Le mois de Marie 29 mai

Le mois de Marie
ou méditations sur sa vie, ses gloires et sa protection

 Les gifs animés de la Vierge Marie page3


POUR LE 29° JOUR DU MOIS
POUR LA FÊTE DE NOTRE-DAME DE LA DÉLIVRANCE.
(24 septembre)
LÉGENDE DU BRÉVIAIRE ROMAIN.

A l'époque où la plus grande et la plus belle partie de l'Espagne gémissait sous le joug des cruels Sarrasins, et qu'un grand nombre de fidèles se trouvaient exposés, dans les fers de l'esclavage, à renier la foi de Jésus-Christ et à perdre le salut éternel, la bienheureuse Reine des cieux, venant au secours de ces malheureux, signala sa grande miséricorde dans le rachat de ces captifs. Elle apparut donc à saint Pierre Nolasco, qui était un homme de beaucoup de piété possédant une fortune considérable, et qui méditait constamment sur les moyens à prendre pour venir en aide à ce grand nombre de chrétiens qui gémissaient dans les fers des Maures. Or, la sainte Vierge, apparaissant avec un front serein, lui déclara, que ce serait chose très agréable pour elle et pour son Fils, que l'institution d'un Ordre en son honneur, qui serait chargé du soin de délivrer les captifs de l'oppression des Sarrasins. Rempli d'allégresse par cette céleste vision, l'homme de Dieu se sentit embrasé de la plus ardente charité. Son cœur ne rêva plus que l'accomplissement de cette institution, dont tous les membres, ainsi que lui-même, entraînés par cette immense charité, allaient se dévouer jusqu'au sacrifice de leur vie pour leurs amis et leurs frères. La même nuit, la sainte Vierge apparut aussi au bienheureux Raymond de Pennafort, ainsi qu'à Jacques, roi d'Aragon, auxquels elle a fait connaître les mêmes intentions sur le nouvel Ordre religieux, en les engageant à prêter la main à l'accomplissement de cette grande œuvre de charité. Pierre, de son côté, accourut aux pieds de Raymond, qui était son confesseur, lui raconta sa vision et se remit humblement sous sa direction. Il apprit alors que Raymond avait été comme lui instruit par la voie céleste. A ce moment le roi Jacques, qui lui aussi avait été instruit par la sainte Vierge, arriva auprès d'eux ; ils se concertèrent ensemble pour l'établissement de l'Ordre en l'honneur de la Mère de Dieu ; et, sous l'invocation de Notre-Dame de la Délivrance, le 10 août 1218, le même roi Jacques fonda le couvent de l'Ordre religieux proposé par les deux saints, et dont tous les membres s'engageaient, par un quatrième vœu, à se rendre comme otages, si besoin en était, au pouvoir des infidèles, en échange des chrétiens retenus en captivité. Le roi donna à ces religieux le privilége de porter ses aimes sur leur poitrine ; et il obtint du pape Grégoire IX la confirmation de cet Ordre, si éminent par son amour envers le prochain. Et, sous la protection de la Vierge-Mère, Dieu donna à cet Ordre un accroissement si prompt et si heureux, qu'en peu de temps il s'est propagé par toute la terre, comptant dans son sein des hommes illustres par leur sainteté, leur charité et leur piété, qui ramassaient les aumônes des fidèles pour racheter les captifs, et qui se livraient quelquefois eux-mêmes pour les délivrer. Afin que les actions de grâces dues pour un pareil bienfait, et pour l'institution d'un pareil Ordre, soient toujours rendues à Dieu et à la sainte Vierge, le Saint-Siège consentit à faire célébrer une fête particulière, avec un office qui lui serait propre ; et dota cet Ordre de plusieurs privilèges très importants (').
« Je sais, ô ma souveraine ! s'écrie saint Pierre Damien, que vous êtes la plus aimante, et que vous nous aimez d'un amour invincible (') ! » Ah ! nous le savons tous, qu'après Dieu, Marie est la plus aimante, et par conséquent la plus miséricordieuse ; et que sa miséricorde, ainsi que son amour, est invincible. L'enfer ne la vaincra pas, car c'est au contraire sa miséricorde qui a vaincu l'enfer. Nos misères ne la vaincront pas, car l'amour de Marie est un amour maternel ; plus ses enfants sont misérables, plus son amour est tendre et prévenant. Les iniquités des hommes et des démons ne la vaincront pas, car, selon nos besoins, et même surabondamment, selon nos dangers, et bien au delà, la protection de Marie veille toujours sur nous, nous soutient, nous protège, nous délivre et nous relève. Y a-t-il quelqu'un qui n'ait éprouvé la miséricorde de Marie, de cette mère de miséricorde ? A moins qu'il n'eût jamais prononcé, qu'il n'eût jamais invoqué le nom de Marie ; à moins que son cœur n'eût jamais répondu par un seul battement au cœur de Marie ; à ce cœur animé constamment du plus vif amour pour nous, d'un amour qui nous prévient et nous poursuit, comme la grâce de Dieu, d'un amour invincible !
Si l'amour de Marie poursuit ceux-là mêmes qui ne l'aiment pas, de quel amour n'embrase-t-elle pas tous ceux qui l'aiment : ces petits enfants qui n'ont jamais affligé cette bonne mère, qui la réjouissent en répondant à son amour par un amour réciproque, qui jouent à ses pieds dans la sainte concorde, ceux-là aussi qui, de méchants qu'ils étaient, sont devenus bons et dociles, grâce à son assistance ! Marie, qui nous poursuit de son amour, ne se laisse jamais devancer par notre amour pour elle ; car elle nous aime toujours plus qu'elle n'est aimée de nous. Saint Ignace le martyr, s'extasiant sur l'amour de Marie, s'écriait : « Ah ! toujours, toujours, ceux qui aiment Marie, sont bien plus encore aimés par Marie (') ! »
0 Marie, en vous aimant nous ne vous aimons que comme vos enfants ; et vous nous aimez bien autrement, car vous nous aimez comme notre mère. Nous ne saurions donc, ni vaincre votre amour, ni même l'égaler. Puissions-nous au moins vous aimer autant que nous devons aimer une telle mère !
On avait demandé à saint Stanislas Kostka, combien il aimait Marie. A cette demande il fondit en larmes, et il s'écria « : Marie ? mais c'est ma mère ! » Oh ! si quelqu'un demandait à Marie combien elle nous aime, et s'il le demandait de bon cœur, il entendrait au fond de son âme cette tendre réponse : « Vous ? mais vous êtes mes enfants ! »
Oh! pourquoi donc ne nous pressons-nous pas autour de cette tendre mère, en nous y hâtant d'autant plus, que nous avons plus besoin de sa miséricorde et de son amour ? Pourquoi ne la supplions-nous pas qu'elle vienne nous délivrer ? nous qui avons besoin d'être délivrés, et de Satan, et du monde, et de nous-mêmes, et de toutes les chaînes, malheureusement trop lourdes, que nous nous sommes forgées par nos péchés.

