Le mois de Marie 25 mai

Le mois de Marie
ou méditations sur sa vie, ses gloires et sa protection

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POUR LE 25e JOUR DU MOIS.
DE L'OBÉISSANCE DE MARIE.

I.
« Eve, par sa désobéissance, a causé sa mort et celle du genre humain, dit saint Augustin ; Marie, par son obéissance, procura le salut du genre humain ('). » Ainsi la désobéissance fait notre perte, et l'obéissance fait notre salut.
L'obéissance est une vertu qui nous porte à l'accomplissement de la volonté de Dieu. Elle renferme donc toutes les autres vertus, car toute vertu n'est vertu que parce qu'elle s'accorde avec la volonté de Dieu ; et elle n'est vertu qu'autant qu'elle s'accorde avec la volonté de Dieu. L'obéissance est donc la soumission de notre volonté à la volonté de Dieu, non seulement dans la pratique de telle ou telle autre vertu, mais encore dans la manière dont il veut que nous l'exercions. Et c'est par cette raison que le Sage du Seigneur nous apprend que l'obéissance plaît à Dieu bien plus que toutes les offrandes de ceux qui se refusent au frein de l'obéissance : « L'obéissance, dit-il, vaut beaucoup mieux que les victimes des insensés ('); » c'est-à-dire de ceux qui veulent se gouverner selon leur propre volonté, et non selon la volonté de Dieu. Car n'est-ce pas folie que de faire des offrandes dont Dieu ne veut pas ? ou de les faire autrement qu'il ne veut ? Et le Seigneur lui-même le dit en ces termes : « L'obéissance est meilleure que les victimes (2). » Car l'obéissance est le sacrifice principal, le plus grand des sacrifices, la somme de tous les sacrifices ; car c'est le sacrifice de notre volonté, de laquelle dépendent tous les sacrifices.
Par l'obéissance nous devenons sacrificateurs et victimes ; nous nous rendons nous-mêmes esclaves de la volonté de Dieu ; nous devenons véritables enfants de Dieu, semblables en cela aux enfants dociles d'une bonne mère, qui n'ont pas souci de ce qu'elle va leur donner, mais de ce qu'elle voudrait qu'ils fissent, et qui ne cherchent qu'à prévenir ses volontés et ses désirs. Par l'obéissance nous devenons semblables à Jésus-Christ lui-même, « qui fut obéissant jusqu'à la mort, et la mort de la croix (3), » et qui ne faisait jamais que ce qui plaisait à Dieu, comme il l'a déclaré lui-même, en disant : « Je fais toujours ce qui est agréable à mon père. »
Par l'obéissance nous nous assurons le salut éternel, que Jésus-Christ nous a mérité par son obéissance. Par l'obéissance nous préservons nos âmes de tout danger ; car en ce monde rien ne saurait nous perdre, si ce n'est notre propre volonté qui nous entraîne au mal, et nous livre à l'esclavage du péché. Par l'obéissance nous devenons enfants de Dieu, nous vivons dans son cœur, et nous sommes dans la liberté d'enfants de Dieu, d'héritiers de Dieu et de cohéritiers de Jésus-Christ (3). Par l'obéissance nous acquérons une protection toute particulière de Dieu, que le Psalmiste exprime en ces termes : « Il a commandé à ses anges de vous garder dans toutes vos voies. Ils vous porteront dans leurs mains, de peur que vous ne heurtiez votre pied contre la pierre (3). »
Plus nous nous donnons à Dieu, plus Dieu se donne à nous. Par la vertu de l'obéissance nous nous donnons entièrement à Dieu, et en récompense de cette vertu Dieu se donne entièrement à nous. Qui aime véritablement Dieu, aime aussi l'obéissance ; car pour un cœur aimant l'obéissance est non seulement un devoir, mais encore un véritable besoin. L'amour ne vit que d'obéissance, aussi il nous y pousse, il nous y entraîne ; et comme dit l'Apôtre : « L'amour du Christ nous presse ('). » L'amour est obéissant avant tout ; il suit partout l'objet aimé, qui est Dieu ; il suit le chemin par lequel il plaît à Dieu de le conduire. Plus ce chemin est difficile, plus l'amour s'y engage courageusement ; car il sait qu'au bout de ses fatigues et de ses souffrances il trouvera Dieu, car il sait que l'obéissance envers Dieu mène infailliblement à Dieu.
« Par le travail de l'obéissance nous retournons vers Dieu, dont la paresse de la désobéissance nous avait éloignés (2), » dit saint Benoît dans le prélude de sa divine règle. 0 bienheureuse obéissance ! quand donc deviendras-tu la règle de mon cœur ?
« L'âme du juste médite l'obéissance ; les enfants de la sagesse forment l'assemblée des justes, et le peuple qu'ils composent n'est qu'obéissance et amour (3). » Selon ces paroles du Sage du Seigneur, la sagesse et la justice, l'obéissance et l'amour marchent toujours ensemble. Tel donc que fut l'amour, telle fut l'obéissance de Marie ; et voici pourquoi, comme elle est la mère de l'amour, elle est aussi la mère de l'obéissance.

