Le mois de novembre consacré
au souvenir des âmes du purgatoire
12 novembre
Source : Livre "Le mois de novembre consacré au souvenir des âmes du purgatoire"
Douzième jour
Suite des motifs qui doivent nous engager à secourir les âmes du purgatoire.
2° L'intérêt de ces âmes.
On ne peut se figurer une misère pareille à celle d'une âme qui, d'une part, souffre des maux dont notre imagination ne pourrait se former la plus petite idée, des maux qui du purgatoire lui
feraient un enfer, si l'espérance ne la soutenait ; et qui, d'autre
part, est dans une entière impuissance de s'en délivrer, et même de se
procurer le moindre soulagement. Tel est l'état des âmes du purgatoire : en existe-t-il de plus digne de compassion ? Aussi il se rencontrerait difficilement un cœur assez dur pour n'en être pas touché, s'il le comprenait
ou si seulement il voulait y réfléchir. En effet, quelle impression
n'éprouveriez-vous pas, si Dieu faisait paraître devant vous une de ces âmes affligées, et que vous fussiez témoin de leurs tourments ? si vous entendiez leurs gémissements et leurs plaintes, et si, du fond de leurs cachots, elles poussaient jusqu'à vous ce cri lamentable : misere minimet !!! ayez pitié de moi !!!
Il
est certain que plus une personne est pauvre, plus nous sommes obligés
de la secourir. Or, qui est plus pauvre que celui qui n'a rien, qui doit
beaucoup, et qui n'a aucun moyen de travailler, de gagner ou de
demander ; et qui cependant doit satisfaire jusqu'au dernier denier, en
souffrant des tourments inexprimables jusqu'à ce qu'il ait satisfait.
Méditons un instant cet état extrême de misère et de pauvreté, et nous aurons une idée de l'état de délaissement des âmes du purgatoire et du besoin extrême qu'elles ont qu'on vienne à leur secours.
Nous
comprendrons aussi pourquoi saint Thomas enseigne que les prières
offertes pour les morts sont mieux reçues que celles que l'on fait pour
les vivants, parce qu'ils ne peuvent s'aider.
Il y a une obligation étroite, et la loi de Dieu le commande,
d'assister ceux qui sont dans la dernière nécessité. Cette loi est
générale, et s'étend sur les personnes étrangères et inconnues : mais il
y en a dans les flammes purifiantes qui sont de notre connaissance,
envers lesquelles nous avons peut-être des obligations, ou qui ne sont dans ces flammes qu'à cause de nous : il y a de nos amis, de nos parents, des frères, des pères et des mères qui se voient au milieu des tourments,
délaissés de ceux qui leur doivent leur existence, leur fortune, etc. ;
quelle douleur pour eux, parmi de si grandes peines, de ne recevoir
aucun secours de tant de personnes que les liens formés par la parenté
ou l'amitié leur faisaient considérer comme d'autres eux-mêmes ?
Voyez
quelle différence entre la conduite que nous tenons à leur égard depuis
leur mort, et celle que nous tenions de leur vivant : au moindre petit
mal qu'ils éprouvaient nous travaillions à les soulager ; aucune peine
ne nous coûtait : si nous avions vu une étincelle les atteindre, nous
eussions aussitôt volé pour l'éteindre : si la maladie violente qui a
tranché leurs jours eût dégénéré en une longue infirmité, s'ils
languissaient encore sur leur lit de douleur, oserions-nous leur refuser
quelques veilles, quelques assiduités ? Et
maintenant, misérables et aveugles que nous sommes, nous les
abandonnons, malgré la facilité de les secourir, dans des supplices
qui ne se comprennent point ! Partout si une maison brûle on y court de
tous côtés ; on voit une agitation générale, et cela pour empêcher que du bois, que des meubles ne brûlent ; et des âmes créées à l'image de Dieu, et des personnes
pour qui nous devons avoir la plus grande considération, elles ont beau
crier, appeler au secours, l'on ne fait rien pour elles ; on les
oublie, on les néglige, quoiqu'on soit convaincu qu'elles peuvent avoir le plus grand besoin d'être secourues !
