Le mois de Marie
ou méditations sur sa vie, ses gloires et sa protection
Source : Livre "Le mois de Marie ou méditations pour chaque jour du mois sur sa vie, ses gloires et sa protection" par Aleksander Jełowicki
POUR LE 17ème JOUR DU MOIS.
Septième douleur de la Très sainte Vierge.
Jésus mis dans le tombeau.
I.
« Ayant donc pris le corps de Jésus, ils l'enveloppèrent dans des linceuls avec des aromates, selon la manière d'ensevelir qui est en usage parmi les Juifs. Or il y avait au lieu où il avait été crucifié un jardin, et, dans ce jardin, un sépulcre tout neuf, où personne n'avait encore été mis ('). »
Septième douleur de la Très sainte Vierge.
Jésus mis dans le tombeau.
I.
« Ayant donc pris le corps de Jésus, ils l'enveloppèrent dans des linceuls avec des aromates, selon la manière d'ensevelir qui est en usage parmi les Juifs. Or il y avait au lieu où il avait été crucifié un jardin, et, dans ce jardin, un sépulcre tout neuf, où personne n'avait encore été mis ('). »
Quelle
douleur pour Marie de se séparer de ces restes chéris ! quels
déchirants adieux ! Comme elle embrassait et ces mains et ces pieds !
comme elle les arrosait de ses larmes brûlantes ! Oh ! quelle douleur
extrême ! être séparée de son fils bien-aimé... et séparée par le
tombeau !... Elle suivait au sépulcre le corps de Jésus ; elle aurait
voulu y rester avec lui ; mais Dieu ne l'a pas voulu. « Mon Dieu ! mon
Dieu ! je dois donc vivre encore pour souffrir encore ! » En gémissant
ainsi, à demi morte elle-même, elle arrive au tombeau où l'on doit
déposer son fils bien-aimé ; elle y arrive pour offrir à Dieu cette
nouvelle douleur. « 0 Fils de Dieu ! ô mon fils ! vous étiez mon père,
mon fils, mon époux, mon âme ! Et maintenant me voici orpheline, veuve,
et mère de douleur ; j'ai tout perdu en vous perdant, mon fils (') ! »
En
pleurant ainsi son fils bien-aimé et se lamentant ainsi, elle ajouta
aux aromates dont on avait entouré le corps de Jésus le baume précieux
de ses larmes ; et, plongeant son regard dans le tombeau qui allait
recevoir le corps de Jésus, l'arrosant de ses larmes, elle le bénit et
le consacra en disant dans son âme : « Heureuse pierre, qui vas
renfermer le corps qu'avait porté mon sein, je te bénis et j'envie ton
sort ! Je te confie ce trésor de mon cœur. 0 ! garde-le ! conserve-le !
défends-le d'une nouvelle fureur de ceux qui l'ont tué (2) ! » Et l'âme
de Marie ressentit de nouveau toutes les douleurs de Jésus, toutes les
douleurs de sa passion, de sa mort sur la croix !
«
Le supplice de la croix réunit les douleurs de tous les supplices, dit
Cornélius à Lapide : il perce les bras et les jambes comme un glaive ;
il disloque les membres comme la torture ; il déchire le corps comme des
ongles de fer ; il le met en lambeaux comme une bête féroce ; il brûle
comme du feu, mais à petit feu, faisant durer le tourment avant de
consumer sa victime et lui donner la mort ('). » Tel Fut le martyre
qu'endura Jésus sur la croix, sans compter la flagellation, la couronne
d'épines, les injures, le fiel, les blasphèmes, les soufflets des
bourreaux, et le plus cruel de tous ses tourments : le baiser de Judas !
Tel fut le martyre de Jésus, et par conséquent celui de Marie.
Comme
les rayons du soleil se réunissent dans le foyer d'un miroir ardent, de
même toutes les souffrances de Jésus se réunirent comme autant de
glaives dans le cœur de Marie, près du tombeau de son fils, et clouèrent
à ce tombeau son cœur et son âme.
0
Marie ! jusqu'à la consommation des siècles, le saint sépulcre, le
sépulcre de votre fils, restera humide de vos larmes, brûlant de vos
baisers !...
