Le mois du Sacré Cœur de Jésus
Dix-huitième jour
Source : Livre "Le mois du Sacré Cœur de Jésus"
DIX-HUITIÈME JOUR.
De l'agonie du Cœur de Jésus au jardin des Oliviers.
Si
toute la vie de Notre-Seigneur fut une croix et un martyre continuels,
par la vue anticipée des maux qu'il devait souffrir pour le genre
humain, on peut dire cependant encore que le plus douloureux instant de
cette vie d'amertume fut celui où il voulut réunir à la fois dans son
Cœur, par une vive et sérieuse considération, tous ces maux, et en
porter le poids et la peine durant cette agonie de trois heures à
laquelle il se livra au jardin des Oliviers. C'est là que les âmes
dévouées à ce divin Cœur doivent venir le considérer tous les jours et
mesurer l'étendue de son amour. Ce moment est celui du martyre de son
divin Cœur. Les souffrances physiques de sa passion furent en quelque
sorte uu soulagement à sa douleur, une satisfaction à son amour ; mais
c'est ici qu'il souffre sans adoucissement, sans consolation ; qu'il
refuse même à son esprit toute pensée qui pourrait lui apporter un
soulagement : Renuit consolari anima mea. ( Ps. LXXXVI, 4.)
Considérons donc quelles furent ses souffrances durant cette cruelle agonie.
Première souffrance du Cœur de Jésus : Sa compassion pour son Père.
Dieu est amour, Deus charitas est (Joan. IV), nous dit l'apôtre que Jésus aimait.
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définition digne de saint Jean, digne du Cœur de Jésus, dans lequel il
l'avait puisée durant ce repos plein de lumière qu'il goûta sur la
poitrine de son divin Maître. Ce Dieu d'amour nous a aimés d'un amour
éternel ; de toute éternité nous avons occupé sa pensée, ses desseins de
miséricorde : In charitate perpétua dilexite. (Jer., XXXI, 3.) Lorsque
l'homme en péchant eut perdu tous les dons que lui destinait sa bonté,
Dieu, plus libéral encore, l'aima jusqu'à lui donner son Fils unique,
l'objet de ses complaisances et de ses affections, jusqu'à livrer ce
divin Fils à la mort la plus douloureuse, la plus ignominieuse, pour
sauver l'homme pécheur : Sic Deus dilexitmundum, utFiliwm unigenitum
daret. (Joann., III, 16.)
Donner
son Fils, c'est plus que se donner soi-même ; aussi ce divin Père se
fût-il plus volontiers livré lui-même s'il eût jugé qu'il fût convenable
de le faire. Mais le monde a méconnu cet amour incompréhensible, il n'y
a pas voulu croire, il l'a oublié : Non crediderunt charitati.
En
effet, ce prodige admirable d'amour, l'étonnement des anges et des
saints du ciel, qui le médite ? qui l'approfondit ? qui le reconnaît, au
moins autant qu'il est au pouvoir d'une créature de le faire ?
Si
nul n'est père à l'égal de Dieu, on peut dire aussi que nul n'éprouva
jamais pour le père le plus tendrement aimé des sentiments aussi vifs
que le Fils de Dieu à l'égard de son Père. Or, dans son agonie, le Cœur
de Jésus compatissait au delà de tout ce qu'on peut dire à cet
incompréhensible amour outragé par l'ingratitude et les crimes
innombrables dont les hommes ont payé l'immense charité de Dieu le Père à
leur égard.
Seconde souffrance du Cœur de Jésus : Sa compassion pour les douleurs de sa Mère.
Pour
dire ce que souffrit Marie pendant la douloureuse passion de son divin
Fils, il faudrait avoir pénétré dans son Cœur. Ce Cœur était doué d'une
capacité de sentiment si noble, si profonde, si excellente, que nul
autre cœur de mère ne saurait lui être comparé. Elle seule pouvait dire
avec vérité que les opprobres de son divin Fils retombaient sur son Cœur
: Et opprobria exprobrantium tibi ceciderunt super me. Elle sentait
seule toute l'amertume des dérisions, des insultes, des blasphèmes
proférés contre Jésus. Elle entendait les soupirs, les gémissements, les
dernières paroles de son fils ; elle le voyait abandonné de son Père,
étendu, cloué sur la croix, expirer dans la plus cruelle agonie sans
qu'il lui fût possible d'essuyer les larmes qui coulaient de ses yeux,
d'étancher le sang de ses plaies, de lui rendre aucun de ces tristes
soins qui pouvaient adoucir ses dernières souffrances ; sans qu'elle pût
surtout verser la moindre consolation dans son Cœur affligé. A ce
spectacle, son silence et ses larmes étaient sa seule voix : Stabat
Mater dolorosa juxta crucem lacrymosa, dùm pendebat filius.
