Le mois de Marie 4 mai

Le mois de Marie
ou méditations sur sa vie, ses gloires et sa protection

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POUR LE 4ème JOUR DU MOIS
ET POUR LA FÊTE DE LA PRÉSENTATION DE LA SAINTE VIERGE. (21 novembre.)

« Écoutez, fille, ouvrez les yeux, et ayez l'oreille attentive ; oubliez votre peuple et la maison de votre père : et le roi désirera votre beauté, car il est le Seigneur votre Dieu. Levez-vous, hâtez-vous, ma bien-aimée, ma colombe, mon unique beauté, et venez ('). »

Marie a entendu et compris cet appel de Dieu ; et elle a dit : « Me voici, je viens. » Et elle est allée précéder et pour ainsi dire commencer par son sacrifice le grand sacrifice du Fils de Dieu ; qui, sachant que tous les sacrifices et toutes les offrandes humaines ne suffiraient pas pour racheter le monde, avait dit à son Père, par la bouche du roi prophète : « Vous n'avez point demandé d'holocauste pour le péché ; et j'ai dit alors : Me voici, je viens (2). »

Ainsi devait faire le Christ, ainsi l'a fait Marie ; et c'est ainsi qu'elle a rempli le vœu de ses parents, qui, étant stériles et demandant à Dieu une postérité, avaient fait vœu de la consacrer à Dieu dans son temple.

A l'âge où l'enfant sent le plus vivement et l'amour filial, et le besoin de se trouver auprès de ses parents ; à cet âge tendre, où l'enfance s'épanche avec tant de bonheur et d'affection dans les bras du père, sur le sein de la mère, Marie, guidée par la voix du Seigneur, quittait le séjour paternel, d'un pas chancelant encore, mais déjà ferme de courage et de résignation. Elle quittait Nazareth pour se rendre à Jérusalem dans la maison du Seigneur. Les saints parents aimaient bien leur enfant, mais ils aimaient Dieu par-dessus tout ; aussi l'accompagnaient-ils eux-mêmes, et les anges, escortant la sainte Pèlerine, chantaient joyeusement : « Que vos démarches sont belles, ô Fille du prince (') ! »

« Dieu a fait grande fête avec ses anges, qui ont escorté sa fiancée allant à son temple, dit saint Bernardin ; car jamais il n'y avait eu un hôte qui lui fût plus cher et plus désiré (2). » Hâtez-vous donc, ô notre Souveraine ! hâtez-vous, ô mère de Dieu ! montez, joyeuse, dans le sanctuaire du Seigneur, pour y attendre la venue du Saint-Esprit (').

Et Marie s'y rendit en toute hâte, en laissant après elle ce mot d'adieu au monde : « Félicitez-moi, vous tous qui aimez le Seigneur, de ce qu'étant toute petite j'ai plu au Très-Haut ('). »

Oui, nous vous félicitons, ô sainte Enfant ! ô reine de l'univers ! Nous vous félicitons d'avoir méprisé le monde, de vous être plu en Dieu , et d'avoir plu à Dieu. Nous vous en félicitons, parce que nous vous aimons, et que nous voulons aimer Dieu avec vous et comme vous.

II.

« Me voici, je viens. » Voilà Marie arrivée au seuil du temple. L'aimable enfant de trois ans, belle, adorant ses parents, semant autour d'elle la sérénité et le bonheur, elle fait à ses parents ses plus tendres adieux, elle se presse contre leur sein, se jette à leurs genoux, et semble leur dire : « Mon père et ma mère ! je vous rends grâces pour la vie que vous m'avez donnée ; je vous rends grâces, mon père, pour la nourriture que m'ont procurée vos bras ! je vous rends grâces, ma mère, pour la nourriture que m'a fournie votre sein ! je vous rends grâces à tous deux pour l'amour dont vous avez entouré mon enfance ! Mais, par-dessus tout, je vous rends grâces, et je vous bénis, de ce que vous m'avez consacrée au service de Dieu ! Dieu vous en bénisse ! et vous, mes chers parents, bénissez-moi ! »

