Le mois de Marie
ou méditations sur sa vie, ses gloires et sa protection
Source : Livre "Le mois de Marie ou méditations pour chaque jour du mois sur sa vie, ses gloires et sa protection" par Aleksander Jełowicki
POUR LE 5ème JOUR DU MOIS
POUR LA FÊTE DES FIANÇAILLES DE LA TRÈS-SAINTE VIERGE. (23 janvier)
I.
«Marie étant fiancée à Joseph (')... » Avant, depuis et toujours, Marie fut épouse de Dieu : cette union sainte et unique seule pouvait mériter les honneurs de la maternité divine à celle qui en serait l'objet ; seule elle pouvait préparer une demeure au Sauveur du monde. Mais comme le Rédempteur ne devait y descendre qu'à l'état d'enfant, afin d'avoir à supporter toutes les misères de l'humanité ; comme jusqu'à une certaine époque , il entrait dans ses desseins non seulement de ne point révéler sa divinité, mais de la tenir soigneusement cachée aux yeux des hommes, et que par conséquent on ne pouvait savoir d'abord que sa mère était mère de Dieu, et qu'elle avait conçu par l'opération du Saint-Esprit, Dieu avait choisi Joseph pour tuteur de son Fils et pour défenseur de l'honneur de sa Mère : c'est pour cela que Marie avait épousé Joseph.
POUR LA FÊTE DES FIANÇAILLES DE LA TRÈS-SAINTE VIERGE. (23 janvier)
I.
«Marie étant fiancée à Joseph (')... » Avant, depuis et toujours, Marie fut épouse de Dieu : cette union sainte et unique seule pouvait mériter les honneurs de la maternité divine à celle qui en serait l'objet ; seule elle pouvait préparer une demeure au Sauveur du monde. Mais comme le Rédempteur ne devait y descendre qu'à l'état d'enfant, afin d'avoir à supporter toutes les misères de l'humanité ; comme jusqu'à une certaine époque , il entrait dans ses desseins non seulement de ne point révéler sa divinité, mais de la tenir soigneusement cachée aux yeux des hommes, et que par conséquent on ne pouvait savoir d'abord que sa mère était mère de Dieu, et qu'elle avait conçu par l'opération du Saint-Esprit, Dieu avait choisi Joseph pour tuteur de son Fils et pour défenseur de l'honneur de sa Mère : c'est pour cela que Marie avait épousé Joseph.
Saint
Jérôme se demande : « Pourquoi Jésus-Christ a-t-il pris naissance dans
le sein d'une vierge mariée, et non dans celui d'une vierge libre ? » Et
cette question il la résout lui-même en ces termes : « C'était d'abord,
dit-il, pour démontrer la généalogie de Marie par celle de Joseph ; car
il est bon de rappeler ici que l'Écriture sainte n'établit point la
descendance des femmes ; mais comme la loi ancienne exigeait des Juifs
qu'ils épousassent les femmes de leurs tribus et de leurs familles
mêmes, ainsi la généalogie de la femme chez les Juifs ne pouvait être
prouvée autrement que par celle de son époux. » « Deuxièmement, continue
saint Jérôme, c'était pour que les Juifs, apprenant qu'elle était
devenue mère, ne la lapidassent comme une vierge déshonorée.