Faites à autrui ce que vous voudriez qu'on vous fit. Or, réfléchissez un instant et supposez-vous mort en état de grâce : le souverain
juge a trouvé votre conscience exempte ou purifiée de tout délit assez
grave pour vous faire encourir son indignation ; mais d'anciennes fautes
trop légèrement expiées, une vie un peu sensuelle, des passions
encore vives, plusieurs omissions inexcusables, etc., vous empêchent de
posséder l'héritage céleste, d'ici à un terme connu de Dieu seul, et
peut-être éloigné. Vous voilà donc réduit à une captivité
extrêmement douloureuse, vos pensées se portent vers la terre, où
bientôt votre souvenir sera entièrement effacé. Vous y voyez tous les
hommes remplis d'eux-mêmes, et occupés du présent, comme s'il n'y avait point d'avenir. Oh ! si vous le pouviez, que ne feriez-vous pas pour intéresser leur insensibilité, pour toucher leur cœur, pour solliciter des prières, des bonnes œuvres propres à soulager vos maux ? Vous sentiriez alors tout le prix de cette divine charité qui est l'âme du christianisme, l'espoir des malheureux, la ressource et le lien des deux
mondes. Eh bien ! cette charité admirable que vous ne cesseriez
d'implorer dans la cruelle extrémité où il est à propos de vous
contempler vous-même d'avance, cette charité si sainte, si active, si
compatissante, ne vous parle-t-elle pas au fond du cœur pour tant d'âmes souffrantes dont vous pouvez, à certains égards, être le sauveur ? Dieu lui-même ne vous dit-il pas : Ce que vous ferez au moindre des miens, je le réputerai
fait à moi-même ? Ne parlons plus de parents, d'amis, etc.; oublions,
s'il se peut, tous les égards humains, tous les intérêts de la chair et du sang ; ne voyons ici que Dieu qui nous presse, nous sollicite, et veut être l'objet de
la charité qu'il nous inspire. Secourons ses enfants, ses élus qui
n'ont plus d'autre ressource que nos mérites qui, unis à ceux de
Jésus-Christ, sont tout-puissants auprès de Dieu pour la délivrance des âmes du purgatoire. Notre divin Sauveur ne promet-il pas le bonheur
éternel à ceux qui nourrissent ceux qui ont faim, vêtissent ceux qui
sont nus ? Et pourquoi ? parce que les services qu'on rend aux pauvres,
aux malheureux, c'est à Jésus-Christ qu'on les rend. Or, si ce Dieu de
bonté daigne se substituer à nos frères souffrants en cette vie ; à plus
forte raison se substitue-t-il à ceux qui souffrent dans l'autre, et
qui sont même les principaux membres de son corps mystique. Tous les
autres motifs, quelque justes, quelque beaux, quelqu'importants qu'ils
nous semblent, ne sont-ils pas moins forts que celui-ci ? Eh ! que
sommes-nous donc, s'il ne détermine pas nos volontés à faire les plus
grands efforts pour le soulagement de tant de justes, dans lesquels nous savons que J.-C. souffre, en nous laissant le pouvoir de le soulager ?
INSTRUCTION.
Habituons-nous
à voir J.-C. dans chaque membre de l'église souffrante. Que ne doit pas
produire en nous cette pensée : je peux soulager J.-C. souffrant !...
Elle réveillera sans doute notre foi, et nous fera prendre la résolution de ne négliger aucun moyen de secourir les âmes du purgatoire, qui peuvent être soulagées et délivrées par nous avant le terme fixé par Dieu.
PRIÈRE.
Oui, Seigneur, c'est vous-même que j'aurai intention de secourir en secourant les âmes du purgatoire :
je vous demande la grâce de ne perdre jamais de vue cette pensée qui
redouble mon zèle et mon empressement à soulager mes frères souffrants.
Ainsi soit-il.
Indulgence applicable aux morts. — Indulgences accordées a perpétuité à tous les Fidèles qui récitent le matin, à midi et le soir, trois Gloria Patri pour remercier la très-sainte Trinité des faveurs et des grâces singulières qu'elle a accordées à la bienheureuse Vierge Marie, spécialement dans sa glorieuse Assomption.
1°
Cent jours d'indulgence pour chaque fois que l'on récitera ces
trois Gloria Patri, ce qui fait trois cents jours pour chaque jour.
2° Indulgence plénière, une fois par mois, pour ceux qui les auront récités exactement trois fois par jour, dans le cours du mois, le jour,
à leur choix, où, s'étant confessés et ayant communié, ils prieront
selon les intentions de l'Église. (Rescrit du 11 juillet 1815)
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