Le mois de novembre consacré
au souvenir des âmes du purgatoire
7 novembre
Source : Livre "Le mois de novembre consacré au souvenir des âmes du purgatoire"
Septième jour
Sur la peine que les âmes du purgatoire endurent par la vue des bienfaits de Dieu.
J'adore,
ô mon Dieu ! l'équité de vos jugements, qui éclate dans vos châtiments
aussi bien que dans vos récompenses. Vous ne laisserez aucune de nos
œuvres sans la punir ou la couronner dans la vie future. Tous nos pas,
toutes nos paroles seront comptés : un verre d'eau donné pour l'amour de
vous aura une gloire éternelle pour récompense, et toutes nos
infidélités nous seront reprochées. Ce n'est pas seulement sur les
péchés que nous avons commis que vous exercerez votre jugement. Vous
nous rappellerez le souvenir des grâces que vous nous aurez accordées, et vous nous demanderez compte des fruits qu'elles auront produits en nous. Les Saints conserveront dans le ciel
ce précieux souvenir, ils seront pénétrés d'un transport éternel
d'amour et de reconnaissance, en considérant vos miséricordes. On
conservera aussi dans le purgatoire la mémoire de vos bienfaits ; mais cette vue, si douce pour les bienheureux, ne sera qu'un sujet de regret et de douleur pour les âmes qui
auront abusé de vos dons précieux. Je vais, ô mon Dieu ! méditer devant
vous l'étendue de cette souffrance, afin de me l'épargner à moi-même,
et de soulager les âmes qui l'éprouvent en ce moment.
I. On méditera dans le purgatoire, et
l'on méditera sans distraction, sur les faveurs qu'on aura reçues de
Dieu, et sur l'ingratitude avec laquelle on les aura méprisées. Toutes
les grâces reviendront à la pensée ; on comprendra alors combien l'on
s'est rendu coupable, en dédaignant les trésors de la divine bonté. Il
me semble entendre, ô mon Dieu ! la voix d'une âme qui fut autrefois
l'objet de votre prédilection, et qui gémit sur l'abus des grâces
intérieures qui lui ont été prodiguées. « Que sont devenus,
s'écrie-t-elle dans sa douleur, ces temps heureux, où Dieu me parlait au
cœur, comme un tendre père parle à l'enfant qu'il aime. Avec quelle
bonté il m'invitait à lui donner mon amour, à m'occuper de lui, à
retrancher ce défaut, à lui faire ce sacrifice ! » J'entendais ces
inspirations et je reconnaissais la voix de sa grâce ; mais j'ai endurci
mon cœur, et j'ai refusé de répondre à ses desseins.
A
quoi ont servi tant de remords qui m'ont reproché mes fautes ? tant de
bons désirs, de saints attraits que l'Esprit Saint a formés en moi ? Je
versais quelques larmes ; je prenais des résolutions aux pieds du Seigneur,
et je les oubliais presque aussitôt pour suivre mes penchants, sans
être arrêté par la crainte de lui déplaire. Combien de fois ne m'a-t-il
pas invité à me livrer au saint exercice de l'oraison, pour entendre ses
leçons, lui exposer mes besoins, puiser dans le trésor
de ses grâces ! Je me suis rendu tous ces secours inutiles, par mon peu
de ferveur ; je n'ai pas voulu répondre à l'amour de mon Dieu, et
maintenant je ne sens plus que le poids de son indignation.... »
C'est ainsi que la connaissance des bienfaits de Dieu, qui doit faire notre bonheur dans le ciel, devient dans le purgatoire le tourment des âmes qui n'ont pas voulu y correspondre. Prévenons ce tourment en disant à Dieu du fond
de notre cœur : « Dieu de bonté ! qui exercez depuis si longtemps sur
moi votre clémence, vous me faites la grâce de reconnaître mon portrait
dans ce tableau que votre lumière me découvre.
Et moi aussi j'ai souvent endurci mon cœur contre la voix de votre
grâce. Attendrai-je, pour réparer ce malheur, le temps
où les remords seront sans fruit, et les satisfactions sans mérite.