«
Enfin, les disciples de Notre-Seigneur prirent la pierre, et
enfermèrent dans le saint sépulcre le corps de Jésus, trésor au-dessus
de tous les trésors de la terre et des deux. Marie laisse son cœur
enseveli avec Jésus, car Jésus était tout son trésor. Et nous, que
faisons-nous de nos cœurs ? Nous les plaçons dans les créatures, nous
les ensevelissons dans la fange ! Et pourquoi pas avec Jésus, qui, bien
que monté au ciel, a voulu rester avec nous, vivant dans le
saint-sacrement de l'autel ? C'est là que devraient demeurer nos cœurs.
Car « où est votre trésor, là sera votre cœur ('), » nous dit le
Seigneur. 0 Jésus ! Jésus ! je veux être toujours avec vous, sûr la
croix comme au tombeau. 0 Marie ! près de la croix, près du sépulcre,
obtenez-moi cette grâce (2).
Et
Marie s'en alla du sépulcre près de la croix toute chaude encore du
sacrifice qui y avait si longtemps brûlé. Que n'a-t-elle senti à la vue
de ce lit de douleur et de mort, sur lequel son fils bien-aimé agonisait
en sa présence pendant trois heures mortelles ! Elle se jette au pied
de la croix, comme si Jésus-Christ y reposait encore ; elle l'embrasse,
elle la presse contre son cœur, et ramasse par ses baisers le reste du
sang de son fils divin.
0
sainte croix ! disait Marie dans son cœur, je vous salue et je vous
adore ! Vous êtes sanctifiée par le sang du Fils de Dieu ; d'instrument
de supplice, vous êtes devenue l'instrument du salut ; d'instrument de
peine infamante, vous êtes devenue le trône de la miséricorde, le
berceau d'un monde nouveau, le signe de la victoire, l'arme et le
bouclier de tous mes enfants d'adoption, la force et la vie de la sainte
Église ! C'est par vous qu'a vaincu le lion de la tribu de Juda ; c'est
par vous que l'agneau de Dieu a effacé les péchés du monde ; c'est de
vous que brillera la clarté divine de l'est à l'ouest, et du sud au nord
: au nom et par le nom de Jésus, roi du peuple de Dieu ! Vous serez à
jamais le symbole de son règne, de sa puissance et de son amour ; car
c'est sur vous que mon fils et mon Dieu a établi son règne éternel sur
le ciel, l'enfer et la terre. 0 sainte croix ! je vous salue et je vous
adore, et par cette adoration je bénis la miséricorde de Dieu.
0
mes enfants ! accourez au pied de cette croix ; elle sera votre
bouclier, votre refuge et votre soulagement. Elle sera votre bouclier
contre Satan, car elle a vaincu l'enfer ; votre refuge contre le
courroux de Dieu, car elle a désarmé la justice divine ; votre
soulagement dans vos afflictions, car elle vous a gagné le ciel.
Je
vous glorifie et vous rends grâce, ô mon fils bien-aimé ! de ce que,
par la croix, vous avez racheté tous vos enfants qu'en mourant vous
m'avez légués. Gloire et bénédiction à vous de ce que, de votre croix,
vous avez fait à mon Dieu un autel sur lequel le saint sacrifice brûlera
pour le salut du monde jusqu'à la consommation des siècles ; de ce que
par votre croix vous avez fondé et fortifié votre Église. Que votre
croix, dans tous les siècles, lui donne la victoire ! qu'elle défende
tous mes enfants ! qu'elle les abrite, qu'elle les soulage et qu'elle
les sauve !
C'est ainsi que Marie pleurait et cherchait des consolations en priant pour nous.
Oh ! accordez-nous donc, ô Jésus ! ce que Marie vous a demandé pour nous au pied de votre croix.
III.
En
quittant la croix, Marie retournait tristement à sa demeure. Ceux qui
la rencontraient pleuraient sur elle ; mais personne ne la consolait,
car personne ne pouvait la consoler.
Elle
rentra dans sa maison, maintenant déserte pour elle. Son fils bien-aimé
n'y est plus ! Elle sait qu'elle ne le trouvera plus comme elle l'a
trouvé autrefois, et cependant elle le cherche encore, et son cœur
l'appelle : 0 mon enfant ! où êtes-vous ? où êtesvous, mon fils
bien-aimé ?
