Le mois du rosaire : 7 octobre
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Source : Livre "Le mois d'octobre consacré à N.D. du Rosaire ou manuel du chapelet & du rosaire à l'usage des fidèles"*
7ème jour
À quelle occasion fut établie la Fête de Notre-Dame du Rosaire, qui se célèbre le 1er Dimanche d'Octobre.
Puisque c'est cette fête qui nous a fait consacrer le mois d'octobre à des considérations sur la dévotion du rosaire, nous croyons convenable, après avoir parlé du chapelet, d'apprendre aux lecteurs à quelle occasion l'Église l'a établie.
Comme
nous recevons sans cesse de nouvelles faveurs et de nouveaux bienfaits
de la très sainte Vierge, l'Église a soin de lui en marquer sa juste
reconnaissance par de nouvelles solennités et par des fêtes
particulières, qui excitent et augmentent tous les jours la dévotion des
Fidèles.
Ce qui a donné occasion à la fête de Notre-Dame du Rosaire, est une des plus signalées faveurs qu'ait reçue la chrétienté de la protection toute puissante de la mère de Dieu, dans le temps que
les Turcs, fiers des grandes conquêtes qu'ils faisaient tous les jours
sur les chrétiens, ne se promettaient rien moins que d'envahir toute
l'Europe, et d'aller arborer le croissant sur le dôme de l'église de Saint-Pierre à Rome.
Il
y avait déjà près d'un siècle que les Turcs répandaient la terreur dans
toute la chrétienté par une continuité de victoires que Dieu permettait
pour punir les péchés des chrétiens et pour réveiller leur foi à demi
éteinte.
Soliman III, ayant pris Belgrade l'an 1522, vint jusqu'à Vienne et conquit par ses généraux plusieurs provinces en Europe.
Selim
II, son fils et son successeur, maître de l'île de Chypre en 1571,
croyant que rien ne pouvait résister à ses armes, mit en mer la plus
nombreuse et la plus formidable flotte qu'on eût encore vue, au moyen de
laquelle il se promettait de conquérir toute l'Italie.
L'effroi avait saisi une partie de la chrétienté dont le sort, pour ainsi dire, dépendait d'une bataille.
L'armée navale des chrétiens était de beaucoup inférieure à celle des Turcs, et il n'y avait que le secours du ciel qui pût leur faire espérer la victoire.
Ils l'obtinrent par l'intercession de la sainte Vierge, à qui toute l'armée se dévoua selon l'intention du saint Pape Pie V. Ce fut le 7 octobre 1571 que se livra cette mémorable bataille, la plus célèbre que les chrétiens aient jamais gagnée sur mer.
Au moment qu'on déploya l'étendard donné par le souverain Pontife et sur lequel était brodée l'image de J.-C. sur la croix, toute l'armée le salua avec de grands cris de joie et les officiers ayant donné le signal de la prière, toute l'armée s'agenouilla et adora l'image sacrée de J.-C.
C'était un spectacle admirable de voir ces guerriers se prosterner avec humilité et confiance devant le crucifix
et demander à Dieu par l'intercession de la sainte Vierge représentée
sur l'encadrement de l'étendard, la grâce de vaincre les infidèles.
Cependant
les deux flottes s'approchaient, et celle des Turcs était poussée par
un vent favorable qui faisait tout craindre. On s'adressa avec encore
plus de ferveur à la sainte Vierge sous les auspices de laquelle on
combattait ; et tout à coup le vent
changea et devint très favorable aux chrétiens. Bientôt l'air fut
obscurci de la fumée de l'artillerie et après trois heures de combat
acharné, avec un avantage presque égal, les chrétiens comptant plus sur
la protection du ciel que sur leur
bravoure, virent tout à coup plier les ennemis qui commençaient à se
retirer vers la côte. Faisant alors un nouvel effort, ils tuèrent
Ali-Pacha et enlevèrent le drapeau Turc.
Don Juan, général en chef, fit crier victoire et ce ne fut plus un
combat, mais une horrible boucherie des Turcs qui se laissaient égorger
sans se défendre. Ils perdirent plus de trente mille hommes, non compris
cinq mille prisonniers, tandis que les chrétiens y perdirent si peu de
monde, que tout l'univers reconnut visiblement le secours du ciel et la protection signalée de Marie.