II.
Parmi les innombrables solennités établies en l'honneur de Marie notre mère, l'Eglise célèbre avec reconnaissance la fête de Notre-Dame de la Délivrance. Et puisque Marie a si merveilleusement pourvu à la délivrance des fidèles soumis au joug des Sarrasins, quels miracles de miséricorde n'est donc pas en droit d'espérer celui qui, par son propre péché, devenu le prisonnier de Satan, recourrait en toute confiance à Marie, et la prierait de l'arracher à la gueule du lion infernal, fût-il sur le point de le dévorer.
« Marie, selon l'expression de saint Bernardin de Buste, veut nous faire plus de bien, obtenir pour nous et nous accorder plus de grâces que nous ne pouvons en désirer (') ; » parce que les sentiments de son cœur sont pour nous ce que les rayons du soleil sont à la nature. Et voici pourquoi, dit saint Bonaventure, «personne ne saurait éviter sa lumière et sa chaleur (2). Et comme le soleil éclaire et réchauffe tout ce qui existe, ainsi Marie, continue saint Bernard, « est devenue tout pour tous ; elle ouvre à tous le sein de sa miséricorde, afin que chacun y puise de sa plénitude : le captif, sa délivrance ; le malade, sa guérison ; l'affligé, sa consolation ; le pécheur, son pardon (') ; » et saint Alphonse de Liguory ajoute : « et Dieu sa gloire. »
Et comme Jésus-Christ répand ses richesses sur tous ceux qui l'invoquent (2) ; de même Marie, qui tient en ses mains tous les trésors de son fils, répand ses richesses sur tous ceux qui ont recours à elle. Qui connaît le cœur d'une mère, devinera facilement combien Marie désire que nous nous adressions à elle, afin de puiser le plus abondamment dans les trésors de Jésus-Christ qui se trouvent entre ses mains. Comme elle nous invite ! Comme elle nous attire ! Comme elle nous supplie de la supplier ! Elle nous entoure de sa protection, alors même que nous ne le demandons pas, pour que, au moins, nous l'en remerciions, et que cette action de grâces nous serve de prière ! Elle nous place devant les yeux les merveilles de son amour, elle nous entoure des rayons de la grâce de Dieu, afin que nous voyions enfin, que nous nous apercevions enfin que cette mère de Dieu, qui est la nôtre, mère la plus tendre et la plus aimable, nous ouvre toujours le sein de sa miséricorde, au fond duquel nous attend toujours la miséricorde de Dieu. Elle tend ses bras vers nous, toujours prête à délivrer, à relever, à embrasser, même le plus grand pécheur ; pourvu qu'il s'écrie du fond de son cœur :
« Marie, ma mère ! sauvez-moi ! » Elle s'annonce à nous par des milliers de miracles ; elle se recommande à nous par des milliers de grâces ; elle nous appelle par des milliers de soupirs maternels, qui font involontairement soupirer nos cœurs, sans qu'ils puissent même en deviner quelquefois la cause. Ah ! ce soupir inconnu, c'est le soupir de Marie notre mère, qui gémit en nous par des gémissements ineffables, pour demander notre amour, pour nous réveiller du sommeil dans lequel nous sommes plongés au milieu du désert de ce monde, pour nous délivrer de ces ennemis acharnés et perfides dont nous sommes entourés. Ce soupir bienheureux, tout pénétré d'amour, ce soupir est un appel par lequel Marie nous invite, et nous dit : «Je suis la ville de refuge pour tous ceux qui ont recours à moi : approchez donc, et recevez surabondamment de mes mains le don de toutes les grâces (').
Tant de bonté et de sollicitude de Marie font dire à saint Bonaventure : « 0 ma souveraine ! ce ne sont pas seulement ceux qui vous injurient qui pèchent contre vous, mais encore ceux-là qui négligent de vous invoquer et de vous prier (2). »
0 Marie ! préservez-nous de ce péché, et, par là même, vous nous aurez préservés de tout autre péché ; car, comme l'a dit un de vos serviteurs :
Point ne péchera qui, sitôt tenté,
Du secours à Marie aura demandé (').

