Le mois du Sacré Cœur de Jésus Vingt deuxième jour

Le mois du Sacré Cœur de Jésus
Vingt deuxième jour

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VINGT-DEUXIÈME JOUR
Plaintes du Cœur de Jésus.

Écoutons les plaintes que daigne nous faire le Cœur de Jésus, elles sont une nouvelle preuve de son amour, car il ne se plaint que parce qu'il aime ; et il nous aime uniquement pour notre bonheur, sans aucune considération du sien propre, qui n'est ni diminué par notre perte, ni augmenté par notre salut.

Qu'ai-je dû faire pour vous, nous dit-il, ô peuple chrétien, ô mon peuple, que je n'aie pas fait ? En quoi -vous ai-je contristé ?

Répondez Aut in quo contristavi te ? Responde mihi. Je vous ai distingué entre les nations que j'ai laissées assises dans les ténèbres, à l'ombre de la mort éternelle, pour vous faire part du don incomparable de la vraie foi, et vous l'avez laissé sans fruit dans votre âme indifférente. Vous étiez une belle vigne que j'avais plantée de mes mains, et vous n'avez eu pour moi qu'amertume ; car, dans ma soif, vous m'avez donné du vinaigre à boire, et, par votre ingratitude et votre froideur bien plus que par le fer de la lance, vous avez percé le côté de votre Sauveur. J'ai répandu pour vous tout mon sang jusqu'à la dernière goutte ; et quelle estime en avez-vous faite ? quel profil en avez-vous tiré ? Quœ utilitas in sanguine meo? Je vous ai appelé a mon royaume et à mon héritage ; et vous, vous m'avez donné un roseau pour sceptre, une couronne d'épines pour diadème, par l'inconstance de votre cœur, par l'orgueil et le faste de vos déportements. En prenant votre nature, je vous ai élevé jusqu'à la participation de la divinité ; et vous, vous m'avez suspendu à la croix par vos offenses. Je vous ai nourri non de la manne qu'ont mangée vos pères, et qui ne les a pas empêches de mourir ; mais de ce pain descendu du ciel qui renferme en soi la vie éternelle : et vous avez déchiré mon corps mystique en allant jusqu'à nier ce bienfait ineffable qui est l'admiration des anges.

0 vous tous qui passez par le chemin de la vie, considérez donc, et voyez s'il est une douleur comparable à celle que ressent mon Cœur d'une semblable ingratitude : 0 vos omnes qui transitas per viam, attendite, et videte si est dolor sicut dolor meus. (Thren., I 20.)

Le divin Sauveur se plaint encore à sa fidèle servante Marguerite-Marie d'une manière non moins vive.

« Voilà, lui dit-il en lui découvrant son Cœur, voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes qu'il n'a rien épargné, jusqu'à s'épuiser et se consumer pour leur témoigner son amour. Et je ne recois cependant de la plus grande partie que des ingratitudes, par les mépris, les irrévérences, les sacrilèges, les froideurs qu'ils ont pour moi dans mon sacrement d'amour ; et ce qui m'est encore plus sensible, c'est que ce sont des cœurs qui me sont consacrés. »

Une autre fois, lui découvrant son Cœur tout déchiré et transpercé de coups : « Voilà, lui dit-il, les blessures que je reçois de mon peuple choisi ; les autres se contentent de frapper sur mon corps, mais ceux-ci attaquent mon Cœur, ce Cœur qui n'a jamais cessé de les aimer. »

Ces âmes ingrates, hélas ! ne sont-ce pas les nôtres ? N'est-ce pas de nous que Jésus se plaint, nous engagés dans sa milice par le saint baptême, nourris si souvent de sa chair sacrée ; nous peut-être voués à son Cœur dans quelque association chargée de réparer tant d'outrages, et nous cependant si froids, si indifférents pour ce divin Cœur ? Ah ! qu'il a bien droit de nous dire par l'organe du roi-prophète :

« Si c'était un ennemi qui m'eût traité de la sorte, je l'eusse encore supporté ; mais être méprisé, délaissé de mes amis, de mes enfants, de ceux que j'aime ! (Ps LIV, 23.)

« Mon Cœur, ajoute le divin Maître à sa fidèle servante, peut se plaindre dans ce mystère (du saint sacrement), comme il le faisait sur la croix, qu'il est exposé aux opprobres et à la douleur sans consolation.

Dans cet abandon, il cherche auprès de toi et d'un petit nombre d'âmes ferventes quelque consolation ; j'attends que vous répariez par vos hommages ces injures que l'on me fait. »

Ah ! si aujourd'hui nous entendons la voix de ses plainles et de ses douleurs, n'endurcissons pas notre cœur : Hodie, si vocem ejus audieritis, milite obdurare corda vestra. (Ps CXIV, 8.)

Et que nous serions heureux si le Coeur de Jésus lui-même daignait nous choisir, comme autrefois ses apôtres, pour le dédommager et pour le consoler de l'abandon où le laissent tant d'ingrats !

Redoublons donc de fidélité dans nos pratiques de dévotion envers cet aimable Cœur, et protestons-lui qu'avec le secours de sa grâce jamais nous ne l'abandonnerons.

Pratique.

C'est dans l'oraison que vous apprendrez jusqu'où a été l'excès de l'amour du Cœur de Jésus pour vous, et de quelle ingratitude vous l'avez payé. Cette connaissance fera naître en vous le regret et l'amour, et vous rendra capable de tout entreprendre pour Jésus. Ne passez donc pas un seul jour sans faire au moins un quart d'heure d'oraison. C'est d'ailleurs l'un des moyens de salut les plus efficaces : si bien que sainte Thérèse ne craint pas de dire qu'elle répond de la persévérance de ceux qui sont fidèles à faire oraison, et que ceux, au contraire, qui négligent ce saint exercice n'ont pas besoin de démons qui les entraînent dans l'enfer, parce qu'ils s'y précipitent d'eux-mêmes. Elle n'avance là rien de trop fort, puisque l'Écriture nous dit que la terre est désolée, couverte de maux, parce qu'il n'y a personne qui réfléchisse, qui rentre en son cœur : Desolationc desolata est omnis terra, quia nullus est gui recogitet corde. (Jer., XII, 11.)

Oraison Jaculatoire.
0 Cœur de Jésus, faites voir ce prodige dans le monde, qu'un cœur aussi ingrat que l'a été le mien devienne un des cœurs les plus embrasés de votre amour !

CorJesu, etc. Cor Mariœ, etc.







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