine mère. Car, selon que l'a dit un autre serviteur de Dieu, « les imitateurs de Marie sont les seuls enfants de Marie. »
Or donc, la première vertu que nous devons imiter dans Marie, c'est la vertu de l'humilité.
L'humilité, dit saint Cyprien, c'est l'introduction à la vie dévote, le soutien des autres vertus, l'attrait de l'âme qui cherche à plaire à Dieu ; car l'humilité n'est que la confession de ces deux vérités : que nous ne pouvons faire rien de bon par nous-mêmes, et que tout ce qui est bon nous vient de Dieu. « Vous ne pouvez rien faire sans moi ('), » dit le Seigneur. Et saint Paul nous le dit en ces termes : « Qu'avez-vous que vous n'ayez reçu ! Et si vous l'avez reçu, pourquoi vous en glorifiez-vous, comme si vous ne l'aviez point reçu (2) ? » Ainsi l'humilité évoque nécessairement le sentiment et l'aveu de notre nullité : « Si quelqu'un s'estime être quelque chose, il se trompe lui-même, parce qu'il n'est rien (3). »
Toutes les fois qu'un homme qui n'est pas aveuglé par le péché se retrace dans sa mémoire tous les bienfaits de la création, par lesquels Dieu nous a tirés du néant et nous a comblés de ses dons ; toutes les fois qu'il songe aux bienfaits de la rédemption, par lesquels, au prix de son sang, Dieu nous a relevés de notre chute, et a remis entre nos mains tous les moyens nécessaires pour obtenir le salut éternel ; toutes les fois qu'il considère les bienfaits de la grâce sanctifiante, par laquelle de vils et méprisables pécheurs, à condition du repentir seul, Dieu nous élève du péché à la sainteté, de la terre au ciel, et de l'humanité jusqu'à la divinité ; toutes les fois qu'il le médite, l'homme s'abîme et se perd dans l'infini de la bonté et de la miséricorde divine ; et, saisi d'étonnement, il s'écrie avec sainte Elisabeth : « D'où cela me vient-il ! d'où cela me vient-il ! » Accablé par l'immensité des grâces divines, il se plonge de plus en plus dans le sentiment de l'humilité ; il avoue sa nullité et sa méchanceté, il adore la bonté divine, il pleure ses iniquités ; honteux et contrit, il s'humilie devant son Créateur et son Rédempteur ; il s'humilie même devant toute créature ; il s'humilie d'autant plus, qu'il avait plus reçu de Dieu, qu'il avait plus offensé Dieu, et qu'il espère plus de Dieu.
L'humilité est donc un devoir pour tout homme.
Par l'humilité nous entrons en Dieu, en l'emmenant dans nos cœurs ; de même que par l'orgueil nous sortons hors de Dieu, en l'éloignant de nous ; car « Dieu résiste aux superbes et donne la grâce aux humbles ('). » L'humilité est donc notre principale richesse, la condition nécessaire de notre salut ; sans humilité nous ne sommes que des cadavres vivants, des sépulcres blanchis.
L'humilité, reconnaissant que par elle-même elle n'est rien, elle ne se recherche pas elle-même, elle ne recherche que Dieu, sachant que tout vient de Dieu, espérant tout de Dieu. L'humilité ne désire point sa gloire, mais la gloire de Dieu ; et voilà pourquoi elle est la base et la source de toutes les vertus. L'humilité possède la foi vive, car elle soumet sa raison au distributeur de la raison, qui est Dieu. L'humilité possède l'espérance, car elle n'a pas confiance en elle-même, mais en Dieu. L'humilité possède la charité sans bornes, car n'aimant rien en elle, mais en Dieu, et ne s'attachant à aucune chose créée, elle aime toutes les choses créées en vue du Créateur, puis elle aime le Créateur de tout son cœur, de toute son âme et de toutes ses forces ; enfin, comme elle est vide d'elle-même et de toute autre chose, elle est remplie du feu de l'amour de Dieu, qui la saisit, l'entoure, la pénètre, la ravit et l'embrase ; de sorte que l'âme humble ne vit pas pour elle-même, mais pour Dieu et en Dieu. Aussi l'humilité se complaît dans la pauvreté, par amour de Dieu ; elle garde la chasteté pour complaire toujours à Dieu ; elle se nourrit d'obéissance, mettant toute sa sécurité et toute sa joie dans l'accomplissement de la volonté de Dieu. Elle est reconnaissante pour toute chose, sachant que rien ne lui est dû ; elle est vaillante et courageuse, car elle ne compte pas sur elle-même, mais sur Dieu ; elle est laborieuse, car elle sait qu'elle doit rendre compte à Dieu ; elle est pénitente, car elle sent son indignité et tremble de se trouver en faute ; elle est patiente, puisqu'elle sait qu'elle a mérité bien plus de souffrances ; elle ne s'élève audessus de personne, elle ne se compare à personne ; elle ne se plaint de rien et ne s'étonne d'aucune injustice à son égard ; au contraire, elle s'étonne des louanges qu'on lui donne, de l'estime qu'on lui témoigne. Et c'est ainsi que l'humilité est l'introduction, le soutien et le charme de toutes les vertus.