III.
« Le recours à Marie, dit saint Anselme, n'est pas de la défiance envers la miséricorde divine ; c'est le juste sentiment de crainte, de sa propre indignité (2). » — « Allons donc nous présenter avec confiance, nous dit l'Apôtre, devant le trône de la grâce, afin d'y recevoir miséricorde, et d'y trouver le secours de la grâce dans nos besoins (3). » Et ce trône de grâce, qui est-ce, si ce n'est Marie (4)?
Allons vers Marie, nous tous principalement qui sommes chargés des liens du péché ; qui avons refusé tant de fois la grâce et l'amour de Jésus-Christ ; qui sentons très bien que nous ne sommes plus dignes d'être écoutés ; qui, par notre malice, notre impudicité et une infinité d'autres crimes, avons effacé et souillé l'image de Jésus-Christ imprimé sur nos âmes ; nous qui ne nous sentons dignes que d'être rejetés, qui connaissons toute l'infamie de notre ingratitude envers le bon pasteur, qui n'a point hésité à livrer sa vie pour ses brebis, pour nous ; nous enfin qui, effrayés à la vue de tout le mal que nous avons fait, nous sommes presque tentés de désespérer de la miséricorde de Dieu si généreuse qu'elle soit, sachant que nous avons nous-mêmes poussé sur nous la porte de cette miséricorde infinie, que nous l'avons barricadée par notre impénitence, et que nous l'avons hérissée contre nous, comme d'autant des glaives, de l'innombrable multitude de nos péchés. Oui, tout coupables, tout criminels, tout infâmes que nous soyons, ne désespérons pas ; car nous avons Marie ! Adressons-nous à Marie, avec saint Jean Damascène, en lui disant : « Ouvrez-nous la porte de la miséricorde du Seigneur, bienheureuse Vierge, mère de Dieu ! car vous êtes le salut du genre humain ('). » Et redisons avec saint Ambroise : « Marie ! ouvrez-nous les portes éternelles, car vous avez les clefs du Paradis (2) ! »
Saint Anselme nous apprend, « que notre salut nous peut quelquefois venir plus promptement en invoquant le nom de Marie, qu'en invoquant le nom de Jésus même ; car, à Jésus, en tant que juge, il appartient aussi de nous punir ; tandis qu'à Marie, qui est notre avocate, il n'appartient que de nous défendre(3).
« 0 bienheureuse Marie ! s'écrie saint Bernard, vous êtes la mère du coupable et la mère du juge ; mère de tous les deux, vous ne souffrirez point de discorde entre vos deux enfants ('). » « 0 Marie ! exclame saint Bonaventure, vous embrassez de votre amour maternel le pécheur le plus abominable au monde entier, et vous ne l'abandonnez, jusqu'à ce que vous ne l'ayez réconcilié avec son juge (2). »
Et moi, je m'écrie : 0 Marie ! refuge des pécheurs ! vous qui ne méprisez personne, vous qui n'abandonnez pas même les plus grands coupables, réconciliez-moi, moi enfant prodigue, moi pécheur le plus misérable et le plus indigne, réconciliez-moi avec Jésus votre fils et mon juge, afin qu'au jour du jugement je ne trouve en lui que mon Rédempteur et mon Sauveur.







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