«
Elle se rappelle maintenant les caresses de l'enfant dans l'étable de
Bethléhem ; sa divine présence pendant les longues années de leur
bienheureuse retraite à Nazareth ; son amour filial et ses tendres
regards, les paroles de la vie éternelle qui coulaient de sa bouche. Et à
côté de cela, le terrible tableau de la journée d'aujourd'hui se
retrace dans sa pensée ; toutes ces cruautés, ces fouets, ces clous, ces
épines, ce corps déchiré par des milliers de plaies parmi lesquelles
les cinq plaies les plus profondes ; ces os mis à nu, cette bouche de
cadavre, ces yeux morts... Ah ! Jean ! où est donc votre maître ?
Madeleine ! où est donc votre bien-aimé ? 0 Dieu ! qui donc nous l'a
ravi ?... Il n'y est plus ! il n'y est plus ! répondent en sanglotant
tous les cœurs déchirés... Il n'y est plus ! il n'y est plus ! redisent
les murailles. Et les souvenirs d'amour, se retraçant aux regards de
l'âme, entassaient douleur sur douleur. Marie pieurait, et tous
pleuraient autour d'elle ! Et toi, mon âme, ne pleureras-tu pas (') ? »
0
Marie ! vous êtes l'innocence même et vous pleurez ; moi, qui suis un
criminel, comment ne pleurerais-je pas ? Oh ! ma mère, faites qu'en
pleurant vos douleurs, je pleure mes péchés !
Lorsque
le roi David apprit la mort de son fils Absalon, il fut saisi de
douleur, et, montant à la chambre qui était au-dessus de la porte, il se
mit à pleurer ; et il disait en marchant : « Mon fils Absalon ! Absalon
mon fils ! que ne puis-je donner ma vie pour la tienne ! mon fils
Absalon ! Absalon mon fils (2). » Ainsi David pleurait son fils ingrat,
rebelle, fratricide, et qui leva sur lui-même sa main parricide. Comment
ne pleurerait donc pas Marie ? Comment ne pleurerait-elle pas le fils
le plus reconnaissant, le plus saint, qui était la perfection même et
qui l'aimait tant !... Car c'est Dieu que ce fils de Marié, et c'est sa
mort que pleure cette mère de douleur. Et puisque le roi David aurait
voulu donner sa vie pour celle de son fils, combien plus Marie, aimant
son fils infiniment plus, et voyant sa mort, n'eût pas voulu donner sa
vie pour la sienne ! Combien de fois ne s'est-elle pas offerte au Père
éternel pour mourir à la place de son fils. Et maintenant que ce fils
unique, ce fils bien-aimé, ce Fils-Dieu est mort, avec quelle douleur
elle s'écrie du fond de son âme : "Mon fils Jésus ! Jésus mon fils ! que
ne puis-je donner ma vie pour la tienne ! mon fils Jésus ! Jésus mon
fils !... » 0 Marie ! qui pourrait ne pas pleurer en vous voyant pleurer
ainsi ?
La
mère des Machabées a souffert sept fois la mort en voyant le martyre de
sept enfants. Marie, dans ses sept douleurs, l'a soufferte aussi sept
fois. Mais la mère des Machabées, martyrisée à l'instant, n'avait pas
survécu à ses enfants, tandis que Marie, martyrisée avec Jésus, a
survécu à Jésus ; et c'était là sa plus cruelle douleur. Mon fils ! mon
fils ! où est-il ? Au sépulcre, où il est descendu en passant par la
croix. A cette pensée, toutes les blessures de Jésus la faisaient
souffrir de nouveau, et de nouveau le glaive cruel s'enfonçait dans son
âme !
«
Vous pleuriez, Marie, et vos yeux se sont affaiblis à force de verser
des larmes (') ; » et vos premiers enfants pleuraient avec vous ; et vos
derniers enfants pleureront avec vous. Ils pleureront vos douleurs par
amour pour vous et pour Jésus. « Consolations du monde, retirez-vous de
moi ; je répandrai des larmes amères (2). » 0 sainte mère de douleur !
faites-nous pleurer et ne laissez pas sécher nos larmes jusqu'à ce que
nous arrivions au ciel.
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