Elle se relève aussitôt, et, d'un pas ferme, sans hésiter, monte les quinze degrés du sanctuaire, figurant les quinze mystères du saint rosaire. Là, aux pieds de l'archiprétre Zacharie, la première depuis la création du monde, elle renonce au monde, à son corps et à elle même pour se vouer à Dieu par le vœu de la pauvreté, de la chasteté et de l'obéissance : ainsi qu'elle l'a révélé à sainte Elisabeth, en lui disant : « J'ai résolu de garder la chasteté virginale, de ne rien posséder au monde, et de vouer ma volonté à Dieu ('). »
0 Marie ! vierge et mère de Dieu ! première religieuse ! vous vous êtes éprise du saint amour de Dieu, comme Dieu s'était épris d'amour pour vous ; et comme il s'était donné à vous, vous vous êtes donnée à lui ; et dans l'extase d'amour vous ne cessez de chanter ce cantique d'amour : « Mon bien-aimé est à moi, et je suis à lui (2). » Quand pourrai-je aussi le chanter avec vous ?
« Comme l'aurore lorsqu'elle se lève (3), » Marie brillait à chaque instant d'une clarté croissante, par l'assemblage de toutes les vertus. La candeur, la modestie, l'humilité, la douceur, la prière et la pénitence furent autant de rayons de son âme. Chaque jour elle croissait dans la lumière et dans la sainteté de la grâce de Dieu. Chaque jour elle acquérait de nouvelles richesses spirituelles, et par ses ardentes prières, et par ses larmes d'amour et de pénitence. « Sachez bien, dit-elle à sainte Elisabeth, que je n'ai reçu de Dieu aucune grâce sans une grande peine, sans de continuelles oraisons, des désirs ardents et beaucoup de larmes et de pénitences. » —Et nous, nous voudrions obtenir des grâces de Dieu, sans peine, sans prière et sans pénitence !

0 Marie ! enseignez-nous tout ce que vaut la grâce de Dieu : pour que nous nous efforcions de la mériter, pour que nous soyons jaloux de la conserver, et qu'à chaque appel de Dieu, fidèles et obéissants, nous lui répondions avec vous : « Me voici, je viens. »
III.
« J'ai exercé devant lui mon ministère, dans la maison sainte..., et mon odeur est comme celle d'un baume très pur et sans mélange... J'ai poussé des fleurs d'une agréable odeur comme la vigne, et mes fleurs sont des fruits de gloire et d'abondance ('). » C'est à cause de ces paroles du Sage, appliquées à Marie, que saint Sophronius nous dit : « Marie a été un vrai jardin de délices, qui contenait toutes les espèces de fleurs et les parfums de toutes les vertus ('). » Dieu, touché de la reconnaissance et de la fidélité de Marie, la comblait chaque jour de nouvelles grâces, afin de la préparer à la plus excellente, qu'il avait destinée pour elle ; et, « cette dernière grâce, qui était la plus parfaite, dit saint Antonin, c'était de la préparer à la conception du Fils de Dieu(2). »

Et comment Dieu préparait-il Marie à cette grâce au-dessus de toutes les grâces ? C'est par la vertu au-dessus de toutes les vertus : par la vertu d'un amour parfait. C'est cet amour qui lui faisait adresser sans cesse cette touchante prière : « Seigneur, envoyez l'Agneau dominateur de la terre. Cieux, envoyez d'en haut votre rosée, et que les nuées fassent descendre le Juste. 0 ! si vous vouliez ouvrir les cieux (3) ! »

C'est là ce que demandait Marie, par ses effusions d'amour, en servant dans son temple Dieu irrité et non apaisé : c'est là son gémissement continuel en faveur de tous ses frères, accablés par la misère du péché, enfermés dans la prison de l'iniquité : « La voix de la tourterelle s'est fait entendre sur notre terre (4). »

Et du désert de ce monde, Marie s'élevait vers le ciel sur les ailes de la prière, comme une nuée de parfums, montant et montant toujours vers le ciel, jusqu'à ce qu'elle redescende vers la terre en rosée de la grâce de Dieu.

« Quelle est celle qui s'élève du désert comme une fumée qui s'échappe des parfums (') ? » C'est Marie, demandant la venue de la Vierge, mère de Dieu. Elle plaçait en elle toutes ses espérances, elle s'attachait à elle de tout son cœur : « 0 Fils de Dieu, Rédempteur du monde ! redisait-elle, en priant toujours, si vous ne devez pas venir de mon temps, permettez au moins que je puisse servir votre mère bien-aimée, envoyez-la, Seigneur ! envoyez-la (2) ! »

0 Marie ! votre prière si touchante fait fondre en pleurs mon cœur endurci ! Par votre dévotion à la mère de Dieu, vous avez saisi Dieu lui-même, et vous êtes devenue la mère de Dieu. Remplissez nos cœurs de la même piété, et obtenez-nous une grâce, sinon égale, au moins semblable à la vôtre, afin qu'en désirant vous servir, vous et votre fils, et en faisant fidèlement la volonté de son Père, nous devenions, d'après ses propres paroles, ses frères, ses sœurs et ses mères : « Quiconque fait la volonté de mon Père, qui est dans les cieux , celui-là est mon frère, ma sœur et ma mère (3). »

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