Le saint
pape Pie V eut révélation de la victoire au moment que les Turcs furent
défaits, et il fut si persuadé qu'elle était l'effet de la protection
particulière de la sainte Vierge, qu'il institua cette fête sous le titre de Notre-Dame de la Victoire.
Le martyrologe romain en parle en ces termes : Le même jour, septième d'octobre, la commémoration de Notre-Dame de la Victoire, fête que le saint pape Pie V institua en action de grâces de la
glorieuse victoire que les chrétiens remportèrent en ce jour sur les Turcs dans un combat naval, livré
dans le golfe de Lépante, par l'assistance particulière de la sainte Vierge.
Comme la dévotion du saint rosaire,
si chère à la Mère de Dieu, et établie depuis longtemps avec tant de
fruit dans l'Église, avait été un des moyens dont ce saint pape s'était
servi pour engager la sainte Vierge plus particulièrement à favoriser
les armes des chrétiens dans une occasion si périlleuse, il voulut que
la fêle de Notre-Dame de la Victoire fût en même temps la solennité du saint Rosaire ; et le pape Grégoire XIII était si convaincu que la bataille de Lépante
avait été gagnée sur les Turcs par la vertu de cette célèbre dévotion,
qu'en reconnaissance envers la sainte Vierge, il ordonna qu'on en fit la
solennité le 1er dimanche d'octobre dans toutes les églises où cette sainte confrérie serait érigée.
Enfin, le souverain pontife Clément XI ayant appris la célèbre victoire remportée sur les Turcs par les troupes de l'empereur le jour de la fêle de Notre-Dame-aux-Neiges, le 5
Août 1716, voulut proclamer qu'on devait cette victoire signalée à la
protection spéciale de la sainte Vierge ; en conséquence, il ordonna que
la solennité du saint Rosaire, fixée au 1er dimanche d'octobre, fût une fête de précepte dans toute l'Église, persuadé que la dévotion du rosaire était le moyen le plus
propre pour remercier la sainte Vierge des grâces reçues par son
assistance et sa toute puissante protection, et pour en obtenir de
nouvelles.
Le titre de Notre-Dame de la Victoire est plus ancien que la bataille de Lépante.
C'est en effet depuis le premier
âge de l'Église que les fidèles ont ressenti la protection de la sainte
Vierge sur les ennemis de la foi : c'est cette visible protection qui
lui a fait donner à si juste titre le nom de Notre-Dame de la Victoire.
Lors du fameux
siège de Rhodes si glorieusement soutenu l'an 1480 par les chevaliers
de saint Jean de Jérusalem, nommés dans la suite les chevaliers de
Malte, le célèbre grand-maître, Pierre
d'Aubusson, fut si convaincu qu'ils devaient leur délivrance à la sainte
Vierge, qu'il fit vœu de faire bâtir une église magnifique sous le titre de Sainte-Marie de la Victoire ; on y travailla aussitôt que les fortifications de la ville eurent été réparées.
Résolution.
Célébrons cette fête en entrant dans les intentions de l'Église que la lecture de ce jour nous a fait connaître.
Remercions
Dieu d'avoir protégé la chrétienté d'une manière si visible par
l'intercession de Marie invoquée par les fidèles dévoués au saint rosaire.
Que cette idée que la sainte Vierge tient, pour ainsi dire, en mains le sort
des combats et des empires, nous inspire encore plus de confiance pour
l'implorer dans les luttes continuelles que nous avons à soutenir contre
les ennemis de notre salut, le démon, le monde et la chair.
Prière
Oraison de la messe de cette fête.
Nous vous supplions, Dieu tout puissant, de favoriser de vos grâces ceux qui célèbrent la solennité du Rosaire en
l'honneur de la bienheureuse Vierge Marie mère de J.-C., afin que,
tandis que nous méditons ses sacrés mystères sur la terre, nous
méritions, après cette vie, d'en retirer et d'en goûter les fruits dans le ciel. Vous qui vivez et régnez dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
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