Le mois de Marie
ou méditations sur sa vie, ses gloires et sa protection
Source : Livre "Le mois de Marie ou méditations pour chaque jour du mois sur sa vie, ses gloires et sa protection" par Aleksander Jełowicki
POUR LE PREMIER JOUR DU MOIS
POUR LA FÊTE DE L'IMMACULÉE CONCEPTION.
(8 décembre)
I.
0 Marie ! par où commencerai-je à vous glorifier et à proclamer vos grandeurs et votre amour ? Je commencerai par ces paroles prophétiques de l'Esprit saint vous annonçant au monde :
"Le Seigneur m'a possédée au commencement de ses voies ; avant qu'il créât aucune chose, j'étais dès lors. J'ai été établie dès l'éternité et dès le commencement, avant que la terre fût créée. Les abîmes n'étaient point encore, lorsque j'étais déjà conçue ; les fontaines n'étaient point encore sorties de la terre, la pesante masse des montagnes n'était pas encore formée, j'étais enfantée avant les collines. Dieu n'avait point encore créé la terre, ni les fleuves, ni affermi le monde sur ses pôles. Lorsqu'il préparait les deux, j'étais présente ; lorsqu'il environnait les abîmes de leurs bornes et qu'il leur proscrivait une loi inviolable ; lorsqu'il affermissait l'air au-dessus de la terre et qu'il dispersait dans leur équilibre les eaux des fontaines ; lorsqu'il renfermait la mer dans ses limites et qu'il imposait une loi aux eaux, afin qu'elles ne pussent point dépasser leurs bornes ; lorsqu'il posait les fondements de la terre, j'étais avec lui et je réglais toutes choses ; j'étais chaque jour dans les délices, me jouant sans cesse devant lui, me jouant dans le monde, et mes délices sont d'habiter avec les enfants des hommes ('). »
(8 décembre)
I.
0 Marie ! par où commencerai-je à vous glorifier et à proclamer vos grandeurs et votre amour ? Je commencerai par ces paroles prophétiques de l'Esprit saint vous annonçant au monde :
"Le Seigneur m'a possédée au commencement de ses voies ; avant qu'il créât aucune chose, j'étais dès lors. J'ai été établie dès l'éternité et dès le commencement, avant que la terre fût créée. Les abîmes n'étaient point encore, lorsque j'étais déjà conçue ; les fontaines n'étaient point encore sorties de la terre, la pesante masse des montagnes n'était pas encore formée, j'étais enfantée avant les collines. Dieu n'avait point encore créé la terre, ni les fleuves, ni affermi le monde sur ses pôles. Lorsqu'il préparait les deux, j'étais présente ; lorsqu'il environnait les abîmes de leurs bornes et qu'il leur proscrivait une loi inviolable ; lorsqu'il affermissait l'air au-dessus de la terre et qu'il dispersait dans leur équilibre les eaux des fontaines ; lorsqu'il renfermait la mer dans ses limites et qu'il imposait une loi aux eaux, afin qu'elles ne pussent point dépasser leurs bornes ; lorsqu'il posait les fondements de la terre, j'étais avec lui et je réglais toutes choses ; j'étais chaque jour dans les délices, me jouant sans cesse devant lui, me jouant dans le monde, et mes délices sont d'habiter avec les enfants des hommes ('). »
Et pour nous aussi, ô Marie, nos délices sont d'être avec vous et de vous avoir près de nous.
Dieu
voyant de toute éternité tous ses actes, la création du monde et celle
de l'homme, voyait aussi de toute éternité la chute de l'homme ; et de
toute éternité il arrêta dans sa miséricorde de le relever de cette
chute par l'incarnation et la mort de son Fils unique. Aussi, par une
conséquence nécessaire, de toute éternité il conçut Marie dans sa
pensée, et la destina à être la mère de son Verbe incarné. Marie a donc
été présente à la pensée de Dieu avant la création du monde. Dieu la vit
entre toutes ses créatures la plus belle, la plus sainte, la plus
fidèle et la plus aimée ; il vit son amour pour lui de tous les jours,
et ses délices à lui être agréable par son obéissance, en se jouant sans
cesse devant lui, mais en se jouant dans le monde ; car elle devait
commencer son service ici-bas sur toute l'étendue de la terre. Et Dieu
vit que par amour pour lui elle aima tous les enfants des hommes,
auxquels il devait donner un Sauveur par elle. Donc Marie a été conçue
avant toute créature, et nous pouvons lui appliquer ces paroles de
l'Esprit saint : « Je suis sortie de la bouche du Très-Haut ; je suis
née avant toute créature ('). »
Ainsi,
de toute éternité conçue sans tache dans le sein de la miséricorde de
Dieu, Marie attendait l'époque de sa conception naturelle dans le sein
de sa mère
Salut, ô Marie, conçue sans tache ! choisie pour être la mère du Sauveur du monde : « Dieu vous a conçue dans sa pensée avant toute créature, car vous deviez enfanter l'homme-Dieu ('), » pour la rédemption de l'homme. « Seule et unique fille de la source de la vie (2) ! » « Nouvelle Éve, mère de la source de la vie (3) ! » « Médiatrice entre Dieu et les hommes, salut (4), ô vous qui au monde entier apportez la paix (5), » Vierge très sainte, conçue sans tache, salut !
