Le mois de saint Joseph
veille du 1er mars
Source : Livre "Mois de Saint Joseph : composé de trois neuvaines et un triduum pour tous les jours du mois de mars" par Alexis Lefebvre
Grand
saint, c'est pour votre gloire, c'est par amour pour vous que je
commence ce travail, et je l'entreprends avec bonheur. Je vous le
consacre et je vous prie de le bénir.
Jésus
a dit que tout ce que l'on demanderait en son nom au Père céleste, on
l'obtiendrait : pourrait-il lui-même rien refuser de ce qu'on lui
demande au nom de son Père terrestre, c'est-à-dire de celui qui l'a
gardé, nourri, et si bien soigné sur la terre ?
Non,
c'est impossible ; il vous obéissait ici-bas, il fera ce que vous
voudrez dans le ciel... Cette pensée me donne la plus douce confiance
qu'il daignera lui-même m'inspirer et me diriger dans cette pieuse
entreprise.
De
son côté, la Vierge immaculée, votre glorieuse épouse, Marie, qui vous
était également soumise à Nazareth, ne peut rien vous refuser non plus.
Elle sera touchée de la prière que je lui adresse en ce moment, et elle
sera la lumière de mes pensées ; son cœur fidèle et reconnaissant se
réjouira de voir célébrer vos vertus et raconter vos bienfaits. Elle sera l'espérance et la force de mon âme.
Jésus,
Marie, Joseph, je vous donne donc, je vous consacre tout ce travail ;
Jésus, Marie, Joseph assistez-moi du haut des cieux et dirigez ma plume,
la plume sainte qui m'a déjà servi pour écrire les deux Mois de Marie (1)...
(1) Cette
plume à été donnée à l'auteur par Pie IX, comme il est raconté dans une
note à la première page du Mois de Marie de 1867. [L'Éditeur.)
Mais
vous surtout, ô bon saint Joseph, daignez être mon guide et mon
soutien. Vous que depuis plusieurs années déjà je me suis efforcé de
faire connaître et aimer, dans notre pieuse association de la Bonne
Mort... Vous le savez, c'est principalement pour nos associés que j'ai
recueilli les pensées de ce livre, et je vous conjure encore de le
bénir.
Qu'ils
y trouvent comme un souvenir des entretiens simples et familiers de nos
belles neuvaines, et qu'ils voient croître dans leur cœur la confiance
et l'amour envers leur saint protecteur.
Paris, 1er juin 1807.
À TOUS LES ASSOCIÉS DE LA BONNE MORT
C'est
à vous, ô mes frères et mes bien chères sœurs, que je consacre et dédie
ce Mois de saint Joseph ; mais à vous surtout, membres de l'Association
établie depuis quelques années dans notre église du Jésus, à Paris, Ce
travail a été fait pour vous ; c'est un souvenir de nos pieuses
neuvaines et des instructions familières qui vous préparaient à la fête
solennelle du Patronage. Ce livre vous appartient de droit ; on pourrait
même le regarder comme la suite du Manuel de notre association. Si nous
avons cru devoir donner une forme nouvelle à quelques sujets de
méditations que vous aviez déjà dans les deux neuvaines du Manuel, c'est
seulement pour mettre un peu plus d'unité et d'ensemble dans la
composition de cet ouvrage.
Priez
saint Joseph avec ferveur et confiance, et ce petit livre ; en faisant
connaître notre œuvre, augmentera encore le nombre de ceux qui
s'efforcent d'obtenir, par l'intercession de ce grand saint, la grâce la
plus précieuse de toutes, la grâce d'une bonne Mort.
PRÉFACE
Aussitôt
que le Mois de Marie sur les Mystères a paru, on a demandé à l'auteur
un Mois de saint Joseph. On le voulait même avant un second Mois de
Marie, qui avait été comme annoncé et promis dans la préface du premier.
Cette demande était faite par des personnes dont les désirs seront
toujours des ordres pour moi, et ne me laissaient plus la liberté de
choisir.
Je
suis d'autant plus heureux de céder à cette pensée, que j'avais été
comme préparé à ce travail par la méditation des sujets que je vais
traiter. Directeur de l'Association de la Bonne Mort, au Jésus de Paris,
depuis près de dix ans, j'ai été plusieurs fois appelé à donner la
neuvaine solennelle qui nous prépare à la fête du Patronage, et je puis
espérer de trouver, dans les sujets de ces instructions familières, de
quoi remplir le plan d'un Mois entier.