II.
« Quiconque fait la volonté de mon père, qui est dans les cieux, celui-là est mon frère, ma sœur et ma mère ('). » D'après ces paroles de notre Seigneur Jésus-Christ, Marie, sa mère selon le corps, était aussi sa mère selon l'esprit ; car son obéissance envers Dieu était si parfaite, qu'elle pouvait dire en toute vérité avec Jésus-Christ ; « Je fais toujours ce qui lui est agréable (2). »
Dès que Marie apprit qu'elle avait une volonté, elle est allée tout de suite la vouer à Dieu, ne voulant avoir d'autre volonté que celle de Dieu, par conséquent d'autre liberté que celle de Dieu. En se vouant à Dieu dans son temple, Marie a fait vœu d'obéissance, devenant par cet acte volontaire à tout jamais servante du Seigneur, dignité à laquelle elle n'a jamais voulu renoncer ; car, quoiqu'elle fût mère de Dieu, elle s'appelait toujours servante du Seigneur.
A dater de son enfance, elle obéissait à Dieu en le servant dans son temple, et passa toute sa vie dans l'obéissance constante, toujours en vue de Dieu. Obéissante à Dieu, elle épousa Joseph, bien qu'elle se fût déjà consacrée à Dieu. Obéissante à l'Ange qui lui annonçait sa miraculeuse maternité, elle répondit : « Qu'il me soit fait selon votre parole (3). »
Obéissante à César en ce qui n'était pas contraire à la loi du Seigneur, elle se rendit selon ses ordres à Bethléem, malgré l'approche de l'époque à laquelle elle devait enfanter. Obéissante à la loi, elle fut au temple accomplir sa purification, à laquelle elle n'était point obligée. Obéissante à Joseph , même dans les choses les plus difficiles, elle se leva la nuit, et sur sa parole elle se rendit avec Jésus en Égypte. Obéissante, elle a sacrifié son fils pour le salut du monde. Obéissante jusqu'à la mort, et à la mort de la croix de son fils, elle fut tellement obéissante, selon l'observation de saint Ildefonse : que pour accomplir la volonté de Dieu, elle se serait offerte à crucifier son fils elle-même, si les bourreaux s'y fussent refusés ('). » Elle fut encore obéissante en cela qu'elle ne mourut pas au pied de la croix, à la vue de l'agonie de son fils, quoiqu'elle souffrit une douleur plus terrible que la mort même. Cette obéissance de Marie, à l'exemple de celle de Jésus, lui a mérité un nom au-dessus de tout nom après le nom de Jésus. Et ce que l'Apôtre a dit de Jésus-Christ, « se rendant obéissant jusqu'à la mort, et la mort de la croix : C'est pourquoi Dieu l'a élevé et lui a donné un nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu'au nom de Jésus tout genou fléchisse dans le ciel, sur la terre et dans les enfers (2); » on peut le dire aussi de Marie après Jésus ; que c'est à cause de son obéissance, el de son obéissance jusqu'à la mort, et à la mort de la croix de son fils unique, que Dieu lui a donné un nom qui, après le nom de Jésus, est au-dessus de tout nom ; et qu'au nom de Marie tout genou fléchit dans le ciel, sur la terre et dans les enfers. Oui, on peut le dire, car par l'obéissance de Marie les cieux sont élevés, la terre sauvée, et l'enfer vaincu.
Comme Marie vivait d'obéissance, elle est aussi morte par obéissance. Saint Ildephonse nous dit qu'au moment où Jésus est venu chercher l'âme de Marie pour la porter au ciel, elle lui fit la même réponse qu'elle avait faite en consentant à le recevoir dans sou sein virginal : « Voici la servante du Seigneur ; qu'il me soit fait selon votre parole ('). »
0 sainte obéissance ! qui, changeant notre volonté contre la volonté de Dieu, et de la volonté de Dieu faisant notre volonté, nous faites vaincre l'enfer, subjuguer la terre et conquérir le ciel ! 0 ! vertu toute puissante, qui faites descendre Dieu dans nos cœurs, et qui nous élevez jusqu'au sein de Dieu ! quand donc te posséderai-je ? 0 Marie ! ô la plus obéissante ! obtenez-moi cette vertu dont j'ai un si grand besoin !