Troisièmement, enfin, pour qu'elle trouvât la protection nécessaire lors
de sa fuite en Egypte. «Saint Ignace, martyr, ajoute encore une
quatrième observation : « C'était, dit-il, pour cacher à Satan la
naissance du Messie. Car de la sorte, l'esprit des ténèbres ne pouvait
reconnaître en Jésus que l'enfant d'une femme mariée et non celui d'une
vierge ('). »
« Admirons la sagesse et la dignité des vues de la Providence ! s'écrie là-dessus saint Bernard. » Cette seule disposition divine a fourni un témoin du saint mystère, l'a caché à l'ennemi, et misa couvert l'honneur de la Vierge mère ('). »
« Admirons la sagesse et la dignité des vues de la Providence ! s'écrie là-dessus saint Bernard. » Cette seule disposition divine a fourni un témoin du saint mystère, l'a caché à l'ennemi, et misa couvert l'honneur de la Vierge mère ('). »
Quel
est donc celui que Dieu avait choisi pour témoin du plus profond de ses
mystères ? qu'il avait institué comme gardien de l'honneur de la Mère
de son Fils ? qu'il avait nommé nourricier et protecteur de ce divin
enfant ?Quel est ce gardien de la vérité, ce défenseur de l'arche du
Seigneur et de toutes nos espérances ? Quel est ce protecteur de son
maître, auquel le Saint-Esprit prédit en ces termes une gloire si
insigne : « Celui qui garde son maitre sera élevé en gloire. » Quel est
cet homme « aimé de Dieu dont la mémoire est en bénédiction (3) ?» Quel
est celui dans lequel le peuple croira voir le père de Jésus-Christ, qui
portera son Dieu dans ses bras comme un enfant, et qui s'endormira
comme un enfant dans les bras de son Dieu ?... C'est Joseph, l'homme
juste, le plus digne d'entre les patriarches, le protecteur, le gardien
de tous les enfants adoptifs de Marie, de tous les frères de
Jésus-Christ ; notre gardien durant toute la course de notre vie, notre
gardien au moment de notre mort !
0 Joseph ! saint époux de la mère de Dieu et de la nôtre ! tant que nous vivons, portez-nous dans vos bras avec l'enfant Jésus, et au moment de notre mort remettez-nous libres de toute crainte entre les bras de Jésus.
0 Joseph ! saint époux de la mère de Dieu et de la nôtre ! tant que nous vivons, portez-nous dans vos bras avec l'enfant Jésus, et au moment de notre mort remettez-nous libres de toute crainte entre les bras de Jésus.
II.
«
Marie avait épousé Joseph. » Tous les deux ils étaient de la famille
royale, de la maison de David, et cependant ils étaient pauvres ; vivant
dans la retraite du fruit de leur travail ; inconnus du monde, et n'en
recevant point d'honneurs, mais connus et honorés de Dieu. Dieu les aima
et les préféra à tous ; il les combla de ses bénédictions les plus
abondantes et les plus précieuses : il les a remplis d'amour pour lui,
mais il ne leur a donné ni les honneurs, ni les richesses du monde. Ce
ne sont donc pas les honneurs et les richesses terrestres, mais la
richesse de la grâce de Dieu qui est le signe de sa bénédiction.
Supplions donc, implorons toujours, non pas le don des richesses et des
honneurs, mais celui de l'amour de Dieu. Et si Dieu nous éprouve par
l'indigence et le mépris de la part des hommes ; s'il daigne nous
rapprocher ainsi de ces élus si vivement aimés de lui, songeons à Marie
et à Joseph, et, suivant leur exemple, consacrons à Dieu nos travaux et
nos misères, afin que Dieu les bénisse et les adoucisse.
«
Marie avait épousé Joseph. » Elle l'avait reçu pour époux des mains de
Dieu, malgré son vœu de chasteté ; pleine de confiance en Dieu, que
Joseph sera le fidèle gardien de sa virginité. En récompense de cette
confiance de Marie, Dieu l'avait entourée d'un charme de modestie
tellement puissant ; il l'avait remplie de tant de grâces, que, selon
les paroles de saint Ambroise, « elle ne s'est pas seulement conservée
chaste, mais encore elle communiquait par son regard le don de la
chasteté ('). » Et qui est donc celui auquel elle a dû communiquer en
premier le don précieux de la chasteté, sinon à Joseph son époux ? Saint
Jérôme en est tellement persuadé qu'en réfutant l'hérétique Elvidius,
il s'écrie : « Tu dis que Marie ne resta pas vierge, et moi je prétends
bien plus, et dis que c'est par elle que Joseph lui-même conserva sa
virginité (*). » Ah ! tournons donc nos regards vers Marie, afin que le
charme de sa modestie rejaillisse sur nos cœurs et sur nos figures, et
qu'il communique à nos âmes et à nos corps une pureté de plus en plus
resplendissante.