Promise par Dieu (6), attendue par les Patriarches, prédite par les Prophètes, chantée par le Psalmiste et par le Sage du Seigneur, désirée de tout le genre humain et des anges ; bien-aimée d'avant les temps et jusqu'à la fin des siècles de la sainte Trinité, plus lumineuse que les astres, et pure comme le reflet de Dieu, salut, Marie ! salut. O mère de Dieu, nous vous saluons avec les propres paroles de Dieu : « Que vous êtes belle, ma bien aimée ! que vous êtes belle ! vous êtes toute belle, ma bien-aimée, et il n'y a point de tache en vous(7).»
O Marie ! conçue sans péché, pour effacer le péché ; vous qui êtes notre vie, notre douceur, notre espérance, nous vous saluons, Marie ! Nous nous réjouissons avec vous de la grâce de Dieu
qui est en vous ; et nous nous en réjouissons comme si elle était à
nous, car vous êtes notre mère ; et nous remercions Dieu, nous qui
sommes vos enfants, du culte que nous vous rendons, du trésor que vous
possédez, de ce charme ineffable qui vous rend si semblable à Dieu et qui vous a rendue digne d'être la mère de Dieu ; et pour défendre la gloire de votre immaculée conception, nous sommes prêts à sacrifier notre sang et notre vie.
Notre âme glorifie le Seigneur, et notre esprit est ravi de joie en Dieu notre Sauveur, de ce que la sainte Vierge, la mère de Jésus et la nôtre, soit conçue sans tache !
II.
«Le
péché d'Adam fut tel, dit saint Augustin, qu'il devait être expié par
l'homme lui-même, mais il ne pouvait l'être que par Dieu ('). »
Oui,
l'homme devait l'expier, car l'homme avait péché ; mais l'homme ne
pouvait l'expier, car l'offense du péché avait été infinie, à cause de l'infinie majesté de Dieu ; et sa justice infinie ne pouvait être satisfaite que par une oblation infinie, c'est-à-dire par l'oblation de Dieu lui-même. L'expiation du péché de l'homme exigeait la mort de l'homme ; et l'expiation de l'offense de Dieu exigeait l'oblation de Dieu même ; il fallait donc la mort de l'homme Dieu.
La miséricorde infinie de Dieu a pourvu à cette offrande infinie, en arrêtant que le Fils de Dieu
se ferait homme, afin qu'il pût mourir pour nous en tant qu'homme, et
en tant que Dieu, satisfaire à la justice infinie pour notre péché, et
par sa mort temporelle nous délivrer de la mort éternelle.
Pour l'accomplissement de cette œuvre divine, le Fils de Dieu devait se faire homme, par conséquent se créer une mère, dans le sein très pur de laquelle, après s'être créé une âme, il s'incarnerait par l'opération du Saint-Esprit, et y demeurerait pendant neuf mois : Il créa Marie. « La sagesse s'est bâti une maison ('). » « La sainteté doit être l'ornement de cette maison (2). » «L'entreprise dont il s'agit est grande ; car ce n'est pas pour un homme, mais pour Dieu, qu'il s'agit de préparer une maison (3). »
"Le Christ s'est choisi une mère, dit saint Pierre Damien, digne de lui et dont il n'eût point à rougir (4). » Elle fut donc conçue sans tache. Et saint Thomas ajoute : « Marie n'eût pas été digne d'être la mère de Dieu, si jamais elle eût péché ; car la honte du péché de la mère eût retombé sur le fils (5), » la honte même du péché originel, si elle eût été conçue dans ce péché : donc Marie fut conçue sans péché.
« Le Très-Haut a sanctifié son tabernacle (').» « Le serpent n'a point eu d'accès dans ce paradis (2), » dit saint Jean Damascène. Car Dieu lui-même a mis entre Marie et le serpent une inimitié éternelle ; alors que, d'une main, chassant nos coupables parents du paradis terrestre, il indiqua de l'autre aux repentants l'espoir du salut, en disant au serpent : « Je mettrai une inimitié entre toi et la femme (a). » Et non seulement il mit une inimitié entre Marie et Satan, mais encore il donna à Marie tout pouvoir sur lui, car il dit : «Elle te brisera la tête (').» Puis donc que Marie avait tout pouvoir sur Satan, Satan n'en avait aucun sur Marie : donc Marie n'avait jamais été dans ses fers : jamais ; donc pas même au moment de sa conception : donc elle est conçue exempte du péché originel.