Et voici pourquoi Jésus-Christ insiste pour que nous possédions cette vertu : « Apprenez de moi, nous dit-il, que je suis doux et humble de cœur ('). »
Oui, Seigneur ! nous le désirons bien ; mais vous, ô Marie ! qui l'avez le mieux appris, apprenez-nous comment nous devons l'apprendre de notre Seigneur Jésus-Christ.

II.
« Quiconque veut bâtir une tour bien haute, doit creuser des fondements bien profonds, » dit saint Grégoire. La tour que nous avons à bâtir doit atteindre jusqu'au ciel ; car il s'agit pour nous de conquérir le ciel. Cette entreprise doit donc nous faire comprendre combien notre humilité doit être profonde, puisque c'est elle qui doit en être le fondement ! Ah ! travaillons, travaillons sans relâche à creuser ce fondement, car le temps est bien court et le terrain bien dur. Plus nous aurons creusé dans l'humilité, plus notre tour s'élèvera vers le ciel ; car c'est en proportion de notre humilité que Dieu nous aura remplis de sa grâce : « Quiconque s'abaisse sera élevé (2). » Et si nous nous abaissions comme Marie, nous serions comme elle remplis de toutes les vertus, et comme elle élevés vers Dieu.
0 tour de David ! tour d'ivoire, dont le sommet atteint jusqu'au plus haut des cieux ! O sanctuaire privilégié que Dieu habite à cause de votre humilité, faites que nos cœurs deviennent par la vertu de l'humilité des demeures propres à recevoir les grâces de Dieu, qu'il refuse aux superbes et qu'il accorde aux humbles, comme vous le proclamez vous-même dans l'hymne de votre humilité, en disant : «Il a renversé les grands de leurs trônes et il a élevé les petits. Il a rempli de biens ceux qui étaient affamés, et il a renvoyé vides ceux qui étaient riches ('). »
Bien que Dieu se soit complu dans Marie, à cause de tous ses charmes, comme il est dit dans le Cantique des cantiques : « Vous êtes toute belle, ma bien-aimée (2). » — « Cependant, dit saint Jérôme, c'est à cause de l'humilité de Marie, de préférence à toute autre vertu, que Dieu a voulu prendre naissance dans son sein virginal (3). » Et Marie même le confesse en disant : « Mon âme glorifie le Seigneur, et mon esprit est ravi de joie en Dieu mon Sauveur, parce qu'il a regardé la bassesse de sa servante (4). » — « Il n'a pas regardé seulement sa virginité et son innocence, mais aussi son humilité profonde (r'), » dit saint Laurent Justinien. « Son humilité, c'est-à-dire son anéantissement ('), ajoute saint François de Sales.
Dieu a regardé Marie, parce qu'elle reconnaissait sa bassesse : voici pourquoi il l'a bénie et l'éleva au-dessus de toutes les créatures, parce que de toutes les créatures elle était la plus humble ; voici pourquoi il a fait en elle de grandes choses, qu'elle ne pouvait exprimer elle-même, car l'humilité de Marie a été si profonde, que la langue humaine ne saurait le dire. Marie, la plus humble de toutes les créatures, ayant par son humilité mérité d'être élevée à la plus haute dignité de la création, à la dignité de mère de Dieu, n'en devint que plus humble ; car les grandes choses que Dieu lui a faites l'avaient encore abaissée. Elle a disparu dans le Seigneur ; elle ne se voit et ne se sent plus ; elle ne voit que Dieu, elle ne se sent qu'en Dieu, elle ne chante que Dieu. « Mon âme, dit-elle, glorifie le Seigneur et mon esprit est ravi de joie eil Dieu mon Sauveur (2). »
C'est ainsi que Marie a mérité, par la plus profonde humilité, les grâces les plus élevées ; et plus elle en recevait de Dieu, plus elle s'abaissait elle-même. Elle s'abaissait devant Dieu, comme le mendiant devant le riche qui l'assiste largement. Elle s'abaissait devant les hommes, en allant la première visiter Elisabeth, en cachant à Joseph son privilége de mère de Dieu. Elle s'abaissait devant le monde entier, en accomplissant la cérémonie de la purification, qui voilait aux yeux de tous le don de virginité uni à celui de maternité, et de maternité divine. Elle s'abaissait partout et toujours, car nulle part elle ne cherchait de gloire pour elle-même. Et ce n'est qu'à la croix, où il ne s'agissait plus de gloire, mais du mépris des hommes, mépris qu'elle y trouva ; ce n'est qu'au pied de la croix qu'elle se manifeste comme mère de celui que les hommes ont condamné comme un malfaiteur et qu'ils exécutaient comme un criminel. Elle s'abaissait enfin devant elle-même : elle estimait qu'elle n'était rien ; elle sentait qu'elle n'était rien. Et c'est ce qu'il y a de plus difficile pour nous, et ce n'est facile qu'aux âmes qui, comme Marie, glorifient le Seigneur et non elles-mêmes : « Mon âme glorifie le Seigneur ('). »
Et mon âme, qui glorifie-t-elle, du Seigneur, ou du serviteur ? Est-ce Dieu, ou elle-même ? Et mon esprit, en qui est-il ravi ? Est-ce en Dieu, qui est son Sauveur, ou en lui-même, qui est son propre ennemi ?