III.
C'est l'orgueil qui a poussé Satan à la désobéissance ; c'est l'orgueil qui nous y pousse aussi. C'est par orgueil que nous refusons obéissance à Dieu, ainsi qu'à ceux que Dieu nous a donnés pour chefs. Le signe principal de l'orgueil, c'est la désobéissance, comme l'obéissance est le signe principal de l'humilité. Marie fut la plus obéissante, car elle fut la plus humble. L'obéissance est aussi le signe principal de l'amour. Marie a surpassé toutes les créatures par son obéissance, car elle les a toutes surpassées par son amour.
L'humilité et l'amour doivent être les premiers motifs de notre obéissance, laquelle, à l'exemple de celle de Marie, doit être douce, humble, joyeuse, libre et générale ; c'est-à-dire s'étendre sur toute chose sans exception, sur les choses faciles comme sur les difficiles, sur les grandes comme sur les petites, même sur les moins importantes ; car c'est là ce qui constitue la parfaite obéissance.
C'est de cette obéissance que nous devons obéir à tous les commandements de Dieu : a Si vous m'aimez, gardez mes commandements ('), » dit le Seigneur, C'est de cette obéissance que nous devons obéir à l'Église comme à Dieu même, car Jésus-Christ a dit à ses Apôtres : a Celui qui vous écoute, m'écoute ; celui qui vous méprise, me méprise (*). » C'est de cette obéissance que nous devons obéir à tous nos supérieurs, en ce qui n'est pas contraire à la loi de Dieu : les enfants aux parents, les élèves aux maîtres, les femmes à leurs maris, les serviteurs à leurs maîtres, les subordonnés à leurs chefs ; tout cela par amour de Dieu, afin que tous n'en fassent qu'un par cet amour, que la paix de Dieu soit dans tous les cœurs, et que le nom de Dieu soit sanctifié sur la terre.
Heureux celui qui. aimant par-dessus tout la volonté de Dieu, soumet sa volonté à Dieu, et la lui consacre pleinement à l'exemple de Marie ! Heureux celui qui, pendant la vie du temps, fait avec Jésus et Marie la volonté de Dieu, car il sera, pendant la vie de l'éternité, couronné de gloire !
0 Marie ! ô la plus obéissante ! vous avez annoncé à sainte Brigitte, « que l'obéissance mène chacun à la gloire ; » je désire donc de tout mon cœur être obéissant. 0 Marie ! vous avez obtenu par votre obéissance un tel pouvoir de Dieu, que tout pécheur, aussi coupable qu'il soit, obtiendra le pardon, si, ayant recours à votre protection, il promet d'être obéissant. Nous recourons donc à vous, tout désobéissants que nous étions, en protestant de vouloir vous suivre dans la voie de l'obéissance. Par la force de votre obéissance, brisez donc notre désobéissance, comme vous avez brisé la tète du serpent. Remplissez-nous de l'amour de la volonté de Dieu, dont le charme ineffable aplanit toutes les difficultés, adoucit toutes les amertumes. Remplissez-nous de la crainte de notre propre volonté, afin que, par la parfaite abnégation de nous-mêmes, nous devenions, selon votre exemple, des serviteurs de Dieu ; et que nous méritions la vie éternelle, qui est le fruit de votre obéissance et de celle de votre fils.







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