Le mois du Sacré Cœur de Jésus
Onzième jour
Source : Livre "Le mois du Sacré Cœur de Jésus"
ONZIÈME JOUR.
Douleurs du Cœur de Jésus.
«
Ce n'est point le fer de la lance qui blessa le premier le Cœur de
Jésus : l'amour l'avait blessé dès le premier moment de sa vie ; ce fut
la première et la plus grande de ses plaies, qu'il ne put dissimuler
lui-même : Vous avez blessé mon Cœur, ma sœur, mon épouse ; vous avez
blessé mon Cœur » (Cant., v. 9. — Nouet.)
Le
Cœur de Jésus fut encore blessé de la compassion de nos misères, qui
lui fit autant de plaies qu'il voyait en nous de maux qui nous
affligent.
Il
fut blessé de la douteur de nos péchés, portant lui seul le regret et
la contrition de tous les crimes du monde, comme son corps en porta
depuis la peine. Cette croix fut beaucoup plus pesante que
celle du Calvaire où il mourut, vu qu'elle commença avec sa vie et ne
finit que par sa mort.
«
Ces peines qui lui étaient réservées, nous dit la bienheureuse Angèle
de Foligno, se découvrirent à son esprit et attristèrent
son Cœur dès le premier moment de son existence, non pas confusément,
mais de la manière la plus claire et la plus distincte. Il prévoyait
qu'après une triste et pénible vie de trente-trois ans, dont il avait
sous les yeux toutes les circonstances, il serait vendu et livré par un
de ses disciples, renié par un autre, abandonné de tous, enchaîné,
frappé, souffleté, accusé, blasphémé, calomnié, flagellé, couronné
d'épines, conduit au Calvaire chargé de sa croix, crucifié, détruit par
la mort et percé d'un coup de lance : voilà ce qu'il vit et ne cessa de
voir et de méditer durant sa vie tout entière.
Une
semblable prévision ne pouvait avoir lieu sans une tristesse amère,
sans une incommensurable douleur de cœur et d'esprit. » Jugez de là
combien furent vives et continuelles les douleurs du Cœur de Jésus.
Écoutons encore sur ce sujet la vénérable Marguerite-Marie, ou plutôt Jésus-Christ lui-même :
Un
jour que j'étais devant le saint Sacrement exposé sur l'autel,
Jésus-Christ, mon divin maître, se présenta à moi tout éclatant de
gloire avec ses cinq plaies brillantes comme cinq soleils. De son
humanité sacrée sortaient des flammes de toutes parts, mais surtout de
son adorable poitrine, qui ressemblait à une fournaise : au milieu de
cette fournaise ardente, il me fit voir son aimable Cœur, qui était la
source de ces flammes. Ce fut alors qu'il me découvrit les merveilles,
inexplicables de son amour, et jusqu'à quel excès il l'avait porté en
aimant les hommes, dont il ne recevait que de la méconnaissance et des
ingratitudes. « C'est là, me dit-il, ce qui m'est plus sensible que tout
ce que j'ai souffert dans ma passion, d'autant que s'ils,
rendaient du retour à mon amour, je compterais pour peu de chose tout ce
que j'ai fait pour eux, et je voudrais, s'il se pouvait, faire encore
davantage ; mais ils n'ont que des froideurs et du rebut pour tous mes
empressements à leur faire du bien. »
Le
Cœur de Jésus ne souffrit pas seulement à toutes les heures, mais à
tous les instants de sa vie mortelle ; car, ainsi qu'il l'apprit à la
vénérable Marguerite-Marie, toute sa vie s'écoula dans l'amour et dans
la privation, comme elle se consomma dans le sacrifice.
Oh
! que cette vue nous devrait donner de courage ! que nos peines sont
légères, qu'elles sont de courte durée en comparaison de celles du
Cœur de Jésus ! Je ne m'étonne plus, Seigneur, qu'un S. Jean de la
Croix, qui les avait méditées et à qui vous demandiez ce qu'il désirait
pour récompense de ses services, vous ait répondu : Souffrir et être
méprisé pour vous ; qu'une sainte Thérèse, animée des mômes sentiments,
se soit écriée : Ou souffrir ou mourir. Si la terre stérile de
mon cœur ne produit pas de si généreux sentiments, qu'au moins, ô Jésus !
je forme celui d'une parfaite résignation dans toutes les peines que me
ménagera votre amour.
Pratique.
Notre-Seigneur
demanda lui-même à la vénérable Marguerite-Marie de consacrer au
souvenir des douleurs de son Cœur le premier vendredi de chaque mois.
Prenez
donc la résolution de faire, autant que possible, tous les premiers
vendredis du mois, avec l'amende honorable, une communion que vous
offrirez au Cœur de Jésus, en réparation de toutes les négligences qui
se seraient glissées dans celles que vous aurez faites dans
l'intervalle. Il serait même très-agréable à Notre-Seigneur que vous
eussiez l'intention de réparer non-seulement vos propres négligences,
mais celles de tous les chrétiens.
Oraison Jaculatoire.
Cœur de Jésus, rassasié d'opprobres, apprenez-moi à supporter patiemment les mépris et les contradictions.
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