Le mois du rosaire : 12 octobre
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Source : Livre "Le mois d'octobre consacré à N.D. du Rosaire ou manuel du chapelet & du rosaire à l'usage des fidèles"
La dévotion du Rosaire a été autorisée par des miracles.
Tous
les prodiges qui semblent de vrais miracles ne sont pas néanmoins
toujours suffisants pour autoriser une dévotion ; ils peuvent édifier,
encourager la piété des fidèles, leur inspirer de la confiance, quand
ils sont revêtus de caractères qui paraissent certains ; mais les
miracles authentiques par leur publicité historique ou monumentale, et
confirmés par le suffrage éclairé de l'Église, sont les seuls qui
puissent autoriser une dévotion ; et, lorsque l'Église ou son chef
visible établit des fêtes pour en constater la mémoire ou pour rendre
grâces à Dieu de quelque bienfait signalé, elle autorise, par cela même,
la dévotion qui est l'objet de la fête ; or, c'est ce qui est arrivé
pour le Rosaire. Il y a des miracles de protection publique et des
miracles de protection particulière : nous ne parlerons aujourd'hui que
des premiers.
La
bataille de Muret, livrée le 3 Septembre 1213, et couronnée du plus
heureux succès, est le premier triomphe du au Saint Rosaire : en voici
les détails. Vers la fin du douzième siècle s'étaient montrés de
nouveaux hérétiques, les Albigeois, Leur parti était puissant et ils
arboraient partout l'étendard de la révolte. Il y avait déjà plusieurs
provinces infectées de ce poison fatal qui se répandait dans toutes les
parties de l'Europe. Albi et les principales villes du Languedoc furent
le principal théâtre d'une guerre sanglante. Saint Dominique, brûlant de
zèle pour la gloire de Dieu, suppliait sans cesse avec larmes le
Seigneur d'avoir pitié de son Église. Un jour, la sainte Vierge lui
apparut pendant qu'il priait, et le consola en l'assurant que la
prédication du Rosaire terrasserait l'hérésie. En effet, à peine eut-il
arboré l'étendard du Rosaire et prêché l'excellence et les avantages de
cette dévotion, qu'il dessilla les yeux des hérétiques et des
schismatiques : on les vit en foule accourir de toutes parts, et les
églises retentissaient de leurs gémissements et de leurs sanglots. Les
Albigeois, effrayés de la multiplicité et de l'éclat de tant de
conversions, résolurent de réparer leurs pertes par un combat décisif :
ils rassemblèrent une armée formidable. Le comte de Montfort, le chef
des croisés catholiques, ce prodige de piété et de valeur, l'admiration
du monde et la terreur des ennemis ; en un mot, le Macchabée des
catholiques ne voulut engager le combat que sous les auspices de Saint
Dominique. Celui-ci paraît avec un grand crucifix au milieu des croisés
comme un prophète ; il leur promet la victoire, par le crédit de Marie
auprès du Dieu des années, s'ils récitent avec dévotion le Saint
Rosaire. Le comte de Montfort n'avait que 1800 hommes au plus, et
l'armée des hérétiques en comptait 100 000, Plein de confiance dans
l'assistance de Marie et dans les prodiges de la prière, il l'attaque,
la met en déroute, tue le général en chef, fait un carnage affreux des
ennemis et remporte, par la puissante protection de Notre-Dame du
rosaire, une des plus signalées victoires des annales du monde.
Le
7e jour nous avons parlé longuement de la mémorable victoire de
Lépante, à l'occasion de laquelle fut établie la fête de Notre Dame du
Rosaire.
La
victoire remportée le 18 Septembre 1683 par Sobieski, Jean III, roi de
Pologne, est encore un trophée de la protection de Marie. Il n'avait que
75 000 hommes et les Turcs en comptaient 800 000 ; mais il invoqua le
Dieu de la victoire par l'entremise de Marie ; et à peine les ennemis
qui assiégeaient la ville de Vienne l'ont ils reconnu, qu'ils s'écrient :
« Voilà Sobieski », et prennent la fuite laissant un butin immense.
Sobieski entre en triomphe comme un libérateur dans Vienne, se
transporte à la Métropole, et y entonne lui-même le Te Deum, l'hymne
d'action de grâces, pour rendre hommage au Dieu des armées et à la
sainte Vierge, dont la protection puissante lui avait obtenu un si
mémorable succès. La fête du Nom de Marie fut établie dans l'octave de
la Nativité, à l'occasion de cette victoire.