0 Marie ! qui par votre humilité avez donné Dieu aux hommes et les hommes à Dieu. 0 Marie ! qui par votre bienheureuse humilité avez vaincu l'enfer et nous avez conquis le ciel ! 0 Marie la plus humble ! que deviendrai-je, moi, le plus orgueilleux, si votre humilité ne triomphe de mon orgueil !

III.
« Que vous êtes belle ! ma bien-aimée, que vous êtes belle ! vos yeux sont ceux des colombes ('). » Ces yeux de colombe, dont la beauté ravit Dieu même, ce sont la douceur et l'humilité. La douceur et l'humilité, voilà les deux yeux fermés au monde et ne regardant que le ciel : voilà les deux ailes qui, sans le moindre bruit, emportent l'àme vers Dieu ; voilà les deux rayons qui éclairent l'âme et l'unissent à Dieu ; voilà les deux chemins divins par lesquels le Saint-Esprit descend dans l'âme. La douceur et l'humilité étaient dans Marie cette perle précieuse avec laquelle elle acheta le ciel et Dieu lui-même. La douceur et l'humilité étaient dans Marie le parfum du souffle de Dieu.
Douce comme la rosée du printemps, Marie a passé sa vie entière dans la plus humble modestie. On ne l'entendait pas plus qu'on n'entend le cours des planètes ; et comme les planètes accomplissent silencieusement leur révolution au milieu de l'azur des cieux, de même Marie pratiquait en silence toutes ces vertus sublimes, dont l'éclat se rèflétait sur le fond d'azur de son humilité, et feront éternellement l'admiration du monde. Chantait-elle, c'était à Dieu. Se plaignait-elle, c'était d'amour. Pleurait-elle, c'était sur nous. Priait-elle, c'était pour nous. Elle chantait à Dieu, du fond de son âme bienheureuse : « Mon âme glorifie le Seigneur (') ! » Elle n'a soupiré qu'une seule plainte, c'est quand, après avoir retrouvé Jésus après sa disparition, elle lui dit, dans l'effusion du chagrin qu'elle en avait éprouvé ainsi que Joseph, et encore plutôt par ses larmes que par ses paroles : « Mon fils, pourquoi avez-vous agi ainsi avec nous ? Voilà votre père et moi qui vous cherchions tout affligés (2). »
Son âme pleurait toujours, mais en secret, tout bas. Elle pleurait les souffrances de Jésus ; elle pleurait sur nos péchés et sur nos ingratitudes ; car c'était là vraiment le glaive qui transperçait son âme. Marie priait, mais ce n'était pas pour demander, même à son fils, des biens terrestres pour elle : elle demande tout pour nous, quand même nous ne lui demandons rien ; comme elle a fait aux noces de Cana, où, voyant que le vin venait à manquer aux époux, elle dit à Jésus, bien qu'on ne le lui demandât pas : « Ils n'ont point de vin (s), » et Jésus leur procura miraculeusement du vin, l'accordant à l'instant à la prière de Marie.
Et nous aussi, o Marie ! nous n'avons point de vin, et nos vases ne sont remplis que d'écume et dé vinaigre. 0 notre mère ! vous savez bien quel est le vin qu'il nous faut. Dites tout bas à Jésus : « Ils n'ont point de vin, » et dites-nous, à nous, tout haut, car nous sommes sourds à votre voix, dites-nous bien haut quels sont les vases que nous devons préparer pour recevoir ce vin, et de quoi devons-nous les remplir.
Marie ne désire d'autres vases que nos cœurs, elle veut que nous les remplissions de l'eau limpide de l'humilité, avec laquelle son fils fera, par l'effet de sa grâce, du vin excellent, vin de charité, qui servira pour notre festin éternel.
Marie ne s'est jamais plainte ni de l'ingratitude des hommes, ni des persécutions, ni du glaive dont nous avons percé son âme, car son humilité absorbait sa douleur. A côté de cette douceur de Marie, voyons figurer nos murmures et nos plaintes, nos disputes et nos querelles, nos prétentions, nos clameurs, et nos vanteries...
0 vous si douce ! ô vous si paisible ! calmez-nous Marie ! apaisez-nous ! pour que nous puissions entendre le chant humble et doux de votre cœur, et que nous puissions l'accompagner aussi, en chantant avec vous, du fond de nos cœurs, cette hymne à la gloire de Dieu, à notre propre néant : « Mon âme glorifie le Seigneur, et mon esprit est ravi de joie en Dieu mon sauveur. »







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