«
Marie avait épousé Joseph. » Elle était donc soumise et obéissante
envers lui. Comment Marie, obéissante envers Joseph ? Marie, choisie
pour être la mère de Dieu, Marie, la plus sainte des créatures sorties
des mains du Tout-Puissant ; Marie, la reine du ciel et de la terre, se
faisant par la vertu de l'obéissance sujette de son sujet !... Cette
obéissance de Marie donne la mesure de sa sainteté par celle de son
humilité. La meilleure preuve de la sainteté, est la vraie humilité ; et
la meilleure preuve de l'humilité est la vraie obéissance, c'est-à-dire
obéissance sans égard à notre prétendue dignité, car toute dignité
n'est pas à nous, mais à Dieu ; obéissance sans égard à notre prétendue
supériorité, car quiconque s'élève sera abaisse (') ; » obéissance sans
égard à notre prétendue sainteté, car l'homme ne sait s'il est digne
d'amour ou de haine (2) ; » obéissance sans égard a la prétendue
infériorité de ceux que Dieu nous a donnés pour supérieurs, car Dieu ne
fait point acception des personnes (3), mais de leurs cœurs. « Vous avez
grand soin de paraître justes devant les hommes, nous dit le Seigneur ;
mais Dieu connaît vos cœurs ; car ce qui est grand aux yeux des hommes
est en abomination devant Dieu (4). » Et si toutefois il nous arrivait
de nous croire supérieurs en dignité, en mérite, en sainteté à ceux que
Dieu aura placés au-dessus de nous, songeons alors à Marie, mère de
Dieu, reine du ciel et de la terre, qui fut obéissante à Joseph, pauvre
charpentier.
III
«
Marie fut reconnue grosse, ayant conçu dans son sein par l'opération du
Saint-Esprit. Or, Joseph, son mari, étant juste et ne voulant pas la
déshonorer, résolut de la renvoyer secrètement ('). » C'est un
témoignage en faveur de Marie, observe saint Jérôme, car Joseph,
connaissant sa chasteté, bien qu'étonné de ce qui était arrivé, garde le
silence sur cet événement qui est un mystère pour lui. Et voilà
pourquoi il résolut de la renvoyer secrètement. Mais lorsqu'il était
dans cette pensée, un ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit :
« Joseph, fils de David, ne craignez point de prendre Marie pour votre
femme, car l'enfant qu'elle porte dans son sein a été conçu en elle par
l'opération du Saint-Esprit, et elle enfantera un fils à qui vous
donnerez le nom de Jésus, parce que ce sera lui qui sauvera son peuple
(2). »
Qui
pourrait exprimer la joie de Joseph, lorsque les paroles de l'ange lui
ont révélé qu'il était l'époux de la Mère du Fils de Dieu, le gardien et
le plus proche serviteur de ce Fils bien-aimé ! Qui pourrait dire
quelle fut la vivacité de la joie du plus éminent, du dernier de la
série des patriarches ! Qui pourrait faire connaître le ravissement de
son cœur, en voyant s'accomplir la promesse du Seigneur par la venue du
Sauveur du monde ! De quel profond respect entourait-il la mère du
Sauveur, Marie ! la divine Marie ! Et cependant Marie, mère de Dieu,
respectait dans Joseph son chef et son supérieur.
Quels
exemples des plus grandes vertus ce couple si saint n'offre-t-il pas
aux hommes de tous les états ! Une vierge en contemplant l'admirable
chasteté de Joseph et de Marie s'attachera de plus en plus à cette
sainte vertu. Des époux en contemplant leur concorde et leur paix
domestique, aimeront la concorde et la paix domestique. Et nous tous, en
contemplant l'obéissance de Marie, mère de Dieu, envers Joseph,
serviteur de Dieu, nous aimerons l'obéissance et nous serons obéissants.
Et l'humilité de Marie, et la sollicitude de Joseph, et leur vie
retirée, et leur pauvreté, et leurs fatigues supportées par amour de
Jésus-Christ, pourraient-elles ne pas nous porter à honorer Marie et
Joseph, et à chercher à les imiter ! 0 Marie ! ô Joseph ! resterons-nous
encore, malgré votre exemple, immodestes, désobéissants, orgueilleux,
querelleurs, avares, paresseux pour le service de Dieu ? 0 Marie ! ô
Joseph ! priez pour nous, afin que, marchant sur vos traces, nous
puissions arriver jusqu'à Dieu.
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