Le mois du Sacré Cœur de Jésus
Vingt sixième jour
Source : Livre "Le mois du Sacré Cœur de Jésus"
VINGT-SIXIÈME JOUR.
Des quatre obstacles aux fruits abondants
de la dévotion au sacré Cœur.
de la dévotion au sacré Cœur.
Je trouve quatre obstacles qui nous arrêtent dans le chemin de la vraie dévotion au sacré Cœur de Jésus.
Le
premier est la tiédeur, état bien triste. L'âme tiède ne fait que ce
qu'elle ne peut omettre. Sans charité, sans ferveur, elle est à charge à
elle-même, et, loin d'avancer dans le chemin de la vertu, elle y
recule. L'écueil des personnes à qui les pratiques de la piété sont
journalières est de finir par se familiariser en quelque sorte avec ces
saints exercices ; elles doivent donc craindre de s'en acquitter sans
respect, sans attention, sans ferveur, si elles ne font effort pour
s'exciter, se renouveler, se réveiller, pour ainsi dire, par les grandes
pensées de la foi et par les vives flammes de l'amour divin, qui ne
permet pas que l'âme sommeille jamais.
«
L'état de tiédeur est d'autant plus à craindre qu'on le croit moins
dangereux ; on évite les péchés grossiers, et par là on se croit en
sûreté ; mais c'est qu'on oublie ce que le Seigneur dit dans
l'Apocalypse : Parce que vous êtes tiède, je commencerai à tous rejeter
de ma, bouche. Comme s'il voulait dire : Vous ne méritez pas de vivre en
moi ; vous n'aurez pas d'accès jusqu'à mon Cœur, parce que vous ne
payez ma tendresse que par la froideur la plus criminelle. Des
confessions sans amendement, des communions sans fruit sont les suites
ordinaires de cette déplorable tiédeur. Imaginez-vous donc que Notre
Seigneur, voulant vous faire sortir de ce triste état, vous dit comme à
sainte Gertrude : "Vous êtes assez longtemps demeuré attaché à la terre
avec mes ennemis ; assez longtemps vous avez recueilli le miel des
consolations de ce monde entre les épines ; enfin revenez à moi, et je
vous enivrerai du torrent de mes délices.» (Ins., c. i.)
Rendez-vous
à cette invitation de notre Sauveur, et, vous saisissant de cette main
percée de clous pour votre amour, qu'il vous tend dans sa miséricorde,
promettez-lui que vous le suivrez désormais, quelque part qu'il vous
conduise. Opsri manuum tuarumporriyesdeooteram. (Job, XXIV, 15.) Domine,
sequar te quoçumque ieris. (Matth., VIII, 19.)
«
Le second obstacle est l'amour propre. La pratique de l'Évangile est
toute comprise dans celle parole de Jésus-Christ : « Si quelqu'un veut
venir après moi, qu'il se renonce soi-même, qu'il porte sa croix chaque
jour, et qu'il me suive. » Mais c'est à quoi peu de gens pensent
sérieusement. Ils n'aiment, ils ne goûtent que les verlus qui les
accommodent et qui s'accordent à leur humeur ; mais un cœur ainsi
disposé comment peut-il s'unir au Cœur de Jésus ?» Ce Cœur divin s'est
livré tout à nous, il ne s'est rien réservé lui-même ; il demande des
cœurs généreux qui se livrent aussi tout à lui, qui ne craignent point
de trop s'avancer, de s'enchaîner, de se mettre dans l'impossibilité de
reculer, et & qui toute réserve soit inconnue.
«Le
troisième obstacle est quelque passion dominante qu'on ménage, à
laquelle on ne saurait renoncer. Les immolerait-on presque toutes, s'il
en reste une seule de ce genre, l'union des cœurs ne saurait se faire.
Examiner, de bonne foi quelle est celle que vous vous réserver, encore,
et sacrifiez-la généreusement au Cœur de Jésus ; soyez sûrs d'ailleurs
qu'il vous en coûtera moins pour y renoncer tout à fait que pour la
satisfaire à demi.
«
Le quatrième obstacle est un orgueil secret. On surmonte, on affaiblit
tous les autres ennemis par la pratique des vertus, et l'est trop
souvent par de certaines vertus mêmes que celui-ci se fortifie.On peut
dire que de tous les vices il n'en est aucun qui ait arrêté autant
d'âmes dans le chemin de la piété, aucun qui, de la plus haute
perfection, en ait tant replongé dans la tiédeur et même dans le
désordre.