Voir
souffrir ceux que l'on aime, les voir souffrir à son sujet, quel
martyre ! Or ces douleurs incompréhensibles de Marie, son divin fils les
ajoutait aux siennes, les recevait, les portait dans son propre Cœur
par la compassion durant son agonie.
Pesez,
sondez tant de douleurs endurées pour vous ; demandez au Cœur de Jésus
de verser dans le vôtre une goutte de cette mer d'amertume qui environne
et pénètre le sien, afin que l'expérience de tant de maux vous rende
généreux à tout souffrir et à tout entreprendre pour répondre à tant
d'amour (-1).
(1) PRIÈRE DE BOSSUET
Pour unir nos souffrances à celles de J.C.
Pour unir nos souffrances à celles de J.C.
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Mon Dieu, je m'unis de tout mon cœur à votre saint Fils Jésus, qui,
dans la sueur de son agonie, vous a présenté la prière de tous ses
membres infirmes.
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Dieu, Vous l'avez livré à la tristesse, à l'ennui, à la frayeur ; et le
calice que vous lui avez donné à boire était si amer et si plein
d'horreur, qu'il vous pria de le détourner de lui.
En union avec sa sainte âme, je vous le dis, ô mon Dieu et mon Père : Détournez de moi ce calice horrible ; toutefois que votre volonté soit faite, et non pas la mienne.
Je
mêle ce calice avec celui que votre Fils notre Sauveur a avalé par
votre ordre. Il ne me fallait pas un moindre remède, ô mon Dieu : je le
recois de votre main avec une ferme foi que vous l'avez préparé pour mon
salut, et pour me rendre semblable à Jésus-Christ mon Sauveur.
Mais,
ô Seigneur, qui avez promis de ne nous mettre pas à des épreuves qui
passent nos forces, vous êtes fidèle et véritable : je crois en votre
parole ; et je vous prie, par votre Fils, de me donner de la force ou
d'épargner ma faiblesse.
Jésus mon Sauveur, nom de miséricorde et de grâces, je m'unis à la sainte prière du Jardin, à vos
sueurs, à votre agonie, à votre accablante tristesse, à l'agitation
effroyable de votre sainte âme, aux ennuis auxquels vous avez été livré,
à la pesanteur de vos immenses douleurs, à votre délaissement, à votre
abandon, au spectacle affreux qui vous fit voir la justice de votre Père
armée contre vous, aux combats que vous avez livrés aux démons dans ce
temps de vos délaissements, et à la victoire que vous avez remportée sur
ces noirs et malicieux ennemis, à votre anéantissement, et aux
profondeurs de vos humiliations, qui font fléchir le genou devant Vous à
toutes les créatures, dans le ciel, sur la terre et dans les enfers :
en un mot, je m'unis à votre croix, et à tout ce que vous choisissez
pour crucifier l'homme. Ayez pitié de tous les pécheurs, et de moi, qui
suis le premier de tous : consolez-moi, convertissez-moi,
anéantissez-moi, rendez-moi digne de porter votre livrée. Ainsi soit-il
Pratique.
Notre-Seigneur
lui-même, parmi les différents exercices qu'il prescrivit à la
vénérable Marguerite-Marie pour honorer son Cœur, lui enseigna celui qui
est aujourd'hui connu sous le nom d'Heure sainte.
«
Je te demande, lui dit-il, que tu passes en oraison les nuits du jeudi
au vendredi, depuis onze heures jusqu'à minuit, pour partager avec moi
la douleur que j'eus dans mon agonie, pour apaiser ma colère envers les
pécheurs, et pour adoucir en quelque façon l'amertume que je sentis
alors de l'abandon qui m'obligea à leur reprocher qu'ils n'avaient pu
veiller une heure avec moi. »
Si
l'âge, la santé ou vos supérieurs ne vous permettent pas cette pratique
salutaire, vous ne pourrez au moins vous excuser d'en former le désir,
et d'offrir à Notre-Seigneur tous les jeudis au soir, en supplément de
l'oraison que vous ne pouvez faire, celle de tant d'âmes saintes qui
sont fidèles à cette pratique, priant vote bon ange de tenir votre place
auprès du Cœur de Jésus.
Oraison Jaculatoire.
Oh ! qui me donnera d'entrer dans l'intérieur de votre Cœur, ô Jésus ! Cor Jesu, etc. Cor Mariœ, etc.
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