L'honneur du Fils de Dieu, la dignité de la mère de Dieu, sa victoire sur l'esprit des ténèbres, exigeaient ce privilège pour Marie : ainsi donc Marie est conçue sans péché.
0 Marie ! Dieu pouvait vous créer libre de tout péché, il le devait, il l'a voulu ; donc il vous créa telle pour la gloire de son
Fils, dont vous deviez être la mère : car « les pères sont la gloire
des enfants ('). » II vous créa telle pour notre salut, pour que vous
pussiez être la mère de notre Sauveur, pour que vous pussiez vaincre les enfers. Salut donc, ô très sainte Vierge conçue sans tache ! salut !
Bien que Marie fût
conçue sans tache ; et qu'elle demeurât sainte en tout et toujours,
elle veillait constamment sur elle-même pendant toute sa vie, pour ne
point laisser accès au péché, qu'elle n'avait jamais connu. Et, nous,
conçus dans le péché, tourmentés par la concupiscence, emportés par nos
passions, non affermis dans la grâce de Dieu,
combien devrions-nous donc veiller sur nous-mêmes, redouter le péché,
chercher à l'éviter ! Malheur à nous, si nous ne veillons pas, si nous
ne recourons pas à l'assistance de Marie ! — O Marie ! conçue sans tache, priez pour nous, qui avons recours à vous !
Marie est la plus belle œuvre de Dieu
; son plus bel ornement, c'est d'avoir été conçue sans tache ; son plus
grand mérite, c'est d'avoir vécu sans tache. Et nous, bien que nous
ayons été conçus et soyons nés dans le péché, nous en avons été purifiés
par le sacrement du Baptême, en vertu du mérite du sang de Jésus-Christ ; alors nous étions purs de tous péchés !
Mais,
hélas ! nous avons péché depuis : le sacrement de Pénitence, il est
vrai, et le sang de l'Agneau de Dieu nous en ont purifiés encore ;
sommes-nous demeurés fidèles ? Non, nous avons de nouveau péché beaucoup
et souvent. Quelle que fût l'énormité de notre faute, l'Agneau de Dieu a
effacé ce péché et purifié nos âmes par son sang. Chaque fois nous
avons recouvré l'innocence et la pureté. Où sont elles maintenant cette
innocence et cette pureté qui d'abord nous avaient été données
gratuitement, et qui depuis nous ont été redonnées tant de fois ? Où
est-elle la vigilance qui devait nous préserver de la fange du péché ?
où est-elle cette vigilance qui devait conserver dans nos âmes cette
pureté qui ne coûte pas moins à Dieu que l'incomparable pureté de Marie ;
car l'une et l'autre sont le fruit du sang de Jésus-Christ ?
Par
les mérites de ce sang très sacré prévus dans l'éternité, Marie a été
conçue sans tache ; par les mêmes, mérites accomplis, nous avons été
délivrés des liens du péché. Dieu, dans sa prescience, contempla son
Christ, sa sainteté, ses mérites, et le sang qu'il devait verser pour la
gloire de son Père et le salut du genre humain : et c'est à cause de ce
sang adorable qu'il lui créa une mère conçue sans tache : qu'il lui
créa Marie. Mais Dieu contemplait aussi son Christ au jardin des
Oliviers, alors que, sous la pression de tous nos péchés, une sueur de
sang ruisselait de tous ses membres ; alors que, pour nous, il subissait
la plus cruelle flagellation : il contemplait son Christ, notre roi,
couronné d'épines ; il contemplait son Christ, notre chef et notre
modèle, portant la croix, expirant sur la croix. Dieu contemplait tout
le sang du Christ versé jusqu'à la dernière goutte dans sa terrible
passion, pour nous, misérables pécheurs ; et c'est à cause de ce sang
adorable qu'il nous a tous adoptés pour ses fils ; par la vertu de ce
sang si pur, il a purifié nos âmes souillées et nous a rendu cette
inestimable ressemblance avec lui-même, que nous avions perdue par le
péché.
0
Dieu ! si le souvenir de cette inconcevable miséricorde nous était
présent à la mémoire, qui de nous serait assez malheureux pour pécher ?
qui de nous serait assez ingrat pour vous offenser ?
Rappelez-nous-le,
ô Jésus ! ô Agneau de Dieu ! qui effacez par votre sang les péchés du
monde ! rappelez-nous-le ce souvenir précieux ! Rappelez-nous le, ô
Marie ! ô mère de Jésus ! conçue sans tache par le mérite du sang de cet
Agneau de Dieu ! afin que rachetés par le sang de votre fils, et
purifiés par ce sang adorable, nous puissions passer le reste de nos
jours sans jamais souiller nos âmes par de nouveaux péchés.
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