Le
prince Eugène remporta en 1716 plusieurs victoires contre les Turcs
bien supérieurs en nombre, et il les attribua toutes à la protection de
Marie. Mais ce fut surtout à la bataille de Belgrade, le 16 Août 1717,
qu'on reconnut devoir attribuer à l'intercession de Notre-Dame du
rosaire l'intrépidité, la valeur, la sagesse et les succès du prince
Eugène. En conséquence, le Pape Clément XI fit présent aux Dominicains
de Rome, d'un des cinq étendards enlevés à l'ennemi, et ordonna qu'il
serait suspendu dans la Chapelle du Rosaire.
L'histoire
de France nous fournit encore un trait singulièrement remarquable par
ses circonstances. Louis XIII ayant pris la résolution de réduire sous
son obéissance l'importante ville de La Rochelle, l'asile et le fort de
l'hérésie, mit son armée sous la protection de la Sainte Vierge et
écrivit à la reine-mère de faire faire des prières publiques en son
honneur pour la prospérité de ses armes. La reine-mère choisit à cet
effet l'église des Dominicains pour y faire réciter le rosaire
publiquement. A sa demande, l'archevêque de Paris annonça qu'on
commencerait cette récitation le 22 Mai 1628 pour la continuer tous les
samedis, et lui-même voulut lire à haute voix les sujets et les
élévations de chaque mystère. Cette dévotion fut suivie avec beaucoup
d'empressement et de ferveur par un concours immense de fidèles. Le roi
en ayant été informé, fit pratiquer la même dévotion dans son armée. Le
camp résonnait à certaines heures du jour et de la nuit, des louanges de
Marie et des prières du rosaire qui furent continuées jusqu'à la
réduction de la place : aussi les troupes du roi, « semblables aux
Macchabées, combattant de la main et priant du fond du cœur,
remportèrent-elles une victoire éclatante, pleines de joie de
l'assistance de Dieu ». (2e. Livre des Macchabées 15). Le roi attribua
cet heureux succès à la protection de Notre Dame du Rosaire, et voulut
que les pères Dominicains qui se trouvaient dans le camp, entrassent les
premiers dans la ville. En effet, ils devancèrent l'armée en chantant
les Litanies de la Sainte Vierge, ayant en tête leur bannière qui
représentait d'un côté l'image de Jésus Crucifié, de l'autre, celle de
Notre Dame du Rosaire, avec cette inscription en latin :
« Réjouissez-vous, ô Marie toujours vierge, vous seule avez détruit les
hérésies dans tout l'univers ». Ce triomphe fut si éclatant que
l'université de Paris, par l'organe de la faculté de théologie de la
Sorbonne, ne craignit pas de regarder comme un miracle de Notre Dame du
Rosaire, la défaite des Calvinistes, si ouvertement soutenus par
l'Angleterre et dont la ville de La Rochelle était le plus redoutable
boulevard.
Ces
quelques faits joints à la victoire de Lépante, nous montrent tous des
succès signalés obtenus par l'intercession de Marie invoquée par la
pratique du Rosaire ; ils suffisent sans doute pour autoriser cette
dévotion et la faire pratiquer avec plus de ferveur que jamais dans des
temps de guerre ou de calamités publiques. Ils nous prouvent aussi que
c'est à juste titre que Marie est surnommée Notre Dame des Victoires et
que ce n'est pas en vain qu'on l'appelle Secours des chrétiens.
Résolution
Invoquons
souvent Marie comme protectrice des empires et des royaumes, et en
particulier comme Patronne de la France et Reine du Ciel et de la terre.
Si ce pays n'a pas de guerre à soutenir contre des ennemis extérieurs,
il en a une contre des ennemis intérieurs d'autant plus dangereux qu'ils
ont les moyens de tromper les esprits et d'avoir la multitude de leur
côté. Ils ne réussiront pas dans leurs projets, si nous avons soin
d'implorer avec ferveur. Notre Dame du Rosaire qui saura obtenir du Ciel
les grâces nécessaires pour que la France demeure fidèle à la foi de
ses pères, et se distingue toujours par son attachement à notre Mère la
Sainte Église.
Prière
Seigneur, Dieu des armées, qui tenez en mains le sort des empires,
nous avons recours à la puissante Patronne de ce pays,
à votre auguste et sainte Mère pour obtenir, par son intercession, que votre Nom soit sanctifié en France,
que votre règne s'établisse dans tons les cœurs, et que les ennemis de l'Église et de la religion n'y dominent jamais.
Nous
allons vous demander cette grâce en invoquant Notre-Dame du rosaire par
la récitation d'une dizaine du chapelet. Ainsi soit-il.
1 Notre Père, 10 je Vous salue Marie, 1 Gloire au Père.
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