«
C'est de cet esprit de vanité que vient le désir immodéré qu'on a de
paraître, de réussir dans tout ce que l'on fait ; cette tristesse, ce
découragement que l'on éprouve après un mauvais succès ; cet
épanouissement qu'on ressent à la vue de l'honneur qu'on nous rend, des
louanges que l'on nous donne. Ce même esprit se glisse dans l'exercice
des plus grandes vertus ; on est mortifié, obligeant, charitable, rempli
de zèle pour le salut des âmes ; on aime l'oraison, là prière, etc.,
mais on est bien aise, pour l'édification du prochain, dira-t-on, d'être
connu pour tel.
«
C'est de la même source que naissent cette délicatesse sur le point
d'honneur, ces petits refroidissements, ces chagrins qui approchent si
fort de l'envie ; cette peine secrète que causent les succès du
prochain, qu'on trouve toujours moyen de rabaisser ; cet excès même de
tristesse et de découragement après quelque rechute dans des défauts
humiliants.
«
Enfin on passe pour spirituel, on se croit tel, et l'on ne se conduit
que par la prudence mondaine, on n'a qu'un peu d'écorce qui cache des
passions réelles ; et à l'heure de la mort ces gens que l'on croyait
chargés de richesses spirituelles se trouvent les mains vides de bonnes
œuvres, cet amour-propre, cette petite ambition, cet orgueil secret
ayant tout enlevé ou tout corrompu. C'est la ce levain qui tôt ou tard
corrompt toute la masse, ce ver qui fait sécher les plus hauts chênes. »
(croiset.) C'est là l'origine de ces chutes éclatantes qui de siècle en
siècle sont venues affliger l'Église et donner aux fidèles une triste
mais salutaire leçon.
L'instruction
suivante, donnée par Notre Seigneur à la bonne Armelle, confirme ce que
nous venons de dire des obstacles qui s'opposent en nous au règne du
Cœur de Jésus : « La veille de la Présentation, je me trouvai, dit-elle,
renfermée dans le Cœur sacré de Jésus avec tant de gloire et de liberté
que je ne pouvais le comprendre. Je m'y trouvais au large et à mon aise
; je voyais ce divin Cœur d'une si grande étendue que mille mondes
n'eussent pas été suffisants pour le remplir ; je voyais de plus que
ceux qui se logent par amour dans ce divin Cœur jouissent de la vraie et
entière liberté et d'une paix admirable ; mais, d'autre part, je voyais
que la porte pour y entrer était si petite et si étroite, que très peu y
trouvaient entrée. Surprise de cela, je disais : 0 mon amour et mon
tout, d'où vient que votre Cœur est si grand et si spacieux, qu'on soit
si au large quand on est dedans, et que la porte en soit cependant si
petite et si étroite ? Alors Notre-Seigneur me fit connaître que c'était
parce qu'il ne voulait pas que d'autres que les petits, les nus et les
seuls y pussent trouver entrée. Les petits sont ceux qui, de tout leur
cœur, s'abaissent et s'humilient pour l'amour de lui ; ceux-là y peuvent
entrer ; pour les autres, point du tout car comment est-ce qu'une
personne enflée de vaine gloire pourrait passer par une si petite porte ?
Les nus sont ceux qui détachent leur cœur de la convoitise des
richesses et des commodités de cette vie ; pour les autres, qui sont
chargés de grands fardeaux d'or et d'argent ou autres choses, il est
impossible qu'ils puissent passer par un lieu si étroit, si ce n'est
qu'auparavant ils s'en déchargent. Les seuls sont ceux qui détachent
leur amour de toutes les créatures, car l'amour lie et attache le cœur à
la chose aimée : or deux personnes liées et attachées ensemble ne
sauraient entrer à la fois par un lieu où il n'y a d'espace que pour une
seule, et encore bien petit. »
Pratique.
Si
vous désirez obtenir une vraie dévotion au Cœur de Jésus, il est
important de vous assurer si vous n'avez pas à surmonter en vous
quelqu'un des obstacles que nous venons de signaler. Le vrai moyen de
réussir dans cette recherche est la pratique journalière et constante de
l'examen général, que saint Ignace estimait et recommandait plus encore
en quelque sorte que l'oraison. Pour le bien faire, il faut suivre la
méthode que lui-même en a tracée, et observer cinq choses :
1° Remerciez Dieu de ses bienfaits.
2° Suppliez-le de vous faire connaître et détester vos péchés.
3° Examinez vos pensées, paroles et actions du jour présent, en parcourant les heures les unes après les autres.
4° Demandez pardon de vos fautes.
5° Terminez par le Pater ou autre prière à votre choix.
Oraison Jaculatoire.
0 Cœur de Jésus, que je vous connaisse, que je me connaisse. Noverim te, noverim me. ( S. Aug.)
Cor Jesu, etc. Cor Mariœ, etc.
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