Le mois de novembre consacré
au souvenir des âmes du purgatoire
13 novembre
Source : Livre "Le mois de novembre consacré au souvenir des âmes du purgatoire"
Treizième jour
Suite des motifs qui doivent nous engager à secourir les âmes du purgatoire.
3° Notre propre intérêt.
Si
les deux motifs que nous avons médités les jours précédents, ne
suffisent pas pour nous exciter à travailler à procurer la gloire de
Dieu et la délivrance des âmes souffrantes
; si nous sommes de ces hommes qui n'aiment qu'eux-mêmes, et qui n'ont
égard qu'à leur intérêt personnel, ce troisième motif ne nous laissera
aucun doute sur les avantages de cette dévotion. En effet, quel intérêt
plus grand pour nous que de contribuer à la délivrance d'une âme du purgatoire ? Quel avantage que de pouvoir dire : Il y a une âme dans le ciel
qui m'est en partie redevable de son bonheur, une âme que j'ai mise en
possession de sa béatitude, une âme spécialement engagée à prier pour
moi ! Ne peut-on pas compter cet avantage parmi les grâces du salut,
et peut-être parmi les marques de la prédestination ? Si Dieu, par une
révélation expresse, me faisait aujourd'hui connaître dans le séjour bienheureux une âme que j'eusse tirée du purgatoire,
et qu'il me la désignât en particulier, avec quelle foi ne
l'invoquerais-je pas ? avec quelle confiance n'aurais-je pas recours à
elle ? avec quelle ferveur ne lui recommanderais-je pas mon salut
éternel ? Or, il ne tient qu'à nous d'avoir cette consolation : car s'il
y a en effet quelqu'une de ces âmes fidèles dont nous ayons avancé le bonheur, quoique nous ne la connaissions pas, elle nous connaît bien ; et nous pouvons toujours en espérer du secours,
comme d'une âme qui nous est acquise, dont nous avons été en quelque
sorte les libérateurs, et qui, par conséquent, ne nous oubliera jamais.
Non, elle ne fera certainement pas comme cet officier de Pharaon, qui,
dès qu'il fut sorti de sa captivité, ne se souvint plus de Joseph, ni des étroites
obligations qu'il lui avait. Il n'est pas nécessaire que nous disions à
cette âme glorieuse ce que Joseph dit à cet homme ingrat : Ame sainte, à
qui, tout pécheur que je suis, j'ai pu procurer la liberté et la
félicité dont vous jouissez, souvenez-vous de moi dans le lieu
de votre repos, et usez envers moi de miséricorde, comme j'en ai usé
envers vous : sovez touchée de mon état, comme je l'ai été du vôtre, et engagez Dieu par vos prières me tirer de l'esclavage de mon péché, comme je l'ai engagé par les miennes à vous tirer du lieu
de vos souffrances. Il serait inutile de lui tenir ce langage,
puisqu'étant sainte et bienheureuse, elle est désormais incapable de
manquer à aucun devoir.
Mais, d'un autre côté, savons-nous ce qui nous arrivera, si nous n'avons pas ce zèle pour les âmes du purgatoire ? c'est
qu'on nous traitera un jour comme nous aurons traité les autres ; c'est
que Dieu permettra qu'on nous abandonne, comme nous aurons abandonné
les autres.
Vérité si constante, que dans la pensée d'un savant théologien, un chrétien qui n'aurait jamais prié avec l'Église pour les âmes du purgatoire, par une juste punition de Dieu, serait lui-même incapable de profiter dans le purgatoire des prières
que l'Eglise offrirait pour lui ; et quoique cette opinion ne soit pas
absolument reçue, au moins est-elle plus probable en ce sens que si, par
la vertu des prières de l'Eglise, il y a des grâces pour les âmes du purgatoire,nul
n'y doit moins prétendre, ni n'en serait exclu avec plus de raison, que
celui qui, pendant sa vie, aura négligé de prier pour les âmes de ses frères. En outre Dieu
permettra que nos amis, nos parents, nos survivants les plus chers et
les plus intimes ne songent plus à nous, dès qu'ils cesseront de nous
voir, et qu'ils nous effacent de leur mémoire, comme nous aurons effacé
de nos cœurs ceux qui nous avaient précédé en l'autre monde. Or, quelle
perte irréparable pour nous que celle de la reconnaissance infinie des âmes dont nous aurions accéléré le bonheur
par l'application de nos mérites ! Oui ! reconnaissance infinie,
puisqu'elle serait en quelque sorte proportionnée au bien immense que
nous leur aurions procuré. Jouir plus tôt d'un Dieu ; cet avantage se
peut-il comprendre ou exprimer ? Et l'âme qui nous en serait redevable
abandonnerait-elle la nôtre à la merci des dangers sans nombre dont nous sommes sans cesse menacés ? Oh ! comme elle veillerait sur nous du haut des cieux, comme elle s'empresserait de présenter nos vœux et nos prières devant le trône
de l'Éternel ! comme elle solliciterait en notre faveur ses grâces les
plus abondantes et les plus précieuses ! Contribuer de tout son pouvoir à
la prompte transmigration des âmes du lieu de leur exil dans la cité permanente du Roi des cieux, c'est donc travailler pour ses propres intérêts, opérer efficacement son salut, l'assurer même, autant qu'il est possible. Donnez et il vous sera donné, dit J.-C; ainsi, si vous donnez vos soins à ces pauvres âmes, la
divine Providence prendra soin de vous ; si vous les négligez, on vous
négligera. C'est ce que l'on voit tous les jours : Dieu, par un juste
jugement, permet qu'on oublie ceux qui ont oublié les âmes des défunts. L'écrivain sacré a donc raison de dire : C'est une sainte et salutaire pensée que de prier pour les morts.
INSTRUCTION.
Si
nous sommes encore trop imparfaits, trop charnels en quelque sorte,
pour que les deux premiers motifs fassent impression sur nous, ce
troisième nous fera sans doute réfléchir.
La
prière pour les morts est sainte et salutaire ! ces deux qualités nous
prouvent les avantages de tous genres attachés à la dévotion pour les âmes du purgatoire : nous ne serons donc pas assez ennemis de nous-mêmes pour la négliger plus longtemps.
PRIÈRE.
O
Dieu tout-puissant ! vous avez daigné permettre, dans votre infinie
bonté, que les œuvres de miséricorde méritent, à ceux qui les exercent,
les grâces les plus abondantes : mille actions de grâces vous soient
rendues de nous avoir donné un moyen si salutaire de travailler à notre
salut, en nous intéressant aux âmes du purgatoire. Accordez-nous
d'être fidèles à pratiquer cette dévotion, ne doutant pas qu'elle ne
nous soit très-profitable : Par les mérites de N.S. J.-C. Ainsi soit il.
Indulgence applicable aux morts. —
Il y a 300 jours d'indulgence pour ceux qui prient pour les Fidèles
agonisants. Ils doivent réciter trois fois le Pater en l'honneur de la passion et de l'agonie de J.-C., et trois fois Ave, en l'honneur des souffrances de la Reine des Martyrs
pendant l'agonie de son Fils adorable sur la croix. Ceux qui auront
pratiqué cette dévotion, au moins une fois par jour, durant un mois, gagneront une indulgence plénière le jour qu'ils voudront, à condition qu'ils se confessent, communient et prient selon les intentions de l'Église. (Décret du 18 Avril 1809.)
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