Non, mon Dieu, je veux m'appliquer dès ce moment, par mon repentir, ma
reconnaissance et ma fidélité à votre grâce, à réparer l'abus que j'ai
fait de vos dons. Pénétrez mon cœur du souvenir
de vos bienfaits et de mon ingratitude. Conservez-y toujours ce double
sentiment, pour me servir d'aiguillon dans votre service, et faites que
je sois sans cesse occupé sur la terre à vous témoigner ma
reconnaissance, pour que je puisse encore chanter vos miséricordes dans
l'éternité. »
II. On considérera dans le purgatoire toutes les grâces qu'on aura reçues durant la vie ; grâces intérieures, qui n'auront été aperçues que par le cœur,
ou plutôt, ô mon Dieu ! qui n'auront été bien connues jusqu'alors que
parvotre miséricorde infinie ; car qui peut savoir tout ce que vous
opérez dans une âme que vous voulez attirer à vous ? Grâces extérieures :
c'est ce qui me reste à considérer en votre présence, afin de mieux
comprendre les regrets qu'on se prépare quand on ne profite pas de vos
dons.
Quelle
longue suite de bienfaits se présente à ma pensée, divin Jésus !
lorsque je me représente les moyens que vous avez établis pour nous
appliquer les mérites de votre précieux sang ! A peine m'aviez-vous
accordé le bienfait de l'existence que vous m'avez rendu par le baptême l'enfant de Dieu et de l'Église, votre frère, votre membre, et le cohéritier de votre gloire ; des parents chrétiens, des maîtres
zélés ont dirigé mes pas dans la voie de vos commandements ; vous
m'avez donné dès ma jeunesse un confesseur charitable, dont les avis
auraient dû opérer en moi les plus heureux effets ; vous me prodiguiez des instructions qui auraient produit des fruits au centuple dans une terre moins ingrate ; la voix de vos ministres, de saintes lectures, des exemples édifiants, des conseils
salutaires me pressaient continuellement de vous servir avec plus de
fidélité, et j'ai résisté à toutes ces invitations. Combien de
communions qui devaient enrichir mon âme des vertus
renfermées dans votre cœur adorable, et qui me sont devenues inutiles
par mon peu de préparation et de recueillement ! Vous me conduisiez dans
la retraite pour me faire entendre votre voix avec plus de force ;
tantôt vous me ménagiez des occasions de me recueillir, et vous communiquiez à ceux que vous m'aviez donnés pour guides des lumières
plus pénétrantes sur mes besoins, un zèle ardent pour me retirer de ma
langueur ; et moi, je me dérobais à leur vigilance, afin de me perdre
plus aisément ; j'arrêtais votre main bienfaisante, en persévérant dans
ce défaut qui vous fermait mon cœur. Où serais-je, ô mon Dieu ! si votre
bonté n'avait surpassé ma malice ; ces flammes dévorantes
auraient-elles suffi pour me faire expier mon ingratitude, si vous
m'aviez retiré, comme je le méritais, les grâces qui m'ont retenu sur le bord de l'abîme éternel ? Ah ! comment ai-je pu vous aimer si peu, vous qui ne cessiez de me combler des marques
de votre bonté et de votre miséricorde ? Comment ai-je pu , pour une
légère satisfaction, pour ne pas m'imposer un peu de contrainte, un
faible sacrifice, consentir à vous déplaire et me mettre dans la
nécessité de demeurer éloigné de vous !
Tels sont, dans le purgatoire, les
regrets d'une âme juste qui n'a pas toujours été fidèle aux grâces dont
Dieu l'a comblée. Mais il faudrait aimer comme elle pour concevoir la
douleur que ces remords lui font éprouver.
PRIÈRE.
Faites-moi
sentir, Seigneur, autant que j'en suis capable, cet amour qui pénétrera
nos cœurs, lorsque nous connaîtrons vos perfections adorables dans la
vie future, afin que je puisse aussi gémir, comme je le dois, sur les ingratitudes dont je me suis rendu coupable envers vous.
Il
me sera doux de pleurer maintenant l'abus de vos bienfaits et de
l'expier en portant votre croix, parce que ma pénitence unie à la vôtre
me rendra plus agréable à vos yeux, et plus digne de vos récompenses.
Aidez-moi donc à prévenir des regrets
stériles, par un repentir efficace, et purifiez-moi entièrement dans ce
monde par la mortification, par l'amour, par la reconnaissance, afin
que je ne sois point séparé de vous quand je sortirai de cet exil, et
que les effets de votre miséricorde ne soient jamais le sujet de ma condamnation.
Ainsi soit-il.
Indulgence applicable aux morts. — Ceux qui récitent le Veni
Creator, ou la prose de la
Pentecôte Veni, sancte Spiritus, et emitte cœlitûs, etc., gagnent chaque
fois cent jours d'indulgences et de plus une indulgence plénière tous
les mois, s'ils l'ont récité tous les
jours et font la sainte communion après s'être confessés. Ils doivent
prier selon les intentions ordinaires. (Bref du 20 Mai 1790.)
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