Nous
garderons même dans la division de cet ouvrage le nom de neuvaines ou
de triduums aux différentes parties qui le composent, sans manquer toutefois d'assigner la lecture pour chaque jour du mois.
La
première neuvaine contiendra une étude préliminaire sur les plus
beaux titres de saint Joseph, sur les mystères divins dans lesquels il
est plus particulièrement entré, et sur les vertus qu'il a pratiquées
dans ces mystères sacrés. Trois titres, trois mystères, et trois vertus
qui forment un ensemble de relations et d'analogies pleines de lumières,
et qui donneraient un sujet de méditations distinctes pour trois
triduums, si on voulait les séparer.
La seconde renferme des considérations toutes pratiques sur quelques autres vertus de ce grand saint.
La
troisième, que nous appellerions volontiers la neuvaine des Patronages
de saint Joseph, nous apprendra comment et pourquoi tous les chrétiens
peuvent et doivent toujours espérer dans sa puissante intercession.
Ces trois neuvaines, avec un triduum, donnent justement une méditation pour chaque jour du Mois de saint Joseph.
C'est la première et la principale partie de cet ouvrage.
Dans
la seconde, nous ferons un choix des plus belles prières connues en
l'honneur de saint Joseph. Le pieux lecteur pourra choisir celles qu'il
voudra réciter pendant le cours du mois.
Mais
je tiens à rappeler ici que la prière la plus efficace de toutes,
pendant les neuvaines à saint Joseph, c'est ou trois Pater et
trois Ave Maria, ce qu'on appelle la petite neuvaine ; ou bien
sept Pater et sept Ave, ce qu'on regarde comme la grande neuvaine.
Il
y a des chrétiens fervents qui, aux trois ou aux
sept Pater et Ave Maria ajoutent autant à Ave Joseph, et qui par ce
moyen ont obtenu des grâces merveilleuses ; mais nous pouvons affirmer
qu'il a suffi bien souvent de la petite neuvaine pour toucher le cœur de
saint Joseph et mériter d'être exaucé.
Que
pourrait-il donc refuser à celui qui, à la méditation de chaque jour de
ce mois béni, ajouterait encore la récitation des prières de la grande
ou de la petite neuvaine ?...
Comme
le mois de mars, consacré à saint Joseph, tombe toujours pendant le
carême, il y a peu d'églises où l'on puisse faire ce mois publiquement,
et par des exercices réguliers ; mais les vrais serviteurs de ce grand
saint ne manquent pas de le célébrer en particulier, et c'est pour les
aider, que nous allons présenter dans ce livre une suite de méditations
pratiques et un choix de belles prières.
Nous
commençons ce travail avec d'autant plus de bonheur qu'il y a très-peu
de Mois de saint Joseph, tandis qu'on trouve partout un grand nombre de
Mois de Marie. Heureux si, après avoir essayé nous-même
de donner à la Mère de Dieu cette preuve de notre amour, nous pouvions
réussir à faire connaître, honorer et aimer son glorieux Époux, le Père
nourricier de Notre-Seigneur Jésus-Christ, le bon et puissant saint
Joseph !
OUVERTURE du MOIS DE SAINT JOSEPH
(LA VEILLE DU 1er MARS)
Il est le protecteur de tous ceux qui espèrent en lui. (Ps. XVII, 31.)
Comme
les Enfants de Marie aiment à célébrer les fêtes de leur mère, et le
beau mois qui lui est consacré, ainsi les fidèles serviteurs de saint
Joseph s'empressent de lui témoigner leur profonde et respectueuse
tendresse, et de recourir à sa puissante protection, non-seulement dans
ses principales solennités, du 19 mars et du Patronage, mais encore
pendant un mois entier, dont tous les jours deviennent ainsi pour eux
des jours de fête et de grâces.
Nous viendrons donc tous les soirs au pied de ses autels, pour étudier ses vertus, méditer sur
la gloire de ses priviléges, et nous apprendrons à le prier avec plus
de confiance, en lisant le récit des prodiges obtenus par tous ceux qui
ont imploré son secours.
Si
vous ne pouvez faire tous les jours cette lecture, et les prières qui
doivent l'accompagner, dans un sanctuaire spécialement consacré à saint
Joseph, je vous conseille d'avoir un petit oratoire, ou du moins une
statue, une image de ce bon saint, que vous regarderez de temps en temps
; et je vous promets qu'il y aura, dans ce regard pieux, une grâce
singulière et pleine de douceur pour vous.
Nous
commencerons aujourd'hui par une considération générale sur la
protection de saint Joseph. Le but de cette première méditation est de
nous porter à une confiance sans bornes, car il ne peut laisser sans secours ceux qui espèrent en lui... Protector est omnium sperantium in se.
J'avertis
une fois pour toujours que ce texte, ainsi que la plupart de ceux qui
seront cités dans la suite, ne doivent s'entendre directement que de
Dieu, seul tout-puissant, en qui seul nous devons mettre toutes nos
espérances ; mais rien n'empêche que nous ne les appliquions, soit à
Marie mère de Dieu, soit à saint Joseph, qui ont tant de crédit auprès
du Seigneur.
Voici
maintenant toute la pensée du premier exercice : Pour mériter notre
confiance, il faut qu'un protecteur ait ces deux qualités essentielles,
la puissance et la bonté ; sans cela notre espérance serait vaine, et
nous ne pourrions rien attendre de lui.
Supposez,
en effet, à un homme autant de puissance que vous pouvez l'imaginer,
donnez-lui tous les trésors, tous les titres possibles, c'est en vain
que vous aurez recours à lui, s'il manque de bonté, de bienveillance
pour vous ; il méprisera votre prière et vous laissera dans l'abandon.
Donnez-lui,
au contraire, toute la bonté que vous voudrez, supposez qu'il vous
porte le plus tendre intérêt ; il sera profondément touché de vos
larmes, il vous plaindra sincèrement ; mais s'il n'a pas de puissance,
s'il manque de crédit, sa pitié sera toujours vaine et stérile et sa
bonne volonté absolument inefficace. Il faut donc ces deux conditions
encore une fois : puissance et bonté.
Aussi,
voyez comme l'Église même, dans presque toutes ses prières, se plaît à
nous rappeler ces deux attributs de Dieu, ou de sa glorieuse Mère, pour
exciter la confiance dans notre cœur. La plupart de ses oraisons
commencent par ces mots : Omnipotens et misericors Deus Dieu
tout-puissant et plein de miséricorde,
écoutez-nous, ayez pitié de nous... et dans les belles litanies de
Lorette : Virgo potens, virgo démens, Vierge puissante, vierge pleine de
bonté, priez pour nous.
Eh
bien, nous allons prouver que saint Joseph possède éminemment ces deux
qualités d'un protecteur sûr et vraiment utile : 1° la puissance, et 2°
la bonté.
I. La Puissance d'abord.
Mais
Dieu seul est puissant, direz-vous ! Sans doute : c'est le nom de Dieu
même, parce que c'est le premier et le plus essentiel de ses attributs
de gloire : omnipotens ! le Tout-Puissant.
Mais
le Seigneur ne peut-il pas communiquer une partie de ce pouvoir
suprême, une portion de ce souverain domaine des cieux, comme les rois
de la terre, qui abandonnent et laissent à ceux qu'ils veulent honorer,
une partie de leur autorité ?
Ainsi
les ministres dans l'État, les généraux dans l'armée, les préfets dans
la province peuvent ordonner, commander et gouverner même sous leurs
ordres. Ne les voit-on pas tous les jours distribuer des grâces et des
faveurs, sous le regard et sous la dépendance du prince ?
Cela est juste, et nous disons aussi avec raison que la Mère de Dieu, la sainte et immaculée
Vierge Marie est puissante, toute-puissante même dans le ciel
: omnipotentia supplex, mais toute-puissante par sa prière, à laquelle
Dieu ne peut rien refuser.
Voyez
la différence : Dieu est tout-puissant par sa volonté, son empire, il
commande en maître ; Marie est toute puissante par sa prière, sa
tendresse, son amour, elle demande en mère.
Tout ce que Dieu veut se fait, tout ce que Marie désire lui est accordé : omnipotentia supplex.
—
Un saint docteur n'a pas craint même de dire que Dieu avait en ce sens
partagé son empire avec elle ; il a gardé le haut domaine, la force, la
justice, mais il lui a cédé la grâce, les miséricordes, et dans cette
partie du royaume, Marie a la toute-puissance ; elle peut tout.
Eh
bien, après cette Vierge très-pure, c'est saint Joseph qui d'abord a le
plus de droits à cette autorité ; et qui, de fait, a obtenu le plus de
faveurs auprès de Dieu. C'est lui qui a le plus de crédit et de
puissance. Pourquoi ?
Parce
que tous les autres peuvent être les serviteurs fidèles, les amis du
Roi des cieux, mais seul il a été, il est le gardien, le père nourricier
de Jésus ; seul il a été le protecteur même de son Dieu, alors que ce
Dieu était sur la terre ; et il est impossible que ce Dieu l'oublie dans
le ciel.
Autrefois Joseph parlait
avec une autorité réelle, et Dieu lui obéissait
: erat subditus. Aujourd'hui il parle encore, il exprime un désir, il
prie, et ce même Dieu s'empresse d'accorder tout ce que son Père lui
demande.
Cette
vérité est incontestable. Mais il y a dans l'exercice de ce pouvoir
extraordinaire de saint Joseph au ciel, il y a, dis-je, une remarque
particulière et des plus intéressantes à faire pour ses fidèles
serviteurs ; et j'ai hâte de le dire au premier jour de nos exercices :
Il est certain que l'on peut partout et en tout temps recourir à sa
protection, mais c'est surtout aux jours de ses fêtes qu'il semble
vouloir être invoqué, et qu'il aime à faire éclater les merveilles de sa
puissance.
On
dirait qu'en ces jours de grâce, le Seigneur Jésus lui rend tous les
droits qu'il avait autrefois sur la terre, et qu'il le constitue de
nouveau non-seulement son trésorier, mais le maître de tous ses biens et
de toutes ses richesses : omnis possessionis suæ.
C'est
principalement dans ses pieuses solennités que Jésus semble nous dire
d'aller à Joseph : ite ad Joseph... Il vous donnera tout ce que vous
demanderez ; faites seulement ce qu'il vous dira.
Nous avons deux preuves certaines de ce fait ou plutôt de cette importante observation : l'autorité des Saints, et le témoignage même de l'expérience.
Nous
nous bornerons à rappeler ce que sainte Thérèse affirme. Jamais elle
n'a invoqué ce puissant protecteur sans obtenir ce qu'elle avait
demandé.
C'est
même sur les paroles de cette grande sainte que l'on a composé la
prière dite le Memorare de saint Joseph, comme on s'est servi des
paroles de saint Bernard, pour faire la prière des miracles,
le Memorare de la sainte Vierge. Toujours efficace, cette prière à saint
Joseph a surtout une puissance merveilleuse, aux jours de fêtes de
notre bon protecteur.
Combien
d'âmes pieuses, après avoir fait avec dévotion le mois de saint Joseph,
après s'être préparées par une simple neuvaine à célébrer sa fête, le
19 mars, ou le jour de son Patronage, le troisième dimanche après
Pâques, ont éprouvé les effets les plus touchants de ce pouvoir
extraordinaire !
Nous
aurons l'occasion d'en citer bien des traits, dont nous avons pu
nous-même constater l'authenticité, dans
les Annales de l'Association de la Bonne Mort, établie dans notre église
du Jésus, à Paris.
Il n'y a pas d'années que le directeur de cette pieuse confrérie ne reçoive une foule de lettres qui rapportent ces merveilles, à l'occasion de la neuvaine solennelle qui se fait dans cette chapelle.
Déjà
le P. Patrignani, dans un ouvrage célèbre sur la dévotion à saint
Joseph, avait raconté de semblables prodiges, et prouvé cette puissance
merveilleuse de saint Joseph, aux jours des ses fêtes ; et chose
remarquable, tous ces miracles, comme ceux de Jésus lui-même, comme ceux
de Marie, sont toujours des grâces, des bienfaits singuliers ; en un
mot, il ne montre son pouvoir que pour faire du bien, sa puissance ne se
révèle que par des actes de bonté : c'est ce que nous allons méditer
dans la seconde partie de cet exercice.
II. Bonté de saint Joseph.
— Il semble que ce soit le caractère même de ce grand saint et de ses œuvres.
Aussi
partout maintenant on ne l'appelle plus que le bon saint Joseph Gloire
incomparable et qui n'est partagée que par la sainte Vierge Marie, sa
glorieuse épouse.
Comme
dans notre belle et sainte langue française, je dis sainte, parce que
venue après la foi, et formée par le christianisme, elle en a les
inspirations, les lumières et les sentiments, comme nous disons
le bon Dieu, en parlant de JésusChrist Notre-Seigneur, sans jamais
séparer ce touchant attribut de sa
divinité ; comme nous disons la bonne mère, en parlant de la Vierge
toute-puissante et immaculée, ainsi dans un langage simple et familier,
sans doute, mais aussi sublime que touchant, nous disons : le
bonsaint Joseph ! Il faut demander cela au bon saint Joseph !
Aussi
bien, tous ses miracles, disions-nous, comme ceux de Jésus et de Marie,
sont des actes de compassion et des traits d'une bonté admirable.
Quiconque
a lu l'Évangile avec attention aura été singulièrement frappé de ce
caractère des œuvres de Jésus-Christ et de tous ses prodiges. Il ne peut
rien refuser de ce qu'on lui demande. Il suffit de pleurer devant lui,
de montrer une souffrance, son cœur est touché. Il fait des miracles à
chaque pas, mais on dirait qu'il ne fait ces miracles que par amour,
plutôt même que pour prouver sa divinité.
Tel
est aussi le caractère des prodiges opérés par la sainte Vierge, et
c'est ce que ne peuvent ignorer ceux qui ont lu les annales de ses plus
beaux sanctuaires, et considéré avec attention les ex-voto qui couvrent
les murailles de ses temples, ou que l'on voit suspendus au-dessus de
ses autels. On n'a d'ailleurs, pour s'en convaincre, qu'à se rappeler
les noms bénis que la reconnaissance
lui a donnés partout dans ses pèlerinages célèbres ; ils indiquent
assez la nature des grâces qu'on lui demande, et que l'on y obtient
chaque jour. C'est Notre-Dame de Paix, de Consolation, de Délivrance, de
la Garde, de Bon-Secours... Elle est puissante sans doute, mais surtout
elle est bonne, douce et clémente, c'est la bonne Mère.
Eh
bien, tel aime à se montrer notre glorieux protecteur et père, saint
Joseph. Il ne peut résister à la prière des âmes qui souffrent ; son
cœur est sensiblement touché à la vue de nos peines, et les prodiges se
multiplient à ses saints autels.
Déjà,
pour augmenter la foi et la confiance dans l'âme du pieux lecteur, nous
avons indiqué la raison générale et les preuves de ce double caractère
de puissance et de bonté dans notre saint patron. Ce sont les titres
qu'il a reçus du ciel, et ses relations intimes avec Dieu, ses mérites
personnels enfin, et ses vertus incomparables.
Il
ne s'agit donc plus pour nous que de nous attacher désormais à montrer
les caractères particuliers et les traits les plus frappants de cette
protection ; en un mot, et comme on parle maintenant, les spécialités
des grâces que nous pouvons demander à saint Joseph, et que nous devons espérer dans ce mois béni et le jour de sa fête.
Or,
nous dirons dès aujourd'hui, avec plusieurs auteurs qui ont parlé de ce
sujet, que le trait le plus singulier de la dévotion à saint Joseph,
c'est qu'il n'y a personne qui ne puisse recourir à lui, et qu'il n'y a
pas de grâces qu'on ne puisse lui demander, parce que sa puissance ne
saurait avoir de bornes, et qu'il est bon pour tous ceux qui l'invoquent
avec confiance.
Tandis
que le Seigneur semble n'avoir accordé à ses plus grands saints qu'une
faible partie de ses dons célestes, il a laissé la garde et la
distribution même de tous ses trésors à saint Joseph, et il ne peut rien
lui refuser.
Et
cependant, nous dirons aussi qu'il y a des âges, des positions
auxquelles il semble que saint Joseph s'intéresse encore avec plus de
bonté. Nous parlerons de certaines conditions qu'ils paraît accueillir
et en quelque sorte favoriser avec plus d'empressement ; nous prouverons
qu'il y a des grâces que l'on est en quelque sorte encore plus sûr
d'obtenir de lui, et nous chercherons ainsi à augmenter la confiance
dans tous les cœurs, et la ferveur de la prière. Nous nous proposons de
traiter tous ces sujets et de donner ces preuves dans une série d'instructions particulières sur la fin du mois, dans la neuvaine des patronages.
Donc,
aujourd'hui même, mon cher lecteur, qui que vous soyez, et quels que
soient les besoins de votre âme, priez avec amour, et ne doutez pas que
saint Joseph ne puisse et ne veuille vous exaucer. Il est puissant au
ciel, il est bon envers tous ceux qui espèrent en lui
: protector est omniumsperantium in se.
Vous terminerez cet exercice par la récitation du Souvenez-vous à saint Joseph.
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