Le mois du Sacré Cœur de Jésus
Douzième jour
Source : Livre "Le mois du Sacré Cœur de Jésus"
DOUZIÈME JOUR.
De la plaie du Cœur de Jésus.
«
Toutes les plaies de Notre-Seigneur sont autant de portes de salut
ouvertes à tout le monde ; mais celle du Cœur est la plus large.
« Toutes ses plaies sont des fontaines d'où découlent les grâces ; celle du Cœur est la plus claire et la plus délicieuse.
«
Toutes ses plaies sont autant de ruisseaux de pourpre dans lesquels
nous plongeons toutes les puissances de notre âme pour rehausser le prix
de nos pensées, de nos paroles, de nos actions ; mais celle du
Cœur leur fait prendre une plus haute couleur, un éclat plus vif, une
teinte plus précieuse.
« Toutes
ses plaies sont autant de caractères du livre de vie qui contient la
science des saints ; mais celle du Cœur nous rend plus savants.
«
Toutes ses plaies sont des lieux de refuge où les plus grands criminels
trouvent leur retraite ; mais celle du Cœur est la plus favorable et la
plus sûre.
«
La plaie du Cœur est une langue éloquente qui parle dans le secret des
cœurs, pour nous faire souvenir de l'amour que Jésus nous a porté, et
pour nous demander le nôtre. » (nouet.)
Écoutons sur ce sujet le dévot S. Bernard :
«
Ce Cœur adorable, dit-il, a été percé, afin que par cette plaie visible
nous connaissions la plaie invisible que l'amour y a faite. Ah !
comment Jésus pouvait-il nous marquer plus efficacement son amour qu'en
voulant que non-seulement son corps, mais son propre Cœur, fût percé ! »
Sainte
Catherine de Sienne demandant à Dieu, dans ses communications intimes,
pourquoi Notre-Seigneur avait voulu que son Cœur fût ainsi frappé et
entrouvert après sa mort, reçut cette réponse remarquable :
« Le désir
de sauver le genre humain était infini en mon divin Fils, et son corps
ne pouvait supporter la douleur et les tourments que dans une certaine
mesure. Ce qui était fini ne pouvait donc montrer l'amour infini dont il
vous aimait ; alors il voulut que vous vissiez le secret de son Cœur
; et il vous le montra ouvert, pour vous faire comprendre qu'il vous
aimait plus encore que ne le pouvait montrer sa mort. »
Les
tristesses et les ennuis que nous ressentons en ce monde nuisent
souvent à notre Âme ; c'est pourquoi le Cœur de Jésus a trouvé le secret
de nous inspirer d'entrer dans ses plaies, surtout dans celle de
son Cœur, pour y trouver une source de joie et de
consolation. Le bienheureux Henri de Suson, étant un jour saisi d'une
profonde tristesse causée par l'incertitude de son salut, entendit une
voix du ciel qui le consola infiniment en lui disant : « Levez-vous,
entrez dans mes plaies, car c'est en elles que consiste votre unique
félicité. « « Je ne puis être saisi de frayeur à la vue de la multitude
de mes péchés, dit S. Augustin, si la mort de mon Seigneur me revient à
l'esprit, parce que mes péchés ne peuvent l'emporter sur une telle mort.
Les clous, la lance me crient que je suis réellement réconcilié avec
Jésus-Christ si je l'aime. Longin m'a ouvert par le fer de la
lance le côté de Jésus-Christ ; j'y suis entré, et là je repose plein de
sécurité. Qu'il aime celui qui craint ! La charité chasse la crainte. »
«
0 aimable plaie, s'écrie S. Bonaventure, c'est par vous que je suis
entré jusque dans les entrailles les plus intimes de la charité de
Jésus-Christ. Là je fais ma demeure... Là je trouve une si grande
abondance de consolation, que je ne puis l'exprimer. 0 aveuglement des
enfants d'Adam, qui ne savent pas entrer dans Jésus-Christ par ses
plaies sacrées ! Voilà la félicité des Anges qui nous est ouverte, la
muraille qui nous en fermait l'entrée est rompue, et l'on néglige d'y
entrer ! Croyez-moi, hommes aveugles, si vous saviez entrer dans
Jésus-Christ par ses sacrées ouvertures, vous y trouveriez une demeure
admirable. Si le corps lui-même y trouve son repos, quelle pensez-vous
que doive être la suavité que l'esprit goûte en s'unissant par ces
sacrées plaies au Cœur de Jésus ? Je n'ai pas de paroles pour
l'expliquer ; mais faites-en l'expérience, vous y trouverez un trésor de
toutes sortes de biens..
«
Voilà la porte du paradis ouverte ; le glaive qui enfermait l'entrée a
été écarté par la lance du soldat ; le trésor de la sagesse et de la
charité éternelle est ouvert : entrez-y donc par l'ouverture de ces
plaies divines. 0 heureuse lance qui a mérite de faire une telle
ouverture ! Oh!si j'avais été à la place de cette lance, je n'aurais
jamais voulu sortir du côté de Jésus-Christ, et j'aurais dit :
Voici le lieu de mon repos pour toujours, j'y demeurerai parce que je
l'ai choisi. 0 âme fidèle créée à l'image de Dieu, comment ne
seriez-vous pas transportée hors de vous-même ! voilà votre aimable
époux qui, par un excès d'amour, vous a ouvert son côté, afin de pouvoir
vous donner son Cœur ! »
Nous
lisons dans les chroniques de saint François qu'un homme de qualité se
fit religieux dans un monastère de l'ordre, où, n'ayant pas trouvé
l'aisance et les plaisirs qu'il avait quittés, il résolut de
reprendre le chemin du monde. La tentation fut si forte, qu'il n'y eut
aucune considération qui fût capable de l'arrêter. Néanmoins en s'en
allant, comme il aperçut un crucifix dans l'endroit où il passait, il se
mit è genoux pour implorer sa miséricorde. Oh ! que le Cœur de Jésus
est tendre et que sa bonté est grande ! Il n'eut pas plutôt achevé cette
courte prière, qu'il se sentit élevé en oraison jusqu'à l'extase, et en
même temps Notre-Seigneur se présenta à lui avec sa bienheureuse Mère,
lui demandant la raison de sa sortie. A quoi il répondit qu'ayant
accoutumé de vivre délicatement, il ne pouvait supporter l'austérité de
la règle. Alors Notre- Seigneur, lui montrant la plaie de son
côté, le consola et lui dit : « Mon fils, portez ici votre main,
oignez-la du sang de ma plaie, et vous trouverez que toutes choses vous
seront aisées, quelque difficiles qu'elles paraissent en elles-mêmes. »
Ce novice obéit, et depuis, à toutes les tentations et déplaisirs qui
lui survenaient, se souvenant de la passion du Fils de Dieu, de
l'amoureuse plaie de son Cœur, il trouvait que toute sa peine se
changeait aussitôt en de saintes délices.
Pratique.
Consacrez
un jour toutes les semaines à honorer le Cœur de Jésus d'une manière
spéciale : le vendredi, par exemple, qui a été désigné par l'Église à
cet effet. Rendez ce jour-là une visite plus longue à Jésus dans son
Sacrement ; lisez quelque livre qui traite de son Cœur ; c'est le moyen
d'entretenir votre ferveur dans cette dévotion ; car elle s'éteindrait
bientôt si vous ne lui donniez pas d'aliment.
Oraison jaculatoire.
Que mes yeux et mon cœur, ô Jésus ! demeurent sans cesse attachés à la plaie de votre Cœur (II. Paral